MULTIPLE PHOTOSLEVÉE DU CORPS DE BASSIROU
DOULEUR ET COLÈRE À L’HÔPITAL PRINCIPAL DE DAKAR
Bassirou Faye, l’étudiant tué le 14 août, sera inhumé ce dimanche dans sa ville natale, Diourbel. Sa famille, ses camarades étudiants, la communauté universitaire, des politiques et des responsables de la société civile lui ont rendu hommage ce matin lors d’une cérémonie de levée du corps où la douleur se la disputait avec la colère.
Une foule nombreuse a assisté, ce matin à l’hôpital Principal de Dakar, à la levée du corps de Bassirou Faye, l’étudiant tué par une balle des forces de l’ordre le 14 août, lors d’une manifestation pour le paiement des bourses. Le défunt sera inhumé ce dimanche à Diourbel, sa ville natale. Ses camarades ont décidé de l’accompagner jusqu’à sa dernière demeure.
L’émotion était vive à la morgue de Principal et alentours. Les étudiants étaient venus en masse aux côtés de la famille du disparu. Les autorités universitaires et les syndicats du supérieur étaient fortement représentés. Il y avait aussi des politiques. Le gouvernement était représenté par le directeur de cabinet du chef de l’État, Mouhamadou Makhtar Cissé.
Il y avait de l’émotion, mais aussi de la colère. Les étudiants, qui désignent les ministres de l’Intérieur et de l’Enseignement supérieur comme les responsables de la mort de leur camarade, ont interdit de parole Mouhamadou Makhtar Cissé, qui se fera discret.
Parfois des cris de douleur déchiraient le silence du recueillement. Ce qui pousse le leader de Bës du niakk, Serigne Mansour Sy Djamil, à demander aux étudiants de privilégier les prières pour le défunt plutôt que les pleurs.
Tel Cheikh Anta Diop…
Les étudiants avaient sonné la grande mobilisation pour rendre hommage à Bassirou Faye. Les uns arboraient des tee-shirts à son effigie tandis que les autres en portaient avec des mots comme «Rest in peace Bassirou» (repose en paix). Et ils ne comptent pas s’arrêter là. «Apres l’enterrement nous allons mener le combat pour que les responsables de cet acte odieux soient punis», a fulminé Mor Talla Guèye, porte-parole des étudiants à la cérémonie.
Les professeurs d’universités et les responsables de la société civile présents à la levée du corps ont embouché la même trompette.
Bassirou Faye est devenu une icône pour la communauté estudiantine. D’autant qu’il présente quelques similitudes avec le parrain de l’Université, Cheikh Anta Diop. En effet, informe un membre de sa famille, Bassirou Faye est né le jour de la mort de l’éminent égyptologue, le 2 février 1986. Un signe du destin, déclare le parent du défunt. Qui était fan de Cheikh Anta Diop, a étudié les sciences comme lui et est mort au sein de l’université qui porte son nom.
Mort le 14 août, Bassirou Faye aura donc attendu 10 jours avant d’être inhumé. Ce, pour les besoins de l’enquête ouverte et qui a conclu à un décès par balle. Le procureur s’est saisi de l’affaire. Le Président Macky Sall a promis que toute la lumière sera faite et que justice sera rendue.
Par ailleurs, le chef de l’État a invité la communauté universitaire à des concertations pour situer les germes de la crise et entrevoir des solutions. Mais malgré cette volonté affichée de situer les responsabilités et d’apaisement, les étudiants restent fermes. Ils exigent avant de négocier avec le gouvernement, la démission des ministres de l’Enseignement supérieur, Mary Teuw Niane, et de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo. Pour eux, ces membres du gouvernement sont responsables de la mort de Bassirou Faye.