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3 mai 2025
LA TENSION RESTE VIVE
Le Sénégal reste samedi toujours sous tension au lendemain d'affrontements qui ont fait au moins deux nouveaux morts, portant selon le gouvernement à onze le nombre de décès depuis jeudi et la condamnation à deux ans de prison ferme d'Ousmane Sonko
Le bilan pourrait être plus lourd, l'opposition et des médias locaux ont rapporté la mort de cinq nouvelles personnes vendredi, une information difficile à confirmer dans un contexte de grande confusion.
Des heurts ont opposé vendredi soir de petits groupes de jeunes manifestants très mobiles aux forces de l'ordre à Dakar, dans la banlieue de la capitale et dans le sud du pays.
De nombreux biens publics et privés ont été saccagés, notamment des banques et des magasins Auchan dans la banlieue de Dakar.Des pneus brulés et cailloux jonchaient la chaussée de plusieurs rues samedi matin.
Plusieurs réseaux sociaux, comme Facebook, WhatsApp ou Twitter, sont coupés, une mesure du gouvernement pour faire cesser selon lui "la diffusion de messages haineux et subversifs".
L'armée est s'est déployée, comme la veille, autour de points stratégiques, comme sur la place de l'Indépendance, à quelques mètres du palais de la présidence.Policiers et gendarmes sont également présents en grand nombre dans la capitale sénégalaise.
- "Résistance" -
Les Sénégalais retiennent leur souffle dans la crainte d'une arrestation de l'opposant Ousmane Sonko, candidat déclaré pour la présidentielle de 2024, et condamné jeudi à deux ans de prison ferme pour avoir poussé à la "débauche" une jeune femme de moins de 21 ans.
Cette décision le rend pour l'heure inéligible.M. Sonko crie depuis le début de l'affaire à un complot du président Macky Sall pour l'éliminer politiquement.
Il se dit "séquestré" dans sa résidence de Dakar par des forces de sécurité qui empêchent quiconque d'approcher.
M. Sonko peut désormais être arrêté "à tout moment", a dit le ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall.
Son parti, le Pastef, a appelé "à amplifier et intensifier la résistance (...) jusqu'au départ du président Macky Sall", dont il accuse le régime "de dérives sanglantes et dictatoriales" vendredi dans un communiqué.
Pour le porte-parole du gouvernement, les événements depuis jeudi ne sont pas "une manifestation populaire avec des revendications politiques", mais plutôt "des actes de vandalisme et de banditisme".
"Nous sommes face à des casseurs recrutés pour entretenir une tension artificielle.Ils vont continuer à exécuter leur besogne mais le temps joue en faveur du rétablissement total et du maintien de l'ordre public", dit-il au journal L'Observateur, affirmant que deux nouveaux décès ont été rapportés vendredi.
- Peur -
"J'ai vraiment peur parce qu'on ne sait pas comment tout ça va finir.Mais c'était bien prévisible, et il fallait peut-être qu'on passe par là pour que les choses bougent, pour que les politiques arrêtent de se jouer du peuple", a déclaré à l'AFP Fatou Ba, une commerçante de 46 ans dans le quartier populaire de Dalifort, à Dakar."S'ils veulent la paix (les autorités), ils n'iront pas chercher Sonko", espère-t-elle.
"Personne n'est en sécurité dans ce pays actuellement.Si les manifestations continuent, la vie va être encore plus difficile", dit Matar Thione, conducteur de moto de 32 ans.
Dans ce quartier, les stations services ouvertes sont prises d'assaut de crainte d'une pénurie d'essence.Dakar, habituellement grouillante, est vidée et de nombreux commerces sont fermés.
Vendredi, la communauté internationale, des représentants d'associations et des stars de foot comme l'attaquant vedette Sadio Mané ont appelé à la retenue et à cesser les violences dans ce pays réputé être un rare îlot de stabilité en Afrique de l'Ouest.
Sénégal, Abdoul Aly KANE
COMMENT SORTIR DE L’IMBROGLIO POLITICO-JUDICIAIRE DANS LEQUEL LE SENEGAL EST ENGLUE ?
Le Sénégal d’aujourd’hui ressemble à un western spaghetti de série B.
Le Sénégal d’aujourd’hui ressemble à un western spaghetti de série B.
Pour ceux qui s’en souviennent, Sergio Leone, talentueux metteur en scène italien, avait imaginé tourner une parodie de western américain, dans des décors européens ressemblants, la recette étant de mettre en avant un acteur vedette américain (en l’occurrence Clint Eastwood dans la trilogie des « dollars »), entouré d’acteurs italiens auxquels il était demandé de tirer à tout va, avec des pistolets à mille coups.
L’affaire Adji Sarr/Ousmane Sonko ressemble à s’y méprendre à un western spaghetti mettant en situation un acteur principal, Ousmane Sonko, et des acteurs de second plan mal doués pour leurs rôles et difficilement crédibles du fait de leurs moultes contradictions, avec un scénario de bas niveau à l’écriture confiée à des petites inexpertes.
Le peuple avait déjà dénoncé le déni de justice, et voilà que le verdict de ce jeudi a disqualifié les crimes de viol et de menaces de mort reprochés à Ousmane Sonko pour retenir en définitive que le délit de « corruption » de la jeunesse ».
Tout ça pour ça serait-on tenté de dire.
Malheureusement, ce navet cinématographique a complètement esquinté un Sénégal déjà fatigué et tenu en haleine depuis plus de deux années durant lesquelles les populations ont connu la maladie du COVID et ses dégâts, la baisse drastique de leur pouvoir d’achat, et une création nette d’emplois négative si l’on compare les arrivées de demandeurs sur le marché du travail aux destructions d’emplois dues aux fermetures d’entreprises, aux emplois créées dans le « xéyu ndawyi ».
Les chefs religieux au faîte de l’organisation spirituelle nationale sont dépassés et cloués au pilori sur les réseaux sociaux qui ont fini, eux aussi, de représenter des centres d’information justes et adaptés à la demande de rapidité dans la livraison de l’information exprimée par une jeunesse désabusée par le ronron des médiats mainstream. Les pare feux traditionnellement sollicités pour coordonner un dialogue national indispensable pour lever les incompréhensions et surtout entendre les désiderata, ont été usés jusqu’à la corde à l’instar de Famara Sagna.
De 2021 à 2023, la situation sociale s’est dégradée
Les adversaires politiques, devenus ennemis, conviennent tous qu’on est entré dans la phase finale de l’affrontement tant les espaces et canaux de dialogue et de communication habituels ont perdu de leur efficacité.
A la veille du verdict de l’affaire Ousmane Sonko/Adi Sarr, le Président Sall vient de lancer un nouveau dialogue national dont les calculs politiques sous-jacents n’ont échappé à aucun observateur averti du jeu politique et de ses enjeux actuels.
En réalité, ce dialogue des forces vives de la nation n’est rien d’autre qu’une opération de marginalisation d’un adversaire politique condamné d’avance à une inéligibilité à la prochaine élection présidentielle.
