LE SIGNALEMENT EXPLOSIF DU LANCEUR D'ALERTE QUI ACCUSE TRUMP
Mediapart a traduit le signalement du lanceur d’alerte qui accuse Donald Trump d’avoir sollicité l’ingérence de l’Ukraine dans la campagne pour l’élection présidentielle de 2020, alors que son entourage a tenté d’imposer le silence sur cette affaire

Mediapart a traduit le signalement du lanceur d’alerte qui accuse Donald Trump d’avoir sollicité l’ingérence de l’Ukraine dans la campagne pour l’élection présidentielle de 2020, alors que son entourage a tenté d’imposer le silence sur cette affaire.
Étant donné le caractère explosif du rapport du lanceur d’alerte qui met actuellement le feu à la Maison Blanche, Mediapart a décidé de le traduire en français. Rendu public par la Chambre des représentants, ce document (lire ici l’original) accuse le président américain d’avoir sollicité l’ingérence de l’Ukraine dans la campagne pour l’élection présidentielle de 2020, alors que son entourage a tenté d’imposer le silence sur cette affaire. Nous l’avons traduit quasi intégralement, hormis des parties techniques sur les classifications et les notes de bas de page.
Et voici quelques repères chronologiques pour saisir l’ampleur de cette affaire :
– Le 12 août dernier, un lanceur d’alerte au sein des services de renseignement envoie le document traduit ci-après à l’inspecteur général de la communauté du renseignement (ICIG), Michael Atkinson. Il se dit inquiet des tentatives de Donald Trump de persuader son homologue ukrainien de s’ingérer dans la campagne présidentielle de 2020 en enquêtant sur un rival démocrate éventuel, l’ancien vice- président Joe Biden. Un mois plus tard, le Washington Post en révèle l’existence, mais sans donner le nom du dirigeant étranger ni le pays en question.
– Le 26 août, après avoir jugé cet informateur « crédible », Michael Atkinson transmet le signalement au directeur par intérim du renseignement national (DNI), Joseph Maguire, afin qu’il en informe le Congrès. Mais ce dernier, tout juste arrivé à son poste, laisse expirer
le délai de sept jours prévu par la loi qui protège les lanceurs d’alerte, sans le notifier aux parlementaires.
– Le 9 septembre,Michael Atkinson envoie une lettre aux commissions du renseignement de la Chambre des représentants et du Sénat pour les informer de cette plainte du lanceur d’alerte, sans révéler son contenu. Le même jour, une enquête est lancée par plusieurs commissions.
– Le 22 septembre, Donald Trump reconnaît avoir évoqué les accusations de corruption contre Joe Biden lors d’une conversation téléphonique avec le président ukrainien Volodymyr Zelenski.
– Le 24 septembre,Nancy Pelosi, la puissante « Speaker » de la Chambre des représentants, à majorité démocrate, lance la procédure d’« impeachment » contre le président.
– Le 26 septembre, le New York Times affirme que le lanceur d’alerte est un membre de la CIA affecté un temps à la Maison Blanche. « Je veux savoir qui est la personne qui a informé le lanceur d’alerte, a tonné Donald Trump. Parce que c’est quelqu’un qui est pratiquement un espion, a-t-il poursuivi. Vous savez ce que nous faisions au bon vieux temps quand nous étions intelligents, n’est-ce pas ? Les espions et la trahison, nous avions l’habitude de gérer ça un peu différemment de ce que nous faisons maintenant », a-t-il ajouté.
*** NON CLASSIFIÉ 12 août 2019
L’honorable Richard Burr Président Commission du renseignement Sénat des États-Unis
L’honorable Adam Schiff Président Commission du renseignement Chambre des représentants des États-Unis
Messieurs les présidents Burr et Schiff,
Je vous fais part d'une « préoccupation urgente » en accord avec les procédures prévues dans le 50 USC § 3033 (k) (5) (G) [Article de la loi sur les lanceurs d’alerte du renseignement – ndlr]. [...]
Dans l’exercice de mes fonctions, j’ai reçu des informations de plusieurs représentants du gouvernement des États- Unis selon lesquelles le président des États-Unis a fait usage de son pouvoir pour solliciter l’ingérence d'un pays étranger dans le cours des élections de 2020 aux États-Unis. Cette ingérence consiste notamment à faire pression sur un pays étranger pour qu’il enquête sur l’un des principaux rivaux politiques du président. L’avocat personnel du président, M. Rudolph Giuliani, est une figure centrale de cette initiative. Le procureur général Barr semble également impliqué.
