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4 mai 2024
«LA SONACOS A LA POSSIBILITE D’EXPORTER DES GRAINES QUAND ELLE AURA FINI DE TRITURER…»
En réponse à cette polémique autour de l’exportation de graines par la Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal, Modou Diagne Fada, Dg de la Sonacos semble clore le débat.
Alioune Badara DIALLO (Correspondant à Kaolack) |
Publication 21/01/2021
En réponse à cette polémique autour de l’exportation de graines par la Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal, le Dg de la Sonacos semble clore le débat.
En effet, selon Modou Diagne Fada, sa société a le droit d’exporter des graines puisque « le chef de l’Etat a lui-même décidé que si la Sonacos finit de triturer une bonne quantité de graines en huile et tourteaux, libre à elle d’exporter le reste ».
Seulement, le patron de l’huilier national semble ne tenir compte du caractère « faux » des chiffres de un million huit cents mille tonnes d’arachides déclarés cette année et remis en cause par les producteurs eux même. Dès lors, comment accorder du crédit aux 50 mille tonnes d’arachides collectées au total au Sénégal, à la date d’hier, surtout que lui-même assume que, dans les prochains jours, la Sonacos va revoir à la baisse le prix au producteur sur lequel elle avait appliqué une hausse. Ce même si, d’après les producteurs, « ce n’est que virtuel ».
Selon lui, « la Sonacos constate que son niveau de collecte est en train d’augmenter avec plus 32 mille tonnes collectées au niveau national et 850 tonnes de graines décortiquées, pour un cumul à peu prés 50 mille tonnes ». Autrement dit, la quantité collectée est suffisamment importante pour qu’une exportation de graines soit envisagée.
Modou Diagne Fada informe aussi que sa société va « arrêter d’acheter au même prix au producteur en vigueur » (et pourtant, elle avait annoncé une hausse du prix au producteur) pour une seule raison selon ses propres mots : « La Sonacos ne pourra pas tenir financièrement si elle suit la concurrence car, avec 320frs le kg, nous risquons ne n’avoir pas de quoi faire tourner nos machines », a-t-il dit. Fada annonce la baisse du prix au producteur Selon nombre de producteurs interrogés, « la Sonacos, après avoir annoncé l’augmentation du prix au producteur, est absente du terrain, ce qui veut dire qu’elle a simplement fait une hausse virtuelle ».
En tout cas, selon certains acteurs interrogés par « Le Témoin », « les usines de la Sonacos ne sont pas en bon état pour triturer les graines, c’est tout le sens de la décision de revendre les vingt mille tonnes l’année dernière ». Une dernière note qui en dit long, le Dg de la Sonacos avoue que « le site de Lyndiane (unité industrielle de Kaolack) est en retard sur la campagne de collecte, il occupe la dernière place en termes de quantité de graines collectées, avec 3670 tonnes, derrière Louga, Kolda, Ziguinchor, Diourbel ».
A l’en croire, « cela est dû au fait que l’usine de Lyndiane est ceinturée par des entités d’exportation étrangères, ce qui fait que notre usine peine a s’approvisionner correctement en matière première même si nous espérons une amélioration de la situation ». Il explique les difficultés de collecte de la Sonacos par « une concurrence qui est parfois déloyale car, depuis la disparition des coopératives, les opérateurs privés stockeurs (Ops) collecteurs ont pris le relais, une situation bouleversée par l’ouverture du marché à la concurrence. Or, étant donné que nous ne pouvons plus attendre que les Ops nous fournissent des graines, c’est donc le moment pour nous de nous réajuster comme le dit le chef de l’Etat en remettant en cause le cadre global qui réunit tous les producteurs. » C’est ce qui explique, selon Diagne Fada, que, l’année prochaine, la Sonacos sera bord champ pour avoir un maximum de graines. Destinées à être exportées en l’état ?
QUAND LA SONACOS VEND EN L’ETAT SES GRAINES DECORTIQUEES AU LIEU DE LES TRITURER !
Dénonçant une arnaque, les agriculteurs mettent en garde l’huilerie nationale contre toute décision de renouveler cette approbation du ministère de l’Agriculture et menacent de saisir… l’OMC !
Alioune Badara DIALLO (Correspondant à Kaolack) |
Publication 21/01/2021
Dénonçant une arnaque, les agriculteurs mettent en garde l’huilerie nationale contre toute décision de renouveler cette approbation du ministère de l’Agriculture et menacent de saisir… l’OMC !
Lors de la précédente campagne de commercialisation de l’arachide, le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural avait donné le feu vert à la Sonacos pour revendre vingt mille tonnes d’arachides à des privés étrangers, sur sa collecte qui n’atteignait pourtant que 28 mille tonnes ! Hélas, un document officiel et confidentiel faisant état de cette approbation par ledit ministère a fuité, créant un tollé au sein des producteurs sénégalais qui voient, dans cette décision, une arnaque de la Sonacos sous la couverture du ministère de l’Agriculture. En effet, d’après les producteurs, l’huilier national achète leurs graines à vil prix tout en les cédant aux prix fort à des clients étrangers. Ce qu’ils qualifient de « détournement d’objectif » en ce sens que ces graines sont destinées à la trituration. Donc à faire tourner l’industrie sénégalaise. Il s’y ajoute, selon des acteurs de la filière interrogés, que la Sonacos a cédé cinq cents tonnes de graines à des privés nationaux dont un établi à Dakar, d’où « l’instauration d’une concurrence déloyale entre les opérateurs ». Ainsi, les producteurs sénégalais menacent de porter cette affaire devant l’Organisation mondiale du commerce et mettent en garde le ministère de l’Agriculture contre tout renouvellement de cet agrément qui a permis à la Sonacos d’exporter « injustement » une bonne partie de la production nationale qu’elle aurait dû triturer elle-même !
