La cérémonie de lancement et de diffusion du guide pratique à l’intention des acteurs des médias ‘’Ethique journaliste et droits de l’enfant’’ s’est tenue hier. Un travail de la Cellule d’appui à la protection de l’enfance (Cape) en partenariat la Convention des jeunes reporters du Sénégal et l’Unicef.
‘’Une forme de violence bien particulière peut atteindre les enfants dans leur vie quotidienne : celle des images et contenus médiatiques. Ils sont sensibles à la violence du monde, celle que leur montrent les journaux et les multiples écrans qui les environnent. Ils sont tout aussi sensibles à la violence que peuvent leur faire subir des interviews et des reportages réalisés dans des conditions qui ne respectent pas leurs droits’’.
Ces quelques notes sont tirées du guide pratique à l’intention des acteurs des médias intitulé ‘’Ethique journaliste et droits de l’enfant’’. Organisée par la Cellule d’appui à la protection de l’enfance (Cape) du ministère de la Bonne Gouvernance et de la Protection de l’Enfance, en partenariat avec l’Unicef et la Convention des jeunes reporters du Sénégal, la cérémonie officielle de lancement et de diffusion de ce manuel s’est déroulée hier.
Un premier lot de 1 000 exemplaires est ainsi disponible. ‘’Les médias jouent un rôle important dans l’information du public et dans le développement de la personnalité. Cependant, le traitement médiatique de certains sujets doit nécessiter une grande vigilance sur les conséquences négatives qu’il pourrait engendrer, notamment chez les enfants’’, a déclaré la coordonnatrice de la Cape et non moins conseillère du président de la République.
Pour Ramatoulaye Ndao Diouf, il est fréquent de noter dans la pratique journalistique, surtout dans l’offre de contenus audiovisuels, des manquements comme le non-respect de la vie privée, de l’honneur et de l’intégrité physique des enfants, la diffusion d’images choquantes et indécentes mettant en scène des enfants et encourageant des contre-valeurs.
Et de tels cas, déplorés surtout par les populations et les organisations de la société civile, ont amené l’autorité à instruire la Cape d’entreprendre, avec les différents acteurs, les actions idoines pour améliorer l’image de l’enfant dans les médias. Ainsi, le guide procède, au-delà du rappel des textes relatifs aux enfants dans les médias, à une analyse critique de la pratique journalistique sous l’angle des droits de l’enfant et du respect de son intérêt supérieur.
Il fournit des exemples pratiques sur les erreurs à éviter et les bonnes pratiques à encourager dans le traitement de l’information et la communication se rapportant à l’enfant. En sus, la coordonnatrice avance que le document ambitionne également d’appuyer le processus de plaidoyer à l’endroit des responsables des écoles et instituts de formation, des organes de presse et même des autorités.
Mieux, la Cape se dit également disposée à accompagner les étudiants qui traiteraient, dans le cadre de leurs mémoires, des sujets relatifs aux droits de l’enfant. ‘’Avec cela, nous pouvons relever ce défi et asseoir une véritable culture des droits de l’enfant et du respect des règles éthiques et déontologiques dans la production, le traitement et la diffusion de l’information concernant les enfants’’, espère Ramatoulaye Ndao Diouf.
Représentant du ministre, Massamba Sène a soutenu que cette ambition nationale appelle la convergence de toutes les forces vives de la nation, à commencer par les journalistes. ‘’Nous sommes à l’ère du numérique, de l’internet avec les réseaux sociaux ; la vigilance doit être renforcée pour que le contenu des médias, surtout ce qui heurte la sensibilité des enfants, reçoive un traitement avec toute la prudence et la précaution possibles’’.
Sur ce, Massamba Sène invite les reporters à faire de ce guide ‘’leur bréviaire’’ ; qu’ils en assurent une large diffusion ; que ce guide puisse avoir un retentissement à la hauteur de la place que doit occuper l’enfant dans les médias.
Pour sa part, Laylee Moshiri, représentante de l’Unicef au Sénégal, s’est réjouie de ce ‘’grand pas’’ qu’est le lancement de ce manuel. ‘’Nous travaillons sur un plan d’action pour une durée vraiment, pour que les principes des droits de l’enfant puissent être maîtrisés par les patriciens de médias’’, a-t-il souligné.
Le guide sur l’éthique journalistique et les droits de l’enfant a été élaboré par des experts comme le formateur au Cesti, Mame Less Camara, le Directeur général de la Sodav et professeur, Bouna Manel Fall, la journaliste et ancien défenseur des enfants de France, Claire Brisset et Lamine Fall du Centre de pédopsychiatrie Kër Xaleyi de l’hôpital Fann.
ON NE PEUT PLUS SE CONTENTER SEULEMENT DE FAIRE DE LA DIPLOMATIE CULTURELLE
Le 3e cycle du séminaire sur les politiques culturelles du Sénégal, initié par le musée de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) bat son plein. Le directeur dudit musée, Malick Ndiaye, revient, dans cet entretien avec ‘’EnQuête’’, sur les sujets qui seront débattus tout au long de ce conclave.
Quelles sont les thématiques retenues, cette année, dans le cadre du séminaire sur les politiques culturelles ?
Cette année, le séminaire des politiques culturelles s’organise en deux volets. Le premier va concerner le patrimoine et le second les arts. Pour le premier volet axé sur le patrimoine, on a ouvert avec une conférence inaugurale donnée par le directeur du Patrimoine culturel qui avait eu un répondant, en l’occurrence Mme Guiomar Alonso Cano de l’Unesco Breda, sur l’état des lieux, les acquis, les chantiers et les défis pour les politiques du patrimoine culturel au Sénégal.
Après cette conférence, nous allons avoir quatre autres thèmes axés sur le patrimoine architectural, le tourisme culturel, les mythes et croyances populaires et, enfin, sur la lutte sénégalaise qui est entre le sportif et le culturel.
Voilà pour le premier axe où on aura l’expertise d’architectes, des professionnels des monuments historiques, des chercheurs qui travaillent sur les questions liées à l’imaginaire et comment cet imaginaire va à la rencontre du patrimoine immatériel et également les professionnels du secteur du tourisme culturel et pour voir, aujourd’hui, quelles sont les nouvelles stratégies qui drainent les masses. Parce que les touristes ne vont plus se bronzer seulement, mais vont également, à 80 %, s’intéresser à notre patrimoine culturel.
Dans tous les cas, à apprendre quelque chose dans le pays qu’ils vont visiter. D’où l’importance de mettre en exergue la lutte. Un sport de chez nous qui prend de l’ampleur, qui évolue, qui se transforme et se modifie.
Qu’en est-il des sujets du second volet ?
