«NOTRE PAYS EST SUR LA BONNE VOIE»
SAMBA SY, SG DU PIT SUR LA SITUATION ECONOMIQUE ET POLITIQUE DU SENEGAL

Le Parti de l’Indépendance et du Travail (Pit) qui sort de son 6ième Congrès ordinaire a fait face à la presse hier, lundi 10 octobre, pour non seulement livrer ses conclusions issues dudit congrès, mais aussi pour se prononcer sur l’actualité du pays. Le nouveaux Sg du Pit, en l’occurrence Samba Sy, a peint un tableau reluisant du pays, estimant que le Sénégal est sur la bonne voie. Il a tout de même fait cas des défis à relever, non sans indiquer que «les Ape sont anti Pse».
Reproché par certains analystes de la scène politique d’avoir observé «un silence troublant» sur les questions de l’heure, notamment celle du pétrole et du gaz, sans oublier les interdictions systématiques de marche, le Parti de l’Indépendance et du Travail (Pit) brise le silence. Les camarades d’Amath Dansokho, président d’honneur de ladite formation politique, ont fait face à la presse hier, lundi 10 octobre, pour se prononcer sur les conclusions issues de leur 6ième Congrès, tenu ressèment, mais aussi pour s’exprimer sur l’actualité nationale. Le tout nouveau Secrétaire général (Sg), Samba Sy, pense en réalité que les signaux sont au vert au Sénégal. En effet, le successeur au professeur Maguette Thiam estime «qu’aucun analyste sérieux ne peut dire que notre pays n’est pas dans la bonne voie».
Pour cause, il soutient tout d’abord que le fait qu’il y ait possibilité de poser un débat prouve que «le Sénégal n’est, ni ne peut être, une terre de pensée unique, encore moins de dictature». Ainsi, pour lui, c’est aberrant de dire qu’il n’y a pas de démocratie au Sénégal, tout en sachant qu’en le disant, on n’est pas inquiété. Dans la même veine, et concernant le Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct), le Pit applaudit «sa pertinence», dans la mesure où il a été proposé par les Assises nationales et la Commission nationale de réforme des Institutions (Cnri), auxquels il a participé.
Le Sg du Pit reconnait tout de même que le mode de désignation de ses membres proposé n’a pas été respecté, notamment d’être tous élus au suffrage indirect. Il invite par ailleurs, dans le processus d’approfondissement de la décentralisation du pays, à la restitution aux élus locaux de la plénitude de leur souveraineté sur cette institution en réduisant progressivement le nombre de conseillers désignés en faveur de conseillers élus.
Dans un tout autre registre, notamment l’affaire du pétrole et du gaz, le Pit déplore le débat de «mauvaise foi» soulevé autour de la question alors que le moindre litre n’a été sorti à ce jour. Pour le nouveau patron du Pit, l’objectif des agitateurs de la question du pétrole n’est que «de tenter de jeter le discrédit sur la légitimité des contrats dont bénéficient Américains et Britanniques à travers Timis et Kosmos». Cela, poursuit-il, dans un contexte où le Pm français, Manuel Valls a clairement livré une déclaration d’intention sur le pétrole et le gaz déjà attribué. Par conséquent, il s’interroge en ces termes : «les dénonciations tous azimuts ne participent-elles pas d’une volonté de créer les conditions permettant à Total par exemple de bénéficier d’une partie de ce pétrole et gaz attendus qui, en l’état en tout cas, échappe à ce groupe français ?». En termes clairs, le Pit soupçonne en réalité une certaine manipulation venant de puissances étrangères, n’ayant aucune mainmise sur les ressources pétrolières et gazifières du pays. Il trouve, cependant que sans le pétrole, le pays «est sur la bonne voie», dans la mesure où la croissance économique est continue, à son avis.
Concernant en outre le problème du recouvrement des avoirs retrouvés à Paris de Karim Wade et compagnie, condamnés par la Crei pour enrichissement illicite, le Pit pense qu’il se pose deux problèmes. Pour Samba Sy, le juge français n’a pas respecté la convention de Mélida, signée par le gouvernement français et qui prévoit le délit d’enrichissement illicite. Le second problème concerne, selon M. Sy, la question de la double nationalité des officiels sénégalais qui ouvre, selon lui, la possibilité d’échapper à la justice sénégalaise en se retranchant derrière celle de leur seconde patrie.
«LES APE SONT ANTI PSE»
Même si le Parti de l’indépendance et du travail (Pit) a quelque que peu tressé des lauriers à l’actuel régime sur la situation démocratique et économique du pays, il n’en demeure pas moins qu’il note des défis à relever. Ainsi, Samba Sy, nouveau patron dudit parti estime qu’il y a vraiment de «sérieux défis à relever», notamment la question de l’intégration économique au sein de la Cedeao, celle des Accords de partenariats économiques (Ape), sans oublier celle du Franc Cfa».
Parlant en fait des Ape, il est d’avis qu’il faut «repenser notre rapport au Pse». Pour lui, «il nous faut donc dire de façon nette et claire : quelque part les Ape sont anti Pse». Sur les raisons de cette assertion, le Sg du Pit avance que les compensations financières promises ne pourraient aucunement compenser la faillite de pans entiers du tissu économique et le blocage des aspirations à l’industrialisation du Sénégal. Autre raison avancée, pour expliquer que le Sénégal n’a pas d’intérêt à ratifier ces accords en tant que Pays moins avancé (Pma), Samba Sy trouve que le pays perdra des droits de douane. Qui plus est, selon lui, ces accords soumettront des secteurs importants de la production locale à une concurrence inégale avec des produits provenant de pays de l’Union européenne.
Comme autre défi soulevé par le Pit, la mise en œuvre du Tarif extérieur commun (Tec), qui fixerait les droits de douane de tous les pays de l’espace Cedeao. Le hic, selon les camarades d’Amath Dansokho, c’est le fait que la Gambie voisine n’ait pas ratifié ce tarif, alors que son «économie est, quelque part, fortement tributaire de ses réexportations de produits importés dans notre pays». Dans la même dynamique, le Pit pense que l’arrimage du Cfa à l’Euro «rend nos exportations peu compétitives dans la zone Euro». En termes plus précis, le Pit estime que le Cfa freine non seulement les compétitivités des exportations, mais aussi l’économie sénégalaise. Bref, «il réduit notre potentiel de développement, y compris social», selon lui. Par conséquent, Samba Sy reste convaincu que la meilleure formule est d’avancer vers la monnaie commune en 2020, dans le cadre de la Cedeao.