KHALIFA SALL MOUILLE NDIOUGA SAKHO
Procès de la caisse d’avance
Lors du 13ème jour du procès de Khalifa Sall et Cie, les débats ont été articulés sur la gestion de la mairie de Dakar, les factures entre autres. Tour à tour les prévenus et les témoins se sont relayés à la barre pour répondre aux interrogations des avocats et plus particulièrement à celles de l’Etat du Sénégal.
Comme de coutume, après le passage des témoins, la cour donne la parole aux prévenus afin qu’il puisse faire des observations sur les déclarations des différents témoins qui se sont relayés à la barre. Ainsi, le juge Malick Lamotte n’a pas dérogé à la règle. Hier, dès la reprise de l’audience à 15heures 15 minutes, les prévenus ont été soumis à cet exercice. Même si du côté de Fatou Traoré, Amadou Mactar Diop, Khalifa Ababacar Sall, Ibrahima Yayah Bodian il n’y a pas eu d’observations, Ibrahima Touré et Mamadou Oumar Bocoum, les deux percepteurs ont pour leurs parts soulevé quelques observations sur des déclarations des différents témoins à la barre. Cette parenthèse fermée, la parole a été donnée au Procureur de la République, Serigne Bassirou Gueye aux fins d’interroger les prévenus sur les questions qui n’ont pas été soulevées.
Dès sa prise de parole, le procureur a appelé le percepteur Mamadou Oumar Bocoum à la barre, lui posant la question de savoir si dans les autres communes, on retrouvait au niveau de la nomenclature la rubrique dépenses diverses. M. Bocoum de répondre : «J’ai servi dans 7 régions, mais la nomenclature des collectivités locales est la même». Ensuite, le procureur a fait appel au maire de Dakar Khalifa Sall en lui indiquant que le témoin et ancien maire de Dakar s’est offusqué quand il a eu à lui poser la question de savoir s’il s’agissait de faux concernant les factures ? Quel commentaire en faites-vous ? lui demande le procureur. « Je n’ai pas de commentaire. Mais, il a raison de s’offusquer. Outre cela, j’ai dit et redit que ce dispositif fait suite à ce qui se faisait par nos prédécesseurs», répond M Sall.
Lui emboitant le pas, l’Agent judiciaire de l’Etat qui a attrait Ibrahima Touré à la barre lui a posé la question de savoir si les ressources de la mairie peuvent couvrir toutes les recettes, parce que selon le Trésor public, 1,2 milliard n’ont pas été payés par la mairie de Dakar. «Cela peut couvrir toutes les dépenses parce que c’est prévu dans le budget», lui rétorque Ibrahima Touré. Me Cissé, un des avocats de l’Etat a, quant à lui, interpellé l’édile de Dakar sur les déclarations écrites du témoin Ndiouga Sakho qui avait soutenu qu’il n’avait, en tant que conseiller municipal, jamais bénéficié de la caisse d’avance et qu’il ne savait ni son existence ni ses conditions d’utilisation. «Cette déclaration me conforte parce qu’il a bénéficié des fonds politiques pour venir en aide à un natif de son quartier qui était dans le besoin», a répondu Khalifa Sall.
Voulant aller plus loin dans ses questions, Me Cissé s’est vu interpellé par le juge Lamotte qui lui signifie qu’il ne s’agissait pas à ce stade du procès de reprendre l’interrogatoire. En effet, d’après le juge Lamotte, la question de l’avocat de l’Etat a longuement été débattue lors des débats d’audience. Ce qu’a regretté, d’ailleurs Me François Sarr qui dénonce un «véritable interrogatoire» de la part de la robe noire.
KHALIFA SALL : « NOUS N’AVONS PAS DE LIGNES TELEPHONIQUES A LA MAIRIE »
Profitant de l’occasion Khalifa Sall a interpellé le juge pour apporter quelques clarifications sur la question des factures télé- phoniques qui a été soulevée par le Procureur de la République lors de son face à face avec Ibrahima Touré. A ce propos, le procureur a tenu à rappeler que cette question n’était pas adressée au maire de Dakar. Mais, c’était sans compter avec la détermination du maire qui tenait mordicus à lui apporter la réplique. «Je suis un homme public et il faut que j’éclaire l’opinion. Le procureur a dit que la facture téléphonique de la mairie est évaluée à 235 millions soit 2 millions par jour. Nous n’avons pas de lignes téléphoniques», ditil. Le procureur coupe net : «Ce n’était pas ma question».
Le juge calme le jeu. «Nous n’avons pas de lignes téléphoniques si cette facture est élevée, c’est à cause des classes informatiques qui sont supportées par la ville de Dakar. A cela s’ajoutent les feux tricolores de la ville qui font que les factures sont à ce montant», indique le prévenu. Prenant la balle au rebond, Me Bitèye a demandé à Khalifa Sall l’état de paiements des factures d’électricité de la ville de Dakar et par ricochet ce qu’il savait de la convention des dettes croisées. «Les factures d’électricité, c’est la ville qui les honore. L’Etat ne s’est jamais acquitté de ses factures. Depuis 2014, avec l’acte 3, certains nombres de bâtiments ont été transférés à la ville. Pour la facture d’éclairage public, c’est en 2006 que Wade a accepté à la demande des maires du Sénégal de soulager les mairies.
En 2012, le Président a été sollicité par l’Association des maires du Sénégal. L’Etat n’a jamais payé les factures», explique le premier magistrat de Dakar. Et pourtant, selon la robe noire, le maire avait soutenu que l’Etat a toujours assuré l’apurement des impayés des collectivités locales. Balayant d’un revers de la main, Khalifa Sall a soutenu que «l’Etat paie pour lui-même et non pour les collectivités». Manifestement irrité par la réponse du maire, Me Biteye demande à Khalifa Sall, s’il peut confirmer ses déclarations. Maintenant ces propos, Khalifa Sall lui fait savoir qu’il n’a, d’ailleurs, nullement parlé de Dakar mais des collectivités locales en général. «Je parlais de principe. Sur le principe, l’Etat a pris la décision depuis 2006 de prendre en charge l’éclairage public. Je ne me souviens pas que l’Etat ait payé des factures d’électricité de la mairie. Nous avons hérité depuis 2014 des lycées et collèges», dit-il.
ans sa prise de parole, le bâtonnier Me Yerim Thiam a demandé à Mbaye Touré un commentaire sur les témoignages de l’ancien maire Mamadou Diop concernant les fausses factures. «Je n’ai aucun commentaire», répond le Daf de la mairie de Dakar. Y’a-t-il des contradictions d’autant que pour lui, Mamadou Diop n’utilisait pas le même mécanisme, indique la robe noire. « Non, il n’y a pas de contradictions. C’est le même mécanisme», réplique Mbaye Touré. Par ailleurs, d’après Me Thiam, les fonds politiques servaient aux indicateurs de police. D’où la question adressée au maire de savoir si ce sont les indicateurs de police qui ont reçus des financements. «Vous connaissez M. Sergent ? C’est lui qui s’occupait de la police. Vous êtes d’accord que M. Sergent disposait de fonds politiques. Le décret de 2012 prévoit strictement une rubrique réservée aux fonds politiques. Ce que je dis, c’est de l’histoire et des faits réels. Cela ne servait pas qu’à la police», conclut Khalifa Sall .