LE CNRA SONDE LES ACTEURS POUR UN CADRE NORMATIF
Atelier d’échanges sur les sketches de ndogou

Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) range son fouet pour trouver une solution dynamique aux injures, publicités à outrance et autres manquements des sketches de ndogou. En conclave avec les acteurs qui gravitent autour de ces sketches, l’autorité de régulation de l’audiovisuel cherche un cadre normatif pour protéger les populations.
Publicité à outrance, jeux d’acteurs qui laissent à désirer, scénarii dictés par les sponsors, tels sont les principaux maux des sketches diffusés au moment de rompre le jeûne. Et cela peut être dangereux pour la population et surtout pour les enfants. Pour stopper l’hémorragie et limiter la casse, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) a convié acteurs, réalisateurs, metteurs en scène et diffuseurs à un atelier de partage afin de trouver une solution.
Ainsi depuis hier, les acteurs sont en conclave pour réfléchir sur le thème : «Les séries télévisées : le cas particulier des sketches ndogou – le défi de la qualité face à la tentation de la quantité.»
Pour Babacar Touré, président du Cnra, la récente sortie de certains imams s’indignant de ces pratiques est suffisante pour faire une table ronde sur ce problème. «Nous regardons la télévision avec, à la fois des yeux de parents et de régulateurs. Ibrahima Mbaye Sopé nous avait fait une analyse des sketches, juste après le Ramadan. Et nous avons identifié les personnes concernées ou intéressées pour régler le problème de manière dynamique. C’est ce qui nous a amenés à organiser cet atelier», explique le président Touré.
Et dans ce contexte, la solution se trouve à la formation, d’après Cheikh Ngaïdo Ba, cinéaste, qui qualifie ces sketches de «fanfaronnade». Car dit-il : «Je ne vois pas de scénario, et dans pareils cas la professionnalisation est fondamentale. Nous avons un problème sérieux de scénario, de réalisation et de production.»
Et M. Ba de continuer son diagnostic : «Les chaînes de télé devraient être plus regardantes sur les contenus qu’elles diffusent. Mais malheureusement, elles ne regardent que l’argent. Même la chaîne nationale ne pense qu’à l’argent et, pourtant elle est subventionnée.» D’où la proposition de Cheikh Ngaïdo Ba de mettre en place dans les télés, des comités de lecture et de visionnage pour décider de ce que l’on met à l’antenne.
Comme pour répondre à Cheikh Ngadiou Ba, Joséphine Mboup, responsable de la production à Tfm, pense que les sketches sont à l’image du pays. Elle souligne que «dans tous les secteurs, le travail ne se fait pas comme il se doit».
Pour elle, la télé est une entreprise qui fonctionne avec des publicités et, pour régler le problème des sketches, il faut commencer par réguler le milieu de la production. «Qui est réalisateur ? Qui est acteur, et qui est scénariste ? C’est pourquoi le travail est bâclé», explique Mme Mboup.
Mais pour le producteur Alioune Ndiaye, ces manquements sont le fruit d’une absence de politique dans le secteur. Il soutient que «le Cnra devrait maintenant, vu qu’il dispose des taux d’audience, les publier et distinguer les bonnes séries des mauvaises. Et tout le monde suivra.»
Sur le petit écran, les séries sénégalaises commencent à détrôner les telenovelas aux heures de forte audience. Si cela est applaudi par les comédiens locaux, les sketches ndogou viennent quelque peu freiner cet élan. Mais les résultats de cet atelier devraient proposer un cadre normatif pour le plus grand bénéfice des populations.