Le Président Yahya Jammeh a formellement demandé à la Cour pénale internationale (CPI) d'ouvrir une enquête et de poursuive l'Italie en particulier et l'Union européenne en général pour crimes contre l'humanité et non assistance aux centaines de jeunes migrants africains qui meurent dans les eaux de la Méditerranée en tentant de rejoindre le vieux continent.
La mort de centaines de jeunes africains aux larges des côtes italiennes n'agrée pas le président Gambien. Jammeh l'a fait savoir ce dimanche au procureur de la CPI, la gambienne Fatou Bom Bensouda qu'elle a reçu au palais présidentiel de Banjul. Mieux, Jahya Jammeh demande l'ouverture d'une enquête internationale. L'homme fort de Banjul prétend que les demandes antérieures formulées par son gouvernement à l'Union européenne et aux Nations Unies ont été ignorées, il a dû se tourner vers la CPI pour intenter une action judiciaire contre l'Italie et l'Union européenne.
S'adressant à celle qui a été son procureur général puis ministre de la Justice de 1998 à 2000, Jammeh déclare, "Nous avons le droit de demander à la CPI d'enquêter non seulement sur les cas concernant des Gambiens, mais aussi par rapport aux milliers de jeunes africains morts sur les côtes européennes dans des circonstances inhabituelles," a déclaré le président Jammeh dans l'extrait de la vidéo prise lors de sa rencontre avec la procureur de la CPI, Fatou Bensouda, et diffusé par la GRTS ce lundi.
Alors que la Gambie compte plus de 7000 ressortissants en situation illégale en Italie selon les chiffres du consulat de Gambie à Milan, le Président gambien estime que les méthodes de sauvetage de la marine italienne et des garde-côtes européens sont discutables. Il en veut pour preuve le nombre croissant de migrants africains morts en Méditerranée malgré les tentatives de leur porter secours. Un phénomène qui continuera selon Jammeh, tant que la volonté "délibérée" de laisser les bateaux chavirer reste le mot d'ordre chez les européens.
"Si ce n'est fait volontairement, comment est-il possible que chaque fois qu'un navire de migrants africains est en train de chavirer, il y a toujours la présence de la marine italienne pour sauver seulement quelques personnes" s'est-il interrogé.
Le Président Jammeh avait soulevé la même question l'année dernière lors de l'Assemblée générale des Nations Unies. Dans son discours, Jammeh déclarait que des enquêtes devraient être menées par la communauté internationale pour mettre un terme à la mort en grand nombre de migrants, en particulier ceux d'Afrique, tentant de traverser la Méditerranée pour se rendre en Europe. Jammeh a tout de même déploré que ses pairs de l'Union africaine lui aient tourné le dos sur la question.
C'est ainsi que clôturant une tournée nationale, Jammeh a promis de riposter contre la stratégie récemment adoptée par l'Union européenne consistant à couler les bateaux des migrants africains qui tentent de se rallier illégalement l'Europe par la Méditerranée. "Si l'Union européenne passe à l'acte et tue un gambien, Bill'ahi wall'ahi tall'ahi, je le jure, je vais riposter. Les européens ne peuvent pas se comporter comme les Américains qui envoient des drones pour bombarder des innocents. Si vous bombardez la côte gambienne, c'est une déclaration de guerre. Si vous coulez des bateaux africains, c'est une déclaration de guerre. Essayez et vous verrez...", a menacé Jammeh.
Le politicien français Bernard Kouchner n'y va pas du dos de la cuillère, quand il évoque les questions liées à l'être humain, en tant que "fervent militant de l'action humanitaire".
En marge de la cérémonie de lancement de la Banque de Dakar (BDK) hier, il a exprimé toute son indignation par rapport à l'attitude qu'adopte l'Europe face à l'émigration clandestine.
Convaincu que le problème de l'émigration se règlera à l'intérieur des pays africains en particulier, il se dit "honteux" de la position que l'Europe à prise de ne pas sortir de l'eau des gens qui s'y noyaient.
