LES SPECIALISTES EDICTENT LES BONNES CONDUITES
Les femmes enceintes peuvent se faire vacciner à n’importe quel moment de leur grossesse.

Les femmes enceintes peuvent se faire vacciner à n’importe quel moment de leur grossesse. Selon le professeur Abdoul Aziz Diouf, gynécologue obstétricien à l’hôpital de Pikine et par ailleurs membre de l’Association sénégalaise des gynécologues obstétriciens du Sénégal, il y a plus de bénéfice à prendre un vaccin anti Covid que de ne pas en prendre. D’un autre côté, Dr Nafissatou Touré, pneumologue à Fann, appelle les personnes qui présentent des maladies respiratoires à aller se faire vacciner pour prévenir des cas graves mais surtout le port de masque qui pourrait les aider ainsi que la continuité du traitement afin d’éviter des infections même en dehors du coronavirus.
PR ABDOUL AZIZ DIOUF, GYNECOLOGUE : 21 cas notifiés à l’hôpital de Pikine dont 4 décès
Pour le professeur Abdoul Aziz Diouf, concernant la fréquence élevée en raison des changements physiologiques et immunitaires survenant au cours de la grossesse, la femme enceinte est exposée à un risque accru d’infection par le coronavirus. Cette virulence est beaucoup plus marquée lorsque la femme est au 3e trimestre de la grossesse. Au centre hospitalier de Pikine disposant récemment d’un Centre de traitement épidémie (Cte) et à l’hôpital Youssouf Mbargane de Rufisque, 21 cas de Covid chez les femmes enceintes et allaitantes ont été recensés. Selon le professeur Abdoul Aziz Diouf, gynécologue obstétricien à l’- hôpital de Pikine, l’âge moyen de ces femmes était de 30 ans et parmi les 21 cas, deux allaitantes. « Nous avons noté 6 cas graves dont l’atteinte pulmonaire était supérieure à 75%. Nous avons malheureusement enregistré quelques décès maternels et cette augmentation des cas avec l’apparition du variant Delta n’épargne pas les femmes enceintes », a renseigné le professeur Diouf hier, dans le point de presse quotidien sur la Covid19. Parlant des manifestations cliniques de la maladie chez la femme enceinte, le professeur Diouf a soutenu que plusieurs études ont montré que les femmes enceintes affectées depuis le début de la pandémie sont susceptibles d’être admises en soins intensifs ayant besoin d’une ventilation invasive que les femmes non enceintes qui sont en âge de procréer. « Il faut également comprendre que d’autres pathologies de la grossesse peuvent être au-devant de la scène et masquer la Covid-19. Ainsi nous suggérons au personnel de soins, de chercher la Covid-19 pour certaines complications obstétricales telles que le syndrome d’infecteur, l’hypertension artérielle associée à la grossesse, les menaces d’accouchement prématuré, soit en cas de perte fœtale » a-t-il déclaré. Et de poursuivre : « les risques encourus par la mère et son enfant constituent la troisième question. Des études de grande valeur ont montré qu’il y a un risque accru d’avortement d’accouchement prématuré ou de césarienne »
DESINFECTIONS QUI SURVIENNENT AU 3EME TRIMESTRE DE GROSSESSE
Pour le Sénégal, le professeur Diouf a renseigné : « pour notre série hospitalière, toutes les grossesses étaient au 3e trimestre, les formes graves représentaient 30%, l’accouchement était prématuré à 27% et le taux de césarienne était très élevé au-delà de 42% ». Et d’ajouter : « pour les femmes qui n’ont pas encore accouché et que nous suivons, nous avons remarqué quelques cas d’hypotrophie fatale. Comme nous l’avons annoncé, quatre femmes enceintes ont perdu la vie ». Revenant sur les facteurs aggravant de la Covid-19, le spécialiste a déclaré : « comme d’autres facteurs qui aggravent la Covid-19 chez la femme enceinte, il y a l’hypertension artérielle associée à la grossesse, l’obésité, le diabète et l’asthme qui sont des pathologies fréquemment rencontrées. Nous signalons que nous remarquons des morts fœtales chez des patients qui présentaient dans les jours précédents un syndrome opaque».
