FIN DE CYCLE

C'était il y a 10 ans. Jean-Claude Mimran voulait vendre CBAO aux Marocains d'Attijariwafa bank. Pour "rendre la mariée belle", le DG Patrick Mestrallet t une opération de charme et sortit des chiffres pour revendiquer le rang de 1ère banque du Sénégal. S'en suivit une vive polémique avec Sandy Gilio de SGBS. Et REUSSIR était aux avant- postes pour raconter la guéguerre. Cela a continué jusqu'à la crise, il y a 2 ans, entre toujours CBAO et SGBS, avec un bras de fer entre Abdelkrim Raghni et Yann de Nanteuil sur celui qui était "la banque qui finançait le plus l'économie sénégalaise". Il y a eu aussi les duels épiques entre Hassan Kaba (Banque Atlantique) et feu Laurent Basque (BOA) pour conquérir le leadership du Middle Market. Sans compter les envolées solitaires des raiders de génie comme Jean- Luc Konan (UBA), Babacar Ndoye (BIS), Yves Cof (Ecobank), Alioune Camara (BRM)…
C'était la belle époque ! Celle où on faisait la banque comme au cinéma. Certes, nos amis bossaient bien, faisaient du chiffre (leur raison d'être !), mais il y avait aussi le spectacle, les jeux de scène, les acteurs qui étaient de véritables stars. On s'éclatait comme pas possible. Et REUSSIR a accompagné ce mouvement de fond, racontant les péripéties et coups d'éclat de nos amis les banquiers…
Mais aujourd'hui, tout ça est bien ni. La crise est passée par là. Nos amis ont le blues. Ils rasent les murs. Ils sont devenus méconnaissables. D'ailleurs, nos héros d'hier, fatigués, ont quitté la scène. Sur la pointe des pieds…
L'environnement des affaires est devenu plus que morose. Et les créances en souffrance montent en èche avec des contentieux judiciaires à la pelle. Dans le même temps, la Commission Bancaire reste plus que jamais rigoureuse dans ses contrôles, exigeant des provisionnements tous azimuts, ce qui dégrade encore les résultats nets. Soit des mesures de prudence pour compenser les dérapages des années de surenchère où on donnait du crédit, "en veux-tu, en voilà…".
Désormais, tous les yeux sont rivés sur Janvier 2018 avec l'entrée en vigueur du nouveau Plan Comptable Bancaire, les mesures réglementaires, plus restrictives, de Bâle II et Bâle III. On va vers une nouvelle manière de faire la banque, plus classique. Plus conformiste. Il n'y a plus de place pour les artistes et poètes…
C'est le règne désormais des managers froids, avec une calculette à la place du cœur. Et des règles strictes de reporting. Notamment au niveau du Groupe. Soit la nouvelle réalité sur la place. De plus en plus, tout se décide à Casablanca, un peu moins à Paris et Lomé. Surtout au niveau de la Communication, devenue un enjeu stratégique de gouvernance. Maintenant, l'information financière est très calibrée au millimètre près, filtrée et tamisée. Eh oui, c'est de la haute stratégie !
Pendant ce temps, la place de Dakar accueille ses nouveaux moneymakers. Ils sont 9 cette année, contre 8 l'année dernière. Soit 17 changements de direction sur un effectif de 24 en l'espace de 2 ans. Il faut avouer que ça frise l'overdose. Et comme d'habitude, REUSSIR vous fait découvrir ces conquérants de talent qui viennent pour révolutionner la place de Dakar. Bienvenue au Club !
Dans ce numéro également, vous découvrirez les performances de nos amis sur l'exercice 2015, les tendances du 1er semestre 2016 et leurs perspectives sur un futur proche. De même, REUSSIR est revenu sur les enjeux du futur Champion national dans la Banque, une enquête sur le "Cas BDK" et l'actualité du secteur dans l'UEMOA. C'est vous dire qu'on a beaucoup bossé durant les vacances…