YAYA JAMMEH NE DOIT PAS Y PARTICIPER
L'opposant Mai Ahmad Fatty sur la prochaine présidentielle en Gambie

La Gambie s'achemine vers l'élection présidentielle prévue dans un an, plus précisément le 1er décembre 2016. Mais d'ores et déjà, certains opposants annoncent la couleur. Hier, le leader du parti "The Gambia Moral Congress (GMC)" a demandé la démission de Yaya Jammeh.
Une élection présidentielle en Gambie en 2016. Oui ! Mais ce sera sans l'actuel président de la République, Yaya Jammeh. C'est l'une des conditions que fixe le parti de l'opposition "The Gambia Moral Congress". Lors d'une conférence de presse organisée hier à Dakar, le leader du GMC a exigé le départ imminent du Chef de l'Etat gambien et la réforme du code électoral avant l'organisation du prochain scrutin présidentiel prévu le 1er décembre 2016.
"On veut bien aller à l'élection mais il faut d'abord que le Président démissionne. Il a fait 20 ans au pouvoir. C'est trop ! Il ne peut pas participer à cette élection", a fulminé Mai Ahmad Fatty. Selon l'opposant, il est temps que le dirigeant gambien quitte le pouvoir. Pour cela, il se dit prêt avec les autres formations politiques de l'opposition à l'accompagner pour une sortie honorable.
"Il sait que le pays en a assez de lui. Il est aussi conscient que le peuple est prêt à le chasser du pouvoir. Je n'ai rien contre lui. Mais nous ne sommes pas d'accord avec sa façon de gouverner le pays. Il faut que notre pays emprunte le chemin de la démocratie", a-t-il déclaré. Pour M. Fatty, le Président gambien a intérêt à négocier les conditions de sa sortie au pouvoir.
Car, soutient-il, ce dernier n'a pas de bonnes relations de voisinage pour espérer bénéficier d'un pays d'accueil en cas d'abandon forcé du pouvoir. "Si on le chasse, il n'a nulle part où aller. Pas même au Sénégal. Il a récemment insulté publiquement le Chef de l'Etat sénégalais et ses prédécesseurs", a-t-il lancé, en regrettant les propos de Yaya Jammeh. Dans le même ordre d'idées, le leader du GMC a critiqué le code électoral gambien en vigueur.
"La loi électorale est rédigée en faveur du régime au pouvoir. Il encourage la dictature", a-t-il dénoncé. Ainsi, à ses yeux, sans une révision profonde de ce code, il n'y aura jamais d'élections libres, transparentes et acceptées de tous dans son pays. Mais aussi, souligne-t-il, le Président actuel s'accrochera toujours au pouvoir. "Si on ne réforme pas la loi électorale, la Gambie ne connaîtra jamais d'alternance démocratique", a soutenu l'opposant de Yaya Jammeh.
En outre, il a remis en cause la crédibilité de la commission électorale gambienne. Il estime que tous les membres de celle-ci, censés être indépendants, sont acquis à la cause du parti au pouvoir. "Le mandat du président de la commission électorale, Alhagie Mustapha Carayol a expiré depuis 5 ans. Ce sont les mêmes personnes qui sont toujours à la tête de la structure électorale", a-t-il fulminé. Il ajoute d'ailleurs qu'à l'heure actuelle, aucun opposant n'a reçu de correspondance de la part de la commission électorale pour les informer de la date retenue pour l'élection présidentielle.
Dans sa lancée, l'opposant n'a pas manqué de souligner certaines "dérives" de l'homme fort de Banjul. Il précise notamment que la Gambie n'est pas un Etat islamique, contrairement à ce qu'a déclaré Yaya Jammeh. A son avis, pour changer la nature républicaine du pays, il faut un référendum. Il a aussi déploré la persécution dont font régulièrement l'objet les journalistes dans son pays. "Les journalistes gambiens n'ont pas la liberté d'expression. Jammeh les emprisonne sans jugement. Ceux qui s'en sortent sont contraints à l'exil", a-t-il regretté.