LA BANQUE MONDIALE VEUT UN ALLEGEMENT DES PROCEDURES
FINANCEMENT ET EXECUTION DES PROJETS AU SENEGAL
La revue annuelle conjointe de la coopération entre le Sénégal et la Banqu mondiale a été l’occasion pour la directrice des opérations de la Banque mondiale et son équipe de revenir sur les difficultés entravant une meilleure exécution des projets. Entre autres griefs, l’institution financière dénonce le faible niveau de décaissement (45% pour les projets nationaux et 22% pour les projets régionaux), les lenteurs dans la mobilisation des fonds de contrepartie de la part de l’Etat, la double revue des dossiers de passation des marchés etc.
Comme d’habitude, la revue annuelle conjointe de la coopération entre le Sénégal et la Banque mondiale a permis d’exposer les difficultés rencontrées dans l’exécution des projets. Plusieurs griefs ont été soulevés par les autorités de la Banque mondiale. Louise Cord, Directrice des opérations est revenue sur le taux de décaissement toujours faible des projets.
Au 30 novembre 2016, sur un portefeuille de 596 milliards de la Banque mondiale au Sénégal, le taux de décaissement était de 45% pour les projets nationaux et de 22% seulement pour les projets régionaux. «Il nous faut aller beaucoup plus loin car un projet qui ne décaisse pas à temps opportun, ne peut pas réaliser les résultats que les populations attendent. Cette revue doit impérativement nous permettre de résoudre certaines contraintes majeures qui retardent considérablement les mises en oeuvre des projets du gouvernement financés par la Banque mondiale», a laissé entendre la Directrice des opérations de la Banque mondiale.
Un autre problème regretté par la Banque mondiale est aussi la double revue des procédures de passation des marchés par la Direction centrale des marchés publics (Dcmp) et la Banque mondiale. Cette double revue contribue à l’allongement des délais d’exécution, alors qu’une seule revue suffit d’après Louise Cord. Elle est appuyée par Mamada Ziga, spécialiste en passation des marchés à la Banque mondiale qui explique que la double revue de passation retarde la procédure et impacte sur l’exécution des projets car on ne peut pas décaisser pour des projets sans marché.
Compte tenu de ces retards, la spécialiste propose la suppression de la double revue des marchés et de procéder à seule revue a priori par la Dcmp si le montant du projet ne dépasse pas le seuil établi dans la catégorie correspondante (15 millions de dollars soit 8 milliards FCfa) et si le montant du projet dépasse le seuil établi de procéder à une seule revue a priori du marché par la Banque mondiale.
LE RETARD DANS LA MOBILISATION DE LA CONTREPARTIE FINANCIERE NATIONALE AFFECTE 50% DES PROJETS
Une autre contrainte soulevée par la Banque mondiale pour son financement de projets au Sénégal concerne la question récurrente de la mobilisation effective à temps de la contrepartie financière que doit apporter l’Etat du Sénégal. La Directrice des opérations de la Banque mondiale se désole : «ce retard dans la mobilisation de la contrepartie nationale affecte 50% de nos projets et peut créer des problèmes surtout pour l’exécution de certaines activités importantes, notamment l’indemnisation des personnes affectées par le les projets et le paiement au titre de l’exécution des contrats financés à la fois à travers le budget national et les fonds provenant des crédits et dons de l’Ida.» C’est le cas actuellement du Programme d’amélioration de la qualité de l’éducation de base (Paqueb) dont les fonds de contrepartie de la part de l’Etat du Sénégal estimés à 10 milliards ne sont toujours pas mobilisés. Fatou Sall Samba, spécialiste en gestion financière à la Banque mondiale confirme aussi qu’il se pose un problème de mobilisation et de suffisance de ces contreparties qui fait souvent que les entreprises courent derrière leurs fonds pendant des mois, ce qui retarde l’exécution des projets.
Ainsi, l’institution de Bretton Woods a-t-elle regretté le fait que les banques commerciales choisies par l’Etat pour certains projets tardent souvent à décaisser les crédits demandés par les entrepreneurs. Dans le même sens, la Banque mondiale recommande à l’Etat du Sénégal l’harmonisation des rémunérations des agents dans les projets. L’institution financière a ainsi demandé au ministère des Finances de proposer une nouvelle grille salariale pour finir avec les disparités entre les projets mais aussi éviter la surenchère et la valse des agents d’un projet à un autre plus lucratif.
AMADOU Bâ CONSCIENT DES EFFORTS à FAIRE
A son tour, le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, Amadou Bâ, a reconnu que même si la «plupart des recommandations formulées lors des revues précédentes ont été exécutées, force est de constater que des efforts restent encore à faire» sur plusieurs points. Il s’agit des griefs soulevés par la Banque mondiale mais aussi des lenteurs dans la délivrance des avis de non objection, des retards dans la signature de certains actes administratifs liés au foncier des nombreuses conditionnalités liées à des réformes dont les retards influent négativement sur les décaissements des projets ; des écarts dans la rémunération dans les projets qui se traduisent par une forte mobilité du personnel. «Ce sont là quelques contraintes qui nécessitent une attention soutenue et dont la levée devrait concourir à accroître la performance dans l’exécution des projets », soutient l’argentier de l’Etat. Amadou Bâ s’est auparavant félicité du portefeuille financier de la Banque mondiale au Sénégal estimé à 595 milliards F Cfa pour 21 projets. Par ailleurs, pour le financement du Pse, le ministre de l’Economie rappelle que sur des engagements de financement de 500 milliards FCfa, la Banque mondiale a déjà mobilisé 425 milliards FCfa soit 85% des engagements.