ÇA ROULE MAINTENANT GRÂCE AU CAFÉ-TOUBA.
MBAYE FALL AKASSA
La vente de café Touba nourrit bien son homme. Mbaye Fall en est la preuve. Depuis 2007, il a élu domicile au garage clando de Cambéréne et y vend, à volonté, le café Touba. Aujourd’hui, avec les bénéfices issus de cette activité, il a pu acheter un taxi-clando qu’il a confié à un ami qui fait la navette entre le rond-point Cambéréne et les Parcelles Unité 1.
Les piétons et ceux qui sont véhiculés, qui ont l’habitude d’emprunter le rond-point de Cambéréne, le connaissent ou l’aperçoivent souvent. Assis sur de gros pneus superposés juste à l’angle de la route qui mène vers le rond-point « Case-bi », Mbaye Fall, avec son arsenal (grande casserole posée sur un fourneau, tasse en main), vend, avec fierté, son café Touba.
Cette boisson est très prisée par les passagers et conducteurs qui échangent, sans cesse, une pièce de 50Fcfa contre une petite tasse à jeter remplie de café Touba.
En effet, notre interview était entrecoupée d’échanges avec ces amateurs de ce café. Ils ne faisaient que l’interpeller pour avoir ce café aux saveurs de « diarr » (arôme naturelle en clou de girofle).
Habillé d’un jogging de couleur bleue marine, lunettes noires accrochées à la tête, une sacoche en bandoulière, Mbaye Fall confie : « J’ai commencé à vendre du café Touba au garage des taxi-clandos, sis au rond-point Cambérène, en 2007.
Le matin, je suis au rond-point Case-bi et, dans l’après-midi, je rapplique vers le rond-point Cambérène ». Selon Mbaye Fall, auparavant, il ne se contentait que de vendre des lunettes noires et des montres au marché de Thiaroye.
Mais, un jour, fait-il savoir, « mon oncle maternel, qui gérait un « tangana » (une gargote) au marché Gueule Tapée de Cambérène m’a demandé de suppléer, dans cette activité, mon grand-frère qui devait voyager à l’étranger. « C’est de là qu’est né cette passion pour la vente de café Touba », dit cet habitant des Parcelles assainies.
Originaire de Thiès, précisément de Mérina Ndankar, Mbaye Fall se réveille, chaque jour, à 4 heures du matin, pour la préparation du café. Il effectue ses prières avant de rallier le rond-point Case-bi. Puis, le soir, il est au rond-point Cambérène pour ne le quitter qu’à 21 heures.
Aujourd’hui, cette passion pour la vente du café Touba a porté ses fruits. En réalité, ce petit commerce lui apporte un bénéfice quotidien consistant. « J’arrive à gagner 20.000 FCfa par jour. C’est avec cet argent que je paye mon loyer à 22.000 FCfa, sans compter mon alimentation », informe ce célibataire sans enfant.
Très ambitieux, Mbaye Fall, juste âgé de 28 ans, a pu aussi payer, avec ses revenus, un taxi-clando pour une somme globale de 600.000 FCfa. Ce taxi-clando, mis entre les mains d’un ami, fait la navette entre les Parcelles Unité 1 et Cambéréne.
GARAGE DE FASS MBAO
Réflexions à la volée autour d’un Café-Touba fumant
Les dernières fraîcheurs de la matinée se bousculent d’avec les rayons du soleil, prêts à imposer leur marque. Il est neuf heures. Le temps renvoie, cependant, des signaux dignes d’un crépuscule. Un ciel sombre et hésitant s’affiche. N’empêche, les habitués du Garage de Fass Mbao sont bel et bien présents.
Ici, on discute de tout et de rien. Un café Touba bien servi, en attendant qu’arrive leur tour de transporter les usagers, les chauffeurs et apprentis laissent libre cours aux débats. Ils parlotent, polémiquent et échangent. Dans ce méli mélo, des voix se font entendre, provenant de partout, créant, du coup, un bruit strident.
Des débats sans régulateur, chacun est libre de prendre la parole, de dire ce qu’il pense. Et même, au besoin, de cou- per la parole à son protagoniste.
Aucun code ne régit les échanges... ils sont « open », « free », ouverts en langage clair... Libre cours est laissé aux interprétations. Le niveau presque uniforme des protagonistes confère aux échanges une liberté de ton qui laisse à désirer.
Par ces temps, l’actualité universitaire s’est érigée en vedette, prenant, pour un temps, la place à l’information sportive, celle de la lutte en particulier. Là, le décès de l’étudiant Bassirou Faye, émeut plus d’un.
Tous le condamnent unanimement. « Il était tellement jeune, le voici déjà parti alors qu’il n’a même pas eu le temps de savourer la vie », s’exclame un monsieur, la cinquantaine bien sonnée. Le son à peine audible de sa voix laisse paraître l’émotion qui l’anime.
« La vie semble parfois injuste, rapportée au parcours des uns et des autres, mais le Tout-Puissant ne se trompe jamais, puisse t-Il l’accueillir en son paradis », renchérit son voisin de même génération. Un « amen » général retentit, appuyé par un silence profond et éphémère, signe que l’émotion et la compassion demeurent.
« Il serait, cependant, trop facile de ne pas faire justice à ce mort. Force doit rester à la loi. Les responsabilités doivent être situées, de part et d’autre, les fautifs sanctionnés », plaide ce jeune garçon à peine âgé de 20 ans.
Son visage juvénile contraste d’avec la rigueur qui teinte son propos et la précision qui s’y dégage. Le garçon qui assure ne prendre parti pour aucune entité, réclame justice en sa qualité de citoyen. « Tes idées sont souvent tordues, mais j’admets que, pour une fois, fiston, tu as raison », lui lance, sur un ton taquin, son vieux voisin.
La constance du propos et la pertinence de l’argumentaire font l’unanimité, du moins sur ce sujet. Chose rarissime au sein de la grande-place », où les dé- bats sont souvent houleux et contradictoires.
Demain, est un autre jour !