Le second axe va concerner d’autres secteurs de la culture différents de ceux du patrimoine historique classé. On va essayer de voir la place des industries créatives, mais surtout le numérique dans les produits culturels. Cette année, on va étudier la question de la diplomatie sénégalaise qui a une vieille histoire. Aujourd’hui, cette disponibilité a évolué. Nous savons que nous sommes plus dans la diplomatie de représentation, mais nous avions eu au Sénégal une tradition de diplomatie culturelle. Où en est cette dernière ?
Aujourd’hui, on ne peut plus se contenter seulement de faire de la diplomatie culturelle pour la diplomatie culturelle. Elle est en phase avec un autre type de diplomatie qu’on appelle ‘’diplomatie économique’’.
Comment cette diplomatie culturelle et cette diplomatie économique peuvent être dans une synergie ? Et là, on va inviter d’anciens ambassadeurs et quelques professionnels de ce secteur qui sont en exercice.
Nous aurons également la question des médias et du journalisme culturel. Vous savez, le secteur que vous occupez est un secteur très important pour la médiatisation et la transmission des connaissances et du fonctionnement même du secteur culturel.
Comment ce secteur évolue, comment il se comporte, quels sont les atouts, les points faibles et les politiques qui peuvent être développées afin de mieux soutenir la politique culturelle ? Il faudrait également que nous parvenions à trouver des voies et moyens pour permettre à ce secteur d’être florissant, de se développer.
On parle aussi d’un forum sur l’édition…
Oui, oui, il y a une autre table ronde qui est prévue pour l’édition au Sénégal. On va étudier ‘’De la production à la circulation du livre’’. Pour cette conférence, nous avons prévu d’inviter des éditeurs, des personnes qui sont au ministère de la Culture et qui s’occupent de cette problématique et, également, inviter des écrivains pour voir comment l’industrie du livre et les traditions peuvent se développer et comment les appuyer.
Outre les industries culturelles, la diplomatie culturelle, le multimédia, le journalisme culturel, l’édition au Sénégal, nous avons prévu de réfléchir, cette année, sur quel modèle de centre culturel pour le Sénégal. Comment ils fonctionnent, sont-ils des espaces de dialogue entre plusieurs cultures du monde ? Il faut faire en sorte que le modèle soit réfléchi, repensé afin de pouvoir faire de ces centres de vrais catalyseurs, de vrais socles et de véritables outils de la diplomatie et de la politique culturelle de manière générale.
Qu’est-ce qui a motivé le choix de ces thématiques ?
Les choix des thématiques sont motivés par plusieurs raisons. Il y a une raison qui est liée tout simplement au fil des sujets que nous explorons. Il y a des sujets que nous n’avons pas eu le temps d’explorer l’année dernière. Par exemple, l’architecture, le patrimoine. On s’était juste concentré sur les filières artistiques. J’ai eu personnellement plusieurs retours de personnes qui m’ont dit : ‘’Vous oubliez que la politique culturelle, c’est le domaine des arts, c’est également le domaine du patrimoine.’’ C’est ce qui a fait que le champ a été de plus en plus ouvert.
Il y a d’autres raisons qui sont liées à l’observation que nous avons personnellement des différents secteurs. C'est-à-dire que le séminaire et même la science de manière générale se doivent d’observer l’évolution de la société afin de pouvoir, à un moment donné dans un secteur ou dans un autre, apporter des éclairages, essayer de soulever des questions pour pouvoir faire de telle sorte que la société comprenne mieux ce qu’elle a en face d’elle. Ici, nous observons l’évolution sur la question de la lutte, la diplomatie.
Avec cette diplomatie, il y a beaucoup de pays qui construisent. Si je prends l’exemple de la Chine, avec le Musée des civilisations noires, le Grand Théâtre, entre autres. La Chine n’est pas seulement culturelle de ce point de vue bien que culturelle, c’est économique.
ON A LES MEILLEURS JOUEURS DU MONDE, MAIS L’ENCADREMENT EST MÉDIOCRE
Maitre El hadj Diouf, ancien vice-president du Jaraaf
Après avoir tourné la page du Jaraaf, Maître El Hadj Diouf compte mettre en place avec des amis un nouveau club. Très au fait de l’actualité du football national, il se prononce également sur le management de Maître Augustin Senghor.
Que pensez-vous de la gestion du football par l’équipe dirigée par Me Augustin Senghor ?
La gestion de notre football est calamiteuse. Nous avons eu la chance d’être qualifiée pour avoir rencontré de petites équipes. Ce n’est pas le mérite des dirigeants. C’est comme l’élection de Trump. Ce n’est pas le mérite des Etats-Unis. C’est un accident de l’histoire. Ce sont les pires dirigeants que nous avons eus dans ce pays. Ils vont d’échec en échec.
Je pense qu’ils sont là parce qu’ils ont de bons marabouts. J’aime bien Me Senghor. On a prêté serment le même jour. On allait chez lui fêter le jour de notre entrée dans cette profession chaque année. C’est un grand ami, mais force est de constater que nous avons trop souffert depuis qu’il est là.
Après dix ans, on est qualifié à la Coupe du monde pour aller en aventure. On ne peut pas le changer parce qu’ils (les membres de la Fédération) ont modifié les textes de sorte à se pérenniser.
Vous pensez donc qu’on n’a pas de chance à ce Mondial ?
Il faut être sérieux ! Comment on peut produire des résultats en rencontrant des pays comme l’Ouzbékistan ? Au moment où le Nigeria par exemple se frotte à de grandes équipes comme l’Argentine. Si on veut faire de bons résultats, il faut rencontrer les grands. Des pays comme l’Argentine, le Brésil, l’Allemagne…
Les pays qui peuvent gagner la coupe du monde. On a les meilleurs joueurs du monde, mais l’encadrement est médiocre. On n’est même pas capable de se qualifier au Chan. C’est la Guinée qui nous a éliminé.
Avec cette qualification à la Coupe du monde, les dirigeants politiques et sportifs qui devaient partir vont s’arcbouter et manipuler l’opinion. Vraiment le Sénégal est mal parti. C’est un pays de propagande, de manipulation et d’escroquerie à la fois politique et sportive.
Etes-vous toujours Jaraafman ?
Non ! Vous savez, j’ai aimé le Jaraaf. Quand je commençais à supporter cette équipe, j’étais jeune lycéen. Je suivais les reportages de Delmas, Pathé Dièye Fall, Magib Sène, Abdoulaye Diaw qui était à l’époque à Kaolack. Il y avait Balabass Diallo à Ziguinchor, Golbert Diagne à Saint-Louis. Je supportais Demba Mbaye, Eusébio Ibrahima Ba, Léopold Diop, Mbaye Fall, Cheikh Fam. J’étais émerveillé par cette équipe.