Dépité, il lance que "l'Europe se barricade de très mauvaise façon". Et de dédouaner les candidats à l'émigration clandestine :
"Les gens qui risquent leur vie pour arriver en Europe, ce n'est pas pour leur plaisir, ce n'est pas pour nous envahir".
A l'en croire, ces jeunes qui viennent en Europe au péril de leur vie souhaitent juste avoir de quoi nourrir leurs familles, même si le chômage existe également dans le "vieux continent".
Bernard Kouchner ne veut pas qu'un amalgame soit commis entre "le nécessaire indispensable sauvetage en mer" consistant à jeter des bouées à des gens qui se noient, parce que c'est un devoir, et "l'immigration".
Et d'incriminer l'Europe : "Vous n'allez pas sous le prétexte qu'on passe le crible de la mort, essayer d'en faire mourir le plus pour ne pas qu'ils viennent chez vous".
Pour lui, le sauvetage en mer est "nécessaire et indispensable", alors que l'émigration est un problème qu'il faut régler "tous ensemble".
Cependant, Kouchner a nuancé ses propos en reconnaissant que pour une fois, mais avec deux ans de retard, "l'Europe n'a pas été mauvaise, parce qu'elle a proposé aux 28 pays de partager le fardeau".
Le cofondateur de "Médecins du monde" trouve qu'il n'y a aucune raison que "nos amis italiens, qui ont fait un très gros travail et qui sont très courageux, qui repêchent en mer et donnent l'exemple du sauvetage tous les jours, prennent tous ceux qui arrivent parce que c'est la côte la plus proche".
C'est un raisonnement "moyenâgeux", selon Kouchner qui trouve une telle attitude "ridicule". Déclarant n'avoir pas aimé la réaction de son "ami", le premier ministre français, Kouchner prend ainsi le contrepied de Manuel Valls qui parle de quota de la gestion de l'émigration.
Apparemment impuissant face au phénomène de l'émigration clandestine, Kouchner affirme qu'il n'y a pas de solution, et il n'est plus question de retourner à l'époque coloniale.
Suffisant pour qu'il croit que la BDK donne aux Sénégalais et, espère-t-il, à l'Afrique de l'ouest au moins, l'exemple d'un dynamisme en particulier pour essayer de tenter de régler ce problème de l'émigration.
Kouchner pense qu'en développant le Sénégal chez lui, il y aura moins d'émigration clandestine.
Me Abdoulaye Wade a annoncé hier, à l'issue de la réunion du comité directeur de son parti, une réorganisation du secrétariat national. Mais auparavant, il a sommé la commission de discipline d'entendre Modou Diagne Fada et Cie en vue de situer les responsabilités sur la fronde qui a récemment secoué le parti.
Un nouveau Pds, une nouvelle réorganisation, une nouvelle orientation politique. C'est ce qu'Abdoulaye Wade a décidé hier à la sortie du comité directeur de son parti. Le Pape du Sopi est ainsi déterminé à procéder à une réorganisation du parti notamment le secrétariat national.
Selon le porte-parole du Pds, Abdoulaye Wade, après plusieurs propositions et après avoir consulté beaucoup de personnes, a annoncé des réformes "mineures" mais "importantes" qui seront d'ailleurs rendues publiques aujourd'hui ou demain. Ainsi, le nouveau secrétariat national qui va être adopté sera composé de pôles nouveaux qui seront créés pour renforcer l'efficacité au niveau de la gestion du parti.
La création de ces pôles sera accompagnée d'une nomination d'un grand nombre de secrétaires nationaux à qui seront confiées des responsabilités les uns dans des domaines spécifiques comme la santé, l'hydraulique, l'énergie, les mines, les affaires sociales, la formation et l'éducation, et les autres dans des domaines qui sont liés à la gestion politique du parti et qui vont avoir des relais dans toutes les structures au niveau des départements et des sections.
