MONSIEUR LE PREMIER MINISTRE, VOUS NOUS AVEZ ÉCRIT…
Le 21 mars 2025, j’adressais une lettre d’alerte publique à M. le président de la République ainsi qu’à vous-même. Il s’agissait d’une alerte d’urgence qui attirait votre attention sur le génocide foncier en cours avec l’édification du Port de Ndayane

Monsieur le Premier ministre, en un mot, merci pour votre engagement pour la sauvegarde des biens culturels et du patrimoine artistique très gravement menacés par la folie génocidaire foncière du port de Ndayane.
En effet, le 21 mars 2025, j’adressais bien respectueusement une lettre d’alerte publique à Son Excellence Monsieur le président de la République ainsi qu’à vous-même. Il s’agissait d’une alerte d’urgence qui attirait votre attention sur le génocide foncier en cours avec l’édification du Port de Ndayane qui, hormis les 450 hectares qui lui sont alloués, vient ajouter à son monstrueux butin foncier, près de 1200 hectares spoliés aux populations et destinés, dit-on, à la mise en place d’un projet de zone industrielle qui part de Ndayane jusqu’aux confins de la route nationale. Démoniaque et effrayant !
Monsieur le Premier ministre, merci. Votre réaction est à saluer des dix mains et des dix pieds, pour avoir donné suite à notre alerte, par votre correspondance référencée n° 2018 en date du 23 avril 2025. Dans ce pays si cher, l’Administration, depuis la 3ème République, a pris le pli de répondre peu, très peu, aux lettres et requêtes qui lui sont envoyées par les populations, comme si écrire était devenu coûteux et précautionneux ! L’Intelligence Artificielle -IA- ne serait pas inutile, sans sourire, pour pousser les services publics et leurs chefs, à répondre vite aux citoyens qui s’adressent à leur gouvernement. Vos conseillers, quant à vous, Monsieur le Premier ministre, sont à féliciter ! Ils sont efficaces et prompts à remplir vos parapheurs. J’ai été honoré et séduit d’avoir partagé avec eux plus d’une heure d’échanges à la Primature, sous vos instructions, sur un projet mythique de mémoire à honorer. Vous êtes bien servi !
Monsieur le Premier ministre, nous avions proposé, par le passé, à l’ancien régime qui avait mis en place ce programme surréaliste et monstrueux de céder 1200 ha à une hypothétique et obscure zone industrielle, d’accepter de créer un POUMON VERT dans un environnement exceptionnel de forêt et d’eau, en préservant et en sauvegardant, par la même occasion, d’importantes et irremplaçables INFRASTRUCTURES CULTURELLES ET ARTISTIQUES ÉRIGÉES DEPUIS LES ANNÉES 90, par des écrivains, des poètes, des artistes, des éducateurs.
Ce qui avait été heureusement accepté et validé et le Directeur du port de Dakar de l’époque, fort diligent, avait mis en œuvre les études de réalisation de ce poumon vert. Tous les ports modernes du monde, ont désormais adopté cette option de « poumon vert », pour endiguer tant soit peu, les gaz toxiques si alarmants et mortellement foudroyants pour les populations longtemps exposées. Ndayane-Toubab Dialaw, à moins d’1H 30H de Dakar, était un paradis terrestre maritime ou Dieu venait passer ses vacances. Le port de Ndayane et ses mortelles tentacules, ont transformé un jardin d’eau et de verdure unique, en un fossé boueux, misérable et toxique ! Ndayane a mal fini. Son histoire et les chants éternels qui l’accompagnaient, sont perdus à tout jamais. Oui, pour un port mais pas là ! Une chamelle de légende a enfanté d’un âne ! Mais le développement serait à ce prix, dit-on !
Nous voulons juste, comme nous vous l’avons crié partout, avec la création de ce « poumon vert », régénérateur et protecteur d’un environnement fragile avec un port, sauver des infrastructures culturelles et éducatives bâties et acquises de haute lutte et ce depuis plus de 36 ans : résidence d’écriture, théâtre de verdure classé comme le plus grand et le beau d’Afrique, notre si prestigieuse école internationale de danse « L’École des sables », nos foyers éducatifs pour enfants, notre ferme agricole performante et formatrice de main d’œuvre, dont nombre de femmes admirables et chevillées à la tâche.
Voilà ce que nous voulons sauver. Voilà notre combat avec ce port de Ndayane qui empiète démesurément sur ses missions et ses objectifs. Jamais au monde, un port n’a occupé une couverture de 1600 hectares de superficie, soit 1312 terrains de football ! Vertigineux ! Irrationnel !
Monsieur le Premier ministre, voici, admirables, rigoureux, réfléchis, engagés, vos mots. Je vous cite dans votre texte de réponse : Je prends bonne notre des préoccupations urgentes que vous soulevez, notamment les risques de démolition des sites dédiés à la création artistique, à l’éducation, et au patrimoine culturel sénégalais. Conscient de l’importance de concilier développement économique et préservation du patrimoine national, le gouvernement examinera cette affaire avec toute la diligence requise.
Tout est dit ! Ce n’est pas DPWORD, nous a-t-on affirmé, qui est initiatrice de ce projet faramineux de zone industrielle hypothétique avec 1200 hectares, mais bien l’État du Sénégal ! Ne laissez pas raser autant de biens culturels et artistiques ! Parmi ces biens, figure désormais le tombeau du grand poète, dramaturge, sculpteur, Gérard Chenêt, sénégalo-haïtien, fondateur-bâtisseur du théâtre de verdure international de Ndougouman, Toubab-Dialaw, le plus grand et le plus célébré d’Afrique ! Gérard avait demandé d’être enterré dans son théâtre. Puisse ce théâtre et cette tombe si douce, être sauvegardés et protégés. Étrange et émouvant ces chats blancs et noirs qui vous accueillent à l’entrée du complexe théâtral, pour vous conduire sur la tombe de leur ami et maître ! J’en étais bouleversé !
Monsieur le Premier ministre, merci. Un merci d’altitude. C’est dans la nuit que l’on marche vers l’aube. Soyez cette aube, pour la culture et son patrimoine ! Rien, rien ici dans notre démarche et nos profonds remerciements, n’est politique. Ce que l’on défend par la foi, l’amour et l’engagement, ne peut pas être défendu avec l’argent, l’appartenance à un camp politique, la ruse, l’opportunisme. Nous sommes allés vers le Premier ministre du Sénégal avec raison et espérance. Il est venu à nous, avec l’esprit de justice et de respect pour les arts, les femmes et les hommes de l’art !
Monsieur le Premier ministre, votre réponse, pour nous, est comme un drapeau ! Il ne tombera pas ! Remplissez votre part d’histoire ! Entre vous et nous, commence un grave dialogue : celui des biens artistiques et culturels et la signification de la vie de tout homme et de toute nation, sans ces biens !