Pourtant à Kaolack, il y avait Mbossé, mais c’est le Jaraaf que j’aimais. Il n’y avait même pas la télévision, c’est à la radio qu’on suivait les matchs. Centre de Cheikh Fam, reprise de Mbaye Fall, but ! (comme un reporter, NDLR). C’était magnifique ! Tête de Mansour Sow, débordement d’Eusébio… Une fois à Dakar, j’ai adhéré et plus tard, le président Wagane me coopte au poste de vice-président. En même temps, j’étais le conseil de l’équipe. J’ai suivi plusieurs transferts de joueurs, notamment ceux de Pape Bouba Diop, Mame Biram Diouf (à Manchester United), Moustapha Diallo… J’allais partout en Europe à mes frais. Et j’ai rapporté beaucoup d’argent à l’équipe. Et tout ça, je faisais don au Jaraaf.
Quand il n’y avait pas d’argent pour payer les joueurs, je puisais dans la caisse de mon cabinet pour payer les entraîneurs comme Lamine Dieng, les joueurs comme Makhou, Babacar Seck, Ciré Dia, Khadim Ndiaye. Je faisais tout ça par amour pour cette équipe. Ce que je faisais, il y a des Dakarois qui étaient membres avant moi et qui ne l’ont jamais fait. C’est pourquoi le président Wagane avait dit que j’allais le remplacer, car à part lui, il n’y avait personne.
A part mon frère Issakha qui était trésorier et qui prêtait de l’argent au Jaraaf. Les joueurs venaient chez moi. Même les basketteuses, mes épouses les connaissent. Je payais des maillots, des chaussures, des habits.
Je payais les primes pour qu’ils achètent du ‘’dibi’’ et se payer un taxi au lieu de prendre les cars rapides. Le dernier trophée qu’on a gagné, c’est moi qui assurais l’intérim du président Wagane en voyage. C’était contre le Casa Sport, en 2013. Depuis lors, le Jaraaf n’a rien gagné, parce que les traîtres ne gagnent pas.
Vous êtes-vous senti trahi ?
(Il hésite). C’est vrai que j’ai été trahi parce que j’ai gagné cette élection. J’ai mis 8 millions de francs Cfa pour préparer cette Assemblée générale. J’ai débloqué 2 millions pour le transport des supporters et leurs billets d’entrée, 2 millions pour les maillots. J’ai donné de l’argent à feu Doudou Ndiaye Rose pour qu’il nous amène 40 tam-tams au stade pour concurrencer Allez-Casa. Et ce jour-là, dans les tribunes, le Jaraaf a tenu face à Allez-Casa.
Un mois après, il y a eu l’élection. Tous ces jeunes étaient mobilisés autour de moi. Mais les gens ont comploté contre moi. Le lendemain, une partie de la presse ‘’achetée’’ par Cheikh Seck a titré : Cheikh Seck élu, El Hadj Diouf président autoproclamé. C’est malhonnête.
Vous avez tourné la page du Jaraaf. Mais êtes-vous toujours dans le sport ?
Oui ! Je suis toujours dans le sport. D’ailleurs, je suis en train de voir avec des amis comment créer un club performant, moderne comme le Paris Saint-Germain, le Real, avec de grands bailleurs, de grands responsables.
Maintenant dans ce monde du sport, il faut avoir de l’argent pour développer une équipe. Je ne veux pas en dire plus, parce que ‘’bu nit ñi xamee foo jëm, doo agg’’ (qui veut aller loin ménage sa monture).
On est en train de mûrir le projet. Il y a des gens qui sont dans tous les métiers, des cadres qui travaillent dans de grandes sociétés. C’est avec eux que je vais créer une grande équipe. Vous avez vu le PSG, depuis que les Qataris sont venus, ils rivalisent avec les Real et Barcelone. Ils achètent des joueurs pour des centaines de milliards. C’est ce que nous voulons installer ici.
Ce club sera-t-il kaolackois ou dakarois ?
Non, il sera un club du Sénégal. Je ne sais pas où on va l’implanter mais il fera très mal. De toutes les façons, le Jaraaf et moi, c’est terminé. Ce fut une aventure exaltante que j’ai vécue avec passion.
Entre le Jaraaf et moi, c’est comme un divorce avec une épouse qu’on a toujours aimée. Je ne dirais pas qu’il y a une haine. Le problème, ce n’est pas entre le Jaraaf et El Hadj Diouf ; ce sont les opportunistes qui ne sont même pas des Jaraafmen. Ce sont des traîtres qui sont derrière Cheikh Seck pour bouffer son argent, des vieillards à la retraite.
Malheureusement, il ne s’en rend pas compte. Moi, j’avais la jeunesse. Mon argent, je le donnais à l’équipe, non à des individus pour les corromp.
PAR Alioune G Sall, Abou Sylla et Rougyatou Sow
VIDEO
JOUR-J
EXCLUSIF SENEPLUS - Papa Sow et Ama Baldé vont livrer un duel de gladiateurs au stade Léopold Sédar Senghor - En attendant le coup de sifflet de l'arbitre, les supporters des deux camps se prononcent
Alioune G Sall, Abou Sylla et Rougyatou Sow |
Publication 17/02/2018
C'est aujourd'hui le jour de vérité pour les lutteurs Papa Sow et Ama Baldé. Ils vont livrer un duel de gladiateurs au stade Léopold Sédar Senghor. En attendant le coup de sifflet de l'arbitre, les supporters de Papa Sow et ceux d'Ama Baldé se prononcent devant la caméra de SenePlus.com.
Voir vidéo.
LES SYNDICATS VEULENT DES GAGES
Les enseignants déplorent le manque de volonté notoire dont fait montre le gouvernement - Ils ont investi la rue pour exiger la matérialisation de tous les accords signés
Ibrahima BALDE, TIDA MANE et Papa Alioune DIENG |
Publication 17/02/2018
Après l’étape de Thiès la semaine dernière, les syndicats d’enseignants les plus représentatifs ont investi la rue hier, vendredi 16 février, de la place de l’obélisque au rond-point de Rts, point de chute, pour exiger, encore une fois de plus, toutes les dispositions utiles à la matérialisation de tous les accords signés, notamment l’ouverture sérieuse de négociations sur le système de rémunération des agents de la Fonction publique.
Très déterminés, les syndicats les plus représentatifs ont battu le macadam hier, vendredi, 16 février, pour déplorer le manque de volonté notoire dont, disent-ils, fait montre le gouvernement sur le respect du protocole d’accords du 17 février 2014. De la place de l’obélisque où ils ont pris départ, pour finalement atterrir au rond-point Rts, ils sont des centaines à répondre à l’appel des syndicats d’enseignants. L’objectif de cette marche qui s’inscrit dans le cadre du troisième plan d’action, est d’amener le gouvernement à la matérialisation de tous les accords signés.
