SON AVOCAT DÉCHIRE L’ORDONNANCE DU DOYEN DES JUGES
Le policier Mouhamed Boughaleb renvoyé devant la Chambre criminelle pour le meurtre de Bassirou Faye
En conférence de presse hier, Me Bocar Thiam s’est dit surpris de voir le Doyen des juges délivrer une ordonnance de renvoi devant la Chambre criminelle contre son client pour le meurtre de Bassirou Faye. Me Moussa Bocar Thiam ne veut pas que le policier Sidy Mouhamed Boughaleb soit «l’agneau du sacrifice».
L’avocat du policier Sidy Mouhamed Boughaleb entre dans la danse qui rythme l’affaire du meurtre de l’étudiant Bassirou Faye, tué lors des affrontements entre policiers et étudiants à l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad), le 14 août 2014. Me Moussa Bocar Thiam, qui faisait face à la presse hier, ne veut pas que son client soit «l’agneau du sacrifice».
«Il ne faudrait pas que Sidy Mouhamed Boughaleb soit l’agneau du sacrifice dans cette affaire. Et il ne faut pas que mon client soit une victime», prévient l’avocat.
Le conseil est d’avis que la justice essaye de faire payer à un policier une faute qu’il n’a pas commise. «Surprise a été grande pour nous de voir Sidy Mouhamed Boughaleb être désigné comme le meurtrier de l’étudiant Bassirou Faye», regrette Me Thiam.
Il ne se prive pas de souligner que son client n’est en rien responsable de ce meurtre. Il le disculpe : «Au moment du meurtre, Sidy Boughaleb n’était plus sur le théâtre des opérations. Il n’était même pas dans l’enceinte de l’université Cheikh Anta Diop. Il s’est blessé à la tête et a été évacué à l’hôpital, vers 10 heures. Mieux, son arme de service n’a laissé échapper aucune balle. Les preuves parlent d’elles-mêmes.»
La défense considère son client comme «la personne la moins impliquée dans ce dossier».
Le plus surprenant reste, poursuit Me Thiam, la contradiction entre l’avis du Parquet et la décision du Doyen des juges. Même si «l’enjeu a dû jouer», selon le conseil, celui-ci souligne le «tâtonnement de la justice», sur le fondement des poursuites.
L’avocat de la défense a, à plusieurs reprises, dénoncé la décision du Doyen des juges, qui a demandé le renvoi de Sidy Mouhamed Boughaleb devant la Chambre criminelle. «Nous sommes tous épris de justice», revendique Me Thiam. A l’en croire, tout le monde a besoin que l’affaire Bassirou Faye soit tirée au clair.
Il faudrait pour cela, poursuit-il, apporter les preuves suffisantes. «Au cas échéant, nous allons utiliser toutes les voies de recours», prévient le conseil de Boughaleb, sous mandat de dépôt depuis le 14 janvier dernier.
L’avocat a naturellement mis son client hors de cause dans sa plaidoirie. «Depuis le déclanchement de cette affaire, Boughaleb a collaboré de la manière la plus loyale avec la justice. Nous avons été surpris d’attendre que le Doyen des juges a demandé son renvoi devant les Chambres criminelles. C’est un fait inédit dans l’histoire judiciaire de notre pays. La justice tâtonne», tempête l’avocat.