Cela est passé inaperçu. La Sonacos, malgré une faible quantité de graines collectées la saison dernière, 28 mille tonnes seulement, a revendu vingt mille tonnes aux exportateurs. Si cela ne s’est pas su c’est parce que, nous informe-t-on, l’huilier national avait « voulu garder le secret puisqu’il sait que c’est indécent d’agir de la sorte ». Ce n’est qu’après avoir accompli cet acte avec la complicité du ministère de l’Agriculture qui l’a autorisé, en date du 22 Mai 2020, d’exporter une telle quantité de graines décortiquée que le « deal » a été dévoilé. Nos interlocuteurs voient d’ailleurs dans ce choix de revendre des graines destinées à l’industrie nationale, une « campagne camouflée visant à tuer le paysan sénégalais ». En effet, expliquent-ils, « la Sonacos achète à un prix bas et revend plus cher, donc c’est une arnaque puisque la politique de la Sonacos n’est pas de concurrencer les producteurs, mais de créer les conditions de leur faciliter l’écoulement de leurs graines ».
En effet, souligne le Sg de l’Association des agriculteurs du bassin arachidier, Cheikh Tidiane Cissé, « le ministère de l’Agriculture n’aurait pas dû signer cette autorisation qui ne reflète que la volonté de la Sonacos de noyer les agriculteurs sénégalais ». Dans le même sillage, il explique que si l’autorisation a été cachée au grand public, c’est parce que le ministère de l’Agriculture sait que c’est indigne de revendre des graines achetées à de pauvres paysans à des prix très bas pour les exporter au profit des exportateurs privés principaux concurrents des paysans sénégalais. Fort de ce constat, les acteurs de la filière arachidière, notamment les agriculteurs et opérateurs sénégalais mettent le ministère de l’Agriculture en garde contre toute décision d’autoriser à nouveau une commercialisation de graines par la Sonacos. Aux yeux de ces producteurs, en effet, il est incompréhensible qu’un ministère qui promeut la relance de l’agriculture puisse prendre une telle mesure au moment où le paysan souffre car ne trouvant pas une meilleure offre auprès de la Sonacos. Laquelle cède ses graines à des prix élevés après avoir payé un prix aux producteurs très faible.
« Si la Sonacos veut exporter nos graines, elle a intérêt à nous l’acheter à un prix raisonnable… »
Certains paysans mettent toutefois de l’eau dans leur « bissap ». En effet, ils disent ne pas être totalement contre cette politique d’exportation de graines par la Sonacos. Ce qu’ils disent attendre de la tutelle, c’est de créer les conditions de permettre à l’huilerie nationale de faire une bonne offre lors des campagnes de commercialisation de la graine. Ce qui reviendrait à créer les conditions pour que la Sonacos s’enrichisse au même titre que les producteurs sénégalais. C’est en tout cas l’avis d’un certain nombre de responsables d’organisations paysannes dont ceux du Syndicat des agriculteurs, éleveurs et maraichers du Sénégal. Ils menacent de durcir le ton si toutefois la Sonacos s’arroge le droit de détourner leurs graines vers les marchés étrangers. Surtout que, soutiennent-ils, « cette saison est mal partie avec les 250frs/Kg proposés par la Sonacos au tout début de la campagne même si ce prix a été revu à la hausse sans que l’huilerie nationale ne soit présente pour acheter nos graines ».
« Nous n’excluons pas de porter l’affaire devant l’OMC… »
luent pas de porter cette affaire devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) s’il advenait que le ministère de l’Agriculture donne le feu vert de nouveau à la boite dirigée par Modou Diagne Fada pour exporter ou vendre des graines en l’état sur le marché national. Les membres de l’Association des agriculteurs du bassin arachidier menacent d’ailleurs carrément de saisir l’Organisation mondiale du commerce car, estiment-ils, « la Sonacos nous fait une concurrence déloyale parce que simplement elle revend également nos graines à des privés implantés ici au Sénégal ». A preuve, selon « Aar Souniou Momél », la Sonacos avait vendu 500 tonnes de graines d’arachide décortiquées à la structure KTS-Khoudane trading services, basée au Point E, rue de Fatick X Tamba, Dakar. Au final, retenons qu’en plus de ces organisations citées nommément, d’autres sont d’avis que l’exportation des graines des producteurs d’arachides vers l’étranger est un coup dur porté à notre agriculteur.
La Sonacos défend sa position
D’après la Sonacos, cette autorisation n’est pas un secret car, en réalité, l’année dernière, elle avait une quantité de graines insuffisante pour faire tourner ses machines. En effet, dit la direction de la Sonacos, si toutefois cette quantité était utilisée, les unités industrielles n’auraient fonctionné que quelques jours avant de s’arrêter complètement. Ainsi, selon toujours la direction, cette stratégie de revendre les graines permet de payer les salariés de la boîte et assurer d’autres dépenses de fonctionnement. Le restant de cette faible collecte est en phase d’être décortiqué dans le cadre de la production de cette année…
MACKY CONCOCTE UN ANTIDOTE CONTRE LES GREVES
Doublement menacée et par la covid-19 et par les syndicats d’enseignants, l’année scolaire pourrait être sauvée si les ministres concernés accordent une oreille attentive aux instructions du chef de l’Etat
Apparemment, les échos de menaces des syndicats d’enseignants sont bien parvenus au chef de l’Etat. Hier dans sa communication en conseil des ministres, Macky Sall a mis le curseur sur tous les obstacles et demandé aux ministres concernés d’y trouver des solutions immédiates pour sauver l’année scolaire.
Doublement menacée et par la covid-19 et par les syndicats d’enseignants, l’année scolaire pourrait être sauvée si les ministres concernés accordent une oreille attentive aux instructions du chef de l’Etat. « Sur le climat social, la gestion et le suivi des affaires intérieures, le Chef de l’Etat demande aux ministres en charge de l’Education et de la Formation professionnelle d’accélérer la mise en œuvre d’un programme national de modernisation des établissements scolaires publics, en accordant une priorité aux anciennes écoles érigées avant l’indépendance et dans les années 60 », leur a-t-il dit non sans demander avec insistance au ministre des Finances et du Budget de relancer les prêts DMC, une vieille doléance des syndicalistes. Cerise sur le gâteau, il promet d’intégrer dans un vaste programme de financement du logement les enseignants avec le soutien du système bancaire national.