Comme une sorte de cautère sur une jambe de bois, le Prince informe au détour d’un semblant d’énervement sur la question du 3ème mandat qu’il n’exclue pas ce point des termes de références. D’ailleurs, a-t-il dit, sa non-participation à ce scrutin est négociable, le prix à payer par les demandeurs étant la courtoisie, le respect et la considération (njekk).
A l’observation, on remarque que le Président n’a donné la parole à aucun des ténors de l’APR durant cette séance de lancement, ni aux communicateurs traditionnels dont les louanges dithyrambiques auraient enlevé toute l’impartialité requise lorsque les idées s’affrontent.
S’agit-il d’une nouvelle ruse du Prince ? On serait tenté de le penser si l’on se réfère aux résultats stériles des exercices précédents.
Ce dialogue est-il sincère et inclusif ? Nous ne le pensons point. Dialoguer sans Ousmane Sonko et le Pastef est un leurre dans la situation actuelle.
Si tant est que l’idée avait traversé les esprits des initiateurs, il aurait fallu rendre Sonko libre de ses mouvements dans un premier temps, et déconstruire tous les scénarii (terrorisme djihadiste, forces spéciales et autres rébellions) qui ont mené au cachot un grand nombre de militants de cette organisation politique.
Il aurait été inconfortable pour Ousmane Sonko de participer à un dialogue national dans ces conditions. Dans le même ordre d’idée, le Président SALL n’avait sans nul doute aucune intention d’inviter Sonko à un dialogue, sauf à l’amener à se déconsidérer aux yeux de ses partisans.
Si le dialogue national est le moyen destiné à présenter une configuration du panorama des élections et à la faire valider par une assemblée de notables et de partis non alignés, avec la présence de candidats potentiels crédibles comme Khalifa Sall pouvant rendre digeste l’absence d’Ousmane Sonko, s’il consiste en réalité à choisir des candidats et à en éliminer d’autres, en particulier Ousmane Sonko, il est évident, au vu de l’actuelle dégradation du climat politique, que l’on file tout droit vers l’échec.
Les deux protagonistes principaux tirent sur la corde ; elle risque de se casser à très court terme.
Certains crient : « foutons le au gnouf », en réponse, d’autres assènent « brûlons tout, on reconstruira après ».
Il est clair pour nous que l’élimination de Sonko du jeu politique est porteuse de destructions en tous genres, si l’on se réfère aux évènements de Ziguinchor et de la Caravane de la Liberté interrompue.
Depuis l’annonce du verdict de ce procès, les foyers de contestation et de destruction de biens publics et privés se sont démultipliés. Le pays a-t-il la capacité de porter la lourde charge du « GATSA GATSA » VS « FORCE RESTE A LA LOI », et le tout « quoiqu’il puisse en coûter » ?
Je ne le crois pas.
Tout détruire n’est pas responsable alors que les dettes ayant servi à réaliser ces biens et infrastructures demeurent, et que leur remboursement conditionne la qualité de la signature du pays dans les marchés financiers incontournables pour le financement des investissements longs.
Concernant la prochaine présidentielle, le Président Sall doit répondre à deux défis majeurs sur la candidature qui représentent les deux faces d’une même médaille. Il s’agit de présenter sa propre candidature au risque de se dénier au regard des engagements pris sur la question et, dans le même temps, d’éliminer la candidature de Sonko.
Le report des élections à 2026 permettrait au Président de différer les urgences. Il doit être dans l’idée des initiateurs de cette formule, de préparer sereinement l’amnistie envisagée pourles candidats potentiels, à savoir Khalifa Sall et Karim Wade, et étudier les conditions de son extension à Ousmane Sonko en 2026.
D’ici là, une épée de Damoclès serait suspendue sur sa tête.
Bien entendu, il ne s’agit ici que de politique fiction mais tous les scenarii doivent être mis en perspective car il s’agit d’un moment crucial de la vie de notre nation.
Ce scénario ne serait bien entendu valable que pour autant que le Président Macky Sall reste le maître du jeu.
Pour l’instant, la violence destructrice s’installe et touche particulièrement les biens publics et privés. Le lancement du dialogue national n’a pas été un franc succès du fait de son impréparation et de son caractère exclusif. Il a fait l’impasse sur Ousmane Sonko et la jeunesse qu’il incarne qui tiennent le pays en haleine depuis quelque temps, l’impasse sur l’économie et sur les questions de gouvernance.
Sur l’économie, des vérités doivent être dites en commissions au-delà du consensus observé quant à une réussite étayée par des réalisations d’infrastructures visibles et de taux de croissance consensuellement salués sans interrogation sur les transferts de revenus sociaux qu’ils auront permis, encore moins sur les transformations structurelles réalisées sur les diverses filières d’activités.
Les dégagements des participants sur les perspectives ouvertes par l’exploitation du gaz et du pétrole ont vite fait de clore la question. Un dialogue national non centré sur l’emploi des jeunes, dans une configuration où 60 % de la population a moins de 25 ans, exclut la grande majorité de la population.
Attention, le Président SALL n’est pas le seul responsable du sous-emploi structurel dans notre pays. Celui-ci est induit par un modèle économique datant de la colonisation perpétué par ses dirigeants successifs en charge de nos destinées depuis 63 ans.
Seulement, c’est pendant son magistère que les attentes de la jeunesse sont les plus fortes, et le désespoir plus grand..
Changer de paradigme devient, dans ces conditions, une urgence nationale, et le consensus « transpartisan », une exigence.
Le mythe de l’homme providentiel ou d’un Deus ex Machina qui apporterait une solution miracle pour sortir notre pays du sous-développement économique a vécu.
Bâtir un consensus sur les grandes orientations économiques, c’est parler le même langage de défense des intérêts nationaux en tout temps, au-delà des alternances politiques.
Nettoyer le programme économique de son prédécesseur sous le prétexte que le sien est meilleur, soumet le pays à des discontinuités dans les plans de développement. La force des dirigeants n’est point dans le regard de ceux qui les appellent « homme fort » ou qui vantent leur leadership. Elle réside plutôt dans leur capacité à mobiliser les citoyens sur des orientations économiques qu’elles finissent par s’approprier.
Le Sénégal a perdu beaucoup de temps. Le bruit, la fureur et l’adversité nous ont empêchés depuis 2019 de nous entendre sereinement sur les enjeux fondamentaux. Les élections étant dans 8 mois à peine, les critères de choix des citoyens tourneront autour de la confiance ou la peur, du conservatisme ou l’aversion pour le changement, tout cela au détriment des programmes économiques proposés par les prétendants, les citoyens n’ayant eu au préalable aucune information en la matière ni de temps disponible pour apprécier les offres politiques.
Cette échéance sera d’autant plus à risques que l’invalidation de la candidature d’Ousmane Sonko a été judiciairement actée à la fin d’un procès pour viol qui a tourné court.
En toutes hypothèses, éliminer de la compétition électorale le leader d’une jeunesse désespérée est gros de danger pour la tenue d’élections apaisées et la paix civile.
Imposer ces consultations, c’est prendre le risque d’un désordre assuré et ancrer les forces de défense et de sécurité dans l’affrontement avec les jeunes manifestants, dont nous avons en temps réel les avant-goûts.