"Cela est une démarche initiée par le président Wade depuis deux mois pour remanier le secrétariat national afin qu'il soit plus organisé et puisse se réunir régulièrement", soutient Babacar Gaye. Dans sa lancée, le porte-parole du Pds renseigne que "le secrétaire général a réaffirmé la prééminence du coordonnateur pour la prise en charge de ses missions, lesquelles seront confiées aux secrétaires nationaux qui rendront compte tous les mois par le biais d'un rapport d'activités".
C'est dire qu'en décidant de procéder d'abord à la restructuration du secrétariat national, Abdoulaye Wade semble lâcher du lest dans le bras de fer qui l'oppose au président du groupe parlementaire "Libéraux et démocrates". Surtout que Modou Diagne Fada est soutenu dans son combat pour la restructuration du Pds par d'autres responsables libéraux comme Aïda Mbodj, Habib Sy, Mamadou Lamine Keïta et les cadres qui semblent lui tourner le dos.
En effet, les camarades d'Abdou Aziz Diop ont pris une résolution, lue au cours de la réunion du comité directeur par leur porte-parole, pour réaffirmer leur soutien à la candidature de Karim Wade et au maintien d'Abdoulaye Wade à la tête du parti jusqu'après l'élection présidentielle de 2017. "Pour les cadres du Pds, la question qui a agité le parti récemment est une question close", a déclaré Babacar Gaye.
Par ailleurs, il faut souligner que la réunion du comité directeur a demandé au président de la commission de discipline d'entendre toutes les personnes qui sont soupçonnées d'être impliquées dans des faits de corruption, qui sont en rupture avec le parti ou qui sont dans des activités fractionnistes qui sabordent l'image du parti. Allusion faite à Modou Diagne Fada et aux autres responsables libéraux qui le soutiennent et qui ont d'ailleurs tous brillé hier par leur absence à la réunion du comité directeur.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que Me Abdoulaye Wade prend très au sérieux l'affaire Modou Diagne Fada et Cie.
Tout en donnant l'impression de lâcher du lest (voir article en page 3), il lustre, selon des sources dignes de foi, son sabre. Il se donne les moyens de réorganiser lui-même le Secrétariat national, en même temps qu'on annonce une purge dans les rangs.
Enjeu de taille : quels seront les nouveaux membres du Secrétariat national du Pds ? Cette question est importante, car de la composition de cette instance dépend la marge de manœuvre du patron du Pds.
Les statuts et règlements du parti l'autorisent en tout cas à choisir les membres du Secrétariat "composé de 25 (vingt-cinq) à 50 (cinquante) membres nommés par le Secrétariat Général et prenant le titre de Secrétaire national".
Les membres ainsi nommés assistent le Secrétariat général national", indiquent en effet les textes du Pds. Qui précisent aussi que "les attributions de chaque membre du secrétariat national sont définies par le Secrétariat Général national".
Et c'est au moins une fois par mois que cette instance, le Secrétariat national, se réunit sur convocation du Secrétaire général national. Autant dire que Me Wade tient à contrôler tout le processus. Et sans doute va-t-il s'en servir comme "arme".
Il faut dire que Me Wade manœuvre pour dégarnir les rangs des frondeurs. Jusqu'où seront prêts à aller les responsables libéraux qui défient son autorité ?
En tout cas, il ne serait pas surprenant que certains qui se sont engagés au départ décident simplement de jeter l'éponge…Une affaire à suivre…
Mr Cheikhna et Ndongo ont pris la place de Xuman et Keyti pour ce spécial journal rappé qui parle de la santé de la reproduction chez les jeunes avec le slogan "J's8 Jeune, j'ai mon mot à dire".
COTE D'IVOIRE: LA FRANCE "VEILLE" A CE QUE L’ENQUÊTE SUR KIEFFER NE SOIT PAS ENTRAVÉE
Abidjan, 10 juin 2015 (AFP) - La France "veille" à ce que l'enquête sur la disparition à Abidjan en 2004 du journaliste Franco-canadien Guy-André Kieffer ne connaisse "aucune entrave", a affirmé mercredi la ministre française de la Justice Christiane Taubira, en visite en Côte d'Ivoire.
