HALTE À LA XÉNOPHOBIE ET À L'ETHNOCENTRISME POLITICIEN !
" Un chef d'État est le "père de la Nation ", gardien de la Constitution, garant des vertus et de la noblesse républicaine. Il mérite respect et considération, contrairement à un chef de parti à la tête d'un État ; ce dernier incarne clanisme et sectarisme. Il peut donc bafouer directement ou indirectement la dignité citoyenne et saper la morale républicaine de ses compatriotes, piétinant au passage les valeurs sacrées de la République et les lois fondamentales qui doivent régir une société diversifiée mais pas divisée. Donc nous voulons un chef d'État et non un chef de parti à la tête de notre État ! " Bocar GUEYE (Demain une autre Afrique)
Ces élections législatives ont révélé des bévues, des errements inconcevables à ce niveau pour une << démocratie >> comme la nôtre, qui quoique l’on puisse dire a pour le moins écrit quelques lettres de noblesse. Nous sommes non seulement habitués à organiser des élections, mais deux présidents de la République sont sortis par les urnes. Alors des couacs monstrueux et répétitifs décelés, avec plus de 50 milliards engloutis dans la création de nouvelles cartes d’identité biométriques, relèvent soit de l’amateurisme achevé ou d’une volonté manifeste de gagner sans scrupule. Mais pourquoi donc cette manie de nous imposer des dépenses inutiles, alors que les pays développés, avec des populations supérieures à la nôtre n’y pensent même pas ?! Pour rappel, en 2007 le duo Wade-Macky avait dépensé des milliards pour les mêmes raisons évoquées aujourd'hui.
Quand on est majeure, en droit de voter, pourquoi ne pas avoir systématiquement son nom sur les listes électorales et il suffirait de présenter sa pièce d'identité pour s’acquitter de son devoir citoyen. Tous ces marchés de gré à gré sont une manière de nous spolier davantage, de nous compliquer la tâche, mais surtout de nous maintenir vers les bas fonds de la précarité. Il est indéniable que nous sortons de ces élections législatives estropiés et dubitatifs quand à ce que nous réserve notre avenir en commun, puisque nous sommes obligés de vivre ensemble. Ce qui s’est passé à Touba est inadmissible, mais c'était aussi prévisible, vu comment la politique politicienne s’est installée dans la cité religieuse. Nos vénérés guides spirituels qui avaient sacrifié leur bonheur terrestre pour des causes nobles, entrevoient depuis l’au-delà des individus mal intentionnés piétinés la sacralité des valeurs qui avaient fondé leur foyer religieux.
● L’homme providentiel ! Dans un tohu-bohu indescriptible, le vrai débat politique était abonné absent et on s’est retrouvé avec Abdoulaye Wade, Macky Sall et Khalifa Sall, qui nous ont orientés vers ce qui ressemblait plus à une élection présidentielle qu’à autre chose. Nombreux sont nos compatriotes qui ont voté pour ces trois candidats et non pour leur liste, sans savoir expliquer le pourquoi du comment. Le vote est quelque chose d’assez personnel et important pour que l’on s’aventure à critiquer ou condamner le choix d’un électeur, mais quand même ! Vu le bilan des députés sortants, et pas seulement de ces cinq dernières années, il est légitime de demander à revoir notre copie sur le choix de nos représentants à l'hémicycle.
47 listes c’est trop; des millions de bulletins imprimés pour rien, perte de temps et d'énergie, confusion totale…parce que chacun pense être plus vertueux donc plus légitime que l’autre à diriger, sans parler des fameuses listes financées pour perturber les vrais opposants. Le << Raw gaddu >> est un piège comme la liste nationale, une imposture. Un député doit être choisi sur un programme dans son fief. Ainsi Khalifa Sall maire de Dakar, résident à la prison de Rebeuss depuis maintenant plusieurs mois aurait perdu Dakar, c’est insensé ! Il y a un gap énorme entre les élections présidentielles, locales et législatives ; alors appréhender chacune d’elles, selon sa propre démarche dans la sensibilisation et la conscientisation est une nécessité absolue pour chaque candidat au changement.
La dénonciation est une forme de communication dont on est habitué, mais l’essentiel repose sur un bon diagnostic de la société, sur son intellect, sa vision, ses préoccupations et surtout proposer des solutions, un levier de la révolution intellectuelle pour un changement de paradigme. C’est peut-être là où nos candidats indépendants pêchent à chaque échéance électorale. Une grande partie du peuple par moment se sent orpheline, et préfère confier sa voix à un revenant avec ses défauts, se souvenant qu’il avait aussi des qualités, plutôt que de confier son destin à un illustre inconnu qui lui dit ce qu’elle sait déjà. D’autres ne savent même pas ce que c’est que une liste pour les législatives, encore moins le rôle d’un député. On leur a fait choisir entre des candidats, c’est tout. Alors il ne faut jamais se lasser d’insister sur un programme politique, ne jamais se laisser entourlouper par le jeu favori de nos politiciens professionnels : querelles de personnes, insultes et invectives.
