Insuffler la pensée et le leadership de Martin Luther King à la jeunesse, amener les Américains et les Africains à se rencontrer, étudier la géographie, l’histoire et connaitre la maitrise de l’énergie aussi bien en zone urbaine que rurale…
Ce sont les principaux objectifs du séjour de 7 lycéennes américaines au Sénégal. Reçues par des lycéens sénégalais, ces jeunes Américaines découvrent l’Afrique avec émotion. Votre site préféré www.SenePlus.Com a suivi une partie de leur séjour.
‘’TANT QU’ÉCONOMIQUEMENT LA FEMME EST DÉPENDANTE DE SON CONJOINT, ELLE EST OBLIGÉE DE SUBIR LA VIOLENCE’’
Entretien avec Fanta Guèye, présidente de l’Association des femmes juristes du Sénégal
Dans cet entretien, la nouvelle présidente de l’Association des femmes juristes du Sénégal (Aj)s Fanta Guèye revient sur les causes de la violence conjugale et les sanctions pénales qui attendent les conjoints. Elle demande aux femmes qui subissent ces violences de dénoncer les auteurs.
Est-ce qu’il y a au Sénégal une loi spécifique sur la violence conjugale ?
On peut dire oui ! Sauf que c’est le Code pénal qui réprime en général toute forme de violence. Que ça soit une violence conjugale ou une violence commise par d’autres auteurs. La violence conjugale, c’est la violence qui est exercée au sein du ménage, au sein de la famille. Quand on dit conjugal, cela suppose les époux, c’est à dire l’homme et la femme au sein du ménage. On peut dire oui parce que depuis 1999 nous avons eu une réforme qui a fait 2 choses.
Elle a fait de la violence conjugale une circonstance aggravante de la violence. C’est à dire si la violence provient du conjoint, le juge applique des circonstances aggravantes. Ce qui fait que les peines sont plus sévères. Il y a aussi un autre aspect depuis 1999 : La loi a introduit dans le Code pénal ce qu’on appelle le viol conjugal qui n’existait pas avant 1999.
Le Code pénal punissait le viol en général et non le viol conjugal : C’est la loi de 99 qu’on appelle réforme de 1999 sur les violences qui a introduit une certaine forme de violence et en même temps le viol conjugal. Donc on peut dire qu’effectivement au Sénégal quand la violence est conjugale, elle est sanctionnée d’une peine plus accentuée et plus sévère.
Que faire pour une application définitive de la loi sur la violence conjugale ?
La sensibilisation. Parce que ce qui est valable pour la violence conjugale l’est aussi pour les autres formes qui touchent aux droits de la femme. Ce qu’on demande, c’est d’abord la dénonciation et que l’impunité cesse.
C’est aussi de faire en sorte que les juges appliquent effectivement le texte parce qu’il peut arriver que les gens dénoncent et que la femme vienne porter plainte. Une fois que sa plainte est introduite et qu’elle arrive au Tribunal souvent, le juge n’applique pas la peine définie par le texte. Ça pose problème donc.
Ce qu’il faut, c’est sensibiliser, il faut que les gens dénoncent la violence conjugale. Les conséquences sont dramatiques et souvent au Sénégal quand il y a violence conjugale les gens ont tendance à négocier pour faire de sorte qu’on étouffe l’affaire, d’arranger les choses, faire de la médiation.
Les familles interviennent et la femme rejoint le domicile conjugal si elle l’avait quitté ou se réconcilie avec le mari. Les statistiques le démontrent : Le mari récidive car, la violence conjugale dès qu’elle commence, c’est une escalade, elle ne s’arrête pas. Chaque fois la femme subit plus. La violence devient plus accentuée, plus grave et les conséquences pour la femme sont beaucoup plus graves et souvent, tous les cas de morts que nous avons eus en matière de violence conjugale, c’est des récidives. (...)
Donc, il faut sensibiliser les femmes pour qu’elles dénoncent les violences conjugales, sensibilisent pour qu’elles portent les violences au niveau de la justice c’est à dire en portant plainte. C’est pas évident certes de porter plainte, ce n’est pas aussi évident de vouloir traîner son mari devant la justice mais, cette justice peut réprimander le mari, lui donner un avertissement et ça pourrait servir à quelque chose et le mari pourrait se ressaisir sachant que la justice est là.
Il faut aussi sensibiliser la police qui reçoit les plaintes pour qu’elle sache comment recevoir les victimes de violences conjugales. Et cette sensibilisation, nous Ajs c’est ce que nous faisons de par des causeries, des visites à domicile, des rencontres que nous faisons, des ateliers et de plus en plus les femmes viennent vers nous dans nos boutiques de droit.
Malgré tous vos efforts, la violence conjugale persiste. Selon vous où se trouve le problème ?
Cela persiste parce que comme vous savez quand on parle de la violence conjugale on parle de la vie de couple entre un homme et une femme. C’est la famille. Les causes de ses violences conjugales souvent quand nous exploitons les statistiques, c’est parce que le mari ne veut pas faire face à ses charges, à l’entretien de la famille alors que c’est quelque chose qui pèse essentiellement sur le mari.
