LA «CAUTION» D’ACTEURS ET PROFESSIONNELS DES MEDIAS
Les acteurs et professionnels de la presse en appellent à la diligence dans l’adoption de toutes les lois, les décrets et autres arrêtés restants pour un véritable développement et un assainissement du secteur des médias, avec des entreprises viables
Parmi un certain nombre de textes devant accompagner le nouveau Code de la presse pour l’effectivité de son application, le Conseil des ministres de mercredi 6 janvier, la première réunion hebdomadaire de l’année 2021, a examiné et adopté : «le projet de décret relatif aux avantages et obligations attachés aux statuts d’entreprises de presse ; le projet de décret fixant les modalités d’organisation et de fonctionnement du Fonds d’Appui et Développement de la Presse», au titre des textes législatifs et réglementaires. Tout en saluant la prise de ces deux projets de décrets importants, les acteurs et professionnels en appellent à la diligence dans l’adoption de toutes les lois, les décrets et autres arrêtés restants pour un véritable développement et un assainissement du secteur des médias, avec des entreprises viables.
MAMADOU THIOR, PRESIDENT DU CORED : «Le nouveau Code de la presse est un moyen pour développer et assainir le secteur»
«Le nouveau Code de la presse est un moyen pour développer le secteur, parce que il y a parmi les décrets qui ont été pris par le président de la République, en Conseil des ministres (mercredi 6 janvier 2021, ndlr), l’avènement du Fonds d’appui et de développement de la presse. Ce fonds-là va remplacer l’Aide à la presse qui était assez modique. Ce nouveau fonds sera doté de plusieurs milliards. C’est pour aider les investisseurs dans le secteur de la presse à avoir les moyens parce que les médias demandent beaucoup de moyens. Par exemple, s’ils veulent contracter des prêts au niveau des banques, ce fonds va servir de garantie donc. Ce fonds vient pour aider au développement de la presse. Ce code va assainir la presse, parce que qu’aujourd’hui, à travers le Code de la presse, il est clairement dit qui est journaliste ? Qui est techniciens des médias ? Qui ne l’est pas ? Et comment on le devient ? Parce que dans la loi de 96-04, que le code a remplacé, le journaliste n’était pas assez défini, c’était assez vague. Mais pour ce code, on dit comment on accède à cette profession qui ne peut se faire que par deux moyens : sortir d’une école reconnue par l’Etat, parce qu’il y a beaucoup d’écoles qui enseignent du journalisme alors qu’il n’en est rien. Donc, nous acteurs des médias, nous allons nous concerter avec l’Etat pour leur dire : ‘’ces écoles-là ne cadrent pas avec le journalisme’’. Nous allons regarder le curricula de toutes les écoles privées de journalismes, ceux qui remplissent les critères seront reconnus et tous les diplômés qui sortiront de ces écoles auront la Carte nationale de presse. L’autre moyen, c’est avoir la Licence, un Bac plus 3 ; si vous avez cette Licence, vous devez faire deux (2) ans de stage dans une rédaction à l’issue desquelles la Commission vous attribue la Carte nationale de presse ; elle fait en même temps office de Commission de validation des Acquis de l’expérience (ADE). Après ces deux (2) ans de stage, vous passez une sorte d’examen devant cette commission. Et si vous réussissez cet examen, on vous attribue la Carte de presse. Pour avoir la Carte de la presse, il vous faut un quitus du CORED. Et avant qu’on vous le délivre, nous regardons qui vous êtes. Si vous ne remplissez pas les critères pour avoir la carte, vous pouvez vous attendre à ce qu’on ne vous délivre pas la carte. C’est des garde-fous que nous avons mis pour assainir cette profession parce que nous sommes envahis de partout. Mais ça, c’était dû à l’absence de législation, depuis 2010, parce que loi a trainé pendant 7 ans à l’Assemblée nationale, avant d’être enfin votée en 2017. Et nous avons attendu plus de 3 ans et demi pour qu’en fin les décrets d’application soit pris par le président de la République».
