MOCTAR SOURANG POUR LE RENOUVEAU DE L’ART POLITIQUE
PRESIDENT DE L’UNION NATIONALE PATRIOTIQUE
A la faveur du dernier congrès de l’Union nationale patriotique (Unp), Moctar Sourang a été porté à la tête du directoire de la formation politique. Un retour sur la scène politique pour l’ancien militant du Rnd et du Plp avec une ambition d’impulser une nouvelle démarche à la façon de faire de la politique. Un « sacerdoce » qui veut placer les « Sénégalais au cœur des préoccupations » et non les « tout autour d’un homme ». Portrait d’un homme qui veut se frayer un chemin dans le paysage politique en appelant à un changement du « système ».
« Mettre les Sénégalais au centre de nos préoccupations ». L’ambition est noble, mais semble toute empruntée à toutes les formations politiques. Surtout à la veille de scrutins. Que nenni, semble dire Moctar Sourang, nouveau patron de l’Union nationale patriotique (Unp). Il veut faire mentir l’adage qui dit que « les promesses électorales ne valent que pour ceux qui y croient ».
Pour M. Sourang, la cinquantaine entamée, l’irruption dans la sphère politique est comme un retour aux sources. Mais surtout une volonté de mettre en « forme une vision, un projet ».
L’ancien militant du Rassemblement national démocratique (Rnd) de feu Pr Cheikh Anta Diop et du Parti pour la libération du peuple (Plp) de feu Me Babacar Niang avait déserté la scène politique. « Parce que simplement les gens sont déçus par le mode de fonctionnement des partis politiques centrés sur des personnes, tout gravite autour d’une personnes », regrette-t-il du haut de son mètre 85.
Le recul pris l’amène à se consacrer à ses activités professionnelles et à s’impliquer dans la société civile. Le retour aux « sources politiques » s’opère à la faveur de la deuxième alternance démocratique qui porte Macky Sall au pouvoir.
« Je me suis rendu compte que la meilleure manière de faire évoluer les choses est de s’impliquer pour une raison très simple : il faut juste identifier les forces nouvelles qui existent et qui veulent mettre le Sénégal en avant et non les personnes pour essayer d’influer sur le cours des choses et faire surtout la politique autrement », plaide M. Sourang qui prend bien soin d’articuler ses mots dans un débit mesuré.
C’est ainsi, qu’avec les membres du directoire actuel de l’Unp, la plupart des « experts dans leur domaine », Moctar Sourang revient sur la scène politique avec l’avantage du recul pris.
L’Unp qui existe depuis 9 ans déjà et dirigé jusqu’à une époque récente par le défunt Sémou Fall, offre une tribune pour ces politiques d’un « genre nouveau » comme elle l’avait permis au Mouvement Tekki d’aller aux législatives de 2007, permettant ainsi à Me Ndèye Fatou Touré d’être élue député.
« Notre souci est d’influer sur un devenir positif du Sénégal. Nous nous voulons des gens qui réfléchissent sur des questions qui intéressent les Sénégalais. C’est ainsi que nous travaillons sur des thématiques pour changer le cours des choses de façon significative.
Nous avons une approche certes militante, mais le constat est là : les gens faisaient, auparavant, de la politique par conviction, mais maintenant, le fait d’en faire est un moyen pour s’enrichir. Les gens s’engagent comme dans un investissement, espérant un retour.
Le débat ne peut donc être que vicié et ne se situe plus dans les idées, mais sur des personnes », regrette M. Sourang, dans une diction parfaite et des mots bien distillés.
Personnaliser des partis politiques
Le temps du recul a été un « temps de réflexion » qui permet à Moctar Sourang de poser un « diagnostic clair » sur les entraves au développement au-delà de la « personnalisation des partis politiques ». Aussi, dresse-t-il un réquisitoire très sévère contre l’administration qu’il assimile à un « système » mis en place pour répondre aux desiderata d’un chef.
« Nous avons substitué une administration au service des colons à une administration au service de chefs locaux qui deviennent adulés puisque pourvoyeurs de positions, d’avantages. Les dirigeants changent, mais dans le vécu des populations rien ne change.
Quand Senghor est parti du pouvoir, beaucoup de Sénégalais se demandaient à quand la fin de l’indépendance. Abdou Diouf nous a fait regretter Senghor et Wade Diouf. Nous devenons nostalgiques d’un passé pourtant sanctionné », fait remarquer M. Sourang. Il insiste sur un nouveau « style de gouvernance » à mettre en place.
Pour convaincre sur la nécessité de changer le système, il cite l’actuel président de la République qui appelle les Sénégalais à travailler davantage et à ne pas verser dans la triche. « Il appartient aux pouvoirs publics d’imprimer une marche, la voie à suivre pour que les Sénégalais travaillent puisque nos compatriotes brillent quand ils sont à l’étranger.
Autrement dit, ils donnent le meilleur d’eux-mêmes quand ils sont dans les conditions optimales et si le système dans lequel ils évoluent est favorable à la performance », clame- t-il tout en en appelant à la mise en place de sanctions positives comme négatives et des instruments de contrôle.
Pour autant, M. Sourang ne tarit pas d’éloges à l’endroit de nos fonctionnaires qui seraient parmi les « meilleurs du monde ». Il veut simplement remettre à plat un système qui ne permet pas la « performance au service du citoyen ».
L’économiste, administrateur de société et membre fondateur de la Coordination des étudiants de Dakar qu’il est, apprécie bien le Plan Sénégal émergent (Pse) tout en demandant que les « fondamentaux soient solides pour mettre le pays sur les rails du développement ».
Ambitionnant d’aller aux élections locales de juin, « là où il sera possible », l’Unp ne se pose pas en parti de la mouvance présidentielle où de l’opposition, mais plutôt un parti dont « l’action s’inscrit sur l’agitation d’idées, de questions essentielles ».
Il n’écarte pas d’aller aux locales, dans certaines zones, avec des alliés puisque ce « sont les hommes qui sont importants et non les partis ». De la même façon, il ne voit pas de « solutions individuelles aux problèmes collectifs ».