Le Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal (Saemss), le Cadre Unitaire des Enseignants du Moyen Secondaire(Cusems, le Syndicat des enseignants libres du Sénégal (Sels), le Syndicat des enseignants libres du Sénégal/Authentique (Sels/A), l’Union démocratique des enseignants du Sénégal (Uden) et le Syndicat National des Enseignants en Langue arabe du Sénégal (Snelas/Fc), ont exigé «le démarrage effectif de la dématérialisation de la Fonction publique».
Pour une augmentation substantielle et l’alignement de l’indemnité de logement des enseignants, les syndicats dits représentatifs veulent une «ouverture de négociations sérieuses pour la mise en œuvre des mesures correctives relatives aux iniquités notées dans le système de rémunération des agents de l’Etat». Car, indiquent-ils, «les autorités font main basse sur les résultats de l’étude sur le système qui relève des disparités criardes en défaveur des enseignants». En plus, les points sur la délivrance des actes en souffrance au ministère de la Fonction publique, la formation diplômante des enseignants, le paiement des rappels d’intégration, de validation et d’avancement, restent une préoccupation fondamentale.
«La prise de toutes les dispositions utiles pour assurer le respect des accords et engagements pris par le gouvernement, seul gage de stabilité du système éducatif sénégalais», lit-on dans une déclaration commune.
Dans le cadre du troisième plan d’actions, les syndicats avaient décidé de boycotter les évaluations, compositions et cellules pédagogiques. Les syndicats dits représentatifs ont aussi insisté sur les problèmes profonds de l’école, notamment les effectifs pléthoriques des classes, le déficit, à tous les niveaux des cycles scolaires, des infrastructures, des manuels scolaires et des matériels didactiques. Qui plus est, ils ont relevé pour le regretter, les redéploiements intempestifs et abusifs d’enseignants, la multiplication des classes multigrades et la persistance des retards de paiement et ponctions. Ces perturbations interminables ont fini par prendre en otage les potaches et autres parents d’élèves au milieu d’une année académique.
De l’ambiance et des mots
Ils ont pris départ à la place de l’obélisque, direction, rond-point Doudou Ndiaye Coumba Rose (face à la RTS). Une forte mobilisation des enseignants, venus des différentes régions du Sénégal, était au rendez-vous. Ils se sont mis en fil indienne, chacun tenant la main de son proche, des brassards rouges attachés autour de la tête, du cou ou des bras. Les messages n’étaient pas en reste. «Respect des accords», «Halte à la surimposition des salaires des travailleurs », «Pour le recrutement des enseignants en nombre suffisant», «Eradication des abris provisoires», sont, entre autres, des messages lancés à travers les pancartes et T-shirts. Sans oublier les banderoles représentant les différents syndicats. Une atmosphère remarquable. De la musique, des cris de guerre accompagnés de coups de sifflets un peu partout. Cependant, cette marche était sécurisée par la police nationale. Au total, 3 voitures et plusieurs agents de la police étaient présents. Arrivés à la place Doudou Ndiaye Cumba Rose, les enseignants se sont mis face à la RTS et les responsables des syndicats ont pris tour à tour la parole. Ce sont des hués chaque fois que les orateurs prononçaient le nom du chef de l’Etat. Même la RTS n’est pas laissé en rate, lorsqu’un des responsables l’a interpelé par rapport à la diffusion de la marche.
REACTIONS… REACTIONS…
Abdou Faty, SG Sels/A : «Ils vont couper les salaires, mais nous devons résister»
«Des jours difficiles nous attendent chers camarades. Ils vont couper les salaires, mais nous devons résister. Résistons,résistons, résistons ! Camarades, il faut résister et se battre».
Abdoulaye Ndoye, SG Cusems : «Nous parviendrons à faire plier le gouvernement»
«J’aimerai demander aux camarades ici présents d’observer une minute de silence, de prière et de recueillement à la mémoire de tous les enseignantes et enseignants du Senegal, du fait des mauvaises conditions de travail, qui nous ont été arrachés, surtout à nos trois camarades qui sont décédés dans la région de Fatick. Nous présentons nos condoléances à toutes les familles éplorées et à tous le senegalais. Quand un enseignant meurt, c’est la tristesse qui s’installe. C’est une bibliothèque qui brûle. Je remercie tous les parents d’eleves et les membres de la société civile pour leur soutien. Je voudrai reserver une mention speciale à nos élèves ; vous êtes nos enfants, nos neveux. Personne ne vous sacrifiera. On va se battre pour la réussite de tous les élèves du Senegal. Camarades, nous saluons votre courage, votre détermination, votre engagement face à la tentative du régime en place de déstabiliser, de diaboliser, de désinformer et de menacer. Nous allons résister,car la résistance est un droit. Camarades, à l’image des cheminots en 1947, après 160 jours de faim, de résistance, de menace et de répression, ils sont parvenus à faire plier le colon. Nous, nous parviendrons à faire plier le gouvernement, à l’amener à satisfaire toute la revendication. Si on veut avoir un développement économique et culturel, il faut avoir un développement des connaissances, donc de l’école. Les dépenses de l’école sont des dépenses de souveraineté nationale. Dis-moi quelle école tu as, je te dirais quel peuple tu auras. Monsieur le président de la République, vous n’avez pas été élu par l’Apr, vous n’avez pas été élu par le Ps. Vous avez été élu par ce digne peuple du Senegal. Les enseignants ont versé leur sang pour la République du Sénégal. Les enseignants ont participé de manière significative à la construction du Senegal. Je voudrai dire aux prochains candidats qui doivent se présenter pour l’ élection présidentielle qu’ils doivent nécessairement présenter un programme scolaire. On acceptera plus d’être un bétail électoral. Nous sommes le savoir. Nous sommes l’avenir de l’humanité. Nous sommes la réponse à toutes les crises. Ceux qui veulent diriger le Senegal doivent se prononcer sur la crise».