C’est un travail de longue haleine, mais il a déjà porté ses fruits en 2000 et en 2012. 2019 est à l’horizon, donc il faut très vite se ressaisir et se dire que rien n’est figé. Ils ont une fois de plus réussi à nous divertir, sauf que cette fois-ci il y a eu des dérapages insoutenables. Lorsque j’ai eu à discuter avec quelques compatriotes sur la question du changement par rapport à ce système grégaire que nous subissons depuis la nuit des temps, la réponse lancinante sous forme d’une autre question revient comme un boomerang : << vous voyez qui pour remplacer Macky >> ? C’est ce qu’ils me disaient avant 2012, << qui pour remplacer Wade >> ? ● Ethnocentrisme politicien ! Je n’ai pas écrit de chronique la semaine des élections législatives, occupé et préoccupé par une situation chaotique rampante à l’échelon national, mais surtout au Fouta chez mes parents.
Cette terre bénite qui a enfanté mes aïeuls jusqu’à ma mère et mon père qui y sont enterrés. Un terroir de vertus et de connaissances ; une source intarissable en ce qui concerne la foi, le courage et la solidarité, une terre qui a engendré jadis des femmes et des hommes de valeurs. Mais les politiciens professionnels ont réussi à y transposer leurs vices, des dérives sectaires à bannir de la société sénégalaise dans sa globalité. (On y reviendra insh’Allah). Nous avons connu des régimes successifs depuis 1960, mais la conscience citoyenne aujourd'hui agonisante avait toujours pris le dessus sur l’impertinence politicienne. Cette politique politicienne dont les acteurs occultes sont prêts à vendre leur âme au diable afin d’arriver à leurs fins. La morale et l’éthique n’ont pas de prix pour les êtres doués de raison, mais l’opportunisme achevé au plus haut niveau de la société, mène indéniablement au chaos sociétal. Avant d'être de confessions ou d’ethnies différentes, le point commun reste la race humaine, les Africains et Sénégalais que nous sommes.
Alors depuis quand la politique est devenue source de tensions religieuses, confrériques et ethniques chez nous ? Mon oncle m’a dit un jour : << il est facile de réveiller quelqu’un qui dort, mais quasi impossible de réveiller quelqu’un qui fait semblant de dormir >>. C’est injuste de faire comme si tout allait bien, alors que le feu de l'ethnocentrisme couve depuis maintenant plusieurs années. Et il faut reconnaître que nous avons tiré l’alarme depuis les élections présidentielles de 2007, où la paire Wade-Macky avait fait sensation en passant au premier tour. Une élection qui m’avait laissé perplexe quand aux discours et attitudes sectaires, d’une part confrérique menée par Wade et d’autre part ethnique par Macky.
Ainsi certains parmi nos compatriotes, fragilisés par une fierté tribale, un esprit profondément communautariste, ont malheureusement étaient emportés par les torrents claniques. En île de France, les inscriptions étaient méthodiques et sélectives dans certaines villes. Les bus chargés de militants-électeurs en avaient choqué plus d’un. Il suffit d’y comparer les résultats pour Wade en 2007, Macky en 2012 jusqu’au jour d'aujourd'hui. Le vote ethnique aux relents xénophobes est devenu une réalité depuis 2007 ; qu’on le reconnaisse ou pas, ces élections législatives en sont une parfaite illustration. Ainsi le problème vient d’en haut, le bas peuple souvent militant aveugle se réfère à ses dirigeants, ses leaders d’opinions et guides religieux.
On dit que chaque peuple a les dirigeants qu’il mérite, parce que tout peuple conscient prend son destin en main et choisit ses gouvernants selon ses propres valeurs culturelles et morales. Quand l’opposition conteste l’organisation comme le déroulement de ces élections législatives, elle est dans son rôle puisque la cacophonie électorale a atteint son paroxysme. De mémoire de citoyen, il faut remonter très loin pour chercher une situation comparable : dans la violence verbale, le retour des fameuses ordonnances de vote, la distribution des cartes, les inscrits qui ne figurent pas sur les listes, la violence physique, la corruption de certains médias, la corruption généralisée, mais surtout la haine de l’autre. On nous a servi une soupe partisane d'une fadeur insoutenable; avec comme ingrédients, ethnocentrisme et xénophobie.
D'une part des insanités débitées sur les réseaux sociaux contre une partie de notre communauté sénégalaise que de simples excuses ne pourraient effacer, vu la gravité des propos et surtout la haine viscérale qui en découle. Source de tensions et de conflits xénophobes, susceptibles de déstabiliser un continent, loin de notre bon esprit légendaire de cousinage ethnique qui nous a jusqu'ici valu ce bon vivre ensemble. Mais nous avons surtout revu cette forme d'hypocrisie souvent intellectuelle, qui cherche toujours à minimiser les choses les plus graves en les comparant à d'autres faits tout aussi condamnables ou répréhensibles. C’est juste aberrant d’entendre des élucubrations farfelues, les unes aussi énormes que les autres pour justifier l’injustifiable. Arrêtons de nous décharger sur les autres et regardons la réalité en face, car c’est petit, c’est malsain. Mais la question devrait être pourquoi et comment en sommes-nous arrivés là ? ( À suivre...)