MACKY SALL BENIT LE PHENOMENE ET PARLE DE «FEELING»
TRANSHUMANCE TOUS AZIMUTS VERS L’APR
Le Président Macky Sall s’érige en défenseur de la transhumance politique. Lors de son face-à-face, hier, avec des journalistes sénégalais, à Kaffrine, il a dit ne trouver aucun inconvénient à ce qu’une personne quitte un parti, au profit d’un autre.
Le chef de l’Etat a réagi, hier, suite aux nombreuses critiques formulées par rapport à la transhumance tous azimuts vers son parti, l’Alliance pour la République (Apr). Un peu irrité par ce débat sur la transhumance, le chef de l’Etat a tenu d’emblée à préciser : «la transhumance, c’est un terme péjoratif qui devrait jamais être utilisé en politique parce qu’elle est réservée au bétail qui quitte des prairies moins fournies vers des prairies plus fournies. C’est vrai que c’est par analogie ont taxé ceux qui ont changé de camp perdant vers le camp des vainqueurs, ça peut se concevoir, mais le terme n’est pas acceptable».
Selon lui, «nous avons la liberté d’aller et de venir, c’est la Constitution qui le garantit, pourquoi enfermer des acteurs politiques dans un cadre qui lorsqu’il n’est plus un cadre d’épanouissement, ils doivent rester là-bas. Pourquoi et au nom de quel principe ?»
«Depuis que le Sénégal fait la politique, ces mouvements existent. Alors, ce n’est pas, aujourd’hui, que ça va s’estomper, parce qu’il y a des gens, ils pensent que ce sont les censeurs, ils ont toujours la vérité avec eux. C’est eux qui parlent : ‘non, c’est amoral’. Qu’est-ce qui est amoral dans ça ?», a asséné Macky Sall qui répondait à des questions de journalistes sénégalais à Kaffrine, en marge de sa visite économique.
Accusé d’avoir béni la transhumance vers l’Apr, le président de la République a fait tomber le masque : «Quelqu’un qui quitte le Pds pour aller à l’Apr, quelle est la différence ? Moi-même, je suis un exemple. Je viens du Pds. A un moment donné, je ne me sentais pas à l’aise, j’ai quitté pour créer ma formation. J’ai travaillé, j’ai gagné. Où est le problème ? Et demain, quelqu’un du Pds me rejoint, vous voulez considérer que c’est un traître. En quoi, il est traître ? Il faut, quand même, relativiser le débat, limiter les jugements de valeur qui ne reposent sur rien du tout».
Le chef de l’Etat a même parlé de «feeling». «Vous savez très bien qu’aujourd’hui, la notion d’idéologie est très relative, parce que j’ai fait plus que les socialistes ont fait, en termes de politiques sociales, alors que je me réclame libéral, social. Donc, les idéologies sont aujourd’hui relativisées. Il y a la démarche, il y a la doctrine, il y a le feeling en politique. Laissez les gens libres d’aller où ils veulent. Nous ne les débauchons pas à coups de milliards. Nous avons le devoir politique d’essayer de garder notre majorité. Faut pas qu’on nous demande de scier la branche sur laquelle on est assis. Mon mot d’ordre, c’est l’ouverture dans mon parti. Et par tous les moyens, partout où vous pouvez convaincre des Sénégalais, il faut les amener à accompagner l’action du président de la République». Il insiste d’ailleurs sur un fait : «les acteurs politiques ne sont pas nombreux, nous avons à peu près 5 millions d’électeurs sur 13 millions d’habitants ; Le jeu des majorités se joue au sein de ces 5 millions. Lorsque vous avez la majorité et vous voulez la consolider, si vous n’allez pas pêcher dans le camp adverse comment vous allez la maintenir ?»