Saourou Sene, Saems : «Si le gouvernement a opté pour la confrontation qu’il sache qu’on est déjà sur le terrain»
«Nous avons démontré que là où il y a une unité, nous pourrions relever tous les défis. Camarades, cette mobilisation démontre à suffisance la détermination des enseignants à faire terminer les dilatoires du gouvernement. Je voulais dire à ceux qui disent que nous faisons de la politique qu’ils ont tout faux. Le système de rémunération des acteurs de la fonction publique a fait l’objet d’une étude dont le Président détient le document final depuis 2015. Depuis cette étude, on a eu que du bavardage pour l’école. Nous en avons assez. Nous avons décidé de descendre dans la rue. On a en assez de signer des accords en à plus finir. Nous attendons de l’Etat une augmentation de nos indemnités de logement, auquel cas la mobilisation continuera jusqu’à la fin de l’année. Nous ne pouvons pas avoir de système éducatif de qualité si les enseignants ne sont pas formés. C’est la démotivation totale dans le système éducatif. Il nous appartient de corriger le regard que le gouvernement a vis-à-vis des enseignants. L’intimidation ne passera pas. Les coupes de salaires ne passeront pas. Les réquisitions ne passeront pas. Si le gouvernement a opté pour la confrontation qu’il sache qu’on est déjà sur le terrain. Nous allons engager la mobilisation jusque dans les régions. Après Dakar, ce sera Thiès, et ce jusqu’à la victoire finale».
Souleymane Diallo, SG Sels : «On ne peut pas gérer un pays et ignorer la rue»
«Monsieur le président de la République, le Sénégal est là. L’école sénégalaise est là. On ne peut pas gerer un pays et ignorer la rue. On ne peut pas gérer un pays et ignorer l’école et les enseignants. Nous demandons le respect des accords»
LE PRIVE REGIONAL RECOMMANDE UNE ADHESION «A LA CARTE»
L’adhésion de Maroc dans la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) doit se faire de manière progressive (10 ans, 15 ans) pour éviter les dégâts collatéraux et ainsi par ricochet donner le temps à la Cedeao de mieux achever son intégration économique. C’est ce que préconise le privé régional réuni les 13 et 14 février derniers à Dakar dans le cadre des Assises de l’entreprise, édition 2018 du Conseil national du Patronat sénégalais (Cnp).
Baliser un boulevard économique pour le compte du Maroc dans la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), sans au préalable avoir levé les distorsions de concurrent, alors que celui-ci (Maroc) a des subventions, des accords commerciaux, et bilatéraux qui lui permettent d’avoir des matières premières au taux zéro est purement suicidaire.
Peut-on ainsi synthétiser la crainte du secteur privé sous régional, débattant sur le panel: «Enjeux et perspective d’élargissement de la Cedeao: Tunisie, Mauritanie», lors des Assises de l’entreprise, édition 2018 du Conseil national du patronat sénégalais (Cnp), tenues les 13 et 14 février derniers à Dakar.
Pour sans convaincre, dira le Colonel Guidado Sow, ancien directeur général des douanes sénégalaises, et actuellement consultant en douanes et intégration régionale: «Nous nous interdisons les subventions, Et par-dessous tout, nos accords bilatéraux sont devenus caduques. S’y ajoute la libre circulation au sein de la Cedeao, qui est loin d’être une réalité. Et le jour où le Maroc aura le droit d’établissement (droit permettant la profession libérale d’aller s’installer et d’y résider) qui confère au secteur privé d’aller s’installer au Maroc, l’espace Cedeao sera réduit en une zone de consommation et le Maroc un pays producteur. Par conséquent, la locomotive de la Cedeao». Et pour s’en convaincre que le Maroc ne vise que ses intérêts, il développe: «Si on venait à demander au Maroc de lever toutes les distorsions avant d’entrer, de renoncer à ses accords commerciaux, d’aligner son tarif extérieur commun à la Cedeao, cela ne vaudra pas la chandelle pour lui. Parce qu’il a 17 000 lignes contre 5000 lignes pour la Cedeao».
LA CEDEAO EST LOIN D’ACHEVER SON INTEGRATION ECONOMIQUE
Et M. Sow, de s’en désoler du soi-disant intégration régionale qui, à ses yeux est plus une ‘’fiction’’ qu’une «réalité» sur le terrain. Pour s’en convaincre dira-t-il: «Pendant 30 ans la Cedeao ne s’est occupée des questions économiques. Parce que sur des lignes les Etats peuvent se fixer les droits qui leur sont convenables. Les textes de la Cedeao idem. Sur la zone de libre-échange, le niveau est 10% seulement avec beaucoup d’entraves. Bref, c’est la Cedeao est loin d’être intégrée pour s’ouvrir au géant économique marocain».
Prenant la parole, Yaya Sow, conseiller du patronat guinéen et ancien représentant résident de la Cedeao à Bruxelles a, de prime abord, tenté de justifier le coup de force du Maroc à intégrer la Cedeao. Ainsi, selon lui: «Le Maroc pendant longtemps se voyait intégrer l’Union européenne (Ue). Ce qui est apparu comme une chimère pour lui. Mieux, ne pouvant nullement intégrer la zone Magrébine, donc enfermé sur lui-même, il cherche un refuge ailleurs. Et au même moment si rien n’est fait en terme de création de richesse par l’emploi de centaines de jeunes diplômés, le pays risque de vivre la même situation qu’a connue la Tunisie au tournant 2010-2011 appelée Printemps arabe ou révolution arabe».
INTEGRER LE MAROC A LA CARTE
Dès lors, la seule issue pouvant régler cette question demeure son intégration dans la Cedeao. Donc, le Maroc est dans le besoin. D’où l’impérieuse nécessité pour les pays de la Cedeao d’attendre d’avoir les conclusions des études d’impacts approfondies sur le secteur productif pour voir comment intégrer le Maroc… à la carte. En clair, il s’agira de voir dans certains domaines où le Maroc est largement en avant par rapport aux pays de Cedeao notamment dans l’industrie signer des accords permettant au secteur privé marocain de s’implanter en créant de la richesse et le transfert de technologie.
MARCHE OUVERT
Et Abdoulaye Ly, directeur de la Promotion des Investissements de conseiller: «il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain». Car, pour lui «tout n’est pas mauvais». Et de soutenir: «Nous sommes dans un marché ouvert. Ce qu’il y a à faire, c’est d’inciter le secteur privé à s’innover et à intégrer les approches concurrentielles par la technologie de pointe. On ne peut plus choisir pour le consommateur. Il s’adapte selon ses préférences et ses moyens». Et de conclure : «Qu’on le veuille ou pas le Maroc est déjà là».
LE GROUPE BBY SALUE UNE AVANCEE HISTORIQUE
Adoption de la loi de règlement 2016 portant sur la transparence
Le groupe parlementaire Bennoo Bokk Yaakaar (Bby) salue l’adoption de la loi de règlement 2016 qui, selon ses membres, reflète l'expression des «performances de notre pays en matière de gouvernance, de redevabilité et donc de transparence». Dans une note parvenue à Sud Quotidien hier, vendredi 16 février, le président dudit groupe Aymérou Gningue et compagnie estiment que c’est «une première dans l'histoire», tout en félicitant le chef de l’Etat, Macky Sall et son gouvernement.