MAMADOU IBRA KANE, PRESIDENT DU CDEPS : «Nous ne connaissons pas encore le contenu de ces projets de décret ; il se pourrait que ça ne corresponde pas aux intérêts du secteur de la presse»
«Le nouveau Code de la presse est une avancé du point de vu de l’assainissement du secteur de la presse à deux niveaux. Le premier c’est l’accès à la profession par rapport aux professionnels des médias, avec des conditions d’exercice du métier de journalisme ou technicien des médias. Le second niveau, c’est par rapport au statut de l’entreprise des médias. N’importe qu’elle entreprise ne pourra plus évoluer dans le secteur de la presse, si elle ne respecte pas certaines conditions. Ce ne sont pas encore des décrets, ce sont des projets qui ont été adoptés par le Conseil des ministres. Nous ne connaissons pas encore le contenu de ces projets ; il se pourrait que ça ne corresponde pas aux intérêts du secteur de la presse. Il faut souligner le fait que ce sont seulement deux textes d’applications qui ont été pris en l’occurrence des décrets. Mais dans les textes d’application, il y a des lois qui auraient dû être adoptées, des décrets et aussi des arrêtés. Mais, pour le moment, nous n’avons eu que les deux projets de décrets sur les obligations et avantages des entreprises de presse d’une part, et, d’autre part, la création d’un Fonds d’appui et de développement de la presse. Donc, il y a vraiment beaucoup de questions encore qui n’ont pas fait l’objet de texte d’application. Nous espérons que, dans le prochain Conseil des ministres, les textes d’application seront complétés par le gouvernement».
OUSSEYNOU DIENG, DIRECTEUR DE LA COMMUNICATION : «C’est un secteur qui est assailli de partout et…»
«Le nouveau Code de la presse est un instrument qui accompagne le développement du secteur de la presse. Nous sommes dans un secteur très compliqué, avec l’impact des nouvelles technologies de l’information et de la communication ; c’est un secteur qui est en pleine mutation partout à travers le monde. Avoir un Code de la presse, ça permet au moins d’encadrer le secteur c'est-à-dire de lui doter d’un cadre juridique et règlementaire qui soit en mesure d’accompagner le développement de la presse. Mais, en plus, la presse est considérée comme un des piliers de la démocratie, dans son rôle de consolidation de la démocratie, pour garantir les libertés d’expression. Ensuite, il y a la question de la viabilité économique des entreprises ; c’est le secteur qui connait des difficultés partout dans le monde. Ce code-là arrive à son heure pour offrir un cadre qui permet à ce secteur de se développer. Le président de la République vient de signer deux décrets d’application, parce qu’un code, c’est un code ; mais il y a certaines choses qui doivent être précisées dans les textes d’application notamment des décrets et des arrêtés. Avant même de parler des décrets, il y a la Carte nationale de presse avec toutes les possibilités qu’elle offre pour assainir la profession à savoir qui est journaliste et qui ne l’est pas ? Il y a une autre phase d’assainissement avec la régulation, la signature de Convention, cahier de charges avec tout acteur. Cependant, le plus important, c’est la signature de décrets d’application dont le Fonds d’appui et de développement de la presse qui a remplacé l’Aide à la presse. Ce fonds a pour but de soutenir l’investissement, le développement et d’accompagner la formation. En gros, il se veut d’être un instrument pour accompagner les entreprises, notamment pour leur permettre d’avoir une meilleure viabilité économique. Et ça ne peut pas se faire sans assainissement car, c’est un secteur qui est assaillit de partout. On va véritablement vers l’assainissement et ceux-là qui exercent la profession en respectant un minimum de règles édictés dans le Code, qu’ils puissent bénéficier de ce fonds.
AUTRE DECRET IMPORTANT : «AVANTAGES ET OBLIGATIONS DES ENTREPRISES»
Il y a un autre décret dont on parle : «avantage et obligation des entreprises de presse». C’est vrai, il y a un certain nombre d’obligations, par exemple le respect de la Convention collective, respecter au moins le traitement du personnel. Il faut que ces entreprises soient capables de recruter des journalistes. Quand c’est la presse écrite ou l’audio-visuel, avoir cinq employés permanant dont la majorité sont des journalistes. Quand c’est un site d’informations, avoir au moins trois professionnels dont un rédacteur en chef mais surtout un médiateur pour garantir plus de modération parce qu’il y a énormément de dérives. Donc, c’est un outil très important pour le secteur et il appartient à nous qui sommes dans le secteur d’en faire véritablement une réalité. Sinon, c’est un secteur qui sera laissé à lui-même. C’est la raison pour laquelle, l’Etat a pris des mesures pour garantir le développement du secteur de la communication, en général.
LES TEXTES SUR LA PUBLICITE
Maintenant, il y a d’autres textes sur la publicité qui constitue un aspect économique extrêmement important. Le texte est en cour et on espère très bientôt avoir un projet de loi qui va réviser de la publicité. Parce que la loi actuelle qui encadre la publicité, elle date de 1983 ; entre temps, il y a eu énormément de mutations, ne serait-ce que le numérique. On n’est en train de discuter pour reprendre tous les cahiers de charges et conventions, pour les radios, les télévisions, les distributeurs satellites, même pour ceux qui sont dans le mobile. C’est tout un ensemble de réformes. Et, au-delà de tout, il y a le secteur public qui n’est pas en reste, que ce soit Le Soleil, la RTS, l’APS, pour leur donner plus d’autonomie et permettre au secteur privé de se développer dans une concurrence saine et loyale».