D’après le Code de la famille, souvent c’est le défaut d’entretien et quand la femme réclame des choses au mari c’est là que les violences commencent et souvent c’est des violences verbales, des coups et blessures. Et plus loin des violences plus accentuées sur la femme. Il y a aussi le problème de la belle-famille, c’est la deuxième cause.
Souvent, elle s’immisce dans le mariage et quand la femme a des problèmes avec sa belle-famille le mari prend souvent part pour sa famille et c’est des frottements. Nous avons aussi d’autres causes que sont la drogue et l’alcool. La tendance est qu’un mari qui se drogue ou prend de l’alcool violente souvent sa femme. Et pour que ces violences au niveau conjugal cessent, il faut encore une fois la dénonciation.
Est-ce qu’il y des peines bien définies pour les auteurs de violence conjugale ?
Il y a des peines d’emprisonnement. Si c’est des coups et blessures, elles peuvent aller, selon la gravité des blessures, de 2 à 5 ans. Maintenant s’il y a handicap physique, la peine est encore plus accentuée. C’est là que le législateur amène les circonstances aggravantes. Le législateur dit qu’il y a des circonstances aggravantes parce que, c’est le mari qui a violenté et de ce fait il sera puni beaucoup plus sévèrement.
Ces peines de prison ne dissuadent pas les hommes qui violentent leurs femmes parce qu’ils savent que certaines femmes ne vont pas jusqu’au bout. Car beaucoup d’entre elles désistent au milieu de la procédure judiciaire. Donc, certains hommes s’en sortent impunis.
Cette impunité fait qu’il sera difficile de mettre un terme à la violence conjugale. Mais, depuis 1980 le meurtre commis sur l’épouse n’est pas excusable et la sanction est l’emprisonnement à perpétuité à moins que l’époux au moment de commettre l’acte fût en danger.
Est-ce qu’il y a une politique de réinsertion sociale pour ces femmes battues. Car beaucoup d’entre elles, malgré les violences qu’elles ont subies ne peuvent pas quitter le domicile conjugal faute de moyens ?
Tant que la femme est dépendante économiquement elle subit la violence, elle n’aura pas de voix. Dans la plupart des cas, c’est ce que nous disent les femmes. Je ne peux pas quitter le domicile car je n’ai pas où aller ou quand je quitte le domicile conjugal, je ne peux pas me prendre en charge. Souvent le mari vous laisse avec les enfants parce que vous avez quitté le domicile et il ne vous donne rien.
Tant que la femme est économiquement dépendante, elle va subir la violence. Et c’est ça, le combat de l’Ajs : Faire de sorte que les femmes connaissent leurs droits d’abord parce que si elles ne connaissent pas leurs droits elles ne pourront pas agir.
Elles ont des droits humains qui doivent être respectés. Nous faisons des plaidoyers au niveau de l’Etat pour leur réinsertion. C’est ce que l’Etat est en train de faire à travers le ministère de la Famille.
Au Sénégal, la violence conjugale est une réalité. Comme le viol, le sujet est aussi tabou. La société reste sourde et les victimes sont muettes. Et l’impunité est souvent garantie aux hommes qui lèvent la main sur leurs compagnes. La chambre à coucher peut devenir aussi un enfer. Si on faisait enfin sauter le tabou?
La fin tragique du couple Emmanuel Sanchez-Fatima Diop a montré que l’amour entretenu pendant longtemps peut voler en éclats de façon inattendue. Les câlins et les mots doux soufflés dans l’oreille d’une conjointe peuvent se transformer en coups de poing.
Aujourd’hui, elles sont nombreuses à subir les violences conjugales, mais peinent à briser le silence malgré la souffrance qui les ronge. «Je supporte à cause des enfants. Je supporte parce que je l’aime malgré tout», sont les réponses servies pour étouffer le scandale et continuer à supporter les humeurs d’un conjoint violent. Et cela entretient la violence conjugale qui prend des proportions inquiétantes (Voir par ailleurs). On plonge dans ces histoires sordides. On s’émeut devant la souffrance des victimes. Et puis, on passe à autre chose.
L’émotion bloque la réflexion. Or la violence conjugale n’a rien d’un fait divers. Il s’agit d’une violence qu’un homme, dans la très grande majorité des cas, exerce sur sa partenaire. Les victimes disent : «La violence conjugale ne résulte pas d’une perte de contrôle, mais constitue au contraire un moyen choisi pour dominer l’autre personne et affirmer son pouvoir sur elle.» Sans plus ! La plupart des femmes avaient pourtant connu des moments de jouissance.
Au début, il n’y a pas de nuages. Elles vivaient dans leur petit nuage avec des promesses de lendemains heureux. Mais la fâcheuse réalité les rattrape. Ndèye Aïda Guèye, 38 ans, mère de 2 enfants, vit encore le calvaire dans son ménage. Coura Wade a quitté son mari après 10 ans de mariage. Elle a repris ses études et a réussi à reconstruire sa vie loin de l’homme qui a transformé son quotidien en enfer après des années de bonheur total.
