LES GRANDS CHANTIERS DU DIALOGUE NATIONAL
De la transformation de la CENA en CENI à l'inscription automatique des électeurs, en passant par la révision du système de parrainage, des réformes d'envergure s'annoncent. Diomaye souhaite adapter le cadre institutionnel avant les prochaines échéances

Le ministère de l'Intérieur et de la Sécurité publique prépare activement la journée du dialogue national sur le système politique. Les services de Jean Baptiste Tine ont d'ailleurs envoyé à l'opposition les termes de référence de l'événement, non sans solliciter leur feedback par rapport à l'organisation de l'activité et aux propositions de réformes.
Le processus devant aboutir au dialogue national sur le système politique est enclenché. En effet, le ministère de l'Intérieur a déjà envoyé au coordonnateur du Front pour la Défense de la République (FDR) les termes de référence de la rencontre. Dans le document daté du 7 avril 2025, il est demandé à Khalifa Ababacar Sall et ses camarades de faire des observations sur le document ainsi que des propositions ou recommandations de réformes avant la fin de ce mois d'avril.
Il a été également noté qu'un Comité de pilotage dirigera les travaux, avec pour mission d'organiser et de coordonner les concertations ; de faciliter la médiation et le consensus entre les parties ; et de rédiger un rapport général des travaux. Le ministère de l'Intérieur précise également que le lieu et la période des rencontres seront communiqués ultérieurement.
Revenant aux termes de référence, le ministre Jean Baptiste Tine et ses services rappellent que la stabilité et la longévité de la démocratie sénégalaise reposent sur l'organisation régulière des élections, l'implication de l'ensemble des acteurs à travers un processus largement consensuel et la capacité de résilience du système politique.
Toutefois, soulignent-ils, aussi performant soit-il, le système politique au Sénégal doit être continuellement évalué et amélioré, en prenant en compte les dysfonctionnements observés, les mutations technologiques, l'évolution démographique et les bonnes pratiques démocratiques internationales. Il est aussi rappelé que depuis l'adoption du Code électoral consensuel de 1992, la concertation entre les parties prenantes est devenue une tradition pour la fixation du cadre institutionnel régissant l'organisation des élections au Sénégal.
Jean Baptiste Tine et Cie relèvent d'ailleurs que le Chef de l'État est conscient de la nécessité de préserver et de renforcer cette tradition démocratique. C'est pourquoi, précisent-ils, le Président Bassirou Diomaye Faye a appelé à un Dialogue national inclusif portant sur l'environnement institutionnel relatif aux questions politiques et électorales.
Toujours, selon le ministère de l'Intérieur, les échéances à venir, qui impliquent de rendre plus transparente et inclusive l'assise institutionnelle, sont: les élections territoