SAVOIR DECRYPTER LE MESSAGE

Les Sénégalais ont approuvé positivement le texte du référendum portant sur les réformes constitutionnelles proposées par le président de la République, Macky Sall. Les estimations donnent le «OUI» vainqueur à plus de 55 % et selon certains observateurs, il pourrait franchir la barre des 60%. Si cette tendance se confirme, cela voudra dire qu’environ plus 30 % des Sénégalais ne sont pas d’accord avec les réformes proposées par le Chef de l’Etat. Sans occulter le taux de participation. Il est le plus faible dans l’histoire des référenda du pays. Pour rappel, celui du 3 mars 1963 était de plus 94 %. Le référendum du 22 février 1970, avait connu un taux de participation de plus de 95 %. Ces chiffres, à l’époque d’un parti unique, sans médias privés, peuvent être exagérés. Certes ! Toutefois, pour le 3ème référendum du 7 janvier 2001, le taux a frôlé les 66%. Plus exactement 65,74%.
Autant dire que le taux d’abstention d’hier, pourrait constituer un avertissement. Des signaux forts ont été envoyés au président de la République parce que ce référendum avait pris les allures d’une élection présidentielle. Il était un test grandeur nature pour le patron de l’Alliance pour la République et ses alliés, de même que pour l’opposition. Par conséquent, Macky Sall doit décrypter le message que le peuple lui a adressé, à mi-parcours de son mandat.
Avec plus de 30 % de Non, c’est un avertissement qui sonne comme un appel à redresser la barre. Il est temps qu’il mette en pratique son excellent slogan, «la patrie avant le parti». De même, sa gouvernance vertueuse doit se vérifier plus sur le terrain que n’en promettent les mots. Ce référendum vient confirmer ce que nous savions déjà : le «Ndiguël» affirmé ou voilé des marabouts ou guides religieux, n’a pas (ou a peu) d’emprise sur le choix des talibés-électeurs. C’est à se demander s’il est vraiment efficace (électoralement parlant) de donner autant d’argent et de privilèges (voitures, terrains…) à des leaders d’opinion qui sont en train de perdre de l’influence, à force de faire le jeu du «pouvoir». Les urgences n’attendent pas : La jeunesse sénégalaise est à la recherche d’un hypothétique emploi, tellement la demande est supérieure à l’offre. Quid de nos chefs d’entreprise qui ne rêvent que d’environnement économique propice pour la relance des affaires ?
Macky Sall incarne l’espoir. L’espoir d’une nouvelle génération avide de démocratie, de changement, de rupture dans tous les domaines. Nous n’avons pas le droit de rater le train de l’histoire. Faisons de ce pays une référence démocratique enviable. Pour ce, le Chef de l’Etat doit dialoguer avec son opposition, puisqu’une démocratie perd tout son sens et son existence sans une contradiction forte et constructive.
Offrons aux médias, des mécanismes devant leur permettre de ne pas compromettre leur raison de vivre. Mettons les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. Sachons sanctionner positivement, mais aussi négativement.
Boutons hors de la République, tous ceux qui incarnent les contre-valeurs. Traquons les criminels à col blanc, les girouettes, les courtiers politiques. C’est de cette façon que nous parviendrons à mettre le Sénégal sur les rampes de l’émergence. Pourvu alors que Macky Sall décrypte le message. L’opposition et la société civile aussi.