La transparence, la bonne gouvernance et la redevabilité seraient en bonne voie, d’autant plus que, dès son accession à la magistrature suprême, le chef de l’Etat, Macky Sall «aurait instruit son gouvernement de promouvoir la transparence, la bonne gouvernance et la redevabilité». C’est que semble dire en substance le groupe parlementaire Bennoo Bokk Yaakaar (Bby), dans un communiqué parvenu à Sud Quotidien hier, vendredi 16 février.
Dans la note, le président dudit groupe Aymérou Gningue et compagnie déclarent que la loi de règlement 2016, votée mardi dernier, «est l'expression des performances de notre pays en matière de gouvernance, de redevabilité et donc de transparence». S’en réjouissant, ils estiment que «cette loi de règlement dont la vocation est de rendre compte de l'exécution des opérations budgétaires arrêtées par les Lois de Finances Initiale et Rectificative de l'année 2016 aura été une première dans l'histoire».
Mieux, les parlementaires de la mouvance présidentielle pensent que cette disposition permettra au Sénégal de renforcer sa crédibilité au niveau national et international. Pour eux, «la loi de règlement permet de garantir non seulement la sincérité et la régularité des comptes mais constitue aussi un gage de transparence de l'Exécutif vis-à-vis de la représentation nationale et donc des gouvernés, des partenaires techniques ainsi que des observateurs internationaux».
Poursuivant dans la même dynamique, le député-maire de Médina Ndakhar, dans le département de Tivaoune (Thiès) et ses collègues de Bby se réjouissent aussi que la gouvernance du président Macky Sall soit «illustrée par non seulement la bonne gestion et la bonne tenue de notre économie, de nos finances et de nos comptes mais aussi que la transparence soit érigée en principe».
Tout en félicitant le président et son gouvernement, les parlementaires de Bby se disent disposer à accompagner Macky Sall. Ils indiquent, dans la note, que «le groupe parlementaire Bennoo Bokk Yaakaar se dit disposé à travailler avec le gouvernement pour mettre en œuvre cette autre volonté politique du Chef de l'Etat acceptée par voie référendaire qui est de procéder à une évaluation des politiques publiques mises en œuvre».
SEPT ANS FERME ET CINQ MILLIARDS D’AMENDE CONTRE KHALIFA SALL
Main lourde du procureur de la république dans son réquisitoire au procès de la caisse d’avance
Le procureur de la République a requis dans le cadre de l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar des peines allant d’un an ferme à sept ans. Dans son réquisitoire hier, vendredi 16 février, Serigne Bassirou Guèye a également requis une amende de 5 milliards 490 millions FCFA contre Khalifa Sall et la relaxe pour les deux percepteurs municipaux.
Si le tribunal suit le réquisitoire du procureur de la République, le député-maire de Dakar, Khalifa Sall et le directeur administratif et financier de la ville de Dakar, Mbaye Touré, resteront derrière les barreaux pour six ans encore. En effet, dans son réquisitoire d’hier, vendredi 16 février.
Serigne Bassirou Guèye a requis 7 ans d'emprisonnement ferme et 5 milliards 490 millions FCFA d'amende contre Khalifa Sall, maire de Dakar et Mbaye Touré, Directeur administratif et financier de la Ville de Dakar. Selon le maitre des poursuites, les deux sont coupables des délits d’association de malfaiteurs, escroquerie portant sur des deniers publics, détournement de deniers publics, blanchiment de capitaux, faux et usage de faux en écriture de commerce.
S’agissant des six autres co-prévenus du député maire de Dakar dans le cadre de cette affaire considérée comme politique par la défense qui va faire sa plaidoirie à partir du lundi 19 février prochain, Serigne Bassirou Guèye a demandé la requalification de certaines charges qui avaient été retenues contre la seule femme de ce groupe, Mme Fatou Traoré, poursuivie pour association de malfaiteurs, complicité de détournement de deniers publics, complicité d’escroquerie. Le procureur de la République a dit ne pas disposer assez d’éléments pour certifier sa culpabilité. Sous ce rapport, il a demandé au tribunal de requalifier ces charges en ne retenant que celle de complicité de faux et usage et faux et complicité d’escroquerie au regard de son aide apportée au début à Yaya Bodian en lui donnant le cachet et les enseignes du Gie Tabar en vue de la confection de fausses factures. Il a ainsi requis une peine de deux ans dont un an ferme.
Pour les autres coaccusés du maire de Dakar notamment Yaya Bodian (comptable), Mactar Diop (membre de la commission de réception des marchés), Ibrahima Yatma Diaw (chef de la Division financière), Amadou Moctar Diop (coordonnateur de l'Inspection générale des services municipaux), Serigne Bassirou Guèye a demandé au tribunal de les condamner tous à 5 ans de prison, ce qui constitue, selon lui, la peine minimum prévue par la loi. En effet, selon lui, ces derniers sont tous coupables des délits de complicité et faux et usage de faux sur des documents de détournement de deniers public et d’escroquerie sur les deniers publics dans la mesure où ils savaient qu’il n’y avait pas livraison de riz et de mil. «Les membres de la commission ont tous dit qu’ils ont signé, mais ils n’ont jamais reçu ni de mil ni de riz. Devant la barre, les personnes entendues ont reconnu les faits», a indiqué le procureur de la République qui ajoutera dans la foulée.
«Il y a faux et usage de faux en écriture de commence, blanchiment d’argent et blanchiment de capitaux. Il y a aussi escroquerie et faux sur des écritures administratives, faux en écriture de commerce parce que des factures de riz et de mil de 15 millions, faites par celui qui commet un faux en écriture de commerce, est puni. Et je n’ai pas besoin de développer. Le faux est un défaut d’originalité. Et pour ce fait, la loi condamne le coupable de 3 et de 7 ans d’emprisonnent. C’est la loi, ce n’est pas moi qui l’ai dit», souligne encore le procureur de la République. Avant de poursuivre : «il y a aussi faux dans un document administratif dans les procès-verbaux de la ville de Dakar, ce délit est avéré. Il y a aussi l’usage du faux et l’article 153 du code pénal dit que toute personne qui a obtenu et tenté d’obtenir de l’Etat ou d’une collectivité publique au moins des pièces fausses matériellement ou moralement sera punie selon les dispositions suivantes, de 5 ans à 10 ans. C’est dur mais c’est la loi, l’article 379 du Code pénal» martèle encore Serigne Bassirou Gueye qui précisera à l’endroit du juge Lamotte, «Monsieur, le président, vous reconnaissez que tout au long de mon argumentaire que je n’ai pas parlé de fonds politiques».
