ENSEIGNEMENT DES LANGUES MATERNELLES, LE MINISTRE DE L'EDUCATION PROPOSE LEUR HARMONISATION
Pour mieux renforcer le système éducatif, le gouvernement du Sénégal envisage d'installer durablement les langues nationales dans les écoles.
Pour mieux renforcer le système éducatif, le gouvernement du Sénégal envisage d'installer durablement les langues nationales dans les écoles. Selon le ministre de l'éducation nationale qui présidait hier la 20e édition de la Journée internationale de la langue maternelle, les langues maternelles sont des domaines sensibles. Par conséquent, indique Mamadou Talla, elles doivent faire l'objet d'une harmonisation et d'un consensus de la part des acteurs qui s'investissent pour leur promotion afin de permettre aux élèves de comprendre plus rapidement leurs apprentissages
L'amélioration de la qualité du système éducatif est un défi permanent pour le gouvernement du Sénégal. Pour relever ce défi, les acteurs éducatifs trouvent nécessaire de faire recours aux langues maternelles comme médium et outil d'enseignement. «Ainsi, le Sénégal est dans le processus d'installer durablement les langues nationales dans le système éducatif», a annoncé hier le ministre de l'Education Nationale Mamadou Talla, à l'occasion de la 20ème Journée Internationale de la langue maternelle. Il considère en effet que tous les acteurs du système éducatif sont arrivés à la conclusion que l'élève comprend vite et mieux, surtout s'il est formé dès les premières années, à partir de sa langue maternelle.
D’où l’appel de Mamadou Talla pour une forte mobilisation des acteurs et des communautés linguistiques. «Ce, pour réussir le pari de faire de la langue maternelle la langue d'apprentissage de l'élève dans les premières années de sa scolarité», déclare le responsable apériste du département de Kanel. «En tant que substrat culturel, la langue maternelle relève d'un domaine très sensible. C'est pourquoi, à tous les niveaux et en toutes circonstances, nous devons privilégier la concertation, l'inclusion et le consensus.
Dans beaucoup de pays africains, le choix d'introduire les langues nationales à l'école est un pari irréversible. Nous devons y aller résolument mais lentement», souligne le ministre de l’Education Nationale. Pour l'heure, indique Monsieur Talla, beaucoup d'initiatives et d'actions ont été prises en appui aux efforts de l'Etat pour l'introduction des langues maternelles dans le système éducatif. Mais à ses yeux, il reste beaucoup à faire. «Car la pluralité des interventions des acteurs ne facilite pas les synergies pour un passage à l'échelle». C'est la raison pour laquelle il invite, les acteurs qui s'investissent dans la promotion de ces langues nationales, que ce soit la société civile ou les organisations, à harmoniser leurs pratiques. «Tant qu'on n’a pas cette harmonisation, il est difficile de passer à l'échelle.
Déjà à partir des 22 langues codifiées, nous avons 3 langues dans un des programmes enseignés dans nos écoles. Donc, il est préférable qu'on harmonise d'abord nos méthodes d'apprentissages et le choix des langues avant de les généraliser. C'est pourquoi je fonde un espoir tout particulier au développement du modèle harmonisé d'Enseignement Bilingue du Sénégal, que mon département est en train d'élaborer. Ce modèle, une fois stabilisé, devrait servir de tableau de bord pour tous les intervenants.
Cette harmonisation est effective dans 7 régions. Nous avons la langue Pulaar, le Sérère et le Wolof qui sont déjà pratiqués. Et on a remarqué que les élèves qui le font réussissent mieux la lecture et l'écriture dès les premières années. En plus, ils ont les meilleurs résultats pour les examens d'entrée en 6ème et de Bfm. Mais il faut continuer à harmoniser nos pratiques, pour identifier quels types de langues et dans quelle zone il faut les faire», déclare Mamadou Talla.
Abondant dans le même sens, la présidente du Comité Technique, Ndèye Name Diouf, estime que les langues sont la base de la culture. «C'est pourquoi le président de la République Macky Sall nous a instruit de faire revenir nos valeurs et on ne peut pas le faire sans passer par nos langues nationales. Et pour renforcer la formation surtout en matière scientifique de nos enfants, il faut introduire les langues nationales dans les écoles », affirme-t-elle. Pour cette année, le thème choisi est : «Les langues transfrontalières.