PS, ENTRE LÉGALITÉ ET ILLÉGALITÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - L’acte posé par les compagnons du maire de Dakar, ne vise ni plus, ni moins qu’à tirer OTD d’un mutisme légendaire hissé au rang de stratégie - Le recours à la justice des partisans de Khalifa Sall n’en reste pas moins légitime
Le 8 janvier, le juge des référés aura la lourde tâche celle de trancher le différend opposant les deux camps socialistes. Attrait par Barthélémy Dias et les partisans de Khalifa Sall, devant la justice pour violation des statuts et règlement intérieur du PS, non tenue régulière des instances du parti, Ousmane Tanor Dieng secrétaire général se trouve embarqué dans un nouvel épisode … judiciaire de la crise jusqu’ici politique. Sans qu’on puisse prédire l’issue juridique de cette confrontation byzantine socialo-socialiste, il est apparaît clair que le PS se voit ainsi entraîné dans une spirale de crise sans fin. La bataille de légitimité est commencée !
L’acte posé par les compagnons du maire de Dakar, ne vise ni plus, ni moins qu’à tirer OTD d’un mutisme légendaire hissé au rang de stratégie de défense et de gestion. En d’autres termes, le patron du PS, agit et laisse parler les effets ses gestes. Subrepticement, il met en place les dispositifs de contrôle, depuis les instances de base, jusqu’au sommet de la pyramide. Progressivement, lentement mais sûrement, il place ses hommes et les met en situation de se donner une légitimité par un subtil jeu de ventes des cartes et de distribution des postes.
Ce verrouillage opéré à partir de la base (cellules, coordinations, unions départementales et régionales,) il fait remonter ses aficionados au niveau du comité central, du bureau politique. Et n’hésite pas à démultiplier des structures de prise décision rapide, (Secrétariat Exécutif National) chargées de suppléer le comité central, parlement du parti. Les membres du SEN étant soigneusement triés dans le tas de ses partisans. Et le bureau politique, organe exécutif n’a plus qu’à exécuter ses décisions après des délibérations contrôlées et orientées.
Les structures connexes (mouvement des femmes, des jeunes, convergence socialiste, anciens, enseignants, cadres,) sont échafaudées selon le même modèle de sélectivité et de ciblage, qui promeut ses proches et dresse des remparts contre les veillées irrédentistes. Cette approche pyramidale et sécuritaire a le double avantage de le couvrir d’un vernis de légitimité et d’écarter « les brebis galeuses » souvent promues à des responsabilités supplétives.
Le système fonctionne d’autant bien que les instances électives (congrès et comité central) du parti ne réunissent quasi jamais. Ou quand elles se tiennent c’est dans le dessein d’entériner des options concoctées et décidées en régie au sommet. Les principales décisions, simples formalités en fait, se prenant au niveau de ses instances ad hoc, sous son onction. Ce stratagème digne du centralisme démocratique de type bolchévique, a permis de mettre hors d’état de nuire Mme Aïssata Tall Sall, candidate malheureuse à l’élection du secrétaire général du PS, contre l’omnipotent Tanor. Et de maintenir à distance les teigneux contestataires et velléitaires (Khalifa Sall, Malick Noël Seck, entre autres), pour mettre en scelle ses préférés (Aminata Mbengue Ndiaye, Serigne Mbaye Thiam, Abdoulaye Wilane, Cheikh Seck, Mame Bouna Sall etc.
Un responsable socialiste, (aujourd’hui khalifiste), me confiait récemment qu’un jour, il avait tenté de jouer le médiateur entre Khalifa et Tanor. Il proposa à OTD de préparer graduellement le maire de Dakar au poste de secrétaire général, en contrepartie, le secrétaire national à la vie politique devait cesser ses menées fractionnistes et ses déclarations intempestives. « La réponse de Tanor est stupéfiante » me confia–t-il. « Alors que j’attendais qu’il m’oppose les obligations de respect des règles de la démocratie, il me répondit sèchement, jamais Khalifa. Que veux-tu que je fasse de Serigne Mbaye Thiam ou Wilane et tant d’autres. La discussion fut ainsi close » conclut-t-il. C’est sans doute ce jour là, comprenant la stratégie tanorienne que ce responsable avait décidé de rejoindre le camp de Khalifa.
C’est sans doute, contre ce système que cherche à s’ériger Barthélémy Dias et les siens. Cependant, il faut bien s’interroger sur la régularité de ce coup d’éclat, qui ressemble fort bien à un coup d’état politique. En réalité, même établis à partir de fines subtilités politiques, les organes du PS gardent une légitimité que Barth n’a jamais contestée tant qu’il était dans le système en parfaite odeur de sainteté avec celui qui a été longtemps son mentor.
L’absence de tenue de congrès que le maire de Mermoz conteste avec tant de véhémence, n’est pas loin s’en faut une nouveauté au PS et hélas, dans notre écosystème politique. AU PDS, c’est une donnée constante. Même l’APR n’est pas épargnée. Quid des autres qui se réduisent à leur unique dirigeant connu. Il n’empêche que la léthargie de ces instances n’a, d’autre signification que l’absence de démocratie interne. Le recours à la justice des partisans de Khalifa Sall n’en reste pas moins légitime. Il consacre la prévalence d’une lutte à l’intérieur des instances de la formation socialiste dont ils font toujours partie en attendant leur exclusion annoncée pour janvier. Ainsi, l’acte posé à Kaolack ressemble à une opération communication. Émettre des cartes, créer un label partisan (Parti socialiste des Valeurs) tout en se réclamant du parti-mère, relève tout simplement de l’incohérence.
A moins que Barth et ses amis n’estiment qu’à la stratégie tanorienne de contrôle du parti, ils entendent opposer un contre-feu, sans contexte, illicite au regard des textes régissant encore ce qui reste du PS. Ne dit-on pas dans la littérature juridique que le droit s’arrête là où commencent les abus ?