Au cours des quatre derniers mois, plus d’une demi-douzaine de responsables américains m’ont informé de divers faits liés à cette initiative. Les informations fournies dans le présent document m’ont été transmises dans le cadre d’activités officielles entre différentes institutions. Il est courant pour les responsables américains responsables d’un secteur particulier, qu’il soit régional ou thématique, d’échanger de telles informations afin de nourrir l’élaboration des politique et les analyses.
Je n’ai pas été témoin direct de la plupart des événements décrits. Cependant, j’ai trouvé que les récits de mes collègues sur ces événements étaient crédibles, car, dans la plupart des cas, de nombreux responsables ont fait part de faisceaux de faits cohérents entre eux. En outre, toute une série d’informations conformes à ces récits privés ont été rapportées publiquement.
Je suis très préoccupé par le fait que les actions décrites ci-dessous constituent “un problème grave ou flagrant, un abus ou une violation de la loi ou d’un décret” qui “n’inclut pas de divergences d’opinions concernant des questions d'intérêt public”, conformément à la définition de “préoccupation urgente” incluse dans le 50 USC § 3033 (k) (5)
(G) Je m’acquitte donc de mon devoir de communiquer ces informations aux autorités compétentes par les voies légales.
Je suis également préoccupé par le fait que ces actions constituent un risque pour la sécurité nationale des États-Unis et sapent les efforts du gouvernement américain pour dissuader et contrer les ingérences étrangères dans les élections américaines.
[...]
I. L’appel présidentiel du 25 juillet
Tôt dans la matinée du 25 juillet, le président s’est entretenu par téléphone avec le président ukrainien Volodymyr Zelenski. Je ne sais pas qui a initié l’appel. Il s’agissait du premier appel reconnu publiquement entre les deux dirigeants depuis un bref appel de félicitations à la suite de la victoire de M. Zelenski à la
présidentielle le 21 avril.
Plusieurs responsables de la Maison Blanche, qui ont eu connaissance directe de l’appel, m’ont informé que, après un premier échange de plaisanteries, le président avait passé le reste du temps à défendre ses intérêts personnels. C’est- à-dire qu’il a cherché à faire pression sur le dirigeant ukrainien pour que ce dernier agisse afin de l’aider dans sa tentative de réélection en 2020. Selon les responsables de la Maison Blanche qui
étaient au courant de l’appel, le président a fait pression sur M. Zelenski pour qu’il, entre autres :
– lance ou poursuive l’enquête sur les activités de l’ancien vice-président Joseph Biden et de son fils, Hunter Biden ;
– l’aide à prétendument dévoiler que les accusations sur l’ingérence russe dans les élections américaines de 2016 ont leur origine en Ukraine, avec une demande spécifique que le dirigeant ukrainien localise et remette les serveurs utilisés par le Comité national démocrate et examinés par l’entreprise de cybersécurité CrowdStrike, qui avait initialement indiqué que des pirates informatiques russes avaient pénétré dans les réseaux de la DNC en 2016 ;
– rencontre ou parle avec deux personnes que le président a nommées explicitement comme ses émissaires sur ces sujets, M. Giuliani et le procureur général Barr, auxquels le président a fait référence à plusieurs reprises.
Le président a également fait l’éloge du procureur général ukrainien, M. Iouri Loutsenko, et a suggéré que M. Zelenski puisse le maintenir à son poste. (Note : à partir de mars 2019, M. Loutsenko a fait une série de déclarations publiques – sur nombre d’entre elles il s’est rétracté par la suite – au sujet des activités de la famille Biden en Ukraine, la prétendue implication de responsables ukrainiens dans l’élection américaine de 2016 et les activités de l’ambassade américaine à Kiev. Voir la partie IV pour plus de précisions.)
Les responsables de la Maison Blanche qui m’ont fait part de cette information ont été profondément troublés par ce que laissait deviner l’appel téléphonique. Ils m’ont dit qu’il y avait une « discussion en cours » avec des avocats de la Maison Blanche sur la manière de traiter l’appel, car il était probable qu’ils aient été témoins de l’abus commis par le président pour son bénéfice personnel.