VACCINATION ETFEMME ENCEINTE
Compte tenu de la virulence du variant Delta particulièrement chez la femme enceinte, du risque important de la morbidité et de la mortalité liée à la Covid-19, le professeur Abdoul Aziz Diouf a avancé : « le ministère de la Santé et de l’action sociale (Msas) et l’Association sénégalaise des gynécologues obstétriciens recommandent la vaccination chez la femme enceinte à tout âge de procréer, les femmes allaitantes mais également les femmes désireuses de grossesse ». Selon la blouse blanche, les bénéfices de la vaccination chez la femme enceinte sont nettement supérieurs pour le couple mère-enfant que chez la femme non enceinte non vaccinée. « La vaccination des femmes enceintes réduit non seulement la morbidité et la mortalité infantile mais réduit également la morbidité fœtale due aux accouchements prématurés. » Surla préférence de vaccins à la vue que le Sénégal détient trois antigènes pour lutter contre la maladie, le spécialiste a déclaré : « tous les vaccins actuellement disponibles au Sénégal peuvent être administrés. Il faut souligner également la nécessité du respect des mesures barrières et même en étant vacciné. Nous exhortons enfin les femmes à fréquenter les structures sanitaires pour tous les besoins liés à la santé de la reproduction que ce soit les consultations prénatales, post natales, les visites de Planification familiale ou les consultations gynécologiques tout court »
PR NAFISSATOU OUMAR TOURE CHEF DU SERVICE PNEUMOLOGIEDE L’HOPITAL FANN : « Le port de masque réduit les infections »
Les personnes censées faire des détresses respiratoires sont entre autres des patients asthmatiques, ceux qui ont une bronchite chronique, porteuses de fibrose pulmonaire ou bien ceux qui ont une insuffisance respiratoire chronique. Pour cette catégorie de personnes, le professeur Nafissatou Oumar Touré, chef du service pneumologue de l’hôpital de Fann, conseille le port de masque, même étant vacciné. « Nous insistons sur les mesures barrières qui sont valables pour tout le monde mais qui sont plus valables pour ces personnes à risque et qui sont plutôt fragiles au niveau de leur appareil respiratoire. Et le port de masque peut les aider à éviter de développer des infections », a laissé entendre le professeur Touré. Et de recommander la poursuite des soins pour éviter les cas graves. Les personnes qui vivent avec une ou des pathologies respiratoires ont payé le plus lourd tribut de la pandémie avec son lot de décès. Une situation qui s’explique, selon le professeur Touré, par leur fragilité face aux virus, bactéries et autres. « Ces complications peuvent être liées certes à l’infection à Covid mais peuvent être aussi liées à un déséquilibre dû à l’infection respiratoire chronique associé à la Covid. Ce qui peut entrainer une formation de symptômes qui peut arriver à un stade de forme compliquée parfois nécessitant une réanimation » a-t-elle renseigné.
COMMENT EVITER LES FORMES GRAVES
Pour le professeur Nafissatou Touré, les personnes asthmatiques, bronchites ou avec fibrose ou encore avec une insuffisance respiratoire doivent obligatoirement continuer à se faire suivre dans les structures de santé. « Parce que ce sont des pathologies avec lesquelles elles vivent et vont continuer à vivre. Donc l’infection à Covid ne devrait pas leur faire peur au point de ne pas aller fréquenter les structures sanitaires, voir leur médecin pour un suivi de leur pathologie », a-t-elle préconisé. Et d’ajouter: « ils doivent aller consulter pour avoir un traitement médical correct et l’objectif, c’est d’avoir un équilibre de leur pathologie chronique. Cet équilibre permet s’ils contractent la Covid d’avoir moins de risque de développer des formes graves. Ils doivent également suivre les indications de leur médecin s’ils sont sous traitement ».
APPEL A LA VACCINATION
Toute personne asthmatique, porteuse d’infection aussi chronique, toute personne souffrant d’insuffisance respiratoire, doit aller obligatoirement se faire vacciner au niveau des structures de santé. Selon le professeur Nafissatou Touré, « nous les exhortons à y aller parce que cela permettra de réduire le risque de faire des formes graves qui peuvent être mortelles. Derrière cela, il faut continuer à faire attention aux autres éléments qui peuvent déstabiliser leur pathologie chronique. »