SERIGNE BASSIROU GUEYE POUR LA RELAXE DES PERCEPTEURS MUNICIPAUX
Placés sous contrôle judiciaire depuis le début de cette procédure, les inspecteurs du trésor, Mamadou Bocoum et Ibrahima Touré, respectivement ancien et actuel percepteurs municipaux de Dakar, devront tourner la page de l’affaire de la caisse d’avance si le tribunal suit le procureur. En effet, dans son réquisitoire, le maitre des poursuites soulignant qu’il ne dispose pas d’éléments pouvant prouver l’implication des deux fonctionnaires du Trésor, a plaidé leur relaxe. «Je n’ai pas assez d’éléments pouvant prouver leur implication dans cette affaire. En plus, Mr Khalifa a dit que ces personnes ne percevaient pas un rond de l’argent décaissé et eux, ils ont dit qu’il ne leur revenait pas de faire le contrôle de l’usage qui en a fait de ces fonds».
LE PROCUREUR REFUTE LE CARACTERE POLITIQUE DES FONDS DE LA CAISSE D’AVANCE
Revenant sur le caractère dit politique des fonds de la caisse d’avance évoqué par la défense, il a précisé que «même si les fonds sont politiques, il n’y a qu’une seule conséquence, celle de relâcher Khalifa Sall et Mbaye Touré des faits de détournement de deniers publics mais pour toutes les autres charges, ils seront condamnés». Poursuivant son propos, le procureur a toutefois précisé qu’il ne le fera pas. «Je ne lâche rien parce que les fonds ne sont pas politiques et je ne me dérobe point», a-t-il martelé en précisant qu’«il y’a tellement de raisons qui attestent le contraire que ces fonds ne sont pas politiques et l’Aje et les avocats de la partie civile l’ont démontré».
LE PROCUREUR DE LA RÉPUBLIQUE SE DÉFEND D’AVOIR KHALIFA SALL DANS SON CHAMP DE MIRE : «Je n’ai suspecté personne»
Le procureur de la République a profité de son réquisitoire pour apporter une réponse à tous ceux qui l’accusent d’être le bras armé des autorités politiques dans ce dossier de la caisse d’avance de la mairie. Soulignant qu’il représente la société, Serigne Bassirou Guèye a commencé par dire qu’il est heureux de prendre la parole à la suite de l’ordonnance du juge d’instruction pour dire les raisons pour lesquelles il a demandé le renvoi devant le tribunal des personnes incriminées. «Aujourd’hui, nous débâtons des fonds de la caisse d’avance. Je représente la société et celle-ci m’a interpellé parce qu’elle n’a pas compris. Je représente le Dakarois lambda, le Sénégalais lambda qui n’a pas participé à un partage de gâteau et c’est lui qui me dit qu’il n’a pas compris», a déclaré le procureur de la République.
Poursuivant, le maitre des poursuites a indiqué qu’il jamais ciblé une personne. «Au début, je n’ai suspecté personne. D’ailleurs, j’ai seulement indiqué dans la note que j’ai envoyée à la Dic Soit transmis pour enquête. Et c’est ainsi que la Dic a fait son travail, un travail remarquable. Jusque-là, aucune suspicion parce que je n’ai fait arrêter personne bien que la loi me le permettait au regard des faits contenus dans le rapport de l’Ige où on parlait de décaissements mensuels de 30 millions pour l’achat du riz et du mil qui ne sont jamais livrés. J’ai quand même pris le temps de parcourir le rapport d’enquête de la Dic que j’ai étudié minutieusement et toutes les personnes ici présentes ont déclaré être impliquées dans cette vaste opération de détournement des deniers publics».
LES AVOCATS DE LA VILLE DE DAKAR DECHARGENT LEURS CONFRERES DE L’ETAT
Constitution de partie civile dans le procès contre Khalifa Sall
Le procès concernant l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar s’est poursuivi hier, vendredi 16 février, avec la plaidoirie des avocats de la partie civile version ville de Dakar. Devant la barre, les avocats de la ville ont récusé la présence de l’Etat dans ce dossier.
Ouvrant le bal des plaidoiries, Me Ibrahima Diaw a récusé la présence de l’Etat dans cette affaire. S’adressant dès l’entame de sa plaidoirie au tribunal, l’avocat membre du collectif des avocats constitués pour défendre les intérêts de la ville de Dakar a jugé «irrégulière, illégale et pas conforme» au principe de la comptabilité publique la constitution de partie civile de l’Etat du Sénégal dans ce dossier. «L’Etat ne peut pas constituer partie civile dans cette affaire parce que les sommes en question ne lui appartiennent pas. Il s’agit de l’argent de la ville de Dakar», a-t-il insisté.
Poursuivant son propos, Me Diaw demande ainsi formellement au tribunal de mettre définitivement à l’écart l’agent judiciaire de l’Etat ainsi que les avocats de l’Etat dans cette affaire. Devant la barre, l’avocat dit fonder sa requête sur l’article 1 du Code général des collectivités locales qui, selon lui, reprend une disposition constitutionnelle qui dit qu’il y a l’Etat, les collectivités locales qui ont une personnalité morale et une autonomie financière. Poursuivant son propos, Me Diaw indiquera que «c’est dans ce sens que la ville de Dakar s’est constituée partie civile. « En vertu de cette disposition de la loi, la ville de Dakar a droit d’ester en justice. Et c’est par une délibération que le Conseil municipal s’est constitué partie civile en se fondant notamment sur deux éléments dont le premier est tiré sur la nature des fonds et le second sur leurs appartenances», a-t-il encore fait savoir avant ajouter. «Depuis le début de ce procès, j’ai entendu beaucoup de choses qui n’ont rien à voir avec les finances publiques tout simplement parce que pour ce procès, l’Etat est déterminé à parvenir à ses fins et pour cela, il veut prendre toutes les dispositions légales et les mettre de côté. Le Code général des collectivités locales dispose que seul le maire peut représenter le conseil municipal en justice».
Revenant sur le montant de 6. 830 milliards fixé par l’Etat du Sénégal en guise de réparation du préjudice subi, il précisera que le budget de fonctionnement de la ville de Dakar est financé par des fonds appartenant exclusivement à cette collectivité locale et non à l’Etat parce que cet argent n’a rien à voir avec les fonds de dotations. «Les gens ont tenté depuis le début de cette affaire de faire une confusion. Car, même si on est dans le principe d’unicité de la caisse, il y a des deniers publics qui appartiennent à l’Etat et de des deniers publics qui appartiennent à la ville de Dakar. Ce que l’Etat du Sénégal réclame, cela ne l’appartient pas, c’est de l’argent de la ville de Dakar. C’est nous, la véritable partie civile et les fonds qu’on accuse Mr Khalifa d’avoir détourné appartiennent exclusivement à la ville de Dakar ».
