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Par Adama Samaké

QU’EST-CE QUE LA DECOLONIALITE ?

Lorsqu’on entreprend une lecture rétrospective de l’histoire de l’humanité, on constate que deux problèmes sont inhérents à la vie en société : l’inégalité parmi les hommes et la domination d’un peuple par un autre peuple

Adama Samaké  |   Publication 05/02/2021

Lorsqu’on entreprend une lecture rétrospective de l’histoire de l’humanité, on constate que deux problèmes sont inhérents à la vie en société : l’inégalité parmi les hommes et la domination d’un peuple par un autre peuple. Le philosophe français Paul Ricœur affirme à juste titre dans son célèbre ouvrage Les cultures et le temps (1985), que l’humanité n’est pas arrivée à mettre sur pied une philosophie de l’histoire à même de résoudre les problèmes de coexistence des peuples.

La mondialisation qui était censée favoriser l’extension planétaire des échanges, l’harmonisation des liens, l’interdépendance des peuples a accentué le l’individualisation des mœurs, le triomphe de l’économie libérale et le déclin des institutions et suscité trois grands défis : le chômage, la pauvreté et les problèmes environnementaux ; créant ainsi une ère du soupçon avec la prospérité des manipulations de l’information et la profusion de repli identitaire.

En d’autres termes la société contemporaine moderne est le lieu d’une guerre d’abrutissement qu’exprime éloquemment Grégoire Chamayou dans son essai : Les chasses à l’homme (2010). Il se pose par conséquent une vaste interrogation à la conscience mondiale : Comment créer une humanité universelle ? Comment créer un ordre social sans domination ? Quelles sont les conditions d’une re-socialisation et d’une nouvelle humanisation ?

En somme, pour suivre Achille Mbembe dans La critique de la raison nègre, « Comment penser la différence et la vie, le semblable et le dissemblable, l’excédent et l’en-commun ? » (2015 : 19). L’universitaire Walter Mignolo soutenu par le groupe Modernité/Colonialité, propose la théorie de la décolonialité qui fait l’objet d’une double lecture contradictoire. Très prisée dans les mondes anglo-saxon et latino américain, elle suscite beaucoup de réserve dans le monde francophone dans laquelle son émergence est récente. Elle est « vite caricaturée par les intellectuels français qui reprochent à la pensée décoloniale d’attaquer frontalement l’universalisme républicain ».

Ainsi s’explique la problématique qui fonde cette réflexion : Qu’est-ce que la décolonialité ? Quels sont ses fondements théoriques et idéologiques ? Quels sont ses outils pédagogiques ? Quel est son mode opératoire dans la littérature africaine, le roman en particulier ?

I – DE LA COLONIALITE

La colonialité ou « patron colonial du pouvoir » ou encore « matrice coloniale du pouvoir » est un néologisme forgé par le sociologue péruvien Anibal Quijano, en 1994, pour nommer les rapports de pouvoir et de domination que cache la modernité occidentale. Il part du postulat que le monde est dominé par une mystification culturelle eurocentrique qui fait l’apologie de la politique identitaire européenne.

En d’autres termes, la modernité est structurée par le monologue du monde européen qui s’est attribué le droit le représenter le monde à sa guise et selon les seuls principes et valeurs. Cette attitude a pour conséquence le déséquilibre social soutenue par une européanisation des institutions de production et de reproduction de la connaissance (université, école etc.).

La modernité est donc « le récit hégémonique de la civilisation occidentale ». Aussi, Jack Goody, analysant le processus d’imposition du récit du passé européen au reste du monde, parle-t-il du vol de l’histoire. Ce système de soumission a pour origine le colonialisme qui pervertit, distord, défigure et anéantit l’armature culturelle et civilisatrice du colonisé. La colonialité se réfère en effet à la continuation du colonialisme sous d’autres formes en dépit de l’indépendance. Elle se manifeste par la hiérarchisation, la différenciation des êtres, des races, des couleurs, la subordination des habitants des territoires découverts. Walter Mignolo crée le concept de différence coloniale pour définir cette infériorisation des sujets colonisés. Anibal Quijano fait de la race l’épicentre du déploiement de la colonialité pour la simple raison qu’elle est la plus perceptible et la plus omniprésente.

La colonialité se fonde sur une approche matérialiste de l’histoire qui, au sens hégeliano-marxiste, se définit comme l’évolution progressive des institutions socio économico politiques. L’histoire se présente ainsi comme un projet épistémique parce qu’elle a pour essence le combat d’idéologies.