Au surplus, le président de la République demande aux ministres Mamadou Talla et Dame Diop concernés d’engager avec le ministère et les acteurs de l’artisanat, des partenariats opérationnels « en vue de relancer l’acquisition, par l’Etat et ses démembrements, des tables bancs, dans le cadre du Projet du Mobilier national et de la relance de l’économie ».
En définitive, comme pour clore le chapitre des bonnes nouvelles pouvant faire abdiquer les syndicats, le Chef de l’Etat demande au gouvernement de réfléchir sur des dispositions pratiques permettant « le paiement systématique des indemnités liées aux examens et concours ». C’est pourquoi il a demandé aux ministres concernés de poursuivre le dialogue avec le secteur pour apaiser l’année scolaire.
BEACH SOCCER, LA SAISON DEMARRE CE WEEK-END
Après une longue absence due à la propagation de la Covid-19, la saison du Beach Soccer va reprendre ses droits ce week-end. Pour cette saison, quelques changements vont avoir lieu, en plus de la règle générale que constitue le huis clos.
Après une longue absence due à la propagation de la Covid-19, la saison du Beach Soccer va reprendre ses droits ce week-end. Pour cette saison, quelques changements vont avoir lieu, en plus de la règle générale que constitue le huis clos.
Le foot de plage va reprendre ses droits au Sénégal. A cet effet, le démarrage de la saison de cette discipline est prévu ce week-end. Cette nouvelle a été annoncée par Ibrahima Ndiaye Chita lors du lancement de la première académie dédiée à la pratique du Beach Soccer. Avec la propagation de la Covid-19 dans le pays, de nouvelles mesures ont été prises par la commission d’organisation de la Fédération Sénégalaise de Football (Fsf). «On démarre le championnat le 23 prochain. Nous allons essayer de jouer tous les quatre matchs le 24 dans la matinée. Le déplacement à Toubab Dialaw n’est pas facile. On va essayer de trouver des moyens pour que les équipes puissent jouer le matin. Avec cette maladie, nous allons prendre toutes les mesures qui s’imposent comme on le fait avec le championnat de football. On va jouer dans une bulle», a déclaré l’ancien manager des Lions. Pour rendre beaucoup plus attractive cette discipline, la commission a décidé que les quatre dernières équipes des différentes poules seront reléguées en Ligue 2 pour la prochaine saison. «Il y aura une relégation pour cette nouvelle saison, nous allons créer une deuxième division. Les quatre dernières équipes de chaque poule vont descendre en division inférieure», a-t-il expliqué.
Interpellé sur le niveau des joueurs, le précurseur du foot de plage au Sénégal soutient que celui-ci était bas la saison précédente. «L’année dernière, on a remarqué que le niveau était très bas, donc il faut qu’on progresse un peu. Les choses devraient s’améliorer avec la subvention de la FSF. Les rencontres vont se dérouler au centre Jules François Bocandé», a annoncé Ibrahima Ndiaye Chita. Au Sénégal en cette période de pandémie, l’accès à la plage est interdit. Une mesure qui ne permet pas aux pratiquants de préparer leurs matchs.
Ainsi, Ibrahima Ndiaye Chita déplore le manque d’entraînement des équipes. «Je lance un appel aux autorités pour leur demander de laisser les jeunes s’entraîner à la plage. Ils ne peuvent pas disputer le championnat et ne pas s’entraîner. Il faut qu’on trouve une solution, peut-être un papier administratif qu’ils pourraient présenter si la police se présentait sur les lieux», a-t-il expliqué. Avec le démarrage de la saison, le staff technique de l’équipe nationale du Sénégal aura besoin de regarder les jeunes jouer dans le championnat. Avec les performances des jeunes talents, le sélectionneur de cette discipline Ngalla Sylla aura une occasion d’étoffer son groupe en perspective de la Can prévue au Sénégal du 23 au 29 mai au Sénégal. «Nous avons tous un objectif commun qui est la coupe d’Afrique de Beach Soccer qui va se jouer au Sénégal. C’est un grand évènement à préparer», a indiqué Ibrahima Ndiaye Chita.
UN RAPPORT DE LA FONDATION HEINRICH BÖLL CONFORTE BOUBACAR SEYE
«Projets et programmes migratoires au Sénégal de 2005 à 2019 : une avalanche de financements pour des résultats mitigés.» , tel est l’intitulé du rapport réalisé en mai 2020 par la fondation Heinrich Böll
«Projets et programmes migratoires au Sénégal de 2005 à 2019 : une avalanche de financements pour des résultats mitigés.» Tel est l’intitulé du rapport réalisé en mai 2020 par la fondation Heinrich Böll qui décrit sans complaisance comment les fonds fournis par l’Union européenne ont été gérés. Le document conforte ainsi Boubacar Sèye dans ses critiques contre les autorités chargées de la question qui, apparemment, ont échoué dans leur mission.
Depuis mardi dernier, le président de «Horizons sans frontières (HSF)», Boubacar Sèye, croupit en prison. Il est poursuivi pour «diffusion de fausses nouvelles». Il lui est ainsi reproché d’avoir accusé le gouvernement de «détournement» des fonds alloués au Sénégal par l’Union européenne (UE), dans le cadre de la lutte contre l’émigration clandestine. Et selon les informations jusque-là disponibles, Monsieur Sèye avait dit publiquement en octobre dernier que l’UE a injecté environ 118 milliards de F CFA ces dernières années au Sénégal pour lutter contre le phénomène. Et que ces fonds n’ont pas servi aux ayants droit parce que la situation est devenue plus inquiétante. Des propos qui ne s’éloignent pas trop des éléments contenus dans le rapport publié en mai 2020 par la fondation Heinrich Böll, à moins qu’il y ait d’autres propos et faits qui lui soient reprochés et non rendus publics.
