PARFUM DE RÈGLEMENT DE COMPTES
Des éléments troublants émergent autour des poursuites contre Mansour Faye et Ismaila Madior Fall, suggérant que des inimitiés personnelles pourraient avoir influencé les procédures judiciaires en cours

Il ne fait plus l’ombre d’un doute que d’anciens ministres du régime de Macky Sall seront poursuivis devant la Haute Cour de justice. Parmi eux, Mansour Faye et Ismaila Madior Fall. Mais depuis l’annonce des poursuites les concernant, des suspicions commencent à naitre. Car, les personnes concernées etleurs proches brandissent des «preuves» pour expliquer que les procédures judiciaires enclenchées contre eux ont pour origine un règlement de compte.
Le beau-frère de l’ex-président de la République, Macky Sall, fait partie des ministres du régime sortant mis en accusation devant la Haute Cour de justice pour détournements de fonds publics dans la gestion du fonds covid19. Selon le rapport de la Cour des comptes, il y a dans la commande des 110.000 tonnes de riz fait par son département ministériel un «montant surplus facturé par les fournisseurs s’établit à 2.749. 927. 498 francs».
Seulement, d’après des sources concordantes, l'arrêté sur lequel la Cour des Comptes s'est basé est caduque depuis juillet 2013, donc il ne peut plus servir de référence pour contrôler le prix du riz en 2020 à cause de la caducité de l'arrêté». Et ce qui étonne plus d’un, c’est que, «la Cour des comptes avait aussi conclu à une surfacturation sur le sucre en poudre par la Compagnie sucrière sénégalaise, dont la fixation du prix relevait du même arrêté de mai 2013, mais après les réponses Du Dage Aliou Sow, l'incrimination sur le sucre a été enlevée et celle sur le riz à subsisté».
D’ailleurs, dans une correspondance datant de 2022, ce dernier s’étonnait de la démarche de ladite Cour. «J'ai bien reçu copie du rapport spécial de la Cour des Comptes consacré à la revue des dépenses des fonds Covid-19 et vous en remercie vivement. Je dois relever, Monsieur le Premier Président, que la lecture du rapport m'a véritablement indigné et que c'est avec stupéfaction que j'y ai découvert la demande d'ouverture d'une information judiciaire à mon endroit, sur le motif supposé d'une surfacturation dans l'achat du riz pour un montant global de FCA deux milliard sept cent quarante-neuf million neuf cent vingt-sept mille quatre cent quatre-vingt-dix-huit francs (2 749 927 498 FCFA).
L'auteur du rapport explique la prétendue surfacturation par le fait que le ministère du Développement communautaire, de l'Equité sociale et territoriale aurait fixé et acheté le riz au prix de 275 000 FCFA en lieu et place de 250 001 FCFA la tonne, fixé par arrêté numéro 007111 du 22 mai 2013 du Ministre chargé du Commerce et portant administration des prix de l'huile en fût et en dosettes, du sucre cristallisé et du riz brisé non parfumé», avait-il expliqué. Pourtant, le ministère n'avait même pas besoin de faire un appel d’offre puisque le régime dérogatoire s’imposait. Il faut aussi ajouter que Mansour Faye a reversé cinq milliards aux finances après la procédure. A l’époque, certains pensaient que Aliou Sow voulait tout simplement se tirer d’affaire, mais des langues commencent à se délier pour dire qu’il a un problème personnel avec un des auteurs Khady Ndao en l’occurrence avec qui il a eu des relations heurtées au ministère des Finances ou les deux travaillaient.
Ce rapport exhale alors un parfum de règlement de comptes qui entache sérieusement sa crédibilité. Une chose, qui si elle est avéré, pourrait militer en faveur de Mansour Faye et de ses coaccusés, parce qu’elle va conduire à la remise en question de toute la procédure ayant abouti à sa mise en accusation devant la Haute Cour de Justice. Quand on sait le Dage a démontré que rien ne l’obligeait à passer le marché et que l’arrêté de 2013 était caduque.
Le cas Ismaila Madior Fall
Un autre cas qui suscite également des interrogations, c’est celui de l’ancien ministre de la Justice qui a fait une sortie dans la presse pour dire clairement que sa mise en accusation devant la Cour de Justice est une vengeance et un règlement de compte venant de l’actuel Garde des Sceaux, Ousmane Diagne. «Je n’ai aucun problème avec lui. Il m’a devancé à l’université.Quand il faisait la maitrise, j’étais en première année. Il est plus âgé que moi. Quand je suis devenu son patron, je lui ai toujours montré du respect. On a eu de très bons rapports. Il a été loyal…Mais je sais que la décision de le changer de son poste de Procureur de général de Dakar pour le remplacer par IbrahimaBakhoum ne l’a pas plu. J’en ai plusieurs preuves et des témoignages. Mais moi je suis un homme d’Etat, je suis un républicain», a-t-il dit. Poursuivant, l’ancien Garde des Sceaux a ajouté : «Je savais qu’il n’a pas aimé mais je crois que l’administration fonctionne comme ça». En toub état de cause, le justice a besoin de sérénité.