LA POLICE TEND LA MAIN AUX MÉDIAS
Une récente rencontre historique a rassemblé plus de 200 policiers et des journalistes, dont Absa Hann, victime de violences policières en février 2024. L’objectif ? Désamorcer les tensions et trouver des solutions pour une meilleure collaboration

(SenePlus) - Une rencontre s'est tenue entre forces de l'ordre et professionnels des médias, dans une tentative de réconciliation après plusieurs années de relations tendues. Comme le rapporte RFI, cette initiative inédite de la police nationale visait à restaurer la confiance entre deux corps de métier que les récentes crises politiques ont profondément opposés.
La symbolique était forte : dans l'assemblée, plus de 200 policiers en uniforme faisaient face à Absa Hann, journaliste victime de violences policières en février 2024 lors des manifestations contre le report de la présidentielle. Une configuration qui illustre l'ampleur du fossé à combler.
Le commissaire Ndiaga Diop, cité par RFI, a d'ailleurs reconnu l'urgence de la situation : "Les tensions passées entre la police et les journalistes nécessitent d'être désamorcées. Il y a également un besoin urgent de restaurer la confiance entre les deux corps de métier."
Le bilan des trois dernières années est en effet accablant, comme le souligne Ibrahima Lissa Faye, président de la coordination nationale des associations de presse : "Beaucoup de journalistes ont été agressés, une soixantaine de journalistes brutalisés, leurs matériels détruits et il n'y a pas eu de suite judiciaire. Et il n'y a pas eu en tout cas de suites administratives, malheureusement."
Pour Mateew Mbaye, responsable des questions de protection pour l'ONG Article 19, la solution passe par "plus de communication". Il pointe notamment l'absence de "canaux de communication clairs qui fait que chacun pourra plus faire son travail sur le terrain sans pour autant gêner l'autre."
Des propositions concrètes ont émergé de cette rencontre, rapporte RFI : création d'une zone sécurisée pour les journalistes, établissement d'un guide de bonne conduite, mise en place de formations croisées pour sensibiliser chaque corps de métier aux contraintes de l'autre. Les journalistes insistent particulièrement sur la nécessité d'un suivi effectif des plaintes déposées contre les forces de l'ordre.
Cette initiative intervient dans un contexte de normalisation progressive au Sénégal, après une période marquée par la répression des manifestations de l'opposition et la restriction de l'espace d'expression publique.