DAGE, DOUCE DAGE
Elles étaient discrètes, presque invisibles. Les DAGE, ces directions logées au creux des ministères, veillaient sur les fournitures, les marchés publics, les petites et grandes dépenses. On les croyait peu glamour. On avait tort.

Elles étaient discrètes, presque invisibles. Les DAGE, ces directions logées au creux des ministères, veillaient sur les fournitures, les marchés publics, les petites et grandes dépenses. On les croyait peu glamour. On avait tort. Car voici la DAGE devenue vedette. Non pas d’un rapport d’exécution budgétaire — ce serait trop simple — mais d’un feuilleton politico-judiciaire à succès.
Plusieurs de ses anciens gestionnaires, ceux de l’ère Macky Sall, sont aujourd’hui derrière les barreaux. D’autres ont préféré signer de gros chèques pour rester dehors, et certains dorment d’un œil, quand ils dorment. Qui aurait cru que cette respectable fonction, toute en parapheurs et tableaux Excel, recelait tant de frissons ? Il fallait oser : faire rimer administration et sensation, équipement et dérangement. L’intendance suivait… mais parfois elle débordait.
La DAGE, jadis service de soutien, se retrouve en première ligne, plus exposée qu’un ministre sans parapluie en saison des pluies. La fonction, hier administrative, est devenue sensible. Ce qui se passait dans l’ombre s’expose désormais à la lumière crue des enquêtes. C’est peut-être cela, le prix d’une transparence retrouvée : faire émerger les zones grises. Et rappeler qu’un titre, aussi austère soit-il, peut cacher bien des passions humaines.