«POUR LE DEPART DE MACKY SALL, AUCUNE HYPOTHESE N'EST EXCLUE»
BABACAR GAYE, PORTE-PAROLE DU PDS
Le Parti démocratique sénégalais (Pds) compte se donner tous les moyens démocratiques pour faire partir Macky Sall, lors de la prochaine Présidentielle. «Pour le départ de Macky Sall, aucune hypothèse n'est exclue», a déclaré, hier, Babacar Gaye. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, le porte-parole des libéraux se prononce sur le débat autour de la double nationalité du fils de l’ancien chef de l’Etat et dénonce le refus du Sénégal de se conformer à l’avis du Groupe de travail des Nations-unies dans l’affaire Karim Wade.
Que vous inspire le débat sur la double nationalité de Karim Wade qui fait rage ?
Le débat sur la «double nationalité» de Karim Wade aussi malsain et réducteur qu'il est, participe d'une volonté, plusieurs fois exprimée, de dénigrer un adversaire politique. Même la droite la plus raciste évite d'en faire une priorité nationale. Cette question a plongé des pays dans la guerre civile et divisé la classe politique de certains pays, tant elle est dangereuse et inutile. En quoi, les binationaux seraient-ils des parias ? Les Sénégalais exclusifs sont-ils pour autant plus patriotes que ceux qui, issus d'un métissage biologique, ont acquis une autre nationalité par la naissance ? Si Karim Wade est français, il le doit à la naissance d'une mère, elle-même née française ; contrairement à ceux qui ont acquis ou tenté d'acquérir une nationalité française, allemande ou américaine et qui sont, aujourd'hui, aux affaires. Combien sont-ils à servir leur pays, alors qu'ils étaient binationaux ?
Qui plus est, si Karim veut briguer le suffrage universel comme candidat à la Présidence de la République, il lui suffirait de renoncer à «sa nationalité française» par simple déclaration devant les services du consulat de France. Là-dessus, il ne saurait y avoir de débat, sauf pour ceux qui redoutent sa popularité grandissante et qui s'inspirent de Gobineau ou de Gbagbo pour inventer la «Sénégalité» comme nouveau concept d'exclusion.
Comment appréciez-vous le refus de l'Etat du Sénégal de se conformer à l'avis du Groupe de travail des Nations-unies sur la détention arbitraire dans l'affaire de votre candidat à la Présidentielle ?
Le refus de l'Etat du Sénégal de se conformer à l'avis du Groupe de travail des Nations-unies sur la détention arbitraire ou la contestation du caractère juridictionnel et contraignant des décisions du Groupe de travail sont de malheureuses arguties dignes d'Etats voyous. Les Nations civilisées respectent les conventions qu'elles ont signées et ratifiées. Faire autrement équivaudrait à remettre en cause le caractère légal et l'autorité des Nations-unies elles-mêmes. Ceux qui se glorifient d’un statut de membre non permanent du Conseil de sécurité n'en ont pas le droit.
Qui plus est, l'Etat du Sénégal s'est déjà pourvu sans succès devant cette instance habilitée par le Comité des droits de l'homme des Nations-unies pour contester en révision l'avis Numéro 4/2015 qui demandait déjà au Sénégal de prendre toutes les mesures nécessaires afin de remédier à la situation de détention arbitraire dont Karim Wade faisait l'objet et de l'indemniser à la hauteur du préjudice subi. Je vous renvoie aux déclarations de notre ambassadeur à Genève qui nous annonçait prématurément une victoire des avocats de l'Etat du Sénégal, lors de la rencontre des ambassadeurs, des chefs de missions diplomatiques et consuls tenue récemment à Dakar. En se regardant dans une glace, il ne devrait pas être fier de lui-même. En tout état de cause, le Sénégal sera au banc des accusés, quand le Groupe de travail fera son rapport au Comité des droits de l'homme devant toutes les États-parties. Il reste à savoir si, selon l'image qu'il a décidé de préserver devant la Communauté internationale, le Sénégal choisira de se comporter comme une nation respectueuse de sa signature ou sortira de ce tribunal des pairs comme un Etat voyou.
En termes de perspectives politiques, peut-on s'attendre à des retrouvailles entre Abdoulaye Wade et Idrissa Seck, notamment en direction des prochaines joutes électorales ?
Seul l'avenir peut nous édifier sur cette perspective. En tout état de cause, le Pds travaille à faire gagner son candidat. Cependant, pour le départ de Macky Sall qui est devenu un enjeu national de priorité absolue, aucune hypothèse n'est a priori exclue.