IL DECROCHE LE BAC A 42 ANS
PORTRAIT : OUMAR DIOP, TAILLEUR- ENSEIGNANT

Le parcours de Oumar Diop, instituteur à Thiès, est assez atypique. Après avoir interrompu ses études en classe de première, il s’est retrouvé en Côte d’ivoire comme tailleur en broderie, avant de revenir enseigner au Sénégal. il vient de décrocher le Baccalauréat à l’âge de 42 ans.
Oumar Diop, instituteur à l’école de Ngoumsane à Thiès, a un parcours pour le moins atypique. Alors que rien ne pouvait le présager ces dernières années, il vient de décrocher le Baccalauréat Série L dès le premier tour, avec une moyenne de 11,08 à l’âge de 42 ans, même s’il a eu 10 points de moins, pour n’avoir pas fait l’épreuve d’éducation physique. Il raconte qu’il a interrompu ses études en classe de première, dans l’intention d’aller les poursuivre à Abidjan en Côte d’Ivoire où vit un de ses oncles. « J’étais très doué en football et je voulais précisément verser dans le sport-études en Côte d’Ivoire », se rappelle-t-il.
Arrivé au pays de Félix Houphouët-Boigny, en 1995, il a fait part de ses intentions à son oncle. Pendant trois mois, dit-il, la mise en oeuvre de sa volonté de poursuivre les études en Côte d’Ivoire s’est heurtée à des obstacles et l’oncle lui a demandé de choisir entre rester à Abidjan pour apprendre un métier ou retourner au Sénégal poursuivre ses études. C’est ainsi qu’il a pris la décision de rester, mais pour se lancer dans la couture, comme tailleur en broderie. Il est resté sur ce schéma pendant une bonne dizaine d’années, avant de retourner au Sénégal en 2006, pour installer son atelier à Thiès. A l’en croire, puisque l’envie de poursuivre les études le tenaillait toujours, il a eu vent de l’organisation du concours de recrutement des volontaires de l’éducation. « Titulaire du Brevet de fin d’études moyennes (Bfem), j’ai aussitôt fourni un dossier pour subir le concours et j’ai réussi. C’est ainsi que j’ai fait ma formation au Centre régional de formation des personnels de l’éducation (Crfpe) en 2008, avant d’être affecté à l’école de Keur Ibra Guèye, dans le département de Thiès, et depuis 2010, je suis à l’école de Ngoumsane. Après une première tentative infructueuse de passer le Bac, en 2009, parce que j’avais manqué à l’appel pour des raisons professionnelles, j’ai recommencé cette année et le succès a été au rendez-vous », raconte-t-il.
Puis de poursuivre : « Je dois cette réussite à mon encadreur Lomé Hugo, professeur de lettres à Thiès et à tous ses collaborateurs et avec leur aide, je compte d’ailleurs garder intacte cette envie d’étudier, pour exploiter toutes les opportunités que m’offre ce diplôme universitaire ».