"Nous veillons à ce qu'il n'y ait aucune entrave à cette procédure (dans l'affaire Kieffer)" a déclaré Mme Taubira, à l'issue d'une audience avec le président ivoirien Alassane Ouattara.
"Nous souhaitons fortement que la lumière soit faite sur ce qui est arrivé à Guy-André Kieffer" a-t-elle poursuivi, devant la presse, évoquant "une affaire extrêmement douloureuse".
Guy-André Kieffer a disparu le 16 avril 2004 sur un parking de la capitale économique ivoirienne alors qu'il avait rendez-vous avec Michel Legré, beau-frère de l'ex-Première dame ivoirienne Simone Gbagbo.
Mme Taubira a salué une coopération de "qualité" avec la justice ivoirienne, notamment à travers "des commissions rogatoires internationales (...) et des demandes d'entraide".
Le ministre ivoirien de la Justice, Gnénéma Coulibaly et son homologue française ont signé mercredi des accords en vue de "rentabiliser" et "systématiser" cette coopération. Guy-André Kieffer, journaliste indépendant, a disparu alors qu'il s'intéressait à des malversations, notamment dans la filière cacao dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial.
En juillet 2014, le ministre ivoirien de la Justice, Gnénéma Coulibaly avait annoncé que de nouvelles auditions devraient se dérouler, dans le cadre de l'enquête. Trois mois plus tard, l'Elysée avait de son côté rappelé que l'élucidation de ce cas restait une "priorité pour la France", dans un courrier adressé à l'ONG Reporters sans Frontières (RSF).
En novembre 2014, le juge d'instruction français saisi de l'affaire Cyril Paquaux a introduit des commissions rogatoires internationales, mais attend désormais le retour de la partie ivoirienne.
L'enquête menée en France s'est orientée vers des cercles proches du pouvoir de l'ex-président Laurent Gbagbo, arrêté le 11 avril 2011 après une crise post-électorale de quatre mois, qui a fait quelque 3.000 morts.
Laurent Gbagbo est emprisonné depuis plus de deux ans à La Haye, en attente d'être jugé par la Cour pénale internationale (CPI). En avril, Bernard Kieffer le frère cadet du journaliste disparu a publié un livre intitulé "Le frère perdu", dans lequel il raconte sa "quête de vérité et de justice", parallèlement aux enquêtes judiciaires en cours. eak/ck/fal
Abidjan, 11 juin 2015 (AFP) - L'un des avocats de Charles Blé Goudé, un proche de l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo emprisonné comme lui à la Cour pénale internationale (CPI), a affirmé jeudi à l'AFP avoir été agressé et dépouillé de "documents importants" par des "hommes armés" à Abidjan.
Me Claver N'Dry a raconté qu'il se rendait mardi matin à son bureau, situé dans le quartier résidentiel de Cocody, lorsqu'une "voiture noire avec à son bord quatre hommes (lui) a barré la route". "Deux hommes armés de pistolets sont sortis de la voiture. Il y en a un qui a pointé son arme sur moi et a pris mon smartphone", a-t-il ajouté.
"Ce téléphone contient des documents importants en rapport avec le dossier de mon client", a affirmé l'avocat, indiquant avoir porté plainte. Pour Me N'Dry, qui affirme avoir déjà été victime de vol à son cabinet, cette agression est le fait de "personnes qui veulent que des éléments (du dossier) disparaissent".
Dans un communiqué, le collège d'avocats de Charles Blé Goudé a dénoncé des "tentatives d'intimidation inacceptables", soulignant que "chaque fois les auteurs de ces actes se sont focalisés sur des objets susceptibles de contenir des informations confidentielles en rapport" avec le dossier de leur client.
Ancien chef des "jeunes patriotes", un mouvement pro-Gbagbo accusé de violences, Charles Blé Goudé avait été arrêté en janvier 2013 au Ghana et extradé vers la Côte d'Ivoire. Il a été transféré en mars 2014 vers La Haye.
