UNE HISTOIRE BELGE QUI NE FAIT PAS RIRE LE MINISTRE ABDOU KARIM FOFANA
A n’en pas douter, le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, a été abusé par un promoteur belge.
A n’en pas douter, le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, Abdou Karim Fofana, a été abusé par un promoteur belge. Mardi 14 octobre dernier, en visitant les premières maisons du Programme de 100.000 logements sociaux du président Macky Sall à Notto Diobass, il ne s’attendait pas à visiter des logements qualifiés de « poulaillers » et qui font scandale dans le milieu du BTP. De là à dire que le ministre Fofana a été induit en erreur, beaucoup de professionnels du secteur le pensent. Ces derniers estiment que ce départ raté du Programme des 100.000 logements pourrait, après « l’échec de la loi sur la baisse du prix du loyer à Dakar», pourrait constituer une autre déconvenue pour le régime du président Macky Sall dans le domaine de l’habitat social…
Au niveau du ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, on se dit surpris de la visite effectuée par le ministre Abdou Karim Fofana ce mardi 14 octobre à Notto Diobass. « On ne sait pas comment il a pu tomber dans le panneau de cette grossière manipulation parce que le projet de Notto Diobass ne faisait pas partie au départ du programme de 100.000 logements sociaux du président Macky Sall. Il a été signé par l’ancien ministre Diène Farba Sarr en janvier 2019 » informe une source du ministère. Cette dernière, tout comme certains spécialistes du foncier, estiment que si ce qui s’est passé à Notto Diobass n’est pas rectifié, cela pourrait provoquer un échec retentissant du programme de 100.000 logements du président Macky Sall.
En effet, l’accès au logement social, une « idée noble » fortement saluée par les populations, a été un des points phares du programme du président sortant et candidat à la dernière élection présidentielle. Son ambition était et est toujours de permettre au plus grand nombre de Sénégalais d’accéder au logement à moindre coût afin de juguler les effets pervers du coût élevé du loyer qui érode leur pouvoir d’achat et compromet leur bien-être. Aussi, sous ce rapport, « la dimension sociale doit occuper une place primordiale au cœur de ce projet qui vise plutôt à soulager les personnes aux revenus modestes que d’enrichir des spéculateurs et affairistes », tiennent à rappeler certains cadres du secteur du bâtiment. Lesquels soupçonnent que « c’est certainement ce qui justifie en partie la mise à l’écart des sociétés étatiques classiques qui évoluent dans l’immobilier ». Effectivement le logement dit social, selon l’entendement du président de la République, doit être « abordable, accessible même aux non salariés bref aux Sénégalais aux revenus moyens ».
Ce spéculateur étranger qui fausse le jeu
Malheureusement, s’offusquent nos interlocuteurs, « un spéculateur étranger, profitant des opportunités voire des brèches qu’offre le cadre juridique réglementaire avec la loi 2016-31 du 08 novembre portant loi d’orientation sur l’habitat social, a réussi à faire agréer son projet de construction de logements sociaux par la tutelle. De ce fait, il bénéficie selon l’Article 6 du cadre ci-évoqué de la ‘’gratuité du foncier au profit des promoteurs privés agréés’’, et l’Article15, d’ ‘’avantages fiscaux avec exonération des droits et taxes, suspension de la TVA’’ ». Malgré tous ces avantages à lui concédés (100 ha de terres déjà libérés sur les 400ha demandés à Notto Diobass avec le déclassement d’une partie de la forêt, juste à la sortie de l’autoroute à péage), ce promoteur privé « obnubilé par le gain facile et soucieux de faire de la plus-value », soutient-on, est en train de construire des « bâtiments indignes de loger des chevaux de race ». A plus forte raison des humains. A voir d’ailleurs si ces logements visités par le ministre Abdou Karim Fofana ne sont pas des « étables pour des bœufs » ou des « latrines d’une école de brousse non clôturée ».
En tout cas, ils traduisent un manque de respect notoire pour les Sénégalais, le promoteur belge faisant comme s’ils n’ont aucune aspiration au bienêtre. Les prototypes présentés au ministre ayant été assimilés à des « poulaillers » par les populations locales, ces maisons « belges » connaîtront certainement une mévente surtout du fait de leur coût qui n’a rien de social. Pour cause, le promoteur belge exige un apport personnel de 1.500.000 francs et des mensualités de 88 000 francs sur une durée de 12 à 15 ans. « Une démarche en parfaite contradiction avec la vision du chef de l’État qui place le social au centre de ses intérêts », confient des Sénégalais hantés par le désir d’obtenir un toit. Faisant part de leur « totale désillusion », ils pensent que « le gouvernement a laissé les promoteurs construire des maisons comme bon leur semble ». Mieux, soutiennent-ils, « ce Programme va au-devant d’un échec patent si rien n’est fait pour apporter d’ores et déjà des corrections aux modèles de logement que les promoteurs veulent fourguer aux futurs acquéreurs ».
La colère des acquéreurs potentiels
Interrogées en marge de cette visite de terrain du ministre en charge du secteur, les populations locales mais aussi les acquéreurs potentiels avaient indiqué que « les maisons témoins en cours de finition, disposées telles des salles de classe ou d’assez belles cantines dans un marché, et composées d’un mini-salon, de deux chambrettes, d’une petite cuisine, de deux toilettes (intérieure et extérieure), le tout érigé de façon linéaire dans un espace restreint de 200 mètres carrés, ressembleraient plutôt à des poulaillers ». Des logements « très mal construits, avec un sérieux problème d’aération, des portes et des fenêtres dressées sur un même alignement, des carreaux cassés, où les occupants seront obligés de vivre dans la promiscuité comme des prisonniers, avec des normes qui bafouent toute dignité humaine. Il n’y a pas d’espace vital, pas de véranda, pas le moindre confort », avaient dénoncé les personnes interrogées. Et de se demander : « De qui se moquet-on ? Par quelle mouche Macky Sall s’est-il fait piquer au point de confier ce projet à un promoteur étranger qui prend les Sénégalais pour des moins-que-rien à parquer dans un prototype de maison pour volaille qu’il n’oserait jamais bâtir chez lui, par respect à ses compatriotes ? De qui se joue-t-on ? » Des questions transmises avec le respect qui sied au ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, M. Abdou Karim Fofana…