L’ARMEE REQUISITIONNEE A DAKAR
En temps de guerre, disent les experts militaires, la gendarmerie combat aux côtés des armées. Mais en temps de « guérilla urbaine », pourrait-on ajouter, c’est l’Armée qui vient en renfort aux côtés de la Gendarmerie et de la Police.
Depuis avant-hier, des manifestations violentes se déroulent partout au Sénégal et particulièrement à Dakar après la condamnation du leader de Pastef Ousmane Sonko à deux ans de prison pour « corruption de la jeunesse ». Pour renforcer la Gendarmerie et la Police débordées par des manifestations coordonnées ayant fait plus de dix morts, l’Armée est réquisitionnée dans certaines parties du territoire national comme Dakar.
En temps de guerre, disent les experts militaires, la gendarmerie combat aux côtés des armées. Mais en temps de « guérilla urbaine », pourrait-on ajouter, c’est l’Armée qui vient en renfort aux côtés de la Gendarmerie et de la Police. Dans notre pays, depuis jeudi, ces forces de maintien de l’ordre sont débordées par des scènes de chaos ayant fait plus de dix morts sur l’étendue du territoire national. Cette présence militaire est visible dans certains points et carrefours stratégiques de Dakar où des soldats se sont déployés pour sécuriser les ministères, les édifices publics, les banques, des établissements de commerce, des endroits stratégiques comme la Sonatel et les mobiliers urbains. « C’est dans l’ordre constitutionnel normal que l’Armée soit réquisitionnée comme force de troisième catégorie. Parce qu’à chaque fois que les forces de maintien de l’ordre comme la gendarmerie et la police sont débordées, l’Armée vient en renfort ! » confirme une source militaire autorisée. Vu les équipements personnels des soldats et l’impressionnant arsenal militaire déployés sur le terrain, force est de se convaincre que le Chef d’Etat-major général des armées (Cemga), le général de Corps d’armée Mbaye Cissé, entend renforcer rigoureusement la gendarmerie et la police dans les opérations de sécurisation des personnes et des biens actuellement en cours.
Au regard des manifestations violentes suivies de casses et de pillages de plus en plus grandissantes mettant en péril l’intégrité physique des citoyens, et attentant aux biens tant publics et privés, la police et la gendarmerie n’ont pas chômé jeudi et hier, vendredi, face aux émeutiers. A Pikine, Ouest-Foire, Liberté VI, Parcelles Assainies, Poste Thiaroye, Diamaguéne, Rufisque, Guédiawaye, Grand Yoff et autres localités de la banlieue, des manifestants se sont défoulés sur des édifices publics et mobiliers urbains qu’ils ont saccagés ou brûlés. D’autres ont tenté de défoncer des guichets automatiques de banques (Gab), de détruire des banques et des stations-services avant d’être repoussés et pourchassés par les forces de l’ordre. De multiples dégâts corporels subis par des automobilistes et piétons agressés et dépouillés de leurs objets de valeur ont été également enregistrés sur les mains courantes des commissariats de police et dans les brigades de gendarmerie. De véritables scènes de « chaos » qui continuent de paralyser le pays.
PAR Ousmane Ndoye
DES INSTITUTIONS OU QUAND L’APPRENTI-SORCIER MENA SON PAYS AU CHAOS
Il nous faut nous attendre à ce qu’il ne s’arrête pas jusqu’à la catastrophe : quand il forcera sa 3e candidature ? quand il perdra les élections et refusera de céder le pouvoir ?
La crise politique actuelle au Sénégal démontre, s’il en était encore besoin, la nécessité d’avoir des institutions crédibles. Malheureusement, les institutions du Sénégal ont été fortement affaiblies durant ces vingt dernières années. Au passage du président Abdoulaye Wade, elles l’étaient déjà. L’espoir était permis d’une refondation de ces institutions avec l’avènement du nouveau président Macky Sall qui avait eu la chance de bénéficier de la dynamique des Assises nationales et avait lui-même enclenché un processus visant la refondation avec les travaux de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI). Malheureusement pour le Sénégal, les calculs politiciens de maintien du pouvoir ont prévalu et les conclusions de la CNRI ont été mises dans les tiroirs pour être remplacées par un toilettage cosmétique porté par un référendum qui n’a pas réformé grand-chose. La décrédibilisation des institutions entamée sous l’ère de l’ancien président s’est ainsi poursuivie.
Le nouvel élu a commencé par l’institution présidentielle entachée par l’affaire du pétrole et du gaz sénégalais au cœur duquel se trouvait son frère qui bénéficiait de sa signature de contrat malgré les recommandations contraires de l’Inspection Générale d’Etat (IGE). Puis vint le tour de l’Assemblée nationale où les députés de la liste de la majorité furent choisis par le président de la République, pour une institution censée contrôler l’Exécutif. Puis la Justice, devenue bras armé pour la liquidation d’adversaires politiques dont un se retrouvait exilé et un autre condamné dans la ligne droite de la course à la Présidentielle de 2019. Utilisant l’immense étendue de son pouvoir financier et de nomination, le nouveau président avait détruit au passage toutes les forces politiques et sociales qui pouvaient constituer une menace pour son pouvoir absolu, et, la nature ayant horreur du vide, il ouvrait la voie à l’émergence de forces politiques et sociales d’un nouveau type.
Toutefois, encouragé par l’acceptation de l’injustice par une frange de la population et sa réélection, le président maintint son cap pour poursuivre son entreprise de liquidation des forces adverses, avec toujours les mêmes méthodes.
Pendant qu’une partie de l’opinion vantait son génie politique, nous avons toujours pensé que cet apprentissage de la sorcellerie mènerait un jour le pays au chaos. Malheureusement, l’histoire nous a donné raison. Aujourd’hui, notre pays est au creux de la vague, avec une crise politique profonde, doublée d’une crise économique et sociale, avec son lot de violences, de morts et de destructions, à quelques mois d’une élection présidentielle où les principaux candidats de l’opposition ont été rendus inéligibles et le président sortant maintenant le flou sur une 3e candidature que la Constitution du pays n’autorise pas.
En définitive, l’apprenti-sorcier a piégé la démocratie sénégalaise, mais aujourd’hui le piège se referme sui lui-même, et in-fine sur un peuple sénégalais meurtri et désemparé. Et comme avec tous les apprentis-sorciers, il nous faut nous attendre à ce qu’il ne s’arrête pas jusqu’à la catastrophe : quand il forcera sa 3e candidature ? quand il perdra les élections et refusera de céder le pouvoir ?
Les enseignements ?