Au-delà des tragédies individuelles, il s‘agit d’un délit puni par des lois, évalué par des statistiques. Que faire ? Sensibiliser, prévenir et punir. Cela dégonflerait sérieusement le chiffre noir pour le réduire à sa portion congrue. Témoignages.
NDÈYE AÏDA GUÈYE, 38 ANS, MÉNAGÈRE
«Mon mari me violente devant ma coépouse»
«Le début fut une belle histoire d’amour. J’étais la femme la plus heureuse au monde. Je représentais tout à ses yeux, mon mari venait au Sénégal chaque année. On passait la tabaski ensemble, mais depuis qu’il a pris une deuxième épouse, à ma grande surprise, il devenait de plus en plus désagréable. Depuis que cette femme est apparue dans sa vie, je ne connais que la souffrance. Cela a commencé avec les violences verbales, des échanges de propos toujours aigres.
Au début, c’est moi qui gérais toujours l’argent de la maison et assurais les dépenses et tout. Maintenant, même ce qu’il m’envoie passe par ma coépouse. Elle est devenue sa confidente. Pis, il me bat même devant elle si je me permets de me disputer avec elle. Pourtant, je ne peux pas être dominée par cette femme qui peut être une maman pour moi.
Une fois qu’il revient au Sénégal, je pense que les disputes et la violence sont derrière nous. Il me donne juste 2 semaines avant qu’il ne redevienne l’homme qu’il était voire même pire. Pour un rien, il me giflait ou m’assène des coups de poing me disant que je n’ai plus rien à dire après ses décisions même si elles sont défavorables pour moi.
Quand il rentre, il me prive de tous mes droits. Il m’appelle juste pour me demander la nouvelle des enfants ou pour me demander si ma coépouse avec qui il n’a pas d’enfant m’a remis l’argent des enfants.
Aujourd’hui, j’ai le bras plâtré. J’ai été violentée pour mon tendre époux. Il m’a frappée et a cassé mon bras. Parce que je n’ai pas appelé ma coépouse pour dîner alors que c’est bien elle qui a demandé qu’on ne l’appelle pas. Et j’ai pris la peine d’expliquer tout à mon mari qui m’a obligée de préparer quelque chose pour ma coépouse parce que c’était mon tour de préparer le dîner.
Et j’ai été catégorique et il m’a battue jusqu’à me casser le bras. Et il m’a chassée de sa maison. Je suis chez ma maman depuis lors même si le lien du mariage nous unit encore. Même si on a connu 2 divorces. Et j’ai toujours envie de sauver mon ménage, je ne connais que lui.»
COURA WADE, 40 ANS, INSTITUTRICE
«Mon ménage fut un enfer»
«Comme on dit souvent, chaque début de mariage, on vit des moments très agréables. Mais au bout d’un certain temps, c’est le respect et les enfants qui font que tu t’accroches à ton couple. Mais si d’autres circonstances se produisent, vaut mieux ne pas salir ta dignité. J’ai divorcé. Il y a maintenant 10 ans et c’est dû à la violence conjugale. Mon mari était militaire. Au début, il me giflait. Parfois quand on échangeait et que je hausse le ton, ce sont des disputes à n’en plus finir.
A chaque fois, je prenais mes bagages et quittais le domicile conjugal. Après la médiation des parents, j’étais obligée de rentrer par respect à mes parents. Quelques jours après mon retour, il recommençait à me violenter, mais par la suite j’ai commencé à me révolter. On se battait. Je lui jetais tous les objets que je ramasse. Quand mon premier fils a commencé à grandir, je me suis dit que ce n’était plus nécessaire de rester avec lui. Ce fut un calvaire.
Pourtant, j’avais une licence, mais j’étais toujours cette femme au foyer. Je dépendais de lui et il me privait de tout. A un moment, j’étais la plus misérable des femmes. J’ai fini par demander le divorce contre vents et marées, car il avait refusé de me l’accorder.
On a fini par divorcer devant le juge. Et là je ne suis plus dépendante. J’ai réussi à un concours et je suis institutrice maintenant. Même si je n’ai pas réussi à me remarier, je suis épanouie. J’ai mes enfants, je ne me fais plus de soucis.»
SATTOU NDIAYE, 24 ANS, ÉTUDIANTE
«J’ai peur de faire un enfant avec mon mari»
«Je me suis mariée il y a juste 3 ans. Mais j’ai un mari très violent. Je m’en doutais bien avant qu’on ne se marie parce qu’il était tout le temps nerveux quand on sortait ensemble. Il arrivait même qu’il m’insulte quand il avait ses crises de jalousie, mais il ne levait jamais sa main sur moi alors qu’on est sorti ensemble pendant 2 ans. Par amour et par peur de divorcer, je reste encore avec lui. Je ne sais pas quoi faire.
Il est certes violent avec moi, mais je n’arrive pas à le quitter pour le moment. Parfois, je me dis même que c’est après notre dispute qu’il se sent à l’aise. Car il devient aussitôt doux avec moi. Il m’offre même des cadeaux pour s’excuser. Quelques semaines après, il reprend ses mauvaises habitudes. Pour une simple erreur, il m’insulte de mère et de père. Il continue parce que je réponds à ses insultes.