En effet, selon le rapport dont «L’AS » détient copie, il y a une avalanche de financements de projets et programmes migratoires au Sénégal pour des résultats mitigés. Il est ainsi écrit que depuis 2005, suite à la médiatisation spectaculaire de nombreux décès de femmes, d’hommes et d’enfants sur les routes migratoires vers l’Europe, le Sénégal a multiplié les projets et programmes relatifs à la migration clandestine, en grande partie soutenus par l’Union européenne (UE) et plusieurs de ses États membres (France, Italie, Espagne).
Au vu des documents consultés et des entretiens réalisés dans le cadre de cette étude, il a été constaté que de 2005 à 2019, plus de 200 milliards de francs CFA (environ 305 millions d’euros) ont été investis dans le domaine de la migration sur cette période, avec pour principaux objectifs de limiter les départs, que ce soit par un meilleur contrôle des frontières ou en essayant d’améliorer les conditions socio-économiques dans les zones de départ et de favoriser les retours. Et précisément, de 2015 à 2019, plus de 120 milliards de FCFA (environ 182 millions d’euros) ont été au total décaissés pour la mise en œuvre de projets et programmes orientés vers la dissuasion des migrations irrégulières, soit une augmentation de plus de 140% par rapport à la période précédente. Et malgré cette augmentation exponentielle des financements, note le rapport, les résultats de ces projets et programmes sont mitigés et le phénomène de la migration irrégulière continue de prendre de l’importance. «Cela peut s’expliquer par un contexte institutionnel national marqué par un éparpillement des acteurs et par une absence de politique nationale claire et cohérente », souligne le document.
Entre autres reproches faits à l’Etat du Sénégal, il est indiqué : « Plutôt que de présenter des solutions pérennes adaptées aux contraintes structurelles et conjoncturelles de développement auxquelles fait face le Sénégal, ces projets et programmes semblent surtout répondre aux attentes de l’Union Européenne (UE) et de ses pays membres. Ce qui crée de nombreuses frustrations, en particulier chez les migrants de retour, les candidats à l’émigration et les associations locales impliquées dans ces projets.» Toujours, selon le texte, les projets et programmes relatifs aux migrations mis en œuvre au Sénégal, sous l’impulsion et le financement des bailleurs internationaux, s’apparentent bien plus à des projets et programmes “anti-migratoires”. «Il s’agit pour la plupart de déprécier et de discréditer l’émigration pour mieux enjoliver des itinéraires de réussite “sur place”. Au niveau individuel, cela conduit à enfermer les candidats à l’émigration dans leurs espaces comme pour les amener à intérioriser la négation de leur désir de mobilité. Et au niveau institutionnel, à ignorer les bénéfices que cette mobilité pourrait apporter et apporte déjà au Sénégal », indique le document.
RECOMMANDATIONS A L’ETAT DU SÉNÉGAL
En définitive, le rapport de la fondation Heinrich Böll n’a pas manqué de faire des recommandations aux autorités sénégalaises. D’abord, l’étude exhorte l’Etat à mettre en place des politiques et programmes orientés vers l’identification de réponses pérennes et articulées autour des défis et enjeux migratoires propres au Sénégal; et non pensés par rapport à l’agenda de ses partenaires techniques et financiers. Ensuite, il a été demandé au gouvernement de procéder à une révision en profondeur de la politique nationale de migration du Sénégal avant sa validation politique notamment, afin de mettre en valeur les opportunités à la mobilité internationale de la population sénégalaise. Enfin, il a été préconisé de créer un ministère chargé des questions migratoires ayant pour mandat d’assurer la mise en œuvre et l’évaluation continue de la politique nationale de migration, ainsi que la coordination des interventions relatives à la migration.
MACKY DÉCLENCHE L’OPÉRATION ANTI-ACTIVISTE
Après avoir mené, au cours de son premier mandat, une guerre sans merci contre l’opposition, le président a désormais dans son collimateur les membres de la société civile
Visiblement réfractaire à toutes velléités de contestation, le Président Macky Sall s’est attelé, dès son arrivée à la tête du pays, à réduire l’opposition à sa plus simple expression en traquant les ténors du Parti Démocratique Sénégalais (Pds) et à affaiblir l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall. Pour son second mandat, il a déclenché l’opération anti-activiste en s’en prenant à des figures comme Guy Marius Sagna ou Boubacar Sèye.
Macky Sall ne sait pas anticiper. C’est l’un des reproches que lui font souvent ses contempteurs. Des critiques que le locataire du Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor s’évertue à faire taire, en usant de la méthode forte. Parfois, il n’hésite même pas à sortir l’artillerie lourde pour réduire au silence ses détracteurs. Une attitude assez révélatrice des relations particulièrement heurtées que le chef de l’Etat entretient avec certains acteurs de la vie publique.
Après avoir mené, au cours de son premier mandat, une guerre sans merci contre l’opposition, Macky Sall a désormais dans son collimateur les membres de la société civile. Et son projet consiste à annihiler chez eux toute velléité contestataire. Quelques mois seulement après son élection à la tête du pays, le leader de Benno Bokk Yakaar (Bby) a déclenché la traque des biens mal acquis en ayant comme cible des dignitaires de l’ancien régime (de Me Abdoulaye Wade). Une opération que certains observateurs avertis de la scène politique assimilaient à une chasse aux sorcières.
Totalement sourd aux multiples récriminations contre sa démarche, Macky Sall avait fait embastiller Karim Wade qui semblait représenter une véritable menace dans son déploiement politique. Inculpé pour enrichissement illicite et écroué à la prison de Rebeuss, le fils de l’ancien Président avait finalement bénéficié d’une grâce présidentielle. Mais du fait de sa condamnation, Karim Wade a perdu ses droits politiques et civiques. Du coup, il n’a pas pu se présenter lors de la présidentielle de 2019. Dans son entreprise de démantèlement du Pds, le leader de l’Alliance pour la République (Apr) a également mis en branle la machine judiciaire contre plusieurs barons libéraux. Parmi eux, on peut citer Oumar Sarr, Abdoulaye Baldé, Ousmane Ngom et Me Amadou Sall. La liste est loin d’être exhaustive.
