LES PARENTS D’ELEVES PRIS EN OTAGE, L’ETAT SE DEBINE
La rentrée scolaire prévue aujourd’hui, Sud quotidien a effectué une immersion dans quelques écoles privées et est parti à la rencontre des parents d’élèves pour s’enquérir des modalités d’inscription pour la nouvelle année 2020-2021.

Pour limiter la propagation de la pandémie à Covid-19 au Sénégal, le président de la République, Macky Sall, avait pris la décision de fermer les écoles depuis le mois de mars dernier. Cela étant fait, les élèves sont restés à la maison pendant les trois derniers mois de l’année scolaire sans aller à l’école. Mais, des écoles privées obligent les parents d’élèves à s’acquitter des trois mois de vacances forcées pour cause de Covid-19. La rentrée scolaire prévue aujourd’hui, Sud quotidien a effectué une immersion dans quelques écoles privées et est parti à la rencontre des parents d’élèves pour s’enquérir des modalités d’inscription pour la nouvelle année 2020-2021.
Il est 12h, mercredi 11 novembre à l’école « Les F…» de Dakar, quartier Sipres 2, des enseignants palabrent sous un arbre autour d’une théière, des va-et-vient incessants de parents d’élèves venus pour inscrire leurs enfants se font aussi remarquer. Parmi ces parents d’élèves, Madame Seck venue pour inscrire son enfant. Reçu d’inscription et bulletin de note à la main, Madame Seck nous fait savoir qu’elle a été obligée de payer les frais de scolarité des mois où son enfant est resté à la maison, à cause de Covid-19.
Déplorant le fait qu’elle qualifie à la limite d’arnaque, elle pointe un doigt accusateur vers l’Etat qui avait amené les élèves en vacances. « Dans cette situation de bras de fer entre parents d’élèves et responsables d’écoles privées, c’est nous, les parents, qui risquons de perdre la bataille donc mieux vaut ne pas aller en guerre. Certes, c’est anormal, l’école vend le savoir à nos enfants et actuellement, la marchandise n’a pas été livrée. On ne paye pas un service qui n’a pas été effectué.
L’Etat devait nous épauler mais le ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla, nous demande d’assigner ces écoles en justice. C’est irresponsable de sa part. S’il veut réellement intervenir en faveur des parents d’élèves, il n’a qu’à interdire à ses écoles les réclamations de ses trois mois de vacances par un communiqué et mettre une commission de contrôle là-dessus. C’est plus facile que de demander aux parents d’élèves de porter plainte, connaissant bien notre pays. On ne peut pas entamer un procès dont la date de la fin nous sera inconnue. Ça revient à dire oui je vais sacrifier mes enfants ».
Et Mme Seck de poursuivre : « Jamais, je ne sacrifierai mes enfants. Ces établissements privées jouent sur les sentiments des parents sachant qu’ils se soucient de l’avenir de leurs enfants. Raison pour laquelle on les amène dans les meilleures écoles privées pour assurer leur éducation», martèle la dame Seck. Elles sont nombreuses, des écoles privées du genre à imposer aux parents d’élèves le paiement des trois mois de scolarité, suivant la suspension des cours par L’Etat, en mars dernier.
Pour beaucoup, d’acteurs de l’école, il s’agit d’un véritable coup fourré, à la rigueur d’une arnaque contre les parents d’élèves. Et cela, d’autant que l’Etat du Sénégal dans le cadre du Fonds Covid-19 a débloqué 03 milliards de F CFa pour soutenir du privé impactées par la crise née de la pandémie. L’argent encaissé, les écoles privées ont affiché leur «voracité» en imposant aux parents d’élèves de payer les mois d’avril, de mars et de juin sans services rendus.
Suffisant pour faire sortir de leurs gonds les associations consuméristes qui ont dénoncé un « chantage » des écoles privées contre les parents d’élèves. Sollicité pour faire valoir ses responsabilités en tant que patron de l’éducation au Sénégal, le ministre de l’éducation nationale, Mamadou Talla, qui a rencontré avant-hier les parents d’élèves, leur avait demandé… d’assigner ces écoles en justice car elles seraient en faute. Entretemps, les écoles privées persistent et signent au grand dam de parents d’élèves obligés de se plier à la mesure, à contrecœur, par souci de ne pas voir leurs enfants en marge du système.