En trois ans de mariage, je ne peux même pas compter combien de fois j’ai reçu ses coups. Personne au sein de ma famille ne le sait. De même que ma bellefamille. Et je ne sais pas quoi faire. J’ai même peur de faire un enfant avec lui.
Peut-être qu’il va changer un jour. Même si au fond de moi, je sais que je ne pourrai pas supporter cette situation encore très longtemps. J’attends juste qu’il finisse de me payer mes 2 masters et s’il ne change pas, je le quitte.»
Les chiffres de la honte
L’amour peut aussi enfanter la violence. Les statistiques de 2014, même si elles ne disent pas la réalité des faits, montrent qu’il y a eu 519 cas de violences conjugales dans la ville de Dakar. L’Association des juristes sénégalaises (Ajs) détaille les motifs : 215 cas pour défaut d’entretien, 10 cas pour abandon de famille, 25 dans le cas de la répudiation, bigamie (1), mariage forcé (30), violences physiques (192 cas), et viols (35 cas).
Pour la boutique de Pikine qui englobe toute la banlieue dakaroise, elles ont noté 357 cas de violences conjugales en 2014. Mme Fanta Ndiaye, présidente de l’Ajs, est stupéfaite de cette «recrudescence des violences conjugales comparées aux données de l’année 2013 (75 cas). Avec 83,47% des cas reçus dans cette catégorie, les femmes sont les principales victimes de ces violences. Certaines en souffrent profondément et en ressortent déprimées ou traumatisées».
D’après elle, la plupart des cas rencontrés sont dus aux «conditions économiques défavorables (pauvreté, chômage, promiscuité, insécurité, drogue et alcool, les phénomènes de migration et d’exode rural), le mutisme des victimes, de leurs proches et de la communauté, la vulnérabilité des femmes, des enfants et des personnes handicapées physiques ou mentales».
Créée en 1974, l’Association des juristes sénégalaises (Ajs) s’est donné comme mission de rendre accessible la justice à tous les justiciables, notamment les plus démunis et surtout les femmes en situation de vulnérabilité.
Pour assurer une offre de services continue aux populations, l’Ajs a ouvert sa première boutique de droit à la Médina (Dakar), dans la banlieue dakaroise et dans certaines régions. Il s’agit des centres de conseils et d’assistance judiciaire au profit des populations démunies, mais surtout à la violence faite aux femmes.
Selon la coordonnatrice de la boutique de Médina, Ndèye Yandé Ndiaye, «quatre formes de prise en charge sont pratiquées à la boutique de droit, à savoir l’assistance judiciaire, psychologique et médicale et l’hébergement d’urgence».
La demande de liberté provisoire des quatre étudiants arrêtés à la suite du caillassage du cortège présidentiel à l’Ucad a été acceptée par le juge du 6e Cabinet, hier. Le secrétaire adjoint du Mouvement des élèves et étudiants libéraux (Meel) ses co-inculpés sont donc libres en attendant la suite de l’instruction.
Les quatre étudiants, poursuivis pour le caillassage du cortège présidentiel lors de la visite de Macky à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) le 31 juillet, retrouvent la chaleur familiale. Le juge du 6e Cabinet d’instruction a répondu favorablement à leur demande en attendant la suite de l’instruction.
Le magistrat Augustin Diouf, qui avait procédé à leur audition, la veille, a ainsi ordonné, hier, la mise en liberté provisoire de Aminata Diouf, Abdourahmane Ndiaye, El Hadji Diaw et Bara Ndiaye. Alors qu’ils étaient inculpés pour des faits d’association de malfaiteurs et atteinte à la sûreté de l’Etat le 10 août dernier.
Dès l’arrestation des quatre étudiants, la défense s’était employée à discréditer le sérieux de cette affaire. Me Abdou Dialy Kane avait même mis en cause «la faible qualité des preuves». Aujourd’hui, l’avocat se dit «pas surpris» par cette décision du juge d’instruction.
«Des innocents ont été arrêtés à la place des véritables coupables. Ces étudiants n’ont rien fait et ils ont été arrêtés et inculpés de façon abusive, sans aucune preuve palpable. Les autorités judiciaires du pays doivent éviter les réactions épidermiques», dénonce le conseil. Me Kane voudrait que des éléments concordants soient produits, avant de procéder à l’arrestation d’une quelconque personne.
Me Moustapha Dieng, lui, s’est réjoui de la «bonne décision» prise par le juge du 6e Cabinet d’instruction. «C’est une bonne décision qui, non seulement réjouit tout le monde, mais également participe à l’apaisement de l’espace universitaire», commente l’avocat. Selon Me Dieng, le Parquet n’a pas jugé nécessaire d’interjeter appel. L’avocat précise, par ailleurs, que «la bataille judiciaire n’a pas encore connu son épilogue».
«Elle se poursuit d’autant que ce n’est qu’une liberté provisoire. L’instruction se poursuit. Donc, nous allons nous battre pour obtenir un non-lieu total», a déclaré Me Moustapha Dieng.