L’autre affaire politico-judiciaire qui a tenu en haleine l’opinion nationale et provoqué des actes de violence dans plusieurs quartiers de la capitale lors des élections législatives de 2017, c’est l’incarcération de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall. Accusé par Macky Sall et son régime d’avoir profité de ses fonctions pour détourner 1,8 milliard Fcfa de la caisse d’avance de la mairie de Dakar, Khalifa Ababacar Sall qui détenait une forte popularité à Dakar a connue une descente aux enfers. D’autant qu’il a été condamné. Alors que la coalition Taxaawu Dakar semblait être assommée par l’incarcération de son leader Khalifa Sall, un autre de ses responsables en l’occurrence Bamba Fall connaît des déboires judiciaires. Le maire de la Médina est accusé dans l’affaire du saccage de la Maison du Parti socialiste. Pour porter l’estocade finale à Taxaawu Dakar, Barthélémy Diaz, proche parmi les proches de Khalifa Sall, a vu l’affaire Ndiaga Diouf (du nom de ce jeune nervi tué lors de l’attaque de la mairie de SacréCœur/Mermoz) déterrer par le régime.
MACKY ENTRE EN COMBAT CONTRE LES ACTIVISTES
Après avoir neutralisé ses adversaires politiques, le Président Macky Sall a orienté maintenant ses missiles vers les membres de la société civile. Prompte à improviser des manifestations sur des questions de liberté, de démocratie, de gouvernance en raison de sa souplesse par rapport aux partis politiques, la société civile et sociale est désormais dans le viseur du Chef de l’Etat, et pour cause. Après avoir réclamé, il y a quelques mois, l’audit des fonds (118 milliards Fcfa) alloués au Sénégal par l’Union Européenne et destinés à la lutte contre la migration irrégulière et porté des accusation contre le Gouvernement, le président de Horizon Sans Frontières (HSF) a été mis aux arrêts à l’Aibd dès sa descente d’avion.
Et depuis vendredi, Boubacar Sèye est entre les mains de la justice. Ce, malgré la sortie de son avocat Me Assane Dioma Ndiaye qui a dénoncé une tentative d’humiliation contre sa personne. Mais avant Boubacar Sèye, l’activiste Guy Marius Sagna a fait l’objet de multiples arrestations. Il a passé plus de temps en prison. Lors d’une marche organisée devant les grilles du Palais, le leader du mouvement citoyen Frapp France Dégage a été mis aux arrêts. Il avait passé plusieurs mois au Camp Pénal avant d’être relaxé.
Plus récemment, le jeune activiste Ardo Gningue a interpellé par la gendarmerie à la suite d’une marche organisée à Tobène dans le département de Tivaouane (région de Thiès). Et au cours de sa garde à vue, il a subi des actes de torture. Il faut citer dans cette liste d’activistes qui ont eu mailles à partir avec le régime, l’insulteur public Assane Diouf, le rappeur Karim Xrum Xakk etc. A trois ans de l’élection présidentielle de 2024 et dans un contexte marqué par un débat passionné autour d’une troisième candidature du Président Macky Sall, la société civile va-telle abdiquer devant les caprices du régime? Wait et and see !
VACCINATION CONTRE LE CORONAVIRUS, LE PRESIDENT MACKY SALL MISE SUR LES FORCES DE L’ORDRE
Les forces de défense et de sécurité seront mises à contribution pour accompagner le déploiement rapide de la stratégie de vaccination. L’annonce a été faite hier par le Président Macky Sall en conseil des ministres.
Les forces de défense et de sécurité seront mises à contribution pour accompagner le déploiement rapide de la stratégie de vaccination. L’annonce a été faite hier par le Président Macky Sall en conseil des ministres.
On ne change pas une équipe qui gagne. Ayant déjà fait confiance aux forces de l’ordre dans le cadre de la distribution des denrées alimentaires destinées aux populations vulnérables dans les différentes régions du pays, le chef de l’Etat mise de nouveau sur les hommes de tenue pour le déploiement rapide de la stratégie de vaccination.
Visiblement satisfait de leur travail, Macky Sall compte sur l’armée, la gendarmerie et la police pour réussir la campagne de vaccination contre le coronavirus qui, en principe, devrait démarrer en fin mars. «Le Président de la République demande, enfin, au ministre de la Santé et de l’Action sociale, d’engager sans délai, les activités de sensibilisation et de préparation technique des opérations de vaccination contre la Covid-19, des populations cibles-prioritaires. Les forces de défense et de sécurité seront mises à contribution pour accompagner le déploiement rapide de la stratégie de vaccination.
Le chef de l’Etat demande, à ce sujet, au ministre de la Santé et de l’Action sociale, de poursuivre et de finaliser les discussions et les partenariats entamés pour l’établissement d’une plateforme numérique de suivi de la vaccination et l’intégrer dans la stratégie de vaccination anti Covid-19», renseigne le communiqué du conseil des ministres parvenu hier à «L’As».
En attendant la mise en branle du dispositif pour la réussite de cette opération particulièrement importante pour lui et son gouvernement, Macky Sall signale que l’état d’urgence n’est plus de vigueur.
Toutefois, il annonce le déploiement de nouveaux dispositifs de gestion des catastrophes et crises sanitaires, avec la mise en œuvre par les membres du Gouvernement, les gouverneurs, les préfets, de mesures sécuritaires et sanitaires adaptées. Selon lui, il s’agit notamment du couvre-feu, de la règlementation des rassemblements, réunions et du port de masque, ainsi que de l’organisation des déplacements et du fonctionnement des transports publics et des commerces. «Le président de la République demande, à ce propos, aux membres du gouvernement de veiller, chacun en ce qui le concerne, à l’exécution stricte des mesures de gestion de la catastrophe sanitaire, valables pour un mois renouvelable, sur l’étendue des régions de Dakar et Thiès, avec un maintien du couvre-feu de 21 h à 05 h du matin.
Le chef de l’Etat invite, dans ce contexte, les populations, à accentuer la mobilisation communautaire et le respect des mesures barrières en vue de freiner la propagation de la pandémie de Covid-19», indique le texte.