Les institutions d’un pays sont trop sérieuses pour qu’on joue avec, qu’on en use et en abuse ;
Un citoyen doit rejeter toute injustice même quand cette injustice s’abat sur des personnes ou des organisations qu’il n’aime pas, car à terme cette injustice ne touche pas seulement ceux qui en sont victimes mais tout le monde peut en subir les conséquences ;
Le peuple sénégalais doit être plus exigeant avec ses dirigeants, et, concernant le Président de la République, dès le début de son 1er mandat, en particulier sur la question de la refondation de nos institutions. En effet, une fois que le Président est encouragé dans l’apprentissage de la sorcellerie, il ne connait plus les limites et c’est la voie vers les dérives qui mènent au chaos. Cette exigence du peuple devra s’appliquer à tous nos futurs Présidents, car, malheureusement pour les peuples, les apprentis-sorciers ne sont pas une espèce rare ;
Si le peuple perd le combat en cours, les prochains combats - quand le président sortant forcera sa 3e candidature ou quand il perdra les élections et refusera de céder le pouvoir - seront sans nul doute plus désastreux et sanglants, car les limousines des apprentis-sorciers ragaillardis n’ont malheureusement pas de freins.
par Mamadou Oumar Ndiaye
MONSIEUR LE PRESIDENT, PAS D’AUTRE ISSUE POUR VOUS QUE DE NEGOCIER «CI NJEKK REK» AVEC OUSMANE SONKO
Dans toute guerre, il faut savoir parfois opérer des replis tactiques. Actuellement, Macky Sall est cerné, acculé et ne tient plus que par les forces de défense et de sécurité elles-mêmes débordées
Tout ça pour ca, serait-on tenté de dire ! Deux ans d’enquêtes, d’instruction, de lynchage médiatique, au moins 15 morts (jusqu’au jour du procès), de nombreux blessés, des centaines d’arrestations, des saccages et des dégâts matériels occasionnant des dommages s’élevant à des milliards de nos francs, une économie au ralenti, un pays coupé en deux…
On peut dire que le Sénégal a payé un très lourd tribut aux mensonges d’une jeune fabulatrice manipulée par des gens de la majorité présidentielle et qui prétendait avoir été violée par la figure de proue de l’opposition. Deux ans après, à l’issue d’un procès auquel le principal accusé n’a pas pu ou voulu se présenter, voilà qu’on nous dit « naxeee mbaay !!! », ah, ah on vous a bien eus pauvres cons, il n’y avait absolument rien de ce pourquoi Ousmane Sonko était poursuivi depuis deux ans !
Pas de viols répétés et encore moins de menaces de mort à l’encontre de l’accusatrice ! Justice était enfin rendue au pauvre leader de Pastef persécuté depuis le début de cette affaire ? Vous n’y êtes pas car on n’allait quand même pas le laisser repartir comme ça les mains vides, ce serait trop facile voyons! On va donc lui donner un « yobeul » en guise de cadeau souvenir de la justice sénégalaise : deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse. Un délit pour lequel il n’a jamais été poursuivi, contre lequel il n’a jamais été mis en position de se défendre et que le procureur de la République, bien en peine de soutenir l’accusation de « viol », a sorti de sa manche pour demander au président de la chambre de bien vouloir condamner Ousmane Sonko de ce chef si les accusations de viol et de menaces retenues contre lui n’emportaient pas son adhésion. Et le brave juge, qui ne pouvait évidemment rien refuser au maître des poursuites, s’est exécuté. Si ce n’est toi, c’est donc ton frère, avait dit le loup de la fable au malheureux agneau avant de le dévorer Ici, l’on a dit à Ousmane Sonko que si ce n’est pas un viol et s’il n’y a pas eu de menaces de mort à l’encontre de la menteuse Adji Sarr, c’est donc qu’il a corrompu la jeunesse !
En vertu — ou en répression — de quoi, on l’a condamné à une peine de deux ans de prison ferme. Voilà donc la singulière façon dont la justice est rendue au nom du peuple sénégalais c’est-à-dire à notre nom à tous. On ne sait pas encore si le brillantissime magistrat qui a rendu le jugement d’avant-hier est allé ensuite se laver les mains avant de s’écrier, comme Ponce Pilate, le procurateur romain qui avait condamné à mort Jésus Christ : « je suis innocent du sang de ce juste ! » Il y aurait en tout cas eu de quoi tellement ce jugement est scandaleux et ne fait que traduire la volonté du président de la République de voir liquider son principal adversaire, celui qui est le plus idéalement placé pour l’empêcher de réaliser la passe de trois c’est-à-dire d’obtenir ce troisième mandat — oups, pardon ce second quinquennat ! — auquel, selon beaucoup de gens, il penserait le matin en se rasant…
Le droit est mort et la justice injuste !
Partout dans le monde, et singulièrement en Afrique, où la justice ne rend pas des décisions justes — ou en tout cas perçues par telles par les populations auxquelles elles s’appliquent —, c’est le début de l’anarchie, les gens cherchent à se faire justice eux-mêmes, les forts écrasent les faibles et la raison du plus fort (celle-là même que cherche à faire prévaloir le régime qui nous gouverne) tend à devenir la meilleure. Comme celle du loup de la fable ! Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner de voir les peuples prendre les choses en main vu qu’ils ne se reconnaissent plus dans leur justice.
De ce point de vue, le spectacle auquel on a assisté jeudi à savoir celui d’étudiants brûlant la Faculté de Droit d’une Université en s’écriant : « Le droit est mort ! », « Le droit est mort ! » est un symbole extrêmement fort sur lequel il convient de méditer sérieusement. En tout cas, les morts (plus de onze officiellement en deux jours), les blessés, les dégâts matériels extrêmement importants — il y en a eu pour des milliards de nos francs —, la paralysie de l’économie, l’arrêt de tout trafic automobile, la fermeture des écoles…auxquels on a assistés immédiatement après le verdict de ce procès, tout cela prouve que d’importants pans de notre pays ne se sont pas retrouvés dans ce jugement à l’opposé de celui de Salomon ! Un jugement d’une justice tropicale dans une République arachidière…
En tout cas, les émeutes de ce jeudi noir et d’hier vendredi ont fini de montrer toute la vanité des rodomontades du président de la République déclarant sur un ton martial et à manière d’un matamore, à Diamniadio, devant les participants à ses concertations sur le pétrole et le gaz, que « ce qui s’était passé ici en mars 2021 ne se reproduira plus jamais! » Hélas, malgré les équipements répressifs de dernière génération offerts aux forces de défense et de sécurité et, dit-on, les conseils d’experts israéliens, cela s’est reproduit en plus grave avant-hier et hier. Car même s’il y a eu moins de morts qu’il y a deux ans (pour le moment du moins), les destructions, elles, sont bien plus importantes. Et tout cela parce que, jamais deux sans trois, on a voulu conduire à l’abattoir un opposant susceptible de s’opposer à l’envie de rempiler d’un président de la République après Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall avant le scrutin de 2019.
Dans plusieurs quartiers de Dakar et beaucoup de localités du pays, ces deux jours, les manifestants étaient maîtres de la rue désertée par les policiers et les gendarmes. Et, l’Armée a même dû être appelée à la rescousse. Tout cela au lendemain du dialogue en forme de « deal » lancé en grande pompe mercredi par le président de la République. Un dialogue boycotté par la frange la plus significative de l’opposition qui voulait tenir au même moment son « contre-dialogue » interdit par le préfet de Dakar et dispersé à coups de grenades lacrymogènes par les FDS qui n’ont pas hésité à investir en toute illégalité le siège d’un parti politique pour en déloger les responsables de l’opposition qui s’y trouvaient !