LA DÉCISION DE MACKY SUCRÉE
Le ministre du Commerce autorise les importations alors que le chef de l'État les a interdites
Passant outre les instructions du chef de l'État d'interdire les importations de sucre, le ministre du Commerce fait signer des Dipas dans la foulée, et permet de débloquer plus de 20.000 tonnes de sucre importé.
Le mercredi 12 août dernier, Le Quotidien annonçait que le président de la République Macky Sall avait, personnellement, demandé à ses ministres de l'Economie et des Finances, ainsi que du Commerce, de veiller à l'interdiction des importations de sucre tant que la Compagnie sucrière du Sénégal (Css), la seule entreprise sénégalaise qui produit du sucre, n'avait pas écoulé la totalité de son stock. Or, dans les faits, les importations n'ont jamais été bloquées, car il a été constaté que certains des ministres de Macky Sall, peuvent se permettre de passer impunément outre les directives de leur Président de chef.
Dipa accordées le jour même de l'interdiction
Ainsi, Le Quotidien a appris que dès que la volonté présidentielle lui a été notifiée dans la soirée du mardi 11 août, le ministre Alioune Sarr s'est dépêché d'appeler le Directeur du Commerce intérieur (Dci) Ousmane Mbaye, et lui a donné pour instructions de procéder immédiatement à la distribution des Déclarations d'importation des produits alimentaires (Dipa) pour le quota de 25.000 tonnes de sucre qui a été autorisé (voir Le Quotidien n°3755 et 3757, des 10 et 12 août 2015). Avant la fin de la soirée, le Dci signait les sésames qui permettaient au sucre déjà dans le port de Dakar, de sortir sans entrave. Après cela, la manœuvre était de faire croire à Macky Sall que le sucre importé trouvé sur le marché était celui entré avant la mise en application de ses instructions.
La manœuvre aura sans doute permis à ne pas faire de la peine à ces importateurs auxquels des quotas avaient été attribués en dépit de l'intérêt de l'économie nationale, et dont les stocks attendaient déjà au Port de Dakar. Mais elle n'aura rapporté au pays que des problèmes, en une période où les recettes fiscales ne parviennent pas à augmenter alors que les besoins de la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent (Pse) exigent toujours plus de liquidités.
Il semble en effet, que les derniers stocks de sucre de la Compagnie sucrière du Sénégal (Css) ne parviennent plus à trouver vendeur, parce que le marché est actuellement inondé par le sucre importé. Pourtant, au ministère du Commerce, des hauts responsables trouvent le moyen de s'exonérer de toute responsabilité en la matière, en affirmant que les importateurs parviennent à écouler facilement leurs produits, et que si la Css ne vend pas, "elle devrait peut-être revoir son modèle économique, qui montre qu'elle n'est plus peut-être aussi compétitive".
Cette remarque des responsables du commerce au Sénégal ne semble pas tenir compte du fait que les importateurs auxquels on a accordé des Dipa avec beaucoup de complaisance n'ont pas les mêmes charges qu'un industriel qui emploie des milliers de Sénégalais et fait vivre de manière indirecte, toute la région Nord du pays. Et même pour les recettes fiscales, il n'est pas certain que ce que les droits de porte sur le sucre importé peuvent rapporter, soit comparable aux impôts payés par la compagnie sucrière, ainsi que par son personnel. Cela, compte non tenu de la Tva et d'autres charges fiscales indirectes.
Le ministre Alioune Sarr, qui avait également sollicité son collègue de l'Economie et des Finances pour que ce dernier lève la Taxe conjoncturelle à l'importation (tci) sur ce sucre importé, et que le ministre chargé du Budget lui avait accordé, n'aura pas eu la satisfaction de voir cette mesure appliquée, car le refus de Macky Sall, qu'il avait pu contourner, rendait la chose difficile à mettre en œuvre.
NOUS, PAS BOUGER !
Les victimes de la cité Tobago refusent d'être recasés à Malika
Il ne s'est rien passé à la Cité Tobago jeudi. Ce jour-là, les dernières maisons debout sur ce site devaient être démolies après l'expiration de la sommation du gouverneur de Dakar devenu le bouc émissaire des victimes. Le coordonnateur du Collectif des victimes de Tobago, Médoune Seck, explique le combat qu'il livre pour rester sur ce site.
C'est aujourd'hui (l'entretien a eu lieu le jeudi) la date d'expiration de la sommation et il ne s'est rien passé. Comment pouvez-vous l'expliquer ?
J'avais dit que le gouverneur ne viendra pas aujourd'hui (jeudi). Parce que les sommations sont irrégulières. Quand nous avons reçu la deuxième sommation, nous avons introduit un recours en annulation au niveau de la Cour suprême. Et l'Agence judiciaire de l'Etat a été assignée, alors le gouverneur ne peut plus démolir ces maisons sans l'ordonnance d'un juge. Je savais qu'il faisait de l'activisme. Il s'agite autour de ses victimes pour essayer d'élever leur niveau de stress et leur désarroi. Mais il savait bien que ses sommations étaient irrégulières.
Comment comprenez-vous le comportement du gouverneur ?
