L’ACCUSE PAPE YORO BA RISQUE 20 ANS DE TRAVAUX FORCES
MEURTRE A YEUMBEUL
L’affaire du meurtre de Abdoulaye Polane, a été jugée hier devant la barre de la Chambre criminelle de Dakar. L’accusé Pape Yoro Ba qui comparaissait pour meurtre, risque 20 ans de travaux forcés. Délibéré au 7 novembre prochain.
Habillé en grand boubou de couleur vert-blanc, le regard hagard, l’accusé a été versatile tout au long de la procédure. De l’enquête préliminaire au bureau du juge d’instruction, Pape Yoro Ba ne voulait pas reconnaitre le crime commis sur son ami Abdoulaye Polane. Mais hier, devant la barre de la Chambre criminelle de Dakar, il a reconnu les faits de meurtre qui lui sont reprochés en faisant des aveux circonstanciés. Ce qui a amené le procureur à requérir la peine de 20 ans de travaux forcés à son encontre. Les faits ont eu lieu le 20 octobre 2011. Ce jour, la population de Yeumbeul s’est réveillée dans la douleur et la consternation après la découverte du corps sans vie de Abdoulaye Polane. Informés, les sapeurs-pompiers se sont dépêchés sur les lieux pour évacuer le corps sans vie de la victime.
Ainsi, une enquête a été ouverte par la Police de Yeumbeul. Les investigations menées dans le voisinage ont permis d’avoir une lueur d’espoir. En fait, les policiers ont appris que la nuit des faits, la dame Neupeu Ndoye avait entendu des cris du sieur Pape Yoro Ba qui révélait avoir tué une personne sans pour autant décliner l’identité de sa victime. Il s’est trouvé qu’après cet acte ignoble, il a pris la poudre d’escampette en allant se réfugier à Kaolack. Sa fugue ne durera que le temps d’une rose. Car après 23 jours de cavale, la Police a réussi à le dénicher de sa cachette. Interrogé, le mis en cause a nié les faits qui lui sont reprochés sans ambages.
L’ACCUSE RUMINAIT UNE COLERE VIEILLE DE 7 ANS
À la barre, l’accusé est passé aux aveux en reconnaissant d’être l’auteur du meurtre de son ami Abdoulaye Polane avant de s’excuser. Revenant sur les faits, il précise qu’il y a sept 7ans avant sa mort, que le défunt l’avait asséné un coup de couteau au niveau du cou. C’est une banale histoire de mouton qui l’avait opposé à la victime dans un premier temps. « J’ai encore eu une altercation avec lui mais il m’avait encore donné un coup au niveau du bras. Énervé par ce qu’il m’a fait, j’ai réussi à lui arracher le couteau pour le poignarder sans calculer l’endroit », a-til avoué. Avant de préciser que le couteau qu’il avait utilisé servait à tuer les moutons. Il a ajouté s’être vengé du coup que Abdoulaye Polane lui avait donné au cou il y a 7 ans. Car d’après toujours ses révélations, il s’était rendu à la Police pour se plaindre, mais cette dernière n’avait accordé aucune importance à ses complaintes. Les limiers qui n’avaient pas accordé du crédit à ses déclarations l’avaient même traité de fou renseigne-t-il, en outre.
Poursuivant, sa relation des faits, l’accusé déclare avoir asséné un coup au défunt dans la région de la poitrine. « Lorsque je lui ai porté un coup, il a crié, aïe, tu m’as poignardé. Sur ce, j’ai eu un sentiment de remords. Après, je suis parti à la Police », laisse-t-il entendre. Pour montrer qu’il n’a pas toutes ces facultés mentales, l’accusé annonce que ce jour-là, il a mangé du yassa et des beignets à base de haricot.
Le maître des poursuites s’est réjoui des aveux circonstanciés faits par l’accusé. Mais, il pense que rien ne prouve que c’était une simple bagarre. Selon lui, il y avait bien antagonisme car, le médecin a constaté que la mort a eu lieu suite à des coups répétitifs au niveau du cou et du poumon. Il est constant que la victime a reçu plusieurs coups, car la région vitale a été visée a remarqué le parquet selon qui, les coups de couteaux ont perforé le poumon et les vaisseaux. «C’est une attitude d’un véritable coupable», dit-il avant de requérir 20 ans de travaux forcés et 10 ans d’interdiction de séjour à Yeumbeul. Amadou Polane, le frère du défunt a réclamé 10 millions en guise de dommages et intérêts. Selon Me Barro, son client ne peut pas être condamné en ce sens qu’il ne jouit pas de toutes ses facultés. « Mon client ne jouit pas de ses facultés mentales car, il répondait à des questions qui ne lui ont pas été posées. Il y a des zones d’ombre dans ce dossier. Dans le passé, il a eu une altercation avec le défunt. Ils ont l’habitude de se bagarrer pour des choses futiles. Il n’y a pas eu de témoignage ni de la certitude ni de la rigueur dans cette affaire », soulève la robe noire qui demande de rejeter l’intention de donner la mort. Car c’est une bagarre qui s’est transformée en tragédie, dit-il en sollicitant la requalification des faits en coups et blessures ayant entraîné la mort. Délibéré au 7 novembre prochain.