Brésil: Thiago Silva, un "Monstre" en quête de rédemption
Absoudre la "pleureuse", le capitaine déchu et le cireur de banc: Thiago Silva jouera gros jeudi contre la France (21h00) pour sa première titularisation en équipe du Brésil depuis le Mondial qui l'avait traumatisé au premier chef.
Le "Monstre" devrait profiter du forfait de son coéquipier parisien David Luiz pour retrouver une place dans le onze de départ, aux côtés de Miranda. Une première pour celui qui, lors des six matches de la nouvelle ère Dunga, n'est apparu qu'une seule fois, en remplaçant le même Miranda sorti sur blessure, en novembre en Autriche (2-1).
Rarement un joueur a connu pareille dégringolade en équipe nationale, sans motif d'âge ou de blessure. Le capitaine de la Seleçao, officieux meilleur défenseur de la planète, a laissé place au "chorao" (pleureuse) symbole d'une Coupe du monde fiasco, et devenu remplaçant démoralisé.
- Rancoeur ravalée -
Dunga, capitaine des Auriverde champions du monde en 1994 et battus en finale du Mondial en 1998, n'a pas apprécié les larmes de Thiago Silva lors de la séance de tirs au but face au Chili en huitième de finale de la Coupe du monde à domicile. Un leader ne craque pas.
Et dès son intronisation, l'ancien milieu défensif a confié le brassard à Neymar.
"Ce sont les matches qui viennent qui vont montrer si Thiago a surmonté la Coupe du monde", a souligné le sélectionneur mercredi en conférence de presse. "Nous croyons en lui, en ses capacités techniques et tactiques. Nous sommes tous émotifs, nous les latins, mais il faut garder un équilibre, savoir contrôler ses émotions, autant dans les bons que dans les mauvais moments."
Dunga a décidé de conserver David Luiz en charnière centrale, malgré sa présence lors du 7-1 concédé en demi-finale face à l'Allemagne (Thiago Silva était suspendu), et de l'associer à Miranda, un des hommes forts de l'Atletico Madrid champion d'Espagne 2014 et finaliste de la Ligue des champions.
Thiago Silva a ravalé sa rancoeur et repris à 30 ans le fil de sa carrière au sein du Paris SG, de nouveau monstrueux en défense, et même décisif dans l'exploit européen face à Chelsea avec le but de la qualification (2-2 a.p. en 8e de finale retour).
Alors revenir dans le onze brésilien, à Paris, lui qui n'a eu que "sept minutes" de trajet pour se rendre à l'hôtel de la Seleçao dans le VIIIe arrondissement, c'est une chance, tout en symbole à saisir.
Et si son étoile a pâli au Brésil, il reste un cadre dans le groupe, question de stature. De manière significative, quand Oscar a été interrogé sur le leadership de Neymar, il a répondu: "Mais il n'y a pas que +Ney+, il y a plusieurs capitaines. Thiago était le capitaine, et il parle toujours beaucoup avec les joueurs."
- Miranda, partenaire concurrent -
"C'est quelqu'un qui n'a rien à prouver, il a remporté beaucoup de titres dans sa carrière", abondait l'arrière droit Danilo. "C'est un leader, un joueur très important dans le vestiaire. Il reste une très grande référence."
"Rien à prouver", pas si sûr. Thiago Silva (53 sélections, 3 buts) doit de nouveau convaincre sur le terrain. Si David Luiz fait figure de pilier de la défense, Miranda est devenu son partenaire privilégié (six titularisations en autant de matches).
Thiago Silva et Miranda avaient été convoqués pour la première fois en sélection ensemble en 2007, lors du premier passage de Dunga (2006-2010). Depuis, leurs trajectoires ont largement divergé. Mais depuis l'été dernier, c'est donc Miranda qui a pris le dessus.
D'où une gêne manifeste à s'exprimer sur son coéquipier de prestige. L'après-Mondial de Thiago Silva? Réponse de Miranda: "Ce n'est pas que lui, ç'a été tragique pour nous tous brésiliens, qui vivons football. La meilleure manière de surmonter cela, c'est toujours de gagner le prochain match, et le prochain match c'est contre la France."
Le capitaine déchu? Miranda: "Le capitaine est seulement celui qui porte le brassard. La sélection brésilienne compte plusieurs leaders, et un leader doit commander la sélection même s'il n'est pas le capitaine, de la meilleure manière possible."