LE COMITÉ DE L'ONU SUGGÈRE LA CONSTRUCTION D'UN CENTRE DE RÉTENTION
Respect des droits des travailleurs migrants en situation irrégulière

Le Conseil consultatif national des droits de l'Homme (Ccndh) a organisé hier un atelier de restitution sur le respect des droits des travailleurs migrants au Sénégal. Lors de son passage devant le Comité des Nations unies pour la protection des travailleurs migrants et des membres de leur famille à Genève, il lui a été notifié l'importance de la mise sur pied d'un centre de rétention pour les travailleurs migrants en situation irrégulière et de permettre aux retraités migrants de récupérer leur pension sans se déplacer.
Dans le cadre du respect des travailleurs migrants, le Sénégal s'est fait examiner par le Comité de l'Onu les 13 et 14 avril passés à Genève. Les représentants sénégalais ont présenté à cette occasion les 2ème et 3ème rapports périodiques combinés à l'Organe de protection et de promotion des droits de l'Homme de l'Onu.
Le rapport est un "round-up" de la situation des migrants dans le pays. Devant les autorités onusiennes, les responsables du Conseil consultatif national des droits de l'Homme (Csndh) ont affirmé que la situation des travailleurs migrants est acceptable. Ce qui n'a pas empêché au Comité d'émettre des recommandations pour la construction d'un centre de rétention pour les travailleurs migrants en situation irrégulière.
A l'issue de la présentation du rapport, les membres du comité ont formulé des recommandations en insistant sur les lacunes notées sur le respect des droits des travailleurs migrants. Le comité de l'Onu a souligné au représentant du Sénégal, en l'occurrence Mame Baba Cissé, que le Sénégal devrait mettre en place un centre de rétention pour les travailleurs migrants qui sont en situation irrégulière.
En effet, l'usage veut qu'on les place dans des centres de rétention et non dans des prisons. "Une recommandation qui ne risque pas de se réaliser à l'instant car, dit Mouhamadou. M Sèye, le Sénégal ne dispose pas à ce jour de centre de rétention et on incite le ministère de l'Intérieur à s'orienter vers sa construction."
Par ailleurs, des insuffisances ont été soulevées sur les pensions de retraite que les retraités migrants "ont du mal à percevoir" une fois de retour dans leur pays d'origine. L'Onu recommande ainsi la ratification de la Convention sur le portage des pensions entre les pays. Mouhamadou Moustapha Sèye, expert consultant de la Csndh, informe que dans ce cas, le "Sénégal a signé une convention avec le Mali". Il ajoute que "les nouveaux moyens de transfert d'argent peuvent faciliter les choses". Il précise, en outre, que la ratification de la Convention sur les pensions de retraite est retardée par les pays nantis qui ne sont pas favorables à une telle ratification, car ils sont pourvoyeurs de travailleurs.
Aussi, le comité souhaite que le Sénégal permette aux travailleurs de présider des associations syndicalistes. M. Sèye dit, à cet effet, que le Sénégal ne refuse pas, mais exige la réciprocité. Dans une disposition du Code du travail, il est dit que les travailleurs migrants au Sénégal peuvent être membres d'un syndicat, mais ne peuvent pas le diriger tant que leur pays d'origine n'accorde pas cette possibilité aux Sénégalais migrants.
D'autres interrogations ont été portées sur le respect du droit à la santé, les droits des femmes et la question de la sécurité sociale. Néanmoins, le comité a félicité le Sénégal sur l'exercice des droits des travailleurs migrants qui arrivent à le faire sans un problème majeur.