Je dirai qu'il est un peu frustré parce que quand il a cassé les maisons, il nous a dit qu'il est resté trois jours sans dormir. Et qu'il pense que c'est à lui de trouver une solution pour nous. Il nous a même dit qu'il avait la solution et qu'il voulait juste nous amener chez le président de la République pour qu'on règle définitivement cette crise. On n'a pas eu confiance en M. Mouhamed Fall. C'est vrai qu'il représente une institution, mais quelqu'un qui vient casser vos maisons sans sommation, ni décision de justice, vous ne pouvez pas lui accorder votre confiance. Entretemps, le Premier ministre nous a appelés pour nous demander de venir entamer des négociations.
Parce que depuis le début, on avait dit qu'on ne cherchait pas à situer les responsabilités. Tout ce que nous avons voulu, c'était juste de trouver une solution et régler définitivement les problèmes des victimes. Parmi nous, il y a des gens qui ont vendu leurs maisons pour venir acheter des terrains ici. Aujourd'hui, ils sont sans abris. C'est ça qui nous intéressait. Alors quand le Premier ministre nous appelle pour des négociations, on ne peut plus aller chez le gouverneur pour entamer d'autres négociations parce qu'il est le chef du gouvernement. Pour nous, l'Etat est un et indivisible, on ne peut pas diviser l'Etat en deux parties : négocier avec la Primature et négocier avec le gouverneur, c'est impossible. Le gouverneur n'a pas apprécié le fait qu'on ne soit pas venu le voir. Il a dit tant que vous continuez à négocier avec la Primature, je vais casser ces maisons-là.
Qu'est-ce que vous avez prévu de faire à votre niveau ?
On a déjà introduit un recours en annulation. Maintenant, on attend la décision de la justice. Le gouverneur ne peut pas casser des maisons. De toute façon, on ne sortira pas. Nous nous mobilisons pour faire face à lui. Nous sommes dans un pays de droit et le gouverneur ne peut pas venir démolir nos maisons sans l'aval de la justice. Maintenant, si la justice tranche, on saura quel comportement adopter. Sinon nous resterons ici et ferons face au gouverneur.
Qu'est-ce qui a été fait pour ceux qui ont perdu leurs maisons ?
Rien n'a été fait par le gouvernement. Moi je suis animé d'un sentiment d'impuissance, de désarroi. Dire que dans un pays comme le Sénégal, on a cassé 396 maisons ; personne, aucune autorité étatique n'est venue ne serait-ce pour apporter sa compassion. Il y a n'en pas eu. A part le contact avec le Premier ministre, il n'y a rein eu. Le Président ne s'est jamais prononcé sur le dossier et il n'a jamais voulu nous recevoir. Sur le plan psychologique, il n'y a pas eu d'accompagnement. On avait engagé un psychologue, mais ce dernier n'est pas revenu parce qu'il dit que ce qu'il a vu ici, il ne l'a jamais vu dans sa carrière. Durant les négociations, on a rencontré le Premier ministre à trois reprises. La Primature nous a demandé d'élaborer un document qui prend en compte l'ensemble des victimes et le préjudice. Nous avons travaillé sur les aspects financiers et techniques. Une bonne documentation a été remise à la Primature pour qu'elle la transmette au président de la République. En matière d'expropriation, il y a toute une procédure. Il faut d'abord une décision de justice. Ensuite, faire une évaluation contradictoire parce qu'il faut rembourser ne serait-ce que les impenses. Mais rien n'a été fait par l'Etat du Sénégal.
On parle de Malika pour recaser les victimes. Qu'en pensez-vous ?
J'ai été informé par la presse. Mais dans ce genre de cas, l'Etat vous envoie une notification officielle pour vous dire que nous avons identifié tel site pour vous recaser. Jusqu'à présent, nous n'avons reçu aucune notification. L'autre jour, j'ai entendu toujours dans la presse le maire de Malika, Momar Talla Gadiaga, dire que c'est le gouverneur de Dakar qui l'a appelé pour lui demander s'il y avait des terres disponibles à Malika parce que l'Etat voulait recaser là-bas les victimes de Tobago. Il n'y a aucune notification, aucune information officielle allant en ce sens. Mais ce qui est sûr, c'est qu'on n'ira pas à Malika. C'est une décision du collectif parce qu'on ne peut pas acheter des terrains à 15 et 30 millions et qu'on nous envoie dans un site où les terrains coûtent environ 2 millions. En tout cas, nous avons choisi ce site et nous voulons rester ici.
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a relevé dans un communiqué parvenu à notre rédaction que le test fait par l'Institut Pasteur hier, vendredi 28 Août, sur le ressortissant guinéen suspecté d’Ebola est négatif.
Les services d’Awa Marie Coll Seck dissipe, ainsi les inquiétudes de la population de Ziguinchor où les symptômes de la personne en question, isolée l’hôpital régional, avaient fini par hanter les populations.
Un homme d'origine guinéenne, rappelons-le, venu pour se faire consulter à l’hôpital régional, semblait présenter des signes douteux, obligeant le responsable du centre hospitalier de le mettre en isolement au bâtiment qui abrite les consultations externes pour éviter tout contact avec toute autre personne.
