PRESSE COUPABLE
Le traitement médiatique de certaines affaires en relation avec des faits douloureux ont tendance à montrer une absence de sensibilité du journaliste ou une entorse totale à des règles d’éthique journalistique.

Le traitement médiatique de certaines affaires en relation avec des faits douloureux ont tendance à montrer une absence de sensibilité du journaliste ou une entorse totale à des règles d’éthique journalistique.
Informer juste et vrai est le rôle du journaliste. Au-delà de cette mission, parfois, à travers un ou des comptes rendus, se lit/lisent une absence d’empathie du professionnel, de celui qui le métier de journaliste, même si son travail consiste à rendre compte des faits. Le traitement de l’affaire du douanier qui a ôté la vie à sa fille en est un exemple.
Et pourtant, à part peut-être un destin tragique, rien ne présageait un événement aussi douloureux dans la vie d’un professionnel et un gradé de la Douane dont les qualités humaines sont louées. Même si les enquêtes n’ont pas encore révélé leur secrets, pour traitement judiciaire nécessaire, dans ce dossier, l’homme est décrit par ses proches interrogés par les médias comme une personne avec un comportement exemplaire qui n’aurait peut-être pas mérité tout ce tintamarre médiatique pour un acte supposé commis «en état de troubles mentaux», si l’on se fie toujours aux premiers éléments racontés sur l’affaire. Hormis, le présumé coupable, l’identité de la victime devrait aussi être protégée. A cause de son âge, elle ne devrait pas être mise devant la scène médiatique.
DES TEXTES NATIONAUX ET INTERNATIONAUX BAFOUES
Des traités internationaux ratifiés par le Sénégal garantissent la prise en compte de l’intérêt supérieur de l’enfant qu’est la victime. En effet, la Convention internationale des droits de l’enfant souligne, en son article 16, que «Nul enfant ne fera l’objet d’immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance ni d’atteintes illégales à son honneur et sa réputation». Aussi, la Charte africaine des droits et du bien- être de l’enfant indique aussi, en son article 10 axé sur la Protection de la vie privée, qu’«aucun enfant ne peut être soumis à une ingérence arbitraire ou illégale dans sa vie privée, son foyer ou sa correspondance ni à des atteintes à son honneur ou sa réputation. L’enfant a droit à la protection contre de telles ingérences ou atteintes». A côté de la victime, le compte rendu de la presse est aussi revenu sur la sœur jumelle qui devrait, elle aussi, faire l’objet d’une protection.
D’ailleurs, la Constitution, tout comme le Code de procédure pénal fixe des règles aux journalistes qui traitent des faits en relation avec l’enfant, en particulier, et la personne humaine de manière générale, un seuil à ne pas franchir. Mieux, le Code de la presse exige du journaliste le respect de la dignité humaine dans son rendu. L’article 4 de la Charte des professionnelles des médias du Sénégal dit que le journaliste est tenu de respecter la dignité des personnes et des groupes sociaux, notamment les groupes minoritaires, et en toute circonstance. Malgré tous ces garde-fous, des histoires aux allures dramatiques racontées jusqu’au moindre détail, sont une pratique assez souvent notée dans la presse. En atteste, au courant de cette même semaine, la fin tragique d’une jeune famille à Tivaouane est relatée dans les médias, avec plusieurs spéculations, alors que l’origine du drame reste encore méconnue. C’est le même constat dans le traitement médiatique de l’affaire de la vielle dame qui a succombé à ses blessures après avoir été surprise et blessée par sa belle-fille.
PLAQUAGE DE COMPTES RENDUS D’AUDIENCES ET D’AUDITIONS ET NON RESTEPCT DU DROIT A L’IMAGE
Bref, l’exposition de la vie de personnes dans les médias, c’est aussi des comptes rendus d’audiences judicaires ou d’audition à la Police/Gendarmerie donnant le moindre détail d’une affaire, aussi salace qu’elle puisse être. L’on se rappelle aussi du cas du colonel Kébé, dont des détails de la vie, vieux de plusieurs années, ont été remis sur la table. L’épisode Thione Seck est encore vive dans les l’esprit. Son procès-verbal d’enquête avait été intégralement publié dans la presse, sans abstraction de son bulletin de santé et de ses numéros de téléphones. Il y a aussi des images douloureuses, et attestant de la gravité de faits relayés, qui sont publiées sans être floutées. C’est l’exemple des victimes de l’incendie du «Daaka» (retraite spirituelle) de Médina Gounass. Il y a aussi le cas du commissaire Tamsir Sané. Des éléments de la circonstance du décès avaient été donnés en guise de preuve de la force avec laquelle les agresseurs se sont attaqués à commandant de la Gendarmerie nationale mort dans l’exercice de ses fonctions à Koumpentoum. La liste des dérives est loin d’être exhaustive.