La partie ukrainienne a été la première à reconnaître publiquement l’appel téléphonique. Dans la soirée du 25 juillet,
un communiqué a été publié sur le site du président ukrainien contenant la phrase suivante (traduction à partir de l’original en russe) :
– “Donald Trump a exprimé sa conviction que le nouveau gouvernement ukrainien sera capable d’améliorer rapidement l’image de l’Ukraine et d’achever l’enquête sur des cas de corruption qui ont entravé la coopération entre l’Ukraine et les États-Unis.”
À part les “cas” mentionnés ci-dessus qui concerneraient prétendument la famille Biden et les élections américaines de 2016, des responsables de la Maison Blanche m’ont informé qu’aucun autre “cas” n’avait été discuté.
D’après ce que j’ai compris, environ une douzaine de fonctionnaires de la Maison Blanche ont écouté l’appel – un mélange de responsables et d’officiers en service se trouvant dans la “salle de crise” de la Maison Blanche, comme c’est l’usage. Les responsables à qui j’ai parlé m’ont dit que la présence à ce coup de téléphone n’avait pas été restreinte à l’avance, car tout le monde s’attendait à ce que ce soit un appel “de routine” avec un dirigeant étranger. Je ne sais pas si quelqu’un était physiquement présent avec le président pendant l’appel.
– En plus du personnel de la Maison Blanche, on m’a dit qu’un responsable du département d’État, M. Ulrich Brechbuhl, a également écouté l’appel.
– Je n’étais pas le seul responsable hors Maison Blanche à avoir reçu un compte-rendu de l’appel. D’après ce que j’ai compris, plusieurs fonctionnaires du département d’État et de la communauté du renseignement ont également été informés du contenu de l’appel comme décrit précédemment.
« Verrouiller » tous les enregistrements de l’appel téléphonique
II. Tentatives visant à restreindre l’accès aux enregistrements liés à l’appel
Dans les jours qui ont suivi l’appel téléphonique, de nombreux hauts responsables américains m’ont appris que de hauts responsables expérimentés de la Maison Blanche étaient intervenus pour « verrouiller » tous les enregistrements de l’appel téléphonique, en particulier la transcription officielle mot à mot de l’appel qui avait été faite – comme il est de coutume – par la “salle de crise” de la Maison Blanche. Ces agissements m’ont fait comprendre que les hauts responsables de la Maison Blanche avaient compris la gravité de ce qu’il s’était passé au cours de l’appel.
Les hauts responsables de la Maison Blanche m’ont dit qu’ils avaient “reçu l’ordre” de la part des avocats de la Maison Blanche de retirer la transcription numérique du système informatique dans lequel ces transcriptions étaient généralement stockées à fin de coordination, finalisation et distribution parmi les membres du cabinet.
Au lieu de cela, la transcription a été mise sur un système informatique distinct, qui est par ailleurs utilisé pour stocker et traiter des informations classifiées de nature particulièrement sensible. Un haut responsable de la Maison Blanche a estimé que cet acte constituait une utilisation abusive de ce système informatique, car l’appel ne contenait aucun élément sensible du point de vue de la sécurité nationale.
Je ne sais pas si des mesures similaires ont été prises pour restreindre l’accès à d’autres comptes-rendus de l’appel, tels que les notes manuscrites prises au même moment par ceux qui écoutaient.
III. Préoccupations actuelles
Le 26 juillet, au lendemain de l’appel, le représentant spécial américain pour les négociations sur l’Ukraine, Kurt Volker, s’est rendu à Kiev et a rencontré le président Zelenski et diverses personnalités politiques ukrainiennes. L’ambassadeur Volker était accompagné lors de ces réunions par l’ambassadeur des États-Unis auprès de l’Union européenne, Gordon Sondland.
Selon plusieurs comptes-rendus de ces réunions rapportés par divers responsables américains, les ambassadeurs Volker et Sondland auraient conseillé les dirigeants ukrainiens sur la manière de s’y “retrouver” parmi les demandes adressées par le président à M. Zelenski.
J’ai également appris par l’entremise de plusieurs responsables américains que, vers le 2 août, M. Giuliani se serait rendu à Madrid pour rencontrer un des conseillers du président Zelensky, Andrei Yermak. Les responsables américains ont qualifié cette réunion, qui n’avait pas été rendue publique à l’époque, de “prolongement direct” de la conversation téléphonique entre le président et M. Zelenski concernant les “affaires” qu’ils avaient évoquées.