Ainsi, il a procédé à des mesures habituelles pour prévenir toute contamination, avant d’effectuer un test de vérification sur la personne en question à l’Institut Pasteur. Toujours est-il que le Pr Awa Marie Coll Seck réitère son appel auprès des sénégalais pour le respect strict des mesures d'hygiène et de préven- tion contre Ebola.
LA SOCIETE CIVILE SALUE LA DYNAMIQUE DU CONSENTEMENT LIBRE
Le nombre de compagnies minières qui s’engagent à appliquer le principe du consentement libre, préalable et éclairé (Clpe) a presque triplé depuis 2012. C’est qu’a indiqué le rapport publié vendredi, à Dakar par OXFAM sur la politique des industries extractives en matière de consentement communautaire.
Les sociétés civiles sénégalaises et burkinabais ont magnifié la dynamique des sociétés minières consistent à appliquer le principe du consentement libre, préalable et éclairé (Clpe) avant toute exploitation. Elles l’ont fait savoir hier vendredi 28 août, à Dakar, lors d’un point de presse sanctionnant la clôture d’un atelier de trois jours de capitalisation des expériences de la société civile dans les processus de révision de codes miniers au Burkina et au Sénégal.
Selon le rapport publié vendredi par Oxfam sur la politique des industries extractives en matière de consentement communautaire, «le nombre de compagnies minières qui s’engagent à appliquer le principe du consentement libre, préalable et éclairé (Clpe) a presque triplé depuis 2012».
«Le Clpe est une obligation des gouvernements avant d’autoriser les compagnies à exploiter les ressources naturelles d’une communauté», a rappelé Lina Holguin, directrice politiques et campagnes à la direction générale de Oxfam Canada au cours de la conférence de presse.
Pour Nadine Koné, responsable régionale industries extractives d’Oxfam «nous ne voulons plus que les projets d’exploitation soient discutés entre les acteurs sans l’implication des communautés. C’est pourquoi nous les formons pour qu’elles prennent conscience et puissent défendre leurs devant ces compagnies», a-t-elle indiqué.
Sur les 38 entreprises étudiées dont Exxonmobil,Chevron, Shell, Anglo American, Petrobras, Total, Rio Tinto, BG Group, quatorze entreprises se sont engagées publiquement à respecter le principe du Clpe.
Le consentement libre, préalable et éclairé Clpe est défini comme le principe selon lequel les peuples autochtones et les communautés locales doivent être correctement informés, en temps voulu, sans contrainte ni manipulation, des projets qui concernent leurs terres, et doivent pouvoir approuver ou rejeter un projet avant le dé début des questions.
En outre, ce rapport montre qu’aucune entreprise ne s’est engagée à se retirer d’un projet si une communauté refuse son consentement et aucune des entreprises examinées dans le cadre de cette étude ne s’est engagée publiquement à respecter le droit au Clpe de toutes les communautés concernées par leurs projets, y compris les populations non autochtones.
Toutefois, le rapport relève que les entreprises du secteur pétrolier et gazier ont un retard considérable sur les compagnies minières dans ce domaine car aucune d’elles ne s’est engagée publiquement à respecter le droit au Clpe.
L’ANED TISSE LANGUE AVEC ABDOULAYE DIOUF SARR
POUR LE STATUT DE L’ELU ET L’AUTONOMIE FINANCIERE DES CONSEILS DEPARTEMENTAUX
Maodo Malick Mbaye, le président de l’Aned, et cie s’investissent à porter haut la revendication du statut de l’élu départemental et celle de l’autonomie financière de Conseils départementaux dotés d’une fiscalité propre. C’est ainsi qu’ils en ont fait le plaidoyer au cours de leur rencontre organisée hier, vendredi, avec Abdoulaye Diouf Sarr, le ministre de la Gouvernance locale, du développement et de l’aménagement du territoire.
Au cours de la réunion dite de prise de contact, les membres de l’Aned (Association nationale des élus départementaux) ont ainsi présenté au ministre Abdoulaye Diouf Sarr un mémorandum dans lequel ils ont fait part de leurs doléances en tant que nouvelles collectivités locales ainsi que de certaines propositions. Ces élus départementaux qui ne comptent pas jouer les seconds rôles dans la matérialisation de l’Acte III de la décentralisation ont réclamé sans détours un statut de l’élu départemental et une autonomie financière avec des Conseils départementaux dotés d’une fiscalité propre.
Se prononçant devant le ministre de la Gouvernance locale, le patron de l’Aned Maodo Malick Mbaye a affirmé que sa structure, récemment créée, « n’est rivale d’aucune autre association… et se veut en parfaite osmose avec la tutelle et les autres associations d’élus d’où l’enclenchement du processus d’intégration à l’UAEL».
A l’en croire d’ailleurs, « l’Aned doit impulser les réformes et non les subir dans la mesure où l’Acte III de la décentralisation n’a jamais eu de visées politiques». Et de préciser : « Cette réforme majeure est utile et ce mémorandum n’est en réalité qu’un plan directeur des actions prévues en vue d’accompagner la tutelle et les acteurs dans le développement des collectivités territoriales».
