LE PREMIER MINISTRE À L’ÉCOUTE DES RURAUX
PRÉPARATION DE SA DÉCLARATION DE POLITIQUE GÉNÉRALE
Pour mieux préparer sa Déclaration de politique générale (Dpg), le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne est allé à la rencontre des acteurs du monde rural. Occasion pour ces derniers de dérouler un chapelet de doléances.
A quelques semaines de son grand oral à l’Assemblée nationale, le Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne est allé à la rencontre des représentants du monde rural. Eleveurs, agriculteurs, pêcheurs et forestiers ont ainsi pu abondamment revenir sur les maux qui plombent le développement du secteur primaire, qui reste selon M. Dionne, «le plus grand potentiel en matière de création d’emplois» dans le pays.
Selon Mahammed Dionne, les impératifs de sécurité alimentaire signifient pour le Sénégal l’augmentation toutes les productions qualitativement et quantitativement, pour produire le maximum et assurer l’autosuffisance.
Avec des objectifs de production de 1,6 million de tonnes pour le riz paddy, 350 000 tonnes pour l’oignon, 200 000 tonnes pour la tomate et des moutons de Tabaski élevés au rang de denrées de première nécessité par le chef de l’Etat, le Sénégal mise sur le secteur primaire pour augmenter sa productivité.
Un discours auquel les ruraux ont massivement adhéré mais sans souligner la nécessité de lever les nombreuses contraintes qui continuent à entraver les efforts des acteurs.
Les éleveurs ont insisté sur le problème du vol de bétail, «entrave sérieuse à toute politique d’élevage» selon Ababacar Bitèye. Pour Moussa Demba, il urge de mettre à la disposition des troupeaux des ressources fourragères pour pallier l’absence de couverture végétale, conséquence de l’arrivée tardive de l’hivernage.
Chez les pêcheurs, l’accent est mis sur la réglementation dans l’octroi des permis de pêche. Selon Ndiaga Cissé, coordonateur des conseils locaux de pêche du Sénégal, l’Assemblée nationale est l’instance la plus habilitée pour entériner les accords de pêche que le Sénégal signe avec l’Union européenne par exemple.
Pour Gaoussou Guèye, un autre représentant des pêcheurs, il ne faut pas s’arrêter aux accords de pêche. «Il faut faire l’audit du pavillon sénégalais» dit- il, persuadé que les armateurs sénégalais ont également une part de responsabilité dans le pillage des ressources. Ces acteurs de la pêche ont également demandé des facilités pour disposer de pirogues en fibre de verres dans le cadre du renouvellement du parc piroguier.
Une doléance qui s’accompagne d’un plaidoyer en faveur des femmes du marché central au poisson, obligées de recourir à des créances usurières. Présent aux cotés du Premier ministre, le ministre de la Pêche Oumar Guèye a tenu à rassurer. Selon lui, le nouveau code de la pêche «a corsé les sanctions contre les bateaux en infraction».
Transformation de l’économie rurale
Avec 47% de sa population qui vit dans le monde rural, le Sénégal à tout intérêt à opérer une transformation structurelle de son économie rurale souligne M. Dionne. Cela implique «la modernisation des unités de production du secteur pour augmenter leur productivité c’est-à-dire produire plus avec moins de ressources.
Ensuite, il faut favoriser l’utilisation par l’industrie des produits de l’élevage, de l’agriculture, de la pêche et de la foresterie». Cela, l’operateur El Hadji Tambédou le comprend parfaitement, puisqu’il demande au gouvernement de mettre en place les mécanismes pouvant favoriser l’utilisation de la production arachidière par les huileries.
Les questions de financement ont été largement évoquées. Au final, le Premier ministre qui a initié cet exercice dans le cadre de la préparation de sa Déclaration de politique générale prévue le mois prochain, affiche le sourire.
«Le Sénégal possède 3,8 millions d’hectares de terres arables, 700 km de côtes poissonneuses, un cheptel en abondance, des éleveurs, agriculteurs, pêcheurs et forestiers motivés. Nous relèverons le défi du décollage économique» a-t-il soutenu, déclarant qu’il souhaitait que des rencontres de ce type se pérennisent.