''LE SÉNÉGAL, APRÈS BASSIROU FAYE, NE DOIT PAS ÊTRE LE MÊME QUE CELUI D’AUJOURD’HUI''
MOUSSA BALDE, COORDONNATEUR DU RESEAU DES UNIVERSITAIRES REPUBLICAINS

M. Baldé, vous êtes le coordonnateur du Réseau des universitaires républicains (Rur). Quel commentaire vous inspire la situation qui prévaut ces temps-ci à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, avec notamment la mort de l’étudiant Bassirou Faye ?
Oui, un drame de plus, un mort de trop à l’Ucad. Il se trouve que Bassirou Faye était étudiant à la Faculté des sciences et techniques, ma Faculté, et au département de Mathématiques et Informatique, c'est-à- dire mon département. Vous comprendrez donc combien je suis choqué et peiné par cette disparition tragique.
Je m’incline devant la mémoire du disparu, prie pour le repos de son âme et présente, au nom de mes collègues universitaires républicains, mes sincères condoléances à sa famille, aux étudiants, à la communauté universitaire et au peuple sénégalais. Cela dit, depuis plus d’une décennie, l’espace universitaire sénégalais glisse, de façon inexorable, vers un champ de bataille.
On y parle d’ouverture de front où de je ne sais quels autres termes guerriers qui rap- pellent des périodes sombres et révolues de l’histoire de humanité. Donc, on peut presque affirmer que cette mort était prévisible.
Cependant, aucune Nation n’est à l’abri d’un tel drame. Cette même semaine, à Fergusson, aux Usa, un jeune garçon a été tué par un policier.
Dans un Etat organisé comme le nôtre, un tel drame doit nous pousser à nous poser les bonnes questions et prendre les bonnes décisions, pour que notre Nation fasse un bond en termes de sécurité intérieur, de justice. Bref, le Sénégal après Bassirou Faye ne doit pas être le même que celui d’aujourd’hui. C’est sur ce registre que notre président est attendu, et je suis convaincu qu’il prendra les bonnes décisions.
Une telle répression policière ne peut-elle pas ternir l’image de notre pays et avoir des conséquences politiques pour le président Macky Sall ?
Evidemment ! Avec l’émotion et la récupération politique inacceptable orchestrée par une frange de l’opposition, cela peut nuire momentanément à l’image de notre démocratie, voire à celle de notre pays.
Mais si dans quelques semaines une enquête sans failles aboutit à des conclusions incontestables aux yeux de l’opinion publique sénégalaise et internationale, que la justice soit rendue correctement, la mort de Bassirou Faye deviendra pour notre pays une épreuve qui nous aura permis de progresser sur la voie de la construction d’une démocratie moderne au Sénégal.
Que propose le Rur pour mettre un terme à la crise dans les universités ?
Vous savez, le président Macky Sall a décliné sa vision et son ambition pour notre enseignement supérieur dans 11 décisions prises lors d’un conseil présidentiel concluant les Concertations nationales sur l’avenir de l’enseignement supérieur (Cnaes). Ces concertations ont vu la participation de tous les acteurs majeurs de ce sous-secteur et même au-delà. Nous sommes dans la phase de mise en œuvre, qui est une mission du gouvernement.
Beaucoup de réformes jugées impossibles il y a quelques années ont été opérées déjà. Le talon d’Achille semble être le problème des bourses des étudiants. Ma conviction est que lorsqu’un étudiant demande une bourse, on doit lui op- poser les critères académiques établis par le gouvernement.
Mais une fois qu’un étudiant est bénéficiaire d’une bourse, le gouvernement doit prendre toutes les mesures idoines pour que la bourse soit payée et à temps, comme sont payés à temps les salaires des fonctionnaires de l’Etat. Je pense que le chef de l’Etat doit donner des instructions fermes pour que toutes les contraintes techniques liées au payement des bourses soit dépassées définitivement et ce, dans les meilleurs délais.
Vous venez d’être élu président du Conseil départemental de Kolda. Quelles sont vos priorités ?
Je profite de l’occasion que vous m’offrez pour remercier encore une fois les populations du Fouladou qui ont massivement voté pour la liste de « Benno Bokk Yaakaar » (Bby) que j’ai eu l’honneur de conduire lors des élections locales du 29 juin dernier. Comme nous fait savoir pendant la campagne électorale, nous avons quatre grandes priorités : l’éducation, la santé, l’environnement et la culture.
Pensez-vous disposer de moyens pour relever les défis et atteindre les objectifs que vous vous êtes fixés ?
Les moyens existent, mais c’est à nous d’aller les chercher. En plus de ce que nous aurons de l’Etat, nous devrons faire preuve d’imagination et d’innovation pour capter toutes les recettes qui nous sont dues et attirer des investisseurs privés.
Sur quoi allez-vous mettre l’accent pour atteindre vos missions ?
J’ai déjà indiqué que nous ne sommes pas là pour jouer aux potentats locaux, mais pour servir nos populations. Ainsi, nous allons instaurer une démarche participative pour que les populations se sentent impliquées dans nos initiatives et accompagnent nos actions. A cela s’ajoutera une gestion sobre, judicieuse et vertueuse des moyens qui seront mis à notre disposition.