LES RESERVES DES CHERCHEURS DE L’UCAD
Les chercheurs de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) ont procédé hier au lancement du programme de l’Intelligence Artificielle (AI4) dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.
Les chercheurs de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) ont procédé hier au lancement du programme de l’Intelligence Artificielle (AI4) dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. Pour une meilleure efficacité de l’Intelligence Artificielle face à la pandémie à coronavirus, ils proposent une régulation de ses conditions d’usage.
Mettre l’Intelligence Artificielle (IA) au service de la lutte contre le Covid-19, telle est l’initiative des chercheurs de l’Université Cheikh Anta Diop Dakar. Cependant, son usage requiert de nombreuses conditions liées à son encadrement juridique. A en croire le directeur de l’école doctorale Ethos de l’Ucad, Mor Ndao, le meilleur moyen de rendre efficace et efficiente l’IA, c’est de poser les conditions de sa régulation. Il a exprimé cette position hier lors du webinaire organisé à l’occasion du lancement du programme de l’Intelligence Artificielle (AI4) dans la lutte contre la pandémie de Covid-19. Pour Monsieur Ndao, cela éviterait les problématiques liées à l’éthique, à l’adaptabilité et à l’acceptabilité du projet par les populations.
Appuyant la thèse du premier intervenant, le représentant du Centre de Recherche pour le Développement International (CRDI), Matthew Smith, invite par conséquent les décideurs à veiller à ce que les systèmes d’IA soient dignes de confiance et conformes aux principes de l’OCDE sur l’IA. Il s’agit entre autres du respect des droits de l’Homme et de la vie privée, de la transparence, de la robustesse, de la sûreté et de la sécurité ; et surtout de la responsabilité des acteurs en prenant part à leur développement et leur utilisation. Et cela, indique Matthew Smith, permettra d’encourager le partage des ensembles de données médicales, moléculaires et scientifiques ainsi que des modèles, des plateformes collaboratives, afin d’aider les chercheurs en IA à concevoir des outils utiles à la communauté médicale. «Ils devraient en outre s’assurer que les chercheurs ont accès à la puissance de calcul dont ils ont besoin», ajoute Matthew Smith. Interpellé sur la position de la Commission de Protection des Données Personnelles (Cdp) du Sénégal, relative à l’usage de l’Intelligence Artificielle, le secrétaire général de ladite commission se veut rassurant.
Selon Mamadou Niane, la thématique de l’IA n’a pas attendu l’apparition de la Covid19 pour être prise en charge. Depuis 2017 avec la résolution sous l’accompagnement de l’Union Africaine, souligne-t-il, le Sénégal s’est intéressé aux questions liées à l’IA à titre d’usage. «D’autant que la loi sénégalaise ne vise pas particulièrement une technologie précise, l’article premier faisant référence à des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) d’une manière générale et la compatibilité avec les droits fondamentaux et de liberté individuelle ou collective, et dans ce cadre, le principe de la neutralité technologique permet d’appliquer tous les principes de traitement à l’intelligence artificielle», explique-t-il.
A noter que les technologies et les outils faisant appel à l’IA jouent aujourd’hui un rôle clé dans chaque aspect de la réponse à la crise de Covid19. De fait, ils aident à comprendre le virus et à accélérer la recherche sur les médicaments et les traitements pour détecter et diagnostiquer le virus. Ceci permet de prévoir l’évolution, d’empêcher ou de ralentir la propagation du virus par la surveillance et le traçage des contacts, mais également de répondre à la crise sanitaire grâce à des informations personnalisées et à l’apprentissage, de surveiller la reprise et améliorer les outils d’alerte précoce.
«60% DES SENEGALAIS DEVRAIENT SE VACCINER POUR REPRENDRE UNE VIE NORMALE»
Dans cet entretien accordé à «L’As», le directeur de Téranga Pharma (Ndlr, remplaçant de Pfizer), Dr Mahamadou Sow, par ailleurs membre de l’Ordre des Pharmaciens du Sénégal, diagnostique les maux qui gangrènent l’industrie pharmaceutique
Au Sénégal, l’industrie pharmaceutique peine à décoller. Au moment où le monde est confronté à une crise sanitaire sans précédent et que beaucoup de firmes internationales s’attèlent à la fabrication de vaccin contre le coronavirus, au Sénégal, environ 90% des médicaments consommés sont importés. Une situation très préoccupante dans la mesure où la production locale est passée de 10 à 5%. Dans cet entretien accordé à «L’As», le directeur de Téranga Pharma (Ndlr, remplaçant de Pfizer), Dr Mahamadou Sow, par ailleurs membre de l’Ordre des Pharmaciens du Sénégal, diagnostique les maux qui gangrènent l’industrie pharmaceutique. Il n’a pas manqué de livrer le secret pour contenir cette pandémie à coronavirus dont les dégâts sont incommensurables.
L’AS: Dans quelle situation se trouve l’industrie pharmaceutique locale au Sénégal ?
La situation actuelle de l’industrie pharmaceutique n’est pas fameuse. Mais elle a de belles perspectives, si l’Etat du Sénégal arrive à mettre en place les réformes promises. Il faut rappeler que le tissu industriel sénégalais était bien représentatif avec deux grandes multinationales en l’occurrence Pfizer et Sanofi Aventis. Au cours de l’année 2017, le groupe Sanofi a quitté le Sénégal et vendu ses actions à un groupe étranger Médis. Lequel groupe a mis en chômage technique son personnel en décembre 2019, suite à des problèmes de pertes cumulées. La même année, le groupe Pfizer a quitté le Sénégal et licencié tout son personnel. Ce qui fait que la production locale qui était près de 10%, représente moins de 5% aujourd’hui par rapport à la consommation locale. Donc aujourd’hui, nous ne produisons même pas près de 4% de notre consommation. C’est dire que la situation n’est pas fameuse. N’empêche, il y a l’émergence de nouveaux acteurs, particulièrement le groupe Téranga pharma qui vient de commencer ses activités de production et participe activement à renforcer le tissu local industriel.
