L’ÉTAT SUR LA NATTE DES MAÎTRES CORANIQUES
MENDICITÉ ET MODERNISATION DES DAARA
"L’Etat avait promis d’appuyer les daara, mais jusqu'à présent aucun daara de la région de Thiès n’a vu l’appui". Fort de ce constat, la cellule régionale de la fédération nationale des maîtres coraniques considère que le programme de modernisation des daara et la lutte contre la mendicité ne sont que des promesses.
Moctar Babou Cissé, président de l’association régionale des maîtres coraniques, s’exprimait à l’occasion d’une conférence religieuse à Mékhé village sur le thème : "Protection de l’enfant : vision et enseignement de l’islam". Une rencontre organisée par l’organisation Kajoor Jakeen, avec la collaboration de Child Fund et la fédération nationale des associations d’écoles coraniques du Sénégal.
Si on en croit l’enseignant, la main des partenaires se fait plus sentir que celle de l’Etat dans la modernisation des daara. Embouchant la même trompette, Serigne Fallou Ndoye, responsable du Daara Tafsir Mademba Ndoye, de renchérir : "L’Etat ne traite pas de manière équitable l’école française et les daara. Nous sommes les orphelins du système éducatif".
Comme solution, le président de la fédération nationale des associations des écoles coraniques du Sénégal, Cheikh Tahir Fall, invite l’Etat à s’impliquer pour créer les conditions juridiques de protection des enfants talibés et leur permettre de vivre dans un environnement acceptable.
''L’Etat du Sénégal a une responsabilité énorme sur la situation précaire des talibés''. Selon lui, le contrat de performance (CDP), initié par le ministère de l’Education nationale, doit être élargi aux daara qui remplissent les conditions d’encadrement et d’étude des enfants talibés, afin que les maîtres coraniques puissent bénéficier des mêmes conditions que leurs collègues enseignants de l’école française.
Sur ce même registre, le manager de Kajoor Jakeen, Alioune Sarr, dira qu’on a longtemps mis en marge les enfants qui ne fréquentent pas l’école formelle. "Ce sont des enfants qui font aussi partie de ce pays et le daara est une forme d’éducation qui est une alternative à l’école formelle. Il faudrait considérer cette forme d’éducation comme une alternative crédible et sérieuse.
Il ne s’agit pas de slogans que l’on lance, il faut poser des actes concrets pour montrer que c’est possible de moderniser les daara", invite-t-il.