LE SUCCES AU BOUT DES VILIPENDES
PORTRAIT D’AMY NDIAYE, JEUNE PRODUCTRICE AGRICOLE A GNIBI :

Très dynamique et pleines d’énergies à revendre, Amy Ndiaye, cette jeune femme mariée et mère de 4 enfants, est devenue une grande productrice agricole grâce aux informations climatiques. Un net succès obtenu, selon elle, après avoir entendu et défié toutes sortes de ragots sur sa personne, dans son village natal de Gnibi, situé à 45 km de Kaffrine.
Qui disait que la culture de la terre est strictement une affaire d’hommes, et que les femmes pouvaient se contenter de petits espaces pour le maraichage? En tout cas, de nos jours, au Sénégal, cette assertion est à mettre aux oubliettes. La confirmation par Amy Ndiaye, une grande productrice agricole au village de Gnibi, situé à 45 km (du département) de Kaffrine. Jeune maman de 34 ans, elle est mariée et mère de 4 enfants. Comme par hasard, le destin lui a permis de faire une parité naturelle en ayant 2 garçons et 2 filles.
Pour décrire Amy Ndiaye, il suffit simplement de retenir que c’est le dynamisme et l’énergie personnifiés. Amy Ndiaye fait parti des premières à bénéficier de l’encadrement de l’Anacim dans la zone de Kaffrine depuis le début (en 2011), pour expérimenter les champs tests de la météo. Mieux, elle a participé à la mission d’échange entre le Sénégal et la Colombie en juin 2014, et fait partie des relais de la météo au niveau du département de Kaffrine. C’est d’ailleurs son amour pour l’agriculture, sa disponibilité à partager les informations météo autour d’elle, tout comme sa maitrise des informations climatiques, qui lui ont valu le sobriquet de ‘’Mme Météo’’, qui fait office de prénom dans tout le secteur.
Constatant une nette différence de rendements entre les champs tests de la météo et ceux cultivés avec les connaissances paysannes, elle a décidé d’utiliser les informations de prévision venant de la météo dans ses activités agricoles. A l’en croire, «tout au début, avant de disposer des informations météo, je ne pouvais emblaver que 1,5 ha. Mais, maintenant, avec les informations météo, j’ai osé emblaver 38 ha». Pour disposer d’autant de surfaces, Mme Ndiaye a bénéficié des largesses de son père, Sérigne Sidy Khalife de Sérigne Abdou Lakhad.
COMMENT METTRE EN VALEUR AUTANT DE CHAMPS POUR UNE FILLE ?
Pour y arriver, «j’ai sept (7) employés permanent, sans compter moi. Je loue les services des gens qui ont des chevaux pour cultiver», informe-t-elle. Dans ses champs, elle y cultive du mil, de l’arachide, du sésame, de l’haricot et de la pastèque. Mieux, «je cultive de la pré-base d’arachide, à savoir de l’arachide de bonne qualité pour les semences», dit-elle. Cependant, c’est tout un tabou de parler de ses revenus, même si elle affirme ne pas se plaindre et rendre grâce à Dieu.
En effet, Amy Ndiaye a du faire du chemin et avaler beaucoup de couleuvres dans son village. A l’en croire, «au début, les gens ne croyaient pas trop à la météo et disaient que seul le Bon Dieu était à mesure de connaitre le temps qu’il fera après». Pis, elle confie que «lorsque je me rendais à Kaffrine ou à Dakar pour les séminaires et formations, au village, on racontait du n’importe quoi sur ma personne. On disait que j’étais une fille de mœurs légers».
Un discours qui a radicalement changé, selon elle, grâce aux résultats probants de ses cultures, avec l’aide de l’information climatique. D’ailleurs, se glorifie-t-elle, «presque tout le monde se rapproche de moi pour avoir les informations utiles pour l’agriculture». Un cas de réussite qui a impulsé un certain engouement des populations à l’information climatique au service de l’agriculture.