OPPOSITION, LE SALE AIR DE LA DIVISION
Au lendemain de la proclamation de la quasi-totalité des résultats, l'opposition affiche la gueule de bois des tristes jours. Sa défaite, même dans un contexte d'une organisation défaillante du scrutin, est large et amère.
Au lendemain de la proclamation de la quasi-totalité des résultats, l'opposition affiche la gueule de bois des tristes jours. Sa défaite, même dans un contexte d'une organisation défaillante du scrutin, est large et amère. Elle subit de plein fouet les effets d'une division et d'un choc irraisonné des ambitions de ses leaders. Et les perspectives d'un retour en grâce d'ici 18 mois, à l'heure de la prochaine présidentielle, sont sombres. Toutes ses têtes de gondoles, ont mordu la poussière, dans leur propre localité. Et leurs scores au plan national sont décevants. C'est pour eux un bien triste constat.
L'ampleur des dysfonctionnements dans l'organisation du scrutin ne peut pas servir d'argument pour la justifier. Il y a bel et bien un vrai problème de représentativité, d'absence de projets alternatifs, pour séduire les électeurs et créer l'espoir en eux.
Les résultats officiels des élections législatives du 30 ont donné leur verdict : la coalition gouvernementale en est sortie large vainqueur. Qui plus est, la commission nationale des élections confirmera très certainement les résultats proclamés par la commission départementale de Dakar. Le bastion de la capitale jusqu'ici considérée comme imprenable dans une compétition électorale, tombe ainsi, même de justesse, dans l'escarcelle de la majorité Benno Bokk Yaakaar. Au regard de l'ampleur des moyens utilisés, la portée de cette victoire reste somme toute relative et trop limite pour justifier une joie débordante.
Mais en sport comme en politique, l'histoire ne retient en fin de compte que la victoire. La manière de gagner ne servira qu'alimenter momentanément, les débats de préau, sans lendemain. L'objectif fixé par le chef de la majorité, le président Macky Sall est donc atteint. Sa coalition va engranger pas moins de 100 députés, avec plus de 60 % du total des électeurs sur l'ensemble du territoire. Avec une telle performance, il peut envisager sa réélection, y compris au premier tour, dans dix-huit mois lors des prochaines présidentielles.
Nombre de ses partisans, assurément, boulimiques, voulaient, pour leur survie politique, une victoire plus massive encore, notamment dans la symbolique ville de Touba, perdue pour la cinquième fois consécutive par leur coalition, depuis 2012. Ils tentent de battre le ban et l'arrière ban, judiciaire et politique pour faire reprendre un scrutin perturbé et émaillé de violence. Mais ils semblent faire table rase sur les défaillances organisationnelles, qui ont emmené le gouvernement de la région à prolonger le temps du vote jusqu'à minuit.
La victoire de Wattù Sénégal à Touba-Mbacké ne sera pas remise en cause. Et ce, en dépit de l'activité débordante de certains dirigeants apéristes, gênés par la confirmation de la suprématie de Wade dans la cité religieuse
À Dakar, également, la contestation de Mànkoo Taxawu Senegaal ne faiblira pas de sitôt. Les voies de recours qu'il envisage, le plus normalement du monde, d'emprunter, se présentent cependant comme un simple baroud d'honneur. Le Conseil constitutionnel ne reviendra pas, à moins d'un miracle, sur la proclamation de ces résultats étriqués. Il ne restera alors aux partisans de Khalifa Sall que la menée de mouvements de contestation dans les rues et les médias, en désespoir de cause. On pourrait bien retomber dans le cycle infernal des manifs-répressions, pas du tout propice aux concertations politiques indispensables pour ne plus retomber dans les errements de ce processus électoral chaotique.
Le vague à l'âme de l'opposition est douloureux. Elle regrettera à jamais de n'avoir pas réalisé une unité qui aurait lui éviter ces fameux triangulaires (Benno-Wattù-Taxawu), qui ont laminé sa chance de se mettre en tête de file. Et ce, notamment dans les grandes villes où la coalition gouvernementale ne dispose que d'une majorité relative. L'exemple le plus amer pour eux, est fourni par Dakar où Mànkoo et Wattù totalisent plus de 50 000 voix de plus que Benno, et perdent sept sièges.
