«DE 2010 A NOS JOURS, NOUS AVONS PERDUS 28 COLLEGUES POUR DEFAUT DE PRISE EN CHARGE SANITAIRE»
YANKHOBA SEYDI, MEMBRE DU SAES
Après une grève de 48 heures, le Syndicat autonome des enseignants du supérieur (Saes) s’est réuni en assemblée générale pour réaffirmer sa décision de poursuivre son combat contre le gouvernement. Le Saes de l’Ucad, à en croire son coordonnateur Yankhoba Seydi, va passer à la vitesse supérieure en organisant une marche nationale qui va mobiliser 10.000 enseignants. Ce, pour contraindre le gouvernement à matérialiser les accords qui le lient aux enseignants du supérieur. Yankhoba Seydi n’a pas manqué de rappeler à l’ordre le recteur de l’Ucad Pr Ibrahima Thioub, suite à sa sortie d’avant-hier.
Le Syndicat autonome des enseignants du supérieur en a assez des grèves. Après avoir observé 48h d’inactivité, ses membres ont décidé de tenir une assemblée générale dont le but est de trouver d’autres moyens pouvant obliger le gouvernement à respecter les accords qu’il a signés avec eux. A l’issue de la rencontre, le coordonnateur du Saes de l’Ucad, Yankoba Seydi, a annoncé que leur prochain plan d’actions consiste à mobiliser dix mille enseignants dans la rue. «Après avoir été informés des contacts qu’il y a eus entre le gouvernement et le secrétaire général national du Saes, nous avons estimé que les réactions sont très timides. Les accords datent de longtemps et le gouvernement avait largement le temps de passer à l’acte, ce qu’il n’a pas fait. Il a eu tort d’attendre que le Saes réagisse pour effectuer des contacts qui sont, jusque-là, timides. Par conséquent, nous avons décidé de mettre la pression pour en finir une bonne fois pour toute. Car, nous ne pouvons pas continuer à passer notre temps à faire la grève. Ainsi, nous proposons au bureau national de faire en sorte que la grande marche de 10.000 enseignants dans la rue soit effective, la semaine prochaine », dit M. Seydi qui estime que le gouvernement ne leur prête pas une oreille attentive. «Nous ne voulons pas atteindre le niveau extrême, mais le gouvernement nous y pousse, car il n’a satisfait aucune de nos revendications. Il y a eu certes des contacts, mais les échéances pour la mise en œuvre de ces accords sont très loin derrière nous», explique-t-il.
EN 6 ANS, 28 ENSEIGNANTS SONT DECEDES
Revenant sur les accords qui ont été signés, le coordonnateur du Saes affirme qu’ils se résument à quatre points. Il s’agit de la revalorisation de la retraite, de la question de la réforme des titres qui devait entrer en vigueur le 1er janvier dernier». Sur ce point, «nous en sommes toujours au stade d’adoption. Mame Mbaye Niang nous a informés que le texte est envoyé à l’Assemblée nationale mais c’est le vote qui reste. Il faut donc voter le texte, le promulguer et le mettre en oeuvre», plaide M.Seydi. L’autre point est relatif à la prime académique. «La loi 81.59 dit que le personnel de l’enseignement supérieur et de la recherche a droit au logement, mais pas à l’indemnité de logement. Maintenant pour ceux qui ne peuvent pas être logés, il y a une indemnité compensatrice qu’il faut leur octroyer», note Yankhoba Seydi. Sur le dernier point relatif à la prise en charge sanitaire, il affirme : « nous avons perdu beaucoup de collègues. Certains étaient dans des hôpitaux où les imputations de l’université ont été rejetées. Autrement dit, ces collègues ne pouvaient pas être soignés dans les hôpitaux. Par conséquent, de 2010 à nos jours, nous avons perdus 28 collègues, pour la plupart, morts sous le poids du travail de l’université. Malgré ces conditions difficiles de travail, nous ne sommes pas pris en charge sur le plan sanitaire à tel point que les gens meurent comme des mouches et cela devient scandaleux. Et nous disons trop c’est top», fulmine le syndicaliste.
«LE RECTEUR DOIT S’OCCUPER DE SES PROPRES AFFAIRES… »
Par ailleurs, Yankhoba Seydi a tenu à réagir à la sortie du recteur de l’Ucad, le Pr Ibrahima Thiob, qu’il qualifie comme étant malheureuse. En effet, le Pr Thioub leur a demandé de privilégier les négociations. Mais Yankhoba Seydi et ses camarades rappellent au recteur de l’Ucad qu’il n’a pas à se mêler de ce qui ne le regarde pas. D’autant plus qu’il n’était pas présent lors de la signature des accords. «Il ignore carrément le contenu de ces accords. Il n’est pas le gouvernement et il ne doit pas jouer à l’avocat du diable, du moment qu’il n’est même pas l’avocat du gouvernement. Que le recteur s’occupe de ses affaires. Le gouvernement est assez responsable lorsqu’il signait ces accords. Donc, il lui appartient de dire qu’il ne dispose pas des ressources. Tout le monde sait que ce ne sont pas les ressources qui manquent, mais la volonté politique », clame le coordonnateur du Saes de l’Ucad.