DE CONDITIONS MODESTES CERTES, MAIS BRILLANTES
Des lycéennes lauréates de l’association Shine To Lead recrutées à Dakar, Thiès, Fatick, Kaffrine, Kaolack, Kédougou, Louga, Matam, Sedhiou, Tambacounda et Ziguinchor sont issues de milieux très modestes,. Ce n'est pas le cas de leur intelligence

Malgré la crise sanitaire de 2020, l’association Shine To Lead n’a pas cessé son accompagnement à ses boursières. Les cours de renforcement se sont poursuivis cette année. Relancés en mars, ils vont continuer jusqu’en juillet dans les matières stratégiques identifiées pour faire de ses lycéennes de futures scientifiques et leaders du pays. Sokhna Aïcha Sèye est la coordonnatrice des activités et responsable des cours au sein de l’association. Dans cet entretien accordé à AfricaGlobe, elle explique le profil des bénéficiaires de l’accompagnement de STL, les conditions matérielles et techniques de l’organisation des cours, sachant que toutes les bénéficiaires ne sont pas dans les grandes villes du pays. Depuis environ 5 ans, Sokhna Aïcha Sèye évolue dans le domaine de l’humanitaire. Ses actions sont essentiellement dirigées vers les femmes et les enfants en tant que coordonnatrice des actions sociales et éducatives. De ce point de vue, Mme Sèye est à sa place à Shine to Lead/Jiggen Jang Tekki, une association qui a pris le parti d’appuyer des jeunes lycéennes des milieux modestes, mais brillantes et conscientes de leur potentiel et de leurs capacités à réussir.
Qui sont les bénéficiaires de ces cours dans quelles conditions se tiennent ces cours ?
Les bénéficiaires des cours de renforcement sont des jeunes filles issues de familles modestes pour la plupart. Elles viennent des 14 régions du Sénégal et inscrites dans la Série Scientifique dans les lycées de l’enseignement public. Elles sont au total une centaine de jeunes filles de la Seconde à la Terminale S qui suivent les cours de renforcement en ligne. Les cours se font via la plateforme Zoom. Les classes virtuelles expérimentées à l’apparition du covid-19, nous permettent de rassembler des élèves du même niveau mais d’établissements différents pour participer ensemble à un cours afin d’améliorer leurs niveaux.
Combien de temps cela va durer et quelles sont les matières ciblées ?
Les cours ont démarré le 5 Avril 2021 et vont se terminer en Juillet 2021. Il y a aura 4 mois de cours pour les lauréates sur la plateforme Zoom. Les matières ciblées sont Maths, la Physique Chimie (PC), les Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) et le français.
Combien d’heures de cours y sont consacrées par séance ?
Les lauréates reçoivent 20h de cours par semaine dont 80 heures le mois. Chaque classe à 4h de cours pour chaque matière.
De quelles régions du pays sont les bénéficiaires ?
Les jeunes filles viennent de Dakar, Thiès, Fatick, Kaffrine, Kaolack, Kédougou, Louga, Matam, Sedhiou, Tambacounda et Ziguinchor.
Comme les filles sont issues de milieux modestes est-il évident que toutes les aient des outils (portables, ordinateurs) et la connexion nécessaires pour suivre les cours en ligne ?
Il n’est pas très évident. En effet, certaines ont eu des difficultés à un moment donné à participer aux cours en ligne. De ce fait, Shine To Lead a mis à leur disposition des téléphones portables afin qu’elles puissent se connecter. Nous leurs fournissons aussi des pass internet toutes les semaines afin qu’elles soient connectées pour participer aux cours sur zoom.
Quels sont les résultats obtenus en termes de performances pour les premières cohortes?
Pour la première cohorte, nous avons cinq (5) bacheliers qui sont à l’université maintenant dont deux (2) à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), deux (2) à l’Université virtuelle du Sénégal (UVS) et une (1) à l’Université Gaston Berger (UGB). Elles sont satisfaites du programme qui les a permis de réussir leurs études dans de meilleures conditions et de pouvoir se projeter à un avenir professionnel. Une autre partie des recrues de la première cohorte continuent leurs études aux lycées avec de très bonnes moyennes.
Peut-on avoir une idée du contenu des fournitures scolaires distribuées en avril ?
Depuis le début de l’année, nous avons livré des kits scolaires composés de livres didactiques (maths PC ou SVT), des cahiers, stylos, matériels géométriques, calculatrices, romans, etc….
Comment aviez-vous géré la période de ramadan, on imagine que c’était plus compliqué de faire cours?
En période de Ramadan, il était plus compliqué de suivre les cours en ligne car l’après-midi les élèves étaient fatiguées ou préparaient les repas de la rupture du jeûne . Nous avons trouvé une alternative avec les professeurs afin de rallonger des cours le soir après la rupture du jeûne de 20h à 22h. Et cela convenait parfaitement aux jeunes filles.
On présume que certaines bénéficiaires en tant que jeunes filles peuvent être confrontées aux contraintes liées aux tâches ménagères. Comment cela est-il géré ?
Effectivement, étant des jeunes filles sénégalaises, elles doivent souvent faire leurs tâches ménagères. De ce fait, elles trouvent un moyen de faire leurs travaux domestiques avant l’heure des cours. À notre niveau aussi, nous organisons l’emploi du temps en prenant en compte cet aspect. Nous proposons des heures où elles sont libres pour étudier.
Quelle évaluation pouvez-vous faire du taux d’assiduité des filles au cours ?
Le taux d’assiduité est satisfaisant, on peut l’évaluer à 90% par cours. Par exemple, la Seconde S est au nombre de 10 élèves et elles participent toutes aux cours sans absences. Pour la TS2, sur les 23 lycéennes, nous avons au maximum 18 à chaque cours. Il y a des absences certains jours, mais la plupart du temps elles sont toutes présentes en cours.