Grise mine, sal air de la division, on comprend l'amertume de ces dirigeants, qui avaient annoncé à grands renforts, la liste unique, qui finalement aura fait long feu. Avec cette bérézina dans la quasi-totalité des localités du pays, l'opposition perd du terrain, et ne peut constituer d'alternative au pouvoir dans dix-huit petits mois. Le coup de pouce du vieux dirigeant se présente désormais comme un grand feu de paille. Il aura, le temps d'une campagne suscité l'engouement et l'espoir dans les rangs des opposants. Sans doute aussi, a-t-il servi de catalyseur à une dynamique dormante à Mànkoo et Wattù, faute d'un apport qualitatif substantiel de la part d'Abdoul Mbaye ou Sonko.
Mais, cette énergie n'aura pas suffi à donner à une opposition balkanisée le souffle nécessaire pour accumuler les suffrages, qui seuls comptent en dernier ressort. La percée inattendue du PUR, reste tout de même trop serrée pour permettre de renverser la tendance largement favorable à la majorité. Bien au contraire, elle a même contribué à atomiser et disperser les voix des coalitions opposées à la majorité.
Idrissa Seck, Abdoulaye Baldé, :alick Gakou, Aida Mbodji sont aussi passés à la trappe. Ils n'on pas su peser de leur poids potentiel sur la balance et devraient envisager leur avenir avec moins d'optimisme.
Aïssata Tall Sall a sauvé sa mise à Podor en s'écartant de la dynamique unitaire de Mànkoo et Wattù. Elle attire toutes les attentions sur son avenir politique, après cette remarquable performance.
À Fatick, Matam, Kanel les ministres Matar Ba et autres directeurs, à l'instar d'El Ousseynou Kane à Bokidiawé, Amadou Samba Kane d'Amady Hounaré pavoisent, et plastronnent en justifiant l'ampleur de leur score.
Dans les rangs des "inclassables" et autres dissidents, Modou Diagne Fara, Ousmane Ngom, Serigne Mbacké Ndiaye, Souleymane Ndéné Ndiaye, Farba Senghor et Pape Samba Mboup, n'ont pas plus prospéré, souvent battus dans leur propre bureau de vote. Il en est ainsi de la société civile, dans les scores confidentiels invitent plus au sourire qu'à la pitié.
Même sort, en dépit de leur victoire annoncée à Dakar, des ministres Seydou Guèye, Awa Marie Cole Seck, Pape Seck, Maïmouna Ndoye Seck, Abdoulaye Bibo Baldé, tous battus dans leur propre bureau de vote. Au prochain conseil des ministres, ils devront adopter le profil bas devant les ministres Latif Coulibaly et Abdoul Aziz Tall, qui à Sokone et Niary Tally ont réussi à passer la ligne d'arrivée de fort belle manière, dans un contexte de division.
Une autre qui pavoisera, c'est Aminata Touré, vainqueur dans ses huit bureaux et centre de vote à Kaolack. Elle pourra se flatter d'avoir massifié ses voix après avoir été éjectée de la liste.
Pour la majorité victorieuse, les morceaux seront difficiles à recoller par endroits. Des accusations de vote sanction fusent, là où l'opposition a fait des scores honorables. A Dakar notamment, où la victoire en porcelaine d'Amadou Bâ, jette beaucoup de troubles dans les rangs de la majorité. Quelle place aura-t-il désormais dans le gouvernement, maintenant que son statut à changer ? Premier ministre ou premier des ministres ?
Quid de la tête de liste victorieuse de Benno : ira-t-il au Perchoir alors que Niasse et ses partisans sont aux aguets ? Quelle place aura désormais la Gauche caviarde (LD, PIT, AJ authentique, RTAS, etc.) dans un dispositif au sein duquel, elle ne sert que de faire-valoir ?