Prenant à son tour la parole à la barre pour faire sa plaidoirie, Me Jean Sylva a conforté cette thèse en déclarant que «l’Etat n’a pas le monopole de la constitution de partie civile. «La théorie de la caisse unique ne peut pas être retenue. La loi a déjà prévu dans le cadre de détournement que d’autres personnes que l’Etat peuvent se constituer partie civile. En plus, les sommes dont il est question n’appartiennent pas à l’Etat. Donc, le préjudice est causé à la ville de Dakar à qui appartient la somme», a fait savoir la robe noire en rappelant des dispositions de l’article 153 du Code de procédure pénale. Poursuivant son propos, Me Sylva a également informé le tribunal qu’il en voulait au juge d’instruction qui n’a pas procédé à la qualification de la nature de détournement, comme le prévoit la loi notamment l’article 152 du Code de procédure pénale. Si le juge d’instruction avait instruit selon l’esprit et à la lettre de l’article 152 du Code de procédure pénale, à la fin de son information en déterminant la personne qui a subi le détournement, l’Etat du Sénégal ne serait dans cette salle. Par ailleurs, revenant sur les exceptions soulevées par l’agent judiciaire de l’Etat et les avocats de l’Etat lors de leurs plaidoiries de la veille pour écarter la ville de Dakar de ce dossier, Me Jean Sylva a précisé que la motion évoquée par ces derniers n’a pas été faite dans le cadre procédural. Poursuivant son argumentaire, il a ainsi affirmé que c’est la défense qui avait affirmé que le Conseil municipal avait dit qu’il n’allait pas se constituer partie civile tout simplement pour barrer la route à l’Etat qui n’avait pas sa place dans ce dossier. «Mais, dans sa réponse, la chambre d’accusation avait dit que les juridictions d’instruction n’étaient pas compétentes pour trancher cette question. Donc, cet argument doit être écarté parce qu’il n’y a aucun document pouvant attester cette supposition prêtée à la ville de Dakar», a précisé l’avocat de la ville de la Dakar.
ME OUSSEYNOU GAYE REVIENT A LA CHARGE CONTRE… L’ETAT
Prenant la parole à son tour sur cette question de la présence de l’Etat dans ce dossier, Me Ousseynou Gaye a déclaré : «L’Etat est intervenu dans un procès qui ne le concerne pas. Les disposions de l’article 1 du Code des collectivités locales relatives à la personnalité morale et à leur autonomie disent qu’il y a l’Etat et il y a la collectivité locale. C’est dans ce sens que je dis que la ville de Dakar a une autonomie financière. De même, la ville de Dakar et le Conseil municipal sont élus au suffrage universel».
Poursuivant sa plaidoirie, il ajoutera que la ville de Dakar, en tant que collectivité locale, a le droit d’ester en justice. «Nous fondons notre constitution sur deux éléments qui sont : La nature des fonds et de leur appartenance. La ville de Dakar a ses ressources propres et elles sont définies par l’article 187 du Code des collectivités locales. Ensuite, il y a le principe de la libre administration des collectivités locales. Et les fonds appartiennent exclusivement à la mairie de Dakar. C’est la commune qui finance son fonctionnement», martèle encore Me Ousseynou Gaye avant d’insister. «Un décret ne peut pas contredire une loi. La ville de Dakar fonde sa constitution de partie civile sur le Code général des collectivités locales qui est une loi régissant les collectivités locales. La ville est la seule habilitée à être partie civile. L’Etat du Sénégal ne s’occupe que de petit détail parce que quand on agit en politique politicienne, on s’occupe de petits détails. La preuve, l’Etat a mobilisé tout son arsenal et même voulu usurper la place de la ville de Dakar dans ce procès».
ALIMENTATION DE LA CAISSE D’AVANCE A PARTIR DES FONDS DE L’AVANCE DE TRESORERIE : Me Gaye rectifie l’Agent judiciaire de l’Etat
Revenant sur l’autre argument brandi par l’Agent judiciaire de l’Etat dans sa plaidoirie pour conforter le caractère public des fonds détournés et qui concerne les avances de trésorerie allouées par l’Etat aux collectivités locales. Me Gaye précisera que les fonds en question ne sont nullement des avances mais plutôt des prêts remboursables accordés par l’Etat aux collectivités locales sur une période ne pouvant pas dépasser un an. «L’Etat refuse par le canal de ses représentants de confectionner des rôles d’impôts pour permettre à la ville de Dakar de collecter ses impôts. C’est pourquoi, il accorde des avances de trésorerie qui ne sont que des prêts remboursables et c’est le ministère de l’Économie et des Finances qui déterminent l’échéance qui ne peut dépasser un an. La ville de Dakar est obligée de payer ce prêt, sinon elle est immolée parce que l’avance sur trésorerie n’est pas un acte gratuit. C’est comme un prêt bancaire. Dans ces conditions, comment ce prêt peut-il être utilisé pour alimenter la caisse d’avance», s’est-il interrogé.
ECHOS DU TRIBUNAL…
ME GAYE IRRITE PAR LE DELIT D’ASSOCIATION DE MALFAITEURS
Lors de sa plaidoirie, l’avocat de la ville de Dakar a également attiré l’attention du tribunal sur l’utilisation «abusive» par le parquet du délit d’association de malfaiteurs. En effet, selon lui, ce délit figure dans presque tous les dossiers instruits par le parquet au cours de ces dernières années. Suffisant donc pour lui d’attirer l’attention du tribunal. «On veut faire du Tong-tong dans ce dossier. Il faut faire très attention parce que j’ai constaté que le parquet utilise ce délit dans tous les dossiers qu’il a eu à instruire au cours de ces dernières années. Le délit de blanchiment d’argent révèle à grand jour le pacte qui lie le parquet et l’Etat du Sénégal dans ce dossier. On parle de ce délit mais on rien fait pour démontrer ce délit. Je suis irrité tous les jours par cette incrimination qui ne repose sur rien sinon dans l’imagination de celui qu’il a pris».
SENELEC : LES PRECISIONS DU CONSEIL DE DAKAR
Revenant par ailleurs sur les 27 milliards décaissés par l’Etat du Sénégal pour payer la facture de l’éclairage public à la Senelec au profit de la ville de Dakar évoqués par l’agent judiciaire de l’Etat dans sa plaidoirie, Me Gaye estimera que cet argument avancé pose problème. Poursuivant sa plaidoirie, il a précisé que la facture de la Senelec n’a jamais figuré dans la caisse d’avance. Mieux, ajoutera-t-il, l’Etat du Sénégal a directement payé à la Senelec et non la ville qui n’a pas besoin des fonds de dotation de l’Etat pour son fonctionnement parce qu’elle dispose d’un budget de plus de 58 milliards».