Par ailleurs, de nombreux responsables américains m’ont dit que M. Giuliani aurait établi des contacts privés avec différents conseillers de Zelenski, notamment le chef d’état-major Andrei Bohdan et le président par intérim des services de sécurité ukrainien Ivan Bakanov.
Je ne sais pas si ces responsables ont rencontré ou ont parlé à M. Giuliani, mais plusieurs responsables américains m’ont dit que M. Yermak et M. Bakanov avaient l’intention de se rendre à Washington à la mi-août.
Le 9 août, le président a déclaré aux journalistes : “Je pense que le président Zelenski va conclure un accord avec le président Poutine. Il sera invité à la Maison Blanche. Nous sommes impatients de le voir. Il a déjà été invité à la Maison Blanche et il veut venir. Et je pense qu’il le fera. C’est un homme très raisonnable. Il veut voir la paix en Ukraine et je pense qu’il va venir très bientôt en fait.”
IV. Circonstances précédant l’appel téléphonique présidentiel du 25 juillet
À partir de la fin mars 2019, une série d’articles a été publiée dans le journal en ligne The Hill. Dans ces articles, plusieurs hauts responsables ukrainiens – notamment le procureur général Youri Loutsenko – ont formulé
une série d’accusations contre d’autres responsables ukrainiens et d’actuels et anciens responsables américains. M. Loutsenko et ses collègues ont notamment déclaré :
– qu’ils possédaient des preuves que de hauts responsables ukrainiens – à savoir le chef du Bureau national de lutte contre la corruption en Ukraine, Artem Sytnyk, et le député Serhiy Leshchenko – s’étaient “ingérés” dans l'élection présidentielle américaine de 2016, apparemment en collaboration avec le Comité national démocrate et l’ambassade américaine à Kiev.
– que l’ambassade des États-Unis à Kiev – en particulier l’ambassadrice des États-Unis Marie Yovanovitch, qui avait critiqué M. Loutsenko pour son bilan médiocre en matière de lutte contre la corruption – avait fait entrave à la la justice ukrainienne dans certaines affaires de corruption, notamment en fournissant une liste d’individus à “ne pas poursuivre en justice”, et avait empêché les procureurs ukrainiens de se rendre aux États-Unis afin de présenter leurs “éléments de preuve” concernant les élections américaines de 2016.
– que l’ancien vice-président Biden avait exercé des pressions sur l’ex- président ukrainien Petro Porochenko en 2016 pour qu’il limoge le procureur général ukrainien Viktor Shokin, ceci afin d’annuler une enquête criminelle sur Burisma Holdings, une entreprise d’énergie ukrainienne au conseil d’administration de laquelle était présent le fils de l’ancien vice-président, Hunter Biden.
Dans plusieurs déclarations publiques, M. Loutsenko a également déclaré qu’il souhaitait échanger directement avec le procureur général Barr à ce sujet.
Les accusations de M. Lutsenko ont été prononcées à la veille du premier tour de l’élection présidentielle ukrainienne, le 31 mars. À ce moment-là, le président Porochenko, parrain politique de M. Loutsenko, talonnait M. Zelenski dans les sondages et semblait susceptible d’être vaincu. M. Zelenski avait fait savoir qu’il souhaitait le remplacement de M. Loutsenko au poste de procureur général. Le 21 avril, M. Zelenski a battu largement M. Porochenko.
– Il a également été révélé que M. Giuliani avait rencontré M. Loutsenko à au moins deux reprises : une fois à New York fin janvier et une autre fois à Varsovie à la mi- février. En outre, il a été rapporté que M. Giuliani avait parlé fin 2018 avec l’ancien procureur général Shokin dans le cadre d’une conversation Skype organisée par deux associés de M. Giuliani.
– Le 25 avril, dans un entretien accordé à Fox News, le président Trump a qualifié les déclarations de M. Loutsenko d’“énormes” et d’“incroyables” et a déclaré que le procureur général “voudrait voir cela”.
Vers le 29 avril, de hauts responsables américains, directement informés de la situation, m’ont appris que l’ambassadrice Yovanovitch avait été soudainement rappelée à Washington par des hauts fonctionnaires expérimentés du département d’État pour “consultations”, et qu’elle serait très probablement démise de ses fonctions.
– À peu près au même moment, un responsable américain m’a également appris que des “associés” de M. Giuliani essayaient de prendre contact avec la nouvelle équipe de Zelenski.
