Espagne: le Real de Zidane s'arrête à 40
La défaite, neuf mois après: la folle série du Real Madrid de Zinédine Zidane, invaincu pendant 40 matches, s'est arrêtée dimanche dans une fin de rencontre renversante à Séville (2-1), ce qui relance la course en Championnat d'Espagne derrière le leader madrilène.
Adieu l'invincibilité soigneusement entretenue depuis avril! Et au revoir, dans l'immédiat, au titre honorifique de champion d'hiver, que le Real aura une nouvelle opportunité de décrocher le week-end prochain.
Cette 18e journée est cruelle pour l'équipe de Zidane, qui menait au stade Sanchez-Pizjuan après un penalty de Cristiano Ronaldo (67e). Mais dans un match longtemps poussif et finalement haletant, Séville a égalisé contre toute attente sur un but contre son camp de Sergio Ramos (85e), tête de Turc du public andalou. Et la recrue hivernale Stevan Jovetic a fait chavirer ses nouveaux supporters d'une frappe puissante (90e+2).
Au classement, le Real pensait s'échapper mais le voilà rattrapé par ses deux principaux poursuivants: le leader merengue (1er, 40 pts, un match de moins) se retrouve talonné par l'équipe sévillane (2e, 39 pts) et le FC Barcelone (3e, 38 pts).
Certes, cette défaite n'est pas une catastrophe pour Zidane et ses hommes, qui gardent virtuellement quatre longueurs d'avance en cas de victoire en février lors d'un match en retard à Valence.
- Le coup tactique de Zidane -
Il faudra voir néanmoins si l'excellente dynamique madrilène est rompue, alors que sa dernière défaite remontait au mois d'avril (2-0 en quarts aller de Ligue des champions à Wolfsburg).
Entretemps, le Real de Zidane a eu le temps d'accumuler les titres (C1, Supercoupe d'Europe et Mondial des clubs) et la confiance. Mais c'est un premier coup d'arrêt cette saison pour une équipe qui semblait irrésistible.
Que n'aurait-on pas dit si le Real avait conservé son avantage jusqu'au bout? Jusque-là, le plan de Zidane avait bien fonctionné: face à la fragilité entrevue jeudi face au même adversaire en Coupe du Roi (3-3), le Français avait décidé de renforcer sa défense et d'innover avec une charnière à trois Varane-Ramos-Nacho.
Cela a dressé un mur en défense que Séville a peiné à franchir, sans jamais parvenir à accélérer le jeu. Et le bouillant entraîneur argentin Jorge Sampaoli semblait bien impuissant à réorganiser son équipe face à ce coup tactique inattendu.
La plus belle occasion de la première période a d'ailleurs été pour le Real: Karim Benzema a déboulé sur la gauche et servi en retrait Ronaldo, qui a trop ouvert son pied (40e). Beau symbole de la maladresse du quadruple Ballon d'Or, pas plus inspiré sur un deux contre un servi sur un plateau (60e).
- Ramos anti-héros, Jovetic adopté -
Ronaldo n'a néanmoins pas tremblé sur penalty (67e) après que le latéral madrilène Dani Carvajal a été fauché dans la surface par le gardien sévillan Sergio Rico. Soit le 12e but de "CR7" dans cette Liga, à deux longueurs d'un duo de "pichichis" composé de Lionel Messi et Luis Suarez (14 buts).
Mais alors que Séville semblait résigné, Ramos a joué les anti-héros.
Habitué à sauver la mise à son équipe, comme début décembre dans le clasico face au Barça (1-1), le capitaine madrilène a cette fois précipité la chute d'une tête plongeante contre son camp. De quoi faire hurler de bonheur le public andalou, qui a pris en grippe Ramos, joueur formé à Séville mais transféré à Madrid en 2005.
Dans une fin de match irrespirable, Jovetic a fêté son prêt en Andalousie de la meilleure des manières: l'attaquant monténégrin, déjà buteur jeudi en Coupe, a vu sa frappe insuffisamment détournée par le gardien madrilène Keylor Navas, jusque-là impeccable (90e+2).
La perspective d'un record d'invincibilité européen s'envole pour le Real, qui se contentera d'avoir établi une nouvelle série record en Espagne. Pour le reste, voilà la Liga relancée!