N’étant ni des devins, ni des mages, ne sachant pas manier les cauris encore moins lire dans le marc de café, nous ne nous hasarderons donc pas à prédire l’issue de cette énième éruption populaire qui a éclaté après le verdict du procès Adji Sarr/Ousmane Sonko. La seule chose dont on soit sûrs, en revanche, et qui est aussi certaine que le lever du soleil, c’est celle-ci : le président de la République ne pourra jamais écraser par la force ce soulèvement populaire qui débute. D’autres présidents plus puissants et mieux armés que lui s’y sont essayés ailleurs (Tunisie, Egypte, Libye…) et se sont cassé les dents. La seule solution de sagesse et l’unique voie de salut résident — si ce n’est trop tard, hélas — dans l’ouverture de négociations franches avec l’opposition et son chef, Ousmane Sonko. Le Président devra dire clairement qu’il ne briguera pas un troisième mandat, permettre à tous les candidats qui le désirent de se présenter à la présidentielle de 2024 et libérer les centaines de prisonniers politiques détenus dans ses geôles — dont notre confrère et ami Serigne Saliou Guèye embastillé sous le ridicule délit d’exercice illégal de la profession de journaliste.
Le seul avec qui le président de la République doit négocier c’est Sonko et non pas avec les charlots et autres Pieds-Nickelés qu’il a invités à son dialogue « Benno » et qui ne représentant absolument rien du tout et même pas leurs propres personnes!
Un « dialogue » qui lui aura coûté cher assurément parce que sa phrase « si les gens ne veulent pas que je fasse un autre mandat, ils doivent me le demander gentiment car nul ne peut me forcer » — nañu mako laaj ci njekk — a contribué à attiser la colère populaire. Dans toute guerre, il faut savoir parfois opérer des replis tactiques. Actuellement, le président Macky Sall est cerné, acculé et ne tient plus que par les forces de défense et de sécurité elles-mêmes débordées. Il a tout intérêt à reculer et à négocier car sinon hélas…
Par Me Ciré Clédor LY
CLARIFICATION
Me Ciré Clédor LY membre du collectif de la défense d’Ousmane SONKO est formel
L'état avait mis la résidence de Ousmane Sonko en état de siège dans l'attente qu'on lui livre une commande politique emportant privation systématique de ses Droits électoraux, à savoir une condamnation avilissante et infamante pour crime de viol.
Pour rappel, Ousmane Sonko n'a jamais reçu de convocation et n'a pu comparaitre ni être défendu.
La Chambre Criminelle n'a pu livrer la commande et a prononcé un verdict d'acquittement.
Cependant, elle a trouvé une pirouette tout aussi inacceptable, inconcevable et inexplicable, une peine de substition par défaut, pour condamner le leader de l'opposition Sénégalaise.
L'ordonnance de renvoi et de mise en accusation pour crime et délits connexes, fixe les limites de la compétence et de la saisine de juridiction de jugement et de ses juges. Dès lors, lorsque les juges sont convaincus de l'innocence d'un accusé parce que les faits reprochés ne sont pas constitués ou les éléments matériels constitutifs des éléments du crime ne sont pas réunis, il acquitte purement et simplement sans pour autant substituer au crime un autre crime ou un délit non visé dans l'acte d'accusation.
L'incitation de mineurs à la débauche ou la corruption de la jeunesse (deux infractions distinctes dans leurs éléments constitutifs l'une l'autre bien que voisines) sur une mineure de 21 ans, ne figurent ni dans l'acte d'accusation qui a saisi la juridiction de jugement, encore moins dans la convocation servie à la co-accusée, l'héroïque Ndèye Khady Ndiaye qui contient aussi les seules infractions retenues contre le leader de l'opposition démocratique à l'exclusion de toute autre.
Les faits retenus pour atteindre l'objectif de privation du Droit d'être candidat à une élection et de destitution de la fonction de Maire de Ziguinchor, n'ont jamais fait l'objet d'une instruction ou d'un débat, même hors la présence de l'accusé.
La contumace est une sanction obsolète qui a disparu de toutes les législations des États Démocratiques parce qu'inconciliable avec les impératifs des droits de la défense et du droit de toute personne de pouvoir contester sa culpabilité et la peine devant une juridiction d'appel y compris le contumax.
Une condamnation avait été annoncée par certains responsables politiques du régime en place dans des vidéos virales qui circulent encore sur la toile et qui anticipait le verdict impunément, confortant les accusations de complot d'Etat. En tout état de cause, avec la décision rendue, le leader charismatique est dégagé du contrôle judiciaire et recouvre sa pleine et totale liberté.
Son passeport doit lui être immédiatement rendu à l'instant et sans délai, les barrières érigées devant son domicile devront aussi être levées et les forces de répression renvoyées illico presto dans leurs casernes. Ce sont les conséquences immédiates du verdict rendu.
Par ailleurs, tous les comploteurs qui sont responsables du chaos installé dans le pays avec son cortège de morts et de désolation, doivent être poursuivis et punis. Pour la suite, nous aviserons dès que nous nous serons concertés avec notre client.
LES ESPACES LIBERES BRADES, LES POPULATIONS ALERTENT
Keur Massar, un des nouveaux épicentres des inondations à Dakar, porte encore les stigmates des fortes pluies enregistrées l’hivernage dernier et ayant occasionné d’importants dégâts.
Keur Massar, un des nouveaux épicentres des inondations à Dakar, porte encore les stigmates des fortes pluies enregistrées l’hivernage dernier et ayant occasionné d’importants dégâts.
Les cités Firdawsi, Cpi (Compagnie prestige immobilier) et le quartier Médinatoul Mounawara de Keur Massar portent encore les stigmates des inondations. Les fortes pluies enregistrées l’année dernière ont occasionné d’importants dégâts. Les murs se sont fissurés et les pans entiers des maisons menacent de céder. Pour lutter contre les inondations fréquentes dans cette commune, des espaces ont été aménagés, avec la création de 11 bassins et près de 8 km de canalisation pour permettre l’évacuation des eaux de ruissellement.
En outre, quelques victimes, en guise d’indemnisation, ont bénéficié pour chaque famille «une villa d’une valeur de 15 millions de FCFA dont l’Etat s’est engagé à verser les 11,5 millions de FCFA. Et le reste, les 3,5 millions, sont à la charge du propriétaire», ont révélé les deux délégués de quartier, Ndiaga Tall et Moustapha Sène, respectivement des cités Sipress et Socabeg (Société d’aménagement de bâtiments et d’études générales). Le montant étalé sur dix (10) ans, il (le propriétaire) doit payer par mensualité 37.966 FCFA. Cette somme englobe les assurances.