Le procès de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé, accusés de crimes contre l'humanité lors de la crise postélectorale de 2010-2011, s'ouvrira le 10 novembre à La Haye devant la CPI.
L'ancien chef de l'Etat et celui qui était surnommé "général de la rue" sont poursuivis pour leur rôle présumé dans les violences ayant fait plus de 3.000 morts lors de la crise, née du refus de l'ex-président de reconnaître sa défaite à l'élection de novembre 2010.
MM. Gbagbo et Blé Goudé verront ce procès très attendu s'ouvrir quelques semaines seulement après la présidentielle d'octobre en Côte d'Ivoire, pour laquelle le président sortant Alassane Ouattara part grand favori.
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L'EX-CHEF DE LA SÉCURITÉ DE SIMONE GBAGBO JUGE POUR MEURTRE
Abidjan, 11 juin 2015 (AFP) - Le commandant Anselme Séka Yapo, ancien chef de la sécurité rapprochée de l'ex-Première dame ivoirienne Simone Gbagbo, a plaidé non coupable jeudi devant le tribunal militaire d'Abidjan, qui le poursuit notamment pour "meurtre".
Surnommé "Séka Séka", celui qui fut un pilier de l'appareil sécuritaire du régime de l'ex-président Laurent Gbagbo est poursuivi aussi pour "assassinat" et "blanchiment d'argent aux fins d'achat d'armes".
Il était le dernier accusé entendu dans le procès, ouvert mardi, de neuf officiers pro-Gbagbo jugés pour des exactions commises durant la crise postélectorale de 2010-2011. "Ce sont des faits dont je n'ai pas connaissance, je plaide non coupable", a déclaré à la barre le commandant Séka, le visage mangé par une épaisse barbe noire.
Appelé comme témoin, l'ancien ministre chargé des Droits de l'Homme et actuel porte-parole du Rassemblement des républicains (RDR, au pouvoir), Joël N'Guessan, a accusé le commandant de gendarmerie d'avoir tué son garde du corps durant la dernière crise.
"Le commandant Séka a arrêté mon véhicule le 8 mars 2011, a tué à bout portant mon garde et badigeonné mon T-shirt de son sang", a raconté M. N'Guessan, appelant l'accusé à "libérer sa conscience".
L'officier a affirmé au contraire avoir sauvé la vie du responsable politique, assurant avoir été "en tête de tous les combats pour sauver la République". Egalement accusé de "recrutement de mercenaires" et d'"entretien de milices", il a reconnu détenir un compte bancaire en Lettonie, mais démenti qu'il ait servi à des "achats d'armes".
"Séka Séka" fut un des hommes les plus craints de Côte d'Ivoire, décrit par ses détracteurs comme l'un des chefs des "escadrons de la mort" accusés d'avoir sévi sous l'ex-président.
Dans le même procès, un autre homme fort de l'ancien régime, le commandant Jean-Noël Abéhi, est poursuivi pour "complot" et "désertion à l'étranger".
La crise de 2010-2011, causée par le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire du président Alassane Ouattara à l'élection de novembre 2010, avait fait quelque 3.000 morts. M. Gbagbo, emprisonné depuis trois ans à La Haye, doit être jugé à partir de novembre pour crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale
LE NIGERIA ENTEND DIRIGER JUSQU'AU BOUT LA FORCE RÉGIONALE CONTRE BOKO HARAM
Abuja, 11 juin 2015 (AFP) - Le nouveau président du Nigeria a affiché jeudi sa volonté de reprendre en main la lutte contre les islamistes de Boko Haram, réclamant le commandement de la future force régionale pour toute la durée de "l'effort de guerre".
L'urgence d'une réponse au défi islamiste a été rappelée par de nouveaux raids des insurgés: selon des habitants, 43 personnes ont péri mardi dans des attaques contre trois villages de l'Etat de Borno, dans le nord-est du Nigeria, épicentre des violences.
