LES DICTATEURS PERDENT TOUJOURS À LA FIN
La journaliste Peggy Sastre bouscule les idées reçues dans sa tribune publiée ce lundi dans Le Point. Derrière la lenteur et les compromis des démocraties se cache une force insoupçonnée que les dictatures sous-estiment systématiquement à leurs dépens

(SenePlus) - Ce lundi 21 avril 2025, la journaliste et chroniqueuse Peggy Sastre signe un éditorial remarqué dans Le Point, intitulé "La leçon que les dictateurs refusent d'apprendre : la démocratie gagne toujours à la fin". Dans cette tribune, l'autrice défend vigoureusement la supériorité du modèle démocratique face aux régimes autoritaires, malgré les apparentes faiblesses qu'on lui prête.
Peggy Sastre part d'un constat : dans le climat politique actuel, les démocraties sont souvent taxées de "mollesse" tandis que les régimes autoritaires séduisent par leur apparente efficacité et leur capacité de décision rapide. Elle réfute cette vision binaire qu'elle juge non seulement trompeuse mais "pernicieuse".
"La force de la démocratie ne réside ni dans la violence ni dans la pureté idéologique, mais dans sa complexité assumée, sa plasticité, sa capacité à absorber le conflit sans se désagréger", écrit-elle, défendant ce qu'elle nomme la "psychologie modérée" comme l'un des piliers essentiels de la démocratie libérale.
L'éditorialiste s'appuie notamment sur les travaux de Nassim Nicholas Taleb pour développer son argumentation. Elle explique que la démocratie appartient à la catégorie des systèmes "antifragiles" - ceux qui, loin de se briser face aux chocs, s'améliorent grâce à eux. "Ce qui passe pour de l'instabilité est en réalité une formidable capacité d'adaptation", souligne-t-elle.
À l'inverse, Peggy Sastre pointe la fragilité intrinsèque des régimes autoritaires : "Leur vision est unique, imposée d'en haut, leur hostilité à la critique est farouche – autant d'ingrédients d'une solidité de façade." Elle illustre son propos par plusieurs exemples historiques, de l'URSS à l'Irak de Saddam Hussein, en passant par le Venezuela chaviste et la Libye de Kadhafi.
"La démocratie est d'une autre nature. Plus humble dans ses promesses. Plus apathique dans ses décisions. Mais plus robuste, précisément parce qu'elle ne prétend pas tout contrôler", conclut-elle dans cet éditorial qui intervient dans un contexte mondial marqué par la montée de discours autoritaires et la fragilisation de plusieurs démocraties.