SUR 140 QUARTIERS, SEULS 60 CONCERNES PAR LE RELOGEMENT DES VICTIMES DES INONDATIONS DANS 2000 VILLAS DONT 1200 CONSTRUITS A TIVAOUANE PEULH ET 800 A NIAGUE
En ce qui concerne la vente des espaces libérés, Moustapha Sène, délégué de quartier de la cité Socabeg, confie : «Je ne connais pas de personnes bénéficiaires du relogement dans cette cité qui ont vendu ou mis en location les maisons qu’ils ont libérées. On nous a délogés, en septembre 2013, des Parcelles Assainies unité 10 de Keur Massar, suite aux inondations, pour nous reloger dans la zone de Tivaouane Peulh, grâce au partenariat entre l’Etat du Sénégal et ce promoteur immobilier privé (Socabeg). Au total, 2000 logements ont été répartis comme suit : 1200 villas à Tivaouane Peulh et 800 logements à Niague et qui ont été distribués aux personnes déplacées.
Ces logements ont été construits par la Socabeg et d’autres promoteurs immobiliers (Sipress, Sidak, Cstp, Nouvelle destination la Linguère et la SSBS». Seuls 60 quartiers sur les 140 que compte Keur Massar sont concernés par cette mesure de délocalisation des victimes. Cependant, malgré ce dédommagement, le «patrimoine étatique, ces espaces libérés où sont prévus des infrastructures : parcours sportifs, écoles, aires de jeu etc. sont bradés. Le Service technique (St) de la mairie de Keur Massar Nord, en collaboration avec le Préfet du département, va servir des sommations aux concernés», a révélé Pape Omar Mbaye, directeur dudit service. Pour sa part, le coordonnateur du Comité de gestion des eaux pluviales (Coligep), M. Maguatte Niang, souhaite que la Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol (Dscos) les contacte, pour s’informer, avant d’intervenir. Car, il y a des gens dont les parcelles ne font pas partie des espaces libérés. En attendant, souligne M. Mbaye, «nous avons commencé à faire la cartographie des espaces libérés. On procède par recensement, en prenant les coordonnées topographiques. Cinq (5) quartiers ont été choisis : Wade, Omar Diallo, Diaksao, Minam et Montagne. Il reste la zone de Boune à recenser».
TOUTES LES MAISONS LIBEREES N’ETANT PAS DEMOLIES, DES PERSONNES DEPLACEES ONT LOUE OU VENDU LEURS ANCIENNES HABITATIONS
Le Projet de gestion des eaux pluviales et d’adaptation au changement climatique (Progep), piloté par l’Agence de développement municipal (Adm), est à pied d’œuvre, avec une enveloppe financière d’un montant de 13,6 milliards de FCFA pour réaliser les 11 bassins et près de 8 km de canalisation. «Il fallait déplacer plusieurs personnes. Toutes les maisons libérées ne sont pas démolies. C’est pourquoi, certaines personnes déplacées ont loué ou vendu leurs maisons. A cela s’ajoute le problème de la sécurité», a fait remarquer Maguatte Niang, du Progep, par ailleurs, coordonnateur du Coligep. Seulement, les efforts fournis risquent d’être compromis. «Les zones étaient des lacs et bas-fonds devenues habitables», déplore-t-on. Les bassins attendent par conséquent d’être nettoyés avec la saison des pluies qui va s’installer bientôt. Et les populations d’alerter que si rien n’est fait, «nous risquons de tomber dans les même travers que l’année dernière. Les populations étaient impuissantes face aux inondations». Abdoulaye Diémé, un habitant du quartier Aïnoumady, explique : «nous sommes plus d’une trentaine de victimes des inondations. Nous avons quitté nos maisons, qui sont sous les eaux, pour aller louer ailleurs. Nous n’avons pas regagné nos domiciles car ils sont toujours sous les eaux.»
EN ATTENDANT LA REALISATION DES OUVRAGES DU PROGEP II, A PARTIR DE 2024, DES MOTOPOMPES DE GRANDS DEBITS PREVUES POUR L’HIVERNAGE 2023
Jusqu’à nos jours, les travaux des canalisations, malgré les tracés qui ont été faits, n’ont pas encore démarré. Néanmoins, les habitants, avec le soutien des autorités et les cotisations d’une trentaine de familles, ont pu acheter une motopompe électrique à 750.000 FCFA et des tuyaux d’une distance de 600 mètres à 1.300.000 FCFA. Pour le délégué de quartier Firdawsi, ancien gendarme à la retraite, Moussa Wade, «le problème des inondations n’est pas définitivement réglé. Cependant, il y a des avancées significatives. Nous sommes concernés par la deuxième phase du Progep (Progep II). Les techniciens sont venus faire des relevés, la réalisation des ouvrages est prévue pour l’année 2024. Pour cet hivernage, on nous a octroyé des motopompes de grands débits, pour l’évacuation des eaux pluviales.» L’argent collecté pour lutter contre les inondations et évacuer les eaux pluviales des maisons est insuffisant. Il est difficile d’obliger tout le monde à participer, bien qu’ils habitent tous dans le même quartier (Cité Firdawsi). Car, il y a des gens qui ne sont pas concernés par les inondations. C’est pourquoi, selon, M. Babacar Sané, «la somme collectée est insignifiante par rapport à nos besoins. Seule une trentaine de familles ont cotisé, en raison de 50.000 FCFA par famille. Le matériel que nous avons acheté, c’est grâce au soutien de l’ancien et des deux maires de Keur Massar (Nord et Sud)».
DES MAISONS EN CONSTRUCTION TOUJOURS DANS DES BASFONDS INONDES
Du côté de la Cité Cpi, dans les terrains situés dans les bas fonds, l’eau stagnante est visible. Dans ceux en chantier, les maçons évacuent l’eau à l’aide de motopompes, avant de construire. «Auparavant, dans cette cité, nous étions à l’abri des eaux pluviales. Mais, au fur et à mesure que les gens s’installent, la situation est devenue incontrôlable. Aujourd’hui, une bonne partie des maisons du quartier sont menacées. Elles risquent de se dégrader ou de s’effondrer, si rien est fait», déclare un habitant de la Cité Cpi. L’incivisme des populations qui jettent des ordures dans les bassins de rétention, qui doivent permettre le drainage des eaux pluviale, risque, à terme d’annihiler, tous les efforts qui ont été faits (la réalisation des bassins). Pourtant, l’Agence de développement municipal (Adm) a mis en place des cabinets de facilitation, en l’occurrence le cabinet Gérard. Il travaille avec le Comité d’initiative local, en les encadrant dans la sensibilisation. Les membres du Coligep sont des volontaires qui œuvrent pour la sensibilisation des habitants des 140 quartiers de Keur Massar. «L’Adm doit nous aider à évacuer les ordures qui sont dans les bassins. Il nous faut des Poquelin et des camions. Il nous faut un soutien de la Mairie. Le Coligep n’a pas de moyens pour mener convenablement ses activités. Le drainage des eaux jusqu’à la mer va poser d’énormes problèmes, avec les bassins où les gens jettent des ordures», a relevé, M. Maguatte Niang, le responsable local du Comité. Le Comité d’initiative, selon Magatte Niang, «doit être pérennisé, même après la deuxième phase du Progep dont la fin est prévue en 2026», a-t-il poursuivi.