Le nouveau chef de l'Etat nigérian, Muhammadu Buhari, 72 ans, s'est donné pour priorité de venir à bout de Boko Haram mais, depuis son investiture le 29 mai, un regain de violences islamistes s'est soldé par la mort de plus de 150 personnes.
Lors d'un sommet jeudi à Abuja, M. Buhari n'a pas fait mystère de ses intentions devant ses homologues du Tchad, du Niger et du Bénin et le ministre camerounais de la Défense, les quatre autres pays contributeurs de la future force régionale, qui prendra le relais de la coalition à l'oeuvre depuis février.
Il s'est en effet opposé à l'idée d'un commandement tournant de la force tous les six mois entre les cinq pays. Un commandement unique améliorera "l'efficacité de la stratégie militaire, dans la mesure où le Nigeria va fournir le gros des troupes et où le principal théâtre des opérations se situe sur le sol nigérian", a-t-il insisté.
La Force d'intervention conjointe multinationale (MNJTF) doit être dotée de 8.700 militaires, policiers et civils, et son quartier général sera installé à N'Djamena, la capitale tchadienne.
Il était déjà entendu qu'elle serait commandée à son lancement par un général nigérian, Tukur Buratai. Pour le président nigérian, la lutte contre les insurgés de Boko Haram, qui ont fait plus de 15.000 morts depuis 2009, doit être vue dans le cadre de "la guerre globale contre la terreur".
"Le terrorisme n'a pas de frontières et ils doivent, en raison des conséquences considérables pour la paix et la sécurité dans la région et dans le monde, être vaincus", a-t-il alerté.
- Manque de coordination -
Sitôt investi, M. Buhari a ordonné le transfert du centre de commandement militaire nigérian d'Abuja à Maiduguri, la grande ville du nord-est du pays. Il a aussi visité ses alliés au Tchad et au Niger.
Puis il s'est rendu au G7 en Allemagne le week-end dernier pour demander plus de soutien. Cet activisme contraste avec les années d'inaction sous son prédécesseur Goodluck Jonathan.
La création de la force régionale avait été décidée en mai 2014, après le rapt de plus de 200 lycéennes à Chibok, au Nigeria, qui avait choqué le monde entier. Elle aurait dû déjà être opérationnelle en novembre dernier, mais les mésententes entre le Nigeria anglophone et ses voisins francophones ont retardé sa mise en place.
La force a été relancée en janvier alors que Boko Haram menait des attaques quotidiennes dans le nord-est du Nigeria et contre les territoires frontaliers du Cameroun, du Niger et du Tchad. Boko Haram a depuis fait allégeance, en mars, à l'organisation jihadiste Etat islamique (EI), qui contrôle un vaste territoire à cheval sur l'Irak et la Syrie.
Devant cette escalade, les pays de la région, Tchad en tête, sont intervenus militairement à partir de février, mais en ordre dispersé. Après les sérieux revers déjà subis par les insurgés, qui ont perdu nombre de localités dans le nord-est du Nigeria et sur les rives du lac Tchad, la MNJTF doit reprendre le flambeau.
Mais sous une forme plus organisée, et avec le soutien de l'Union africaine. Le Nigeria a promis 100 millions de dollars pour le "décollage" de la force, a indiqué M. Buhari jeudi, mais il a averti que le financement à long terme restait une "question majeure".
Quant au quartier général de la force, il coûtera quelque 30 millions de dollars (27 millions d'euros) durant les 12 prochains mois, selon Sanusi Imran Abdullahi, chef de la Commission du Bassin du lac Tchad.
Ce dernier a annoncé le lancement d'un "programme de développement d'urgence", d'un montant de 66 millions de dollars (plus de 58 millions d'euros) et d'une durée de 18 mois, pour les régions meurtries par les violences.
L'un des défis de la future force sera de parvenir à une coopération plus efficace entre les pays alliés. Le Tchad et le Niger s'étaient plaints d'un manque de coordination avec l'armée nigériane, et d'avoir été empêchés de conduire des opérations en profondeur sur le territoire de leur grand voisin.