QUI EST JOSEPH P.KENNEDY?
Le petit-neveu de JFK a été désigné pour répondre au discours sur l'état de l'Union du président - Au point de se poser comme l'adversaire numéro un de Trump ?

Il vient d'une des dynasties politiques les plus en vue des États-Unis. Son grand-père était Robert Kennedy, le sénateur et ministre de la Justice mort assassiné, et son grand-oncle, JFK. Mais, en dehors du Massachusetts, où il occupe un siège de représentant, Joseph P. Kennedy III est quasiment inconnu.
Cela devrait changer ce mardi. Ce jeune rouquin de 37 ans a été choisi pour présenter la réponse des démocrates au discours annuel sur l'état de l'Union que va prononcer Donald Trump. C'est une tradition. Juste après l'allocution télévisée du président est diffusée une sorte de riposte par un membre de l'opposition. Cette année, les démocrates ont sélectionné Joseph Kennedy, pour son nom, sans doute, mais surtout car c'est une tête nouvelle et télégénique. Un contraste par rapport à l'an dernier, où ils avaient choisi Steve Beshear, l'ex-gouverneur septuagénaire du Kentucky. Mais, depuis l'élection de Trump, l'establishment du parti est très critiqué et accusé, notamment, d'être noyauté par une bande de vieux crocodiles.
Kennedy a le parfait CV. Comme son frère jumeau Matt, il a fait des études à Stanford et à Harvard. Joseph a un look de gendre idéal, bien élevé, sérieux, travailleur. Ses camarades de fac l'avaient surnommé « le laitier », car il ne boit pas d'alcool mais avale des litres de lait. Après Stanford, il part deux ans en République dominicaine dans les Peace Corps, une organisation humanitaire créée par son grand-oncle. Une expérience marquante. De retour aux États-Unis, il intègre Harvard pour ses études de droit et travaille à la défense des locataires modestes expulsés par leur propriétaire. C'est en collaborant à la revue Harvard Human Rights Journal qu'il rencontre sa femme, avec laquelle il a deux enfants. Procureur pendant quelques années, il est élu à la Chambre des représentants dans le Massachusetts en 2013.
Son frère et lui ont été sous le feu des projecteurs très tôt avec, notamment, le divorce très médiatique de leurs parents lorsqu'ils avaient 9 ans. Les jumeaux ont également baigné dans la politique dès le berceau en participant aux campagnes de leur père et à celle de leur grand-oncle, le sénateur Ted Kennedy, en 2006. Joseph Kennedy III a toujours refusé de mettre sa famille en avant, même quand ses copains d'université l'y encourageaient pour draguer les filles ou pendant ses campagnes électorales. Dans un portrait du quotidien le Boston Globe, le jeune homme se décrit comme « assez ennuyeux ». Il fait profil bas depuis son arrivée à la Chambre, refuse, en 2014, la tête du comité chargé de la réélection des démocrates du Congrès, ne se montre guère dans les grands débats politiques ou sur les chaînes d'info.
Ces derniers mois, les Américains le voient davantage. Il a notamment critiqué Donald Trump et les républicains sur la réforme de la santé. Ses interventions sont devenues virales sur les réseaux sociaux. La plus célèbre, c'est sa diatribe contre Paul Ryan, le leader des républicains à la Chambre, qui avait qualifié le démantèlement d'Obamacare d'« acte de miséricorde ». « Acte de malveillance », réplique Joe Kennedy lors d'une commission du Congrès. La vidéo a été partagée des millions de fois sur Facebook. « Wow. C'est un Kennedy qui pourrait être président. À voir absolument », a tweeté Howard Dean, l'ex-patron du Parti démocrate.
« Kennedy est un combattant infatigable à la cause des travailleurs américains », a déclaré Nancy Pelosi, la leader des démocrates à la Chambre, au moment de la désignation du petit-neveu prodigue comme l'homme qui allait répondre au président des États-Unis. Il ne faut cependant pas s'attendre à un féroce discours anti-Trump. Joseph Kennedy va probablement s'adresser aux classes moyennes et aux cols bleus qui ont déserté le camp démocrate lors des dernières élections. Ce qui, d'ailleurs, ne plaît pas à l'aile gauche du parti. Faire de Kennedy – un membre de l'establishment qui est de plus hostile à la légalisation du cannabis – le nouveau visage du parti, c'est, estime-t-elle, aller à l'encontre des attentes des jeunes générations.