En réponse, le ministre Abdoulaye Diouf Sarr a plaidé pour « un partenariat franc et durable» avec l’Aned. Il a, par ailleurs, souligné son « assurance vu la forte corrélation entre le mémorandum de l’Aned et la vision du Chef de l’Etat Macky Sall ». Dans la même mouvance, Abdoulaye Diouf Sarr a tenu à faire savoir que la perspective est « d’agrandir la famille de la décentralisation dans un sens positif, où tous les acteurs visent la consolidation de la grande réforme qu’est l’Acte III de la décentralisation ».
Par suite, le ministre a assuré que son département travaillera de manière dynamique avec tous les acteurs que la problématique intéresse pour faire avancer les choses. De la part des acteurs, Abdoulaye Diouf Sarr a tout de même précisé ses attentes qui doivent être « des contributions positives et constructives par la participation à la réflexion sur les politiques publiques de décentralisation et l’accompagnement de l’Etat vers une décentralisation économique, qui part des territoires».
LES AGENTS ADOPTENT LE LANGAGE DE LA RUE
CONSEIIL DEPARTEMENTAL DE MATAM-DEUX MOIS SANS SALAIRE, DES PENSIONS NON PAYEES…
Retraités sans dégagement ni prise en charge réelle ou travailleurs en exercice sans salaire, les agents du Conseil départemental de Matam ont battu le macadam hier, vendredi, à travers les artères de la capitale régionale. Ces agents qui n’en peuvent plus de supporter les maux qui se conjuguent pour eux au quotidien, ont crié leur détresse en compagnie de Sidya Ndiaye, le secrétaire général de la Fgts.
La situation empire au niveau du Conseil départemental de Matam. Et pour cause, l’institution qui baigne dans de ‘profondes difficultés budgétaires’ n’a plus les possibilités (depuis le mois de juillet) de payer les salaires de ses agents en exercice. Tout comme, les pensions bimestrielles des agents retraités dont la quasi-totalité n’est jamais aussi rentrée en possession d’un quelconque dégagement. Face à la situation où les promesses ont toujours accompagné les revendications, les agents exténués sont descendus dans la rue pour crier leur détresse. A travers, notamment une marche pacifique qui a été rehaussée par la présence des autorités syndicales de la Fgts qui ont fait le déplacement pour soutenir les travailleurs qui ont remis un mémorandum au préfet du département. A les en croire, le Conseil départemental de Matam souffrirait de difficultés budgétaires qui l’empêchent de satisfaire ses engagements.
Tout serait parti, selon eux, de l’Acte III par le biais duquel le Conseil départemental de Matam aurait hérité de 118 agents décisionnaires du défunt Conseil régional, contre 17 agents pour le département de Kanel et 3 agents pour celui de Ranérou. Et après son installation, renseigne-t-on, le Conseil départemental de Matam n’aurait reçu de l’Etat que des fonds de dotation de 138 millions représentant le budget de son fonctionnement’.
Des fonds dont la grande partie servira d’ailleurs à payer un passif enregistré autour des salaires (près de 91millions) que le Trésor public avait payés en attendant la mise en place du budget. « Le Trésor ayant retiré son argent, le Conseil départemental a payé les salaires jusqu’en fin juin et le budget s’est épuisé. La masse salariale qui s’élève à 20 millions par mois, prend en charge aussi bien les membres du bureau de l’institution et les indemnités du secrétaire général. Pour l’année, le coût global est de 240 millions », explique ainsi Babacar Kassé, le secrétaire général de la section syndicale de la Fgts du Conseil départemental de Matam. Pour le responsable syndical, l’inquiétude viendrait du fait « qu’aujourd’hui, nous sommes le 28 août 2015 et les agents jusque-là en exercice, n’ont pas encore perçu leur salaire du mois de juillet. Ceux qui ont été recrutés en dernier lieu par le président du Conseil départemental sont à leur cinquième mois sans salaire ». C’est là, poursuit-il, « une situation que l’ensemble des travailleurs déplorent avec énergie, car elle risque de mener des pères de famille et de mères de familles à de lendemains incertains ».
S’adressant alors par ricochets au préfet, il fera savoir que « cette situation qui prévaut dans beaucoup de collectivités locales à travers le pays explique nettement l’échec et la nullité de l’acte III de la décentralisation. Au moment où nous vous parlons, le Conseil départemental de Matam est confronté à beaucoup de problèmes qui sont entre autres, le paiement de la location du siège, les factures d’eau, d’électricité et celle du téléphone qui du reste a été coupé », fulmine le secrétaire général de la section syndicale de la Fgts au niveau local.
Cette situation est loin d’être reluisante pour l’institution départementale, si l’on se fie aux déclarations du responsable syndical qui a affirmé par ailleurs que « le Conseil départemental n’a plus de carburant, ni des fournitures de bureaux depuis presque huit mois… » Interpellant enfin l’Etat pour une solution définitive du problème des salaires, les agents du Conseil départemental ont aussi demandé la dotation de moyens suffisants à l’institution pour lui permettre de répondre aux aspirations des populations. Les avancements des agents tout comme leurs indemnités figurent aussi sur le registre des urgences à régler.