JOURNÉE DE LA JUSTICE PÉNALE INTERNATIONALE
Le Sénégal réitère son engagement à poursuivre le combat d'une Justice universelle
Plus d’une centaine de personnes étaient réunies hier à Dakar pour réfléchir aux « défis et opportunités de la Cour pénale internationale (Cpi) à la veille du 20ème anniversaire du Statut de Rome ». Me Sidiki Kaba, président de l’Assemblée des Etats parties de la Cpi, garde des Sceaux, ministre de la Justice du Sénégal, a ouvert la conférence.
Une seule journée pour réfléchir aux défis et opportunités auxquels fait face la Cour pénale internationale (Cpi). Un délai bien court pour une si grande tâche. Mais, le choix de la date et du lieu est hautement symbolique. D’abord, le 17 juillet 2017 est la date choisie pour fêter la Journée de la Justice pénale internationale, presque vingt ans après la signature, le 17 juillet 1998, du Statut de Rome créant la Cour permanente en 2002. Ensuite, le lieu abritant la rencontre : Dakar. C’est la capitale du premier Etat à avoir ratifié le Statut de Rome le 2 février 1999. Enfin, le Sénégal où se tient la conférence est le pays qui a réitéré son engagement auprès de la Justice internationale dans un moment de crise en 2016, à contre-courant des pays africains voulant quitter la Cpi.
Les représentants de la justice gambienne, guinéenne, togolaise et djiboutienne étaient au premier rang lors de la conférence. Me Sidiki Kaba, président de l’Assemblée des Etats parties, garde des Sceaux, ministre de la Justice du Sénégal, Mme Fatou Bensouda, la procureure de la Cpi et Mme Josephine Frantzen, la cheffe de mission adjointe de l’ambassade du royaume des Pays-Bas à Dakar, figures de la Cpi, ont introduit la journée. « La Cpi n’aurait pas vu le jour sans l’Afrique », a commencé Mme Josephine Frantzen. Mais aujourd’hui, c’est bien sur le continent africain qu’elle est menacée. En juillet 2016, l’Union africaine (Ua) avait, lors du 27ème sommet de l’organisation panafricaine à Kigali, appelé au retrait collectif des pays africains de la Cpi.
Malgré sa ponctualité, contraire à la philosophie de la cour permanente, cette rencontre est essentielle pour créer l’espace d’un « dialogue ouvert et franc », comme l’a présenté la représentante des Pays-Bas, l’Etat hôte de la Cpi. Le but est bien de mutualiser les forces face à des problématiques importantes : les relations entre l’Afrique et la Cpi, aujourd’hui fragilisées ; une meilleure coopération des membres et une plus grande complémentarité pour une plus grande efficacité ; l’universalité du Statut de Rome pour que, plus que jamais, la Cpi soit numériquement forte. Aujourd’hui, 32 Etats, dont de grandes puissances comme les Etats-Unis et la Russie, ont signé mais n’ont pas ratifié le Statut de Rome.
Mais c’est « un message d’espoir » que souhaite envoyer Me Sidiki Kaba, rappelant la jeunesse de la Cour. Il s’est dit « persuadé que la justice est nécessaire pour que les nations se développent socialement et économiquement » car elle est « la seule arme qui ne tue pas ». Selon le garde des Sceaux, ministre de la Justice, il faut aller encore plus loin dans le « combat universel » contre l’impunité des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et de génocide. La condamnation à la prison à perpétuité de l’ex-président tchadien Hissène Habré en avril dernier à Dakar, après deux années de procès, est un bel exemple de la force d’une Justice internationale.
Marie LECHAPELAYS (stagiaire)