LES ETUDIANTS DOUTENT DE LA FAISABILITE DU SYSTEME BIMODAL
La décision des autorités de l’Ucad de mettre en place, à partir de cette année académique (2020-2021), un Système d’Enseignement Bimodal (SEB) est fortement désapprouvée

Le Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad), Pr Ahmadou Aly Mbaye, avait annoncé lors de l’Amphi de la rentrée, la mise en œuvre d’un Système d’Enseignement Bimodal (SEB) pour l’année académique 2020-2021. Une décision qui fait l’objet de vives controverses. Si certains l’approuvent pour des raisons d’efficacité, d’autres ne cachent pas leurs craintes quant à sa faisabilité. D’autant que, soutiennent-ils, le SEB nécessite des mesures d’accompagnement liées entre autres à la disposition d’ordinateurs et de la connexion à l’internet.
La décision des autorités de l’Ucad de mettre en place, à partir de cette année académique (2020-2021), un Système d’Enseignement Bimodal (SEB) est fortement désapprouvée par beaucoup d’étudiants. Awa, étudiante en licence 1 au département d’Histoire, fait partie du lot des anti-SEB. Elle doute sérieusement de la faisabilité du projet.
Trouvée devant le nouveau bâtiment de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FSHL) où elle doit passer ses examens de rattrapage, elle relève plusieurs manquements liés aux dispositifs nécessaires permettant d’aller vers ce système. «Cette initiative des autorités de l’Ucad ne me rassure pas du tout, dans la mesure où beaucoup d’étudiants ne disposent pas d’ordinateur encore moins d’une bonne connexion. On se demande alors comment tous ces gens-là pourront suivre leurs cours à distance», s’interroge cette étudiante. En plus de ces facteurs de blocage, notre interlocutrice relève également les problèmes de réseau et d’accès à l’électricité pour certaines localités. «Dans dans certaines zones, il est parfois difficile de passer même un appel téléphonique à cause des défaillances du réseau des différents opérateurs», souligne Awa.
Ses inquiétudes sont partagées par son camarade Aliou Sy trouvé en train de réviser ses cours d’Histoire. A l’en croire, la mise en œuvre du Seb ne sera pas du tout facile.Il en veut pour preuve le fait que certains étudiants comme les nouveaux bacheliers n’ont aucune notion sur les Technologies et l’Information et de la Communication (Tic) et cela constitue une véritable équation que les autorités devront d’abord régler.
Raison pour laquelle, Aliou Sy recommande aux autorités de l’Ucad de procéder comme l’Université Virtuelle du Sénégal (Uvs) en organisant d’abord des cours d’initiation à l’informatique. Ce qui permettra à tout le monde d’être sur la même longueur d’onde. Les autorités devront également distribuer à tous les étudiants des équipements nécessaires, comme des kits de connexion ou des clés dans le but d’éviter une discrimination sociale. «Ce ne sont pas tous les étudiants qui disposent des ordinateurs. En plus, lors des cours à distance que les autorités avaient initiés, il y avait eu plusieurs failles à corriger. Beaucoup d’étudiants, faute de réseau ou de connexion, avaient des difficultés pour suivre correctement ou télécharger leurs cours», indique Aliou Sy.
Etudiant en licence 2 à la Faculté des Sciences et Techniques (FST), Alhousseynou Ndiaye trouve énormes les défis à relever dans le cadre de ce système. «Nous sommes certes dans un contexte où l’usage du numérique s’impose, mais nous devons savoir que nous sommes dans un pays où toutes les conditions allant dans ce sens ne sont pas réunies. Et l’expérience des cours en ligne lors de la première vague de la pandémie nous a montrés que c’est un système qui n’est pas pour le moment approprié pour l’Université Cheikh Anta Diop. Je ne m’explique pas les raisons d’une telle précipitation de la part des autorités», lâche Alhousseynou Ndiaye. Il estime par ailleurs que les autorités devront d’abord mettre le système en phase d’étude jusqu’à ce que toutes les conditions soient réunies.
A cet effet, il les invite à revoir leur stratégie et surtout à prendre en compte les étudiants dont la majeure partie de leur cours se font en pratique. «A la faculté des sciences, 95% des cours sont en pratique, donc je ne pense pas que cette mesure puisse nous concerner», souligne-t-il.