En outre, l’histoire universelle est structurée sur une injustice épistémique parce que l’évolution de l’humanité se détermine sur la problématique du centre et de la périphérie. Le couple conceptuel centre et périphérie n’est pas utilisé ici dans le sens courant. Il ne s’agit pas de distinguer le milieu (centre) de l’extérieur (périphérie). Centre et périphérie sont utilisés ici dans le sens des économistes des inégalités de développement ; sens que partagent les historiens marxistes. Il est donc question de l’opposition de deux pôles dans un système. Le centre fait référence à celui qui commande et la périphérie à ceux qui subissent.

La colonialité se veut une herméneutique de cette injustice épistémique ; injustice épistémique entendue selon l’acception de Rajeev Bhargava qui affirmait qu’elle « survient quand les concepts et les catégories grâce auxquels un peuple se comprend lui-même et comprend son univers sont remplacés ou affectés par les concepts et les catégories des colonisateurs ».

En d’autres termes, la colonialité a pour quintessence l’aliénation. Car pour suivre Alex Mucchielli, « Il y a aliénation de l’identité tout d’abord si une identité constituée existe par elle-même, ensuite, si un système extérieur intervient sur elle pour tenter de la modifier » (Mucchielli,1986 :110) ; créant ainsi une distance objective entre le moi et les signes culturels qui le déterminent. C’est pourquoi, Marc Maesschalck disait qu’un être aliéné est « dépossédé de son idéal de soi » quand Achille Mbembe, dans Sortir de la grande nuit : Essai sur l’Afrique décolonisée, parle « des êtres en écart perpétuel » (Mbembe, 2013 :16).

Anibal Quijano relève cinq dominations comme ferments de cette dépossession et de la constitution de la matrice coloniale du pouvoir : la privatisation des terres et leur exploitation, le contrôle de l’autorité (Etats coloniaux, structures militaires), le contrôle du genre et de la sexualité à travers le modèle de la famille chrétienne, le contrôle de la subjectivité par l’entremise de la foi chrétienne et le contrôle de la connaissance, puis enfin le contrôle de la nature et des ressources naturelles. Il fait de l’énonciation, le ciment de ces cinq domaines. Celle-ci détermine des communautés d’intérêt et des principes épistémologiques qui se résument dans l’expulsion et la fracture.

Par ailleurs, Quijano énumère trois dimensions de la colonialité : celles du pouvoir, de l’être et du savoir. La colonialité du pouvoir dévoile les rapports sociaux de pouvoir à l’époque moderne. Elle organise le détournement de la vocation initiale du pouvoir d’Etat qui est le bien être collectif, à la satisfaction des intérêts de la force impériale. Elle élabore également le néocolonialisme par un pacte colonial. Mamadou Koulibaly la nomme Les servitudes du pacte colonial (2005).

La colonialité du savoir procède à la hiérarchisation des systèmes de valeurs et de pensées. Ceux des colonies sont qualifiés de barbares, sectaires, archaïques tandis que ceux des colonisateurs sont dits universels. La colonialité de l’être pose la problématique de la survivance identitaire des cultures minoritaires. Car elle réside dans la marginalisation des ‘‘minorités’’ que Fanon appelle les damnés de la terre. Il en résulte que la pensée coloniale saisit l’identité universelle en termes de décentralité européenne, d’auto contemplation et de clôture.

En contrôlant et gouvernant les informations, elle impose sa mainmise sur les connaissances, les repères, les anticipations et les prévisions des territoires dominés. Mais avec l’évolution de la recherche, d’autres formes de colonialité seront conceptualisées. C’est le cas de la colonialité de l’Etat. Elle consiste dans l’imposition de l’organisation sociale étatique à l’ensemble du monde. Elle rime avec la colonialité de la démocratie dont parle la chercheuse mexicaine Breny Mendoza. On pourrait mentionner également la colonialité du genre qui se veut une contribution à la pensée féministe de la décolonialité. Elle constate que la colonisation construit des rapports de genre et de sexe. Bourgeoises, les femmes blanches n’ont pas le même statut sexuel que les femmes racisées qui n’ont pas le statut d’être humain. Le genre est vu comme l’apanage des bourgeois Blancs et comme un luxe par les individus racialisés.

En somme, la colonialité est une perversion de la dialectique et de la rhétorique. Le faux, le mensonge sont érigés en règles universelles de sorte à faire adopter aux sujets, des « activités que l’on pratique par soi-même et contre soi-même ». Il s’agit donc d’une entreprise de désémantisation du discours qui se singularise pas le hiatus entre le dire et le faire.

En rendant l’universalité impériale, la colonialité se présente comme un viol de l’imaginaire.

( A suivre…)

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