INQUIETUDES DES POPULATIONS, ALORS QUE L’HIVERNAGE S’ANNONCE
Par contre, au quartier Médinatoul Mounawara, situé près du CEM de Keur Massar village, c’est une bonne partie des maisons qui est constamment submergée par les eaux pluviales pendant la saison des pluies. Pour Diamou Sow, notable à Médinatoul Mounawara, «la situation que nous avons vécue pendant l’hivernage dernier est indescriptible. Nos maisons étaient littéralement envahies par les eaux. On se déplaçait en pataugeant dans les eaux. Une équipe de techniciens chinois a effectué le déplacement ici, pour constater l’état des lieux. Il était prévu d’installer des canalisations et des bassins dans ce quartier. Jusqu’à nos jours, les travaux n’ont pas démarré. Alors que l’hivernage va s’installer bientôt.» En outre, à la Cité Namora, sise à Tivaouane Peulh, la situation est préoccupante. Des parcelles estimées à plusieurs hectares ne peuvent être construites. Et pour cause, le délégué de quartier, Mamadou Badji, déclare que «l’eau continue à stagner. Les parcelles sont de véritables lacs. Pour évacuer ces eaux, il faut déployer d’énormes moyens. Peu de personnes peuvent supporter le coût financier. De la fondation jusqu’à la finition de la maison, cela va nécessiter l’investissement d’une somme importante d’argent. L’année dernière, j’étais sollicité par les familles des victimes des inondations à la recherche d’un toit». Cette année, selon les prévisions de la météo, «la situation va être pire que celle de la saison précédente. A Namora, à part l’achat des motopompes, aucune solution n’a été trouvée. D’ailleurs, la route latéritique ne fera qu’empirer le problème : l’eau ne peut s’infiltrer à cause des pierres. Cela va avoir des conséquences dans le quartier», avertit Mamadou Badji.
Contrairement à ce qu’avancent certaines personnes, la cité Namora n’a pas été aménagée pour accueillir les personnes déplacées de Keur Massar, Yeumbeul Nord et Sud, Thiaroye, Guédiawaye, etc. L’année dernière, en 2022, beaucoup de familles ont été contraintes de déménager, à cause des inondations. En payant plus cher le loyer. Car les eaux pluviales et les fosses septiques ont fortement pollué leur environnement.
ALIOU CISSE OPTE POUR LA CONTINUITE ET L’EQUITE SPORTIVE
La compétitivité et la régularité ! Tels sont les deux critères qui guident les choix des sélectionneurs de football. Aliou Cissé n’échappe à cette règle presque codifiée.
La compétitivité et la régularité ! Tels sont les deux critères qui guident les choix des sélectionneurs de football. Aliou Cissé n’échappe à cette règle presque codifiée. Toutefois, le champion d’Afrique refuse aussi de s’enfermer dans ce carcan. Souvent, il use d l’extra-sportif pour consolider ses acquis et conserver le dynamique de son groupe. Face au Bénin le 17 juin prochain et contre le Brésil en amical le 20 courant, «El Tactico» a préféré rester dans la continuité tout en respectant l’équité sportive. Mais au delà, il ne cracherait pas sur la première place au classement Fifa que le Sénégal a perdu au détriment du Maroc au lendemain de la coupe du monde Qatar2022.
Ceux qui s’attendaient à ce que le sélectionneur de l’équipe nationale de football du Sénégal laisse ses «cadres» au repos lors du déplacement des Lions à Cotonou le 17 juin prochain pour le compte de la 5ème journée des éliminatoires de la coupe d’Afrique des nations Côte d’Ivoire 2023, n’ont qu’à déchanter. Nonobstant la qualification de son équipe après la 4ème journée à Maputo, face au Mozambique, Aliou Cissé ira affronter le Bénin à Cotonou avec ses «stars». Point donc de turnover encore moins d’élargissement du groupe à la recherche de néo-Lions. Que nenni ! Cissé compte sur Sadio Mané, Idrissa Gana Guèye, Kalidou Koulibaly etc., comme en témoigne la liste des 26 Lions qu’il a publiée hier, vendredi 2 juin. Si on note les absences d’Edouard Mendy (un seul match avec Chelsea depuis son retour de blessure), Noah Fadiga, Bamba Dieng et Boulaye Dia (blessé et opéré), on y remarque aussi les retours d’Abdou Diallo, Ismaila Jacobs, Cheikhou Kouyaté, Ismaila Sarr, Nicolas Jackson et autres Fodé-Ballo Touré.
DES REPONSES ATTENDUES
Selon des membres du staff technique, Aliou Cissé a besoin des réponses de la part de certains joueurs. «Nous avons besoin de voir davantage certains joueurs avant de prendre une décision finale en perspective de la prochaine Can. C’est le cas par exemple de Moussa Niakhaté, Formose Mendy etc.», confie une source du staff technique. Et d’ajouter : «le Sénégal sera très attendu en Côte d’Ivoire. Nous avons donc besoin d’avoir des certitudes sur certains joueurs avant le choix final». Rappelons qu’en plus du Sénégal, cinq autres équipes sont aussi qualifiées avant la fin de la campagne des éliminatoires. Il s’agit du Burkina Faso, de l’Afrique du Sud, de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie. Vingt-quatre (24) équipes participeront à cette 34ème édition de la CAN. Le tirage au sort des phases de poules aura lieu le 12 octobre prochain.
CINQ MOIS FATIDIQUES
Aliou Cissé avait déjà alerté. L’équipe nationale n’est définitivement acquise à aucun joueur. Mais, elle n’est pas non plus fermée à un quelconque joueur. Par conséquent, seuls les critères de performance devraient guider ses choix. Il dispose ainsi de cinq mois pour sélectionneur 23 joueurs devant défendre le titre du Sénégal à la prochaine coupe d’Afrique des nations prévue du 13 janvier au 11 février 2024 dans les villes ivoiriennes d’Abidjan, de Bouaké, de Korhogo, de San-Pédro et de Yamoussoukro. Les joueurs devraient donc profiter de mercato d’été pour faire un bon choix. Ce d e r - nier devrait être sportif pour beaucoup d’entre eux qui veulent retrouver leur temps de jeu devant leur permettre d’être sélectionnable.
Face à cette situation, il est préférable d’être «grand parmi les petits que d’être petit parmi les grands». D’ailleurs l’inquiétude commence à gagner du terrain au sein de tanière où plusieurs cadres ont perdu leur place de titulaire, pour diverses raisons. C’est le cas de Sadio Mané avec le Bayern Munich, Nampalys Mendy avec Leicester entre autres. Pendant ce temps, ceux à qui, on avait prédit un avenir radieux devant assurer la relève, végètent de club en club à la recherche du temps de jeu et de la stabilité. On peut citer Pape Matar Sarr, Bamba Dieng, Ismaïlia Sarr etc. Les uns comme les autres ont donc tous intérêt à faire un bon choix afin de retrouver la plénitude de leurs moyens.