Est-ce que l’industrie pharmaceutique sénégalaise est assez résiliente pour faire face à une crise sanitaire ?
Je dirai Oui et Non ! Non, parce que nous n’avons pas encore les capacités de production suffisantes et nécessaires pour pouvoir assurer notre souveraineté pharmaceutique. Oui, parce qu’ avec le Pap2Aqui est aujourd’hui le référentiel socio-économique du gouvernement, il est clairement indiqué que la souveraineté pharmaceutique à l’horizon 2035 constitue un enjeu majeur pour le gouvernement sénégalais. Sous ce rapport, nous pouvons dire que nous pouvons nous préparer à faire face aux prochaines épidémies qui vont forcément arriver dans 10 ou 15 ans. Maintenant dans l’immédiat, il serait difficile d’en assurer ; parce que pour assurer une souveraineté pharmaceutique, il faudra au moins 10 ans de travail. D’autant qu’en amont, il faudrait d’abord identifier les maladies fréquentes dans le pays. Ensuite, il faudra identifier également les molécules qui vont soigner ces maladies. A la suite de cela, il faut faire le diagnostic de la chaîne des valeurs et voir les sources d’approvisionnement depuis la formulation des molécules, ensuite la matière première, la fabrication jusqu’au produit fini. Nous savons que les matières premières ne se fabriquent pas en Afrique, c’est la Chine qui détient le monopole de ce marché. Cette souveraineté est très importante, parce qu’il y a dans nos hôpitaux des maladies fréquentes telles que les maladies chroniques (le diabète, l’hypertension et le cholestérol, le cancer) mais également les maladies infectieuses (les infections respiratoires, vaginales et dermiques). Il faut donc que nous puissions produire à travers un processus d’identification bien structuré et parfaitement orienté vers la consommation sénégalaise.
Quel est l’apport de l’industrie pharmaceutique dans la lutte contre la Covid-19
Cet apport est essentiel. Si nous prenons l’industrie locale, en termes d’offre de produits, il n’ y a pas de médicaments sur le peu d’industrie pharmaceutique qui reste au Sénégal. Par contre dans le cadre de l’approvisionnement en produits pharmaceutiques, il est important de constater à travers notre Pharmacie Nationale d’Approvisionnement (PNA) mais également avec les grossistes répartis, que ce sont des pharmaciens qui sont le plus dotés de produits pharmaceutiques qui répondent à la Covid notamment l’Azicomiscine mais également l’Hydroxychloroquine. Parce que le traitement de la Covid-19 est d’abord un traitement symptomatique. Fondamentalement, il faut disposer d’un bon stock de médicaments contre ces maladies.
Que faire pour se positionner dans la dynamique de production de vaccin ?
Aujourd’hui, il est très clair que nous ne pouvons pas produire de vaccin contre la Covid. C’est impossible. Mais, il faut comprendre qu’en l’état actuel des choses, le monde compte 5 voire 6 vaccins qui sont reconnus (2 vaccins américains du nom de Pfizer et celui de moderna). Des vaccins qui ont des conditions de stockage très difficiles dans les pays africains, parce que le coût de la logistique et du stockage est plus élevé que le coût du vaccin. Aujourd’hui, il y une vraie suspicion par rapport aux effets secondaires, parce que personne ne maîtrise les effets secondaires de ces vaccins. En termes d’approvisionnement de disponibilité, de conservation, d’utilisation et de dispensation jusqu’au niveau des Sénégalais, il sera difficile que le Sénégal puisse choisir ces deux vaccins. Par contre, il y a 4 autres vaccins qui peuvent être utilisés au Sénégal parce que respectant les conditions de stockage, c’est-à-dire entre 2 et 8 degrés. Parmi ces vaccins, nous avons le choix entre le vaccin russe, chinois et anglais. L’intérêt de ce question, c’est de vacciner au moins 60 à 70% pour que l’immunité collective ait. Ce qui permettra donc d’éliminer la transmission. Mais, le sentiment de se faire vacciner est très eu développé au Sénégal. Les gens ont peur de ce vaccin, mais en tant que pharmacien et scientifique je peux leur dire ayez confiance aux autorités sanitaires. Cela dit, il faut ajouter à la stratégie un plan national de sensibilisation. Parce que cela ne sert à rien de se procurer des vaccins pour qu’au finish les populations ne le prennent pas. Ce plan va créer un esprit de combat. Lequel devra commencer par le chef de l’Etat et toutes les institutions de la République qui vont se faire vacciner à la vue et au su de tout le monde. Si nous voulons que ces couvre-feux cessent, si nous voulons reprendre la vie normale, il faudrait qu’au moins 60% des Sénégalais se vaccinent.
Ne devrait-on pas développer la collaboration avec les firmes pharmaceutiques multinationales ?
C’est indéniable, parce que c’est une voie qu’il faut non seulement explorer, mais aussi percevoir dans les priorités. Tous les dix ou quinze ans, il y a une épidémie ; et on ne sait jamais quelle est la férocité de la prochaine épidémie. En termes de vaccins, il y a l’Institut Pasteur. Il s’agira de voir avec cet institut qui a une large expérience en matière de vaccin comment avoir une collaboration étroite avec une multinationale qui fabrique des vaccins. Ce qui permettra au Sénégal d’avoir une unité qui va fabriquer des vaccins, et une forte réactivité qui va permettre d’avoir des doses de vaccins suffisantes pour faire face à l’avenir à de telles épidémies. Nous devons investir dans la production de vaccin contre les infections respiratoires en priorité.
