"BOUN DIONNE NE DOIT PAS ASSISTER AU CONSEIL DES MINISTRES"
L’ancien ministre Mamadou Abdoulaye Sow a disséqué les deux décrets à l’origine de la polémique autour de l’honorariat. Ancien ministre du Budget (2008-2009), il a fait un sévère réquisitoire contre les tenants du pouvoir

Mamadou Abdoulaye Sow, vient de rajouter une couche au débat autour du décret portant honorariat des anciens présidents du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE). En effet, pour Mamadou Abdoulaye Sow, le faux décret et le décret authentique ont été fabriqués dans le même service. Haut fonctionnaire blanchi sous le harnais, il sert une leçon au gouvernement en indiquant que le secrétaire général de la présidence ne doit pas assister aux réunions du conseil des ministres.
L’ancien ministre Mamadou Abdoulaye Sow a disséqué les deux décrets à l’origine de la polémique autour de l’honorariat. Ancien ministre du Budget (2008-2009), il a fait un sévère réquisitoire contre les tenants du pouvoir. «Par curiosité intellectuelle, j’ai procédé à l’analyse comparée du faux décret et du décret authentique publié dans un site web. Ce que j’ai relevé, c’est qu’il y a des indices concordants qui me permettent de dire que le faux décret etle décret authentique, tous les deux ayant le même numéro, ont été intimement fabriqués dans le même service. C’est ma conviction», révèle l’inspecteur du Trésor. Manifestement rompu à la tâche car ayant occupé les fonctions de directeur de cabinet adjoint auprès du ministre de l’Economie et des Finances, il soutient : ‘’Dans les visas, le faux décret vise la loi constitutionnelle qui est relative à la révision constitutionnelle du 28 septembre 2012. Visa qu’on ne considère pas comme superfétatoire dans le faux décret, parce qu’on avait visé déjà la Constitution ; on n’a pas besoin de revenir viser. Ce qui est étonnant, c’est que dans l’authentique décret publié dans Dakaractu, ce visa n’existe pas dans ce décret-là. Mais qu’est-ce qui fait que cette loi-là figure comme visa sur le décret du 21 avril qui accorde l’honorariat à Mme Aminata Tall et qui est publié dans le Journal officiel ? Pourquoi un décret pris le 21 avril reconduit cette bourde commise au niveau du supposé faux décret. Si vous prenez le supposé faux décret, selon l’ancien directeur de la comptabilité publique, le décret authentique publié dans Dakaractu et le décret publié dans le Journal officiel, tous les trois décrets ont commis une erreur sur la date de la loi organique relative à l’organisation et le fonctionnement du Conseil économique, social et environnemental.’’ Si les deux derniers décrets sont authentiques, argue-t-il, comment ont-ils pu reconduire une erreur de date commise dans le faux décret ?On a dit que cette loi organique est datée du 28 septembre, alors que la date réelle, c’est le 28 décembre. Mettant à nu les incohérences dans la publication du ‘’faux‘’ et du ‘’vrai’’ décret, il a mis en exergue un autre fait ‘’troublant’’. ‘’Le Secrétaire général de la Présidence a le monopole de la tenue à jour du fichier chronologique des enregistrements des actes réglementaires, informe-til. Comment l’auteur du faux décret a-t-il pu savoir qu’à la date du 17 avril, son décret devait porter le n°2020-964, soit le même numéro que celui du décret dit authentique’’, s’interroget-il avec stupéfaction.
Passant au peigne fin ces décrets, il a estimé en outre qu’au niveau de l’article final du faux décret et l’article final du décret estampillé ‘Authentique’ publié par Dakaractu, vous verrez qu’après ministre d’Etat, il y a virgule avant secrétaire général de la présidence de la République. Se demandant dans la foulée commentle rédacteur de l’authentique décret a pu omettre la virgule, comme c’est le cas dans le faux décret. C’est comme si, pense-t-il, on s’était basé sur le faux décret pour faire l’authentique décret.
Par ailleurs, se prononçant sur le fonctionnement des institutions du Sénégal, l’ancien ministre du Budget n’a pas manqué de relever des incongruités. A l’heure actuelle, rappelle-t-il, dans les institutions de la République, le ministre d’Etat secrétaire général de la Présidence Mahammad Boun Abdoulaye Dionne n’est pas membre du gouvernement. ‘’Dans la tradition administrative, il ne doit pas siéger au Conseil des ministres’’, renseigne le ministre Mamadou Abdoulaye Sow. Il signale que le président de la République peut l’inviter à venir siéger. Mais, déplore-t-il, je constate que l’ancien premier ministre a la possibilité d’exposer au Conseil des ministres. Pire, il y a des décrets où c’est lui-même qui fait le rapport de présentation et dans l’ordre protocolaire, il est cité avant les ministres. ‘’Dans la tradition administrative, cela ne doit pas exister. N’étant pas membre du gouvernement, c’est un problème’’, s’alarme l’énarque dans l’émission ‘’Objection‘’ sur Sud Fm.