RESPECT DE L’EQUITE SPORTIVE ET AU DELA…
Le Sénégal a décroché sa qualification lors de la 4ème journée des éliminatoires de la CAN2023 en s’imposant (0- 1) devant le Mozambique. Mieux, le Sénégal est assuré de terminer premier de la poule L, avec 12 points. Pour autant, Aliou Cissé a préféré garder son groupe avec ses cadres pour partir à l’assaut du Bénin (2ème). Le sélectionneur des Lions a ainsi choisi de respecter l’équité sportive jusqu’au bout au lieu d’envoyer à Cotonou des «coiffeurs». Ce qui le cas échéant, allait déplaire aux Mozambicains mais aussi aux Rwandais.
Rappelons que lors de la deuxième journée, les autorités rwandaises avaient reçu le Sénégal au stade du président Abdoulaye Wade de Diam- n i a - dio où ils ont été battus ( 1 - 0 ) . Paul Kag a m é aurait déc i d é qu’il en soit ainsi alors que généralement, les pays ne disposant pas de stades h o m o l o - gués, préfèrent souvent recevoir leur hôte en dehors de son territoire. Un geste haut e m e n t apprécié. Certains analystes soutiennent d’ailleurs que le Chef de l’Etat, Macky Sall devrait rendre à son homologue rwandais la monnaie de sa pièce. Ce, même si le stade de Kigali n’est pas totalement achevé. Quitte à jouer au stade Pelé, qui a été inauguré en marge du 7 3 è m e congrès de la Fifa par le Président Gianni Infantino et le président Paul Kagamé. Il avait d’ailleurs abrité le match Rwanda-Bénin le 29 mars dernier mais à huis clos, sur autorisation de la CAF, parce que ne disposant pas de tribunes.
Mais au-delà de l’équité sportive et/ou la géopolitique susmentionnées, Aliou Cissé pense aussi à la reconquête de la première place africaine au classement de la Fifa perdue au détriment du Maroc, grâce à une place de demi-finale au Mondial qatari. Ce qui passe forcément par une victoire à Cotonou face au Bénin et une grosse performance à Lisbonne contre le Brésil de Neymar Jr.
Milieux de terrain : Idrissa Gana Gueye, Nampalys Mendy, Pape Gueye, Pape Matar Sarr, Cheikhou Kouyaté, Pathé Ciss, Dion Lopy
Attaquants : Sadio Mané, Krépin Diatta, Habib Diallo, Ismaila Sarr, Pape Ousmane Sakho, Nicolas Jackson, Ilimane Ndiaye
‘LES AUTORITES DOIVENT IMMEDIATEMENT ARRETER LES VIOLENCES POLICIERES ET RETABLIR LES RESEAUX SOCIAUX’
Nous condamnons les restrictions d’accès aux réseaux sociaux et la coupure du signal de la chaine de télévision privée Walf TV par les autorités sénégalaises, dans le contexte des manifestations violentes qui ont eu lieu à Dakar, Ziguinchor et Kaolack,...
Nous condamnons les restrictions d’accès aux réseaux sociaux et la coupure du signal de la chaine de télévision privée Walf TV par les autorités sénégalaises, dans le contexte des manifestations violentes qui ont eu lieu à Dakar, Ziguinchor et Kaolack, entre autres villes.
Ces restrictions au droit à la liberté d’expression et à l’information constituent des mesures arbitraires contraires au droit international, et ne sauraient être justifiées par des impératifs de sécurité", réagit la directrice régionale du bureau d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Samira Daoud. Poursuivant, elle ajoute "
De même les arrestations arbitraires doivent immédiatement cesser. Nous appelons notamment les autorités sénégalaises à libérer sans conditions Aliou Sané, coordonnateur de Y’en a Marre détenu depuis le 30 mai, ainsi que deux membres de FRAPP, Bentaleb Sow, détenu depuis le 31 mai et Tapha Diop, arrêté alors qu’il allait s’enquérir des nouvelles des personnes placées en détention à la gendarmerie Foire".
Pour sa part, le directeur exécutif d’Amnesty Sénégal, Seydi Gassama de déclarer " Nous appelons également les autorités sénégalaises à diligenter des enquêtes crédibles et indépendantes sur les morts enregistrées dans le contexte des manifestations, à Dakar et à Ziguinchor. Nous rappelons aux autorités sénégalaises que la force ne doit être utilisée que lorsqu’elle est nécessaire et de manière proportionnée. La vie et l’intégrité physique de toutes et tous doit être respectée et protégée par les forces de l’ordre.
DES SCENES DE PILLAGE A PIKINE TALY BOUMACK
On a assisté à plusieurs scènes de pillage de places d’affaires dans la journée du vendredi alors qu’on pensait qu’elle serait calme avec la prière de la mi-journée.
On a assisté à plusieurs scènes de pillage de places d’affaires dans la journée du vendredi alors qu’on pensait qu’elle serait calme avec la prière de la mi-journée.
Des groupe de jeunes âgés entre 14 et 24 ans ont assailli la rue 10 avant de s’ébranler à l’intérieur de Pikine et de se retrouver devant la banque Ecobank et la boutique de vente de produits électroménagers Tecno qu’ils ont pillée totalement. Heureusement pour le propriétaire qui avait vidé la veille une grande partie de la marchandise.
L’institution financière Ecobank qui est à côté n’est pas épargnée, les jeunes ont défoncé la porte avant de s’engouffrer dans la banque pour prendre tout ce qui est à leur portée. Les jeunes n’ont pas cependant pu sortir avec de l’argent car le coffre demeurait introuvable pour les jeunes casseurs. Des casses et pillages sans la présence des forces de défense et de sécurité laissant libre court aux jeunes de semer la terreur sur toute la route en défonçant un autre magasin de vente d’électroménagers.
On a noté l’intervention de la police juste après la prière car les jeunes en nombre pléthorique se dirigeaient vers le commissariat de police mais c’était sans compter avec la ténacité des Fds qui ont repoussé les jeunes qui ont entretemps réussi à saccager avant de mettre le feu dans La Banque Atlantique à côté de la police.
Renforcées par les éléments de la BIP, les forces de défense parviennent à les repousser jusqu’au niveau de marché zinc. Là aussi, les jeunes casseurs ont caillassé la banque BHS sur l’avenue Tally Boumack. Les heurts entre les Fds et les jeunes casseurs se sont poursuivis jusque tard dans la nuit.
BLESSE PAR BALLE A THIAROYE, LE JEUNE MOUHAMED SYLLA SUCCOMBE DE SES BLESSURES
Le jeune Mouhamed Sylla a finalement rendu l’âme à l’hôpital Roi Bédouin de Guédiawaye ou il a été admis pour des soins intensifs, suite à la balle reçue à Thiaroye. Le jeune « Mohamed Soussou » a trépassé suite aux violentes manifestations notées dans la banlieue Dakaroise. La victime habitant le populeux quartier Sant Yalla de Thiaroye avait reçu une balle. Evacué à l’hôpital, sa vie n’était pas en danger, informait un de ses oncles la veille. « Je suis parti le voir à l’hôpital, il me semblait qu’il allait s’en sortir » avait lancé son oncle. Mais les choses se sont passées autrement le lendemain de sa déclaration, la victime trépasse, l’opération pour le sauver de la balle reçue n’a pas réussi. Il meurt le lendemain vers 13 heures, d’après un de ses proches. Ce qui allonge la liste macabre à 10 victimes.