«IL Y A BEAUCOUP PLUS DE CAS D’INCESTE QUE CEUX REVELES PAR LA PRESSE, CONNUS PAR LES SERVICES DE POLICE»
Selon Dior Fall Sow, L’inceste, abus sexuel dans les familles, conduit souvent à une destruction pure et simple de la vie et de la personnalité humaine de la victime
SEYNABOU BA ET NDEYE AMINATA GUEYE |
Publication 21/01/2021
L’inceste, abus sexuel dans les familles, conduit souvent à une destruction pure et simple de la vie et de la personnalité humaine de la victime. C’est pourquoi Mme Dior Fall Sow, présidente honoraire de l’Association des juristes sénégalaises (AJS), prône l’application de la loi criminalisant cet acte pénible dont les auteurs risquent jusqu’à la perpétuité. La haut-magistrate qui fut membre du Comité des Experts pour les Droits de l’Enfant de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA, actuelle Union Africaine–UA) jusqu’à sa nomination au Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR, 2002) comme Avocat Général près le Bureau du Procureur du TPIR puis Avocat Général Principal près la Chambre d’Appel du TPIR, reste convaincue qu’il y a beaucoup plus de cas d’inceste que ceux révélés par la presse, connus de la Police. S’agissant de la prise en charge, elle exhorte l’Etat à multiplier les structures d’accueil des victimes dans toutes les régions. Aussi engage-t-elle la Police et surtout les médias à beaucoup plus de professionnalisme dans le traitement des faits d’inceste, pour ne pas jeter les victimes à la clameur publique. Vu les séquelles psycho traumatiques de l’acte, il importe d’éviter d’en rajouter en faisant une publicité qui est de nature à marginaliser les victimes dans la société, dit-elle. Entretien !
C’est quoi l’inceste ?
L’inceste consiste à avoir des relations sexuelles avec une personne dont vous êtes apparenté. Et il est évident que lorsque les relations, le degré de parenté, interdisent qu’il y ait un mariage civil ou religieux entre des parents et que ces personnes-là vont audelà de cette interdiction, il s’agit effectivement d’un inceste. On en parle pour un père et sa fille, pour un frère et sa sœur, pour un oncle et sa nièce à un certain degré de parenté. Et ce sont des faits qui sont donc réprimés par la loi.
Plusieurs cas d’inceste sont davantage relayés par les médias. S’agit-il d’une recrudescence ou d’une médiatisation de ce phénomène ?
Il faut dire que l’inceste a toujours existé dans notre société. Ça ne date pas d’aujourd’hui. Mais, ce qui se passe, c’est que c’était un sujet complètement tabou. On n’en parlait pas ; on préférait régler ça à l’intérieur de la famille, ce milieu d’ailleurs où les infractions se font généralement. Et il est difficile, quand il n’y a pas de dénonciation, de pouvoir savoir ce qui se passe à l’intérieur de ce cercle privé. Aujourd’hui, on se rend compte que l’inceste est très important au niveau de notre pays. Et cela est dû par le fait qu’on a levé en quelque sorte ce tabou. Donc, des faits sont de plus en plus dénoncés auprès de la Police et c’est ainsi que les médias peuvent donc relayer et porter ces informations à la connaissance de la population. Nous ne pouvons pas estimer l’ampleur de ce phénomène, dans la mesure où il existe encore des endroits où beaucoup de viols, d’incestes ne sont pas encore dénoncés. Je crois que les chiffres qu’on nous donne sont des chiffres qui sont indicatifs et qui, malheureusement, ne peuvent pas attester de leur fiabilité. Parce qu’il est certain qu’il y a beaucoup plus de cas d’inceste que ceux qui sont révélés par la presse, connus par les services de Police. Alors, je crois qu’il faut, à ce niveau-là, essayer de briser le silence pour que ces faits, qui sont vraiment des faits odieux, puissent être portés à la connaissance du public.
Que dit la loi, en cas d’inceste?
Au niveau de la loi, l’inceste est un crime. Vous savez que maintenant avec la nouvelle loi criminalisant le viol et la pédophilie, la loi n°05-2020, si je ne me trompe, qui a été publiée au Journal officiel (JO) le 13 janvier 2020, c’est devenu un crime. Et je pense que ça peut être poursuivi pour une peine qui peut aller, par moment, jusqu’à la perpétuité, s’il y a des circonstances aggravantes. Alors, à ce niveau-là, il faut dire que la loi doit être appliquée. Ce qui a fait d’ailleurs qu’il y a eu ce mouvement de «Dafa doy» qui a conduit à cette criminalisation de la loi ; c’est parce que justement la dernière loi de 1999 qui avait modifié donc la loi de 1965, bien qu’elle ait eu à définir ce qui était le viol, l’inceste, lui, n’est toujours pas défini dans notre législation. On sait que c’est des rapports (sexuels, ndlr), mais il n’y a pas dans la législation sénégalaise une définition précise de l’inceste, comme on a fait une définition précise pour le viol. Donc, à ce niveau-là, on a vu qu’avec l’ancienne loi, que la loi n’était pas appliquée et souvent les décisions qui étaient rendues étaient même une violation de la loi qui était en vigueur.
Qu’attendez-vous de cette loi et du traitement aussi bien judiciaire que médiatique de l’inceste ?
Nous attendons donc de cette loi qu’elle soit appliquée. Nous attendons de cette loi qui dit toutes les mesures d’accompagnement pour que justement elle soit appliquée, à savoir qu’il y ait une vulgarisation de cette loi-là, à savoir qu’il y ait aussi une prise en charge de la victime qui, franchement, a subi ces faits-là. Également des médias, à leur niveau, devront faire en sorte qu’en faisant le rapport de ces faits-là, en les relatant, tiennent beaucoup plus d’attention de la victime, parce que ces faits-là sont des faits qui sont extrêmement graves dans notre société. Et souvent il ne faut pas jeter les victimes à la clameur publique. Et, lorsqu’on voit des fois les noms des victimes, on peut les identifier facilement par les informations qui sont données au niveau de la presse, pas toutes, mais certaines pour être objectif. Je crois qu’il faudrait faire attention et penser beaucoup plus à la victime car ces faits-là, lorsque ça arrive à certaines victimes qui peuvent être aussi des hommes que des femmes, je pense que les conséquences psycho traumatiques sont extrêmement importantes et il ne faut pas en rajouter en faisant une publicité qui est de nature à pouvoir rendre les uns à l’écart de la société. Donc il est nécessaire qu’à ce niveau-là, que les médias soient beaucoup plus professionnels lorsqu’ils relatent ces faits d’inceste.