– Le 6 mai, le département d’État a annoncé que l’ambassadrice Yovanovitch mettrait fin à sa mission à Kiev “comme prévu”.
– Cependant, plusieurs hauts responsables américains m’ont dit qu’en fait sa mission avait été interrompue à cause des pressions découlant des accusations de M. Loutsenko. M. Giuliani a par la suite déclaré dans une interview avec un journaliste ukrainien publiée le 14 mai que l’ambassadrice Yovanovitch avait été “limogée... parce qu’elle était partie prenante des agissements contre le président”.
Les agissements de Rudy Giuliani, avocat personnel de Donald Trump
Le 9 mai, le New York Times a annoncé que M. Giuliani prévoyait de se rendre en Ukraine afin de faire pression sur le gouvernement ukrainien pour qu’il poursuive des enquêtes qui pourraient aider le président dans sa candidature à la réélection en 2020.
– Dans la multitude de ses déclarations publiques qui ont précédé et suivi la publication de cet article, M. Giuliani a confirmé qu’il souhaitait avant tout encourager les autorités ukrainiennes à ouvrir une enquête sur les accusations d’ingérence de l’Ukraine dans les élections américaines de 2016 et d’actes répréhensibles présumés de la part de la famille Biden.
– Dans l’après-midi du 10 mai, le président Trump a déclaré dans un entretien avec Politico qu’il envisageait de s’entretenir avec M. Giuliani sur son voyage.
– Quelques heures plus tard, M. Giuliani a annoncé qu’il annulait son voyage, affirmant que M. Zelenski était “entouré d’ennemis du président [américain]... et des États-Unis”.
Le 11 mai, M. Loutsenko a rencontré le nouveau président Zelenski pendant deux heures, selon un témoignage rendu public plusieurs jours plus tard par M. Loutsenko. M. Loutsenko a déclaré qu’il avait dit à M. Zelensky qu’il souhaitait rester à son poste de procureur général.
À partir de la mi-mai, de nombreux hauts responsables américains ont été profondément préoccupés par ce qu’ils considéraient comme le détournement par M. Giuliani des procédures de prise de décision en matière de sécurité nationale, afin de dialoguer avec les responsables ukrainiens et de relayer les messages entre Kiev et le président Trump. Ces hauts responsables m’ont également dit :
– que des responsables du département d’État, notamment les ambassadeurs Volker et Sondland, avaient parlé à M.
Giuliani dans le but de “limiter les dégâts” causés à la sécurité nationale des États- Unis.
– que les ambassadeurs Volker et Sondland, au cours de cette période, ont rencontré des membres de la nouvelle administration ukrainienne et, en plus de discuter de questions de politique générale, ont également cherché à aider les dirigeants ukrainiens à comprendre les messages divergents qu’ils recevaient des canaux américains officiels d’un côté, et de M. Giuliani de l’autre, et à y répondre.
Au cours de la même période, de nombreux hauts responsables américains m’ont dit que les dirigeants ukrainiens avaient été amenés à croire qu’une réunion ou un appel téléphonique entre le président et le président Zelenski dépendraient de la volonté de Zelenski de “jouer le jeu” sur les questions qui avaient été exposées publiquement par Loutsenko et Giuliani.
Peu après l’investiture du président Zelenski, M. Giuliani aurait rencontré deux autres responsables ukrainiens : le procureur spécial ukrainien chargé de la lutte contre la corruption, M. Nazar Kholodnytskyy, et un ancien diplomate ukrainien, Andrei Telizhenko. Kholodnytskyy et Telizhenko sont tous deux des alliés de M. Loutsenko et ont formulé des accusations similaires dans la série d’articles de The Hill sus- mentionnée.
Le 13 juin, le président a déclaré à George Stephanopoulos de la chaîne ABC qu’il accepterait des informations préjudiciables sur ses rivaux politiques provenant d’un gouvernement étranger.
Le 21 juin, M. Giuliani a tweeté : “Le nouveau président ukrainien reste silencieux sur l’enquête relative à l’ingérence ukrainienne en 2016 et à la corruption présumée par Biden de Porochenko. Il est temps de diriger et d’enquêter sur les deux si vous voulez découvrir comment l’Ukraine a été maltraitée par Hillary Clinton et son entourage.”
À la mi-juillet, j’ai appris un changement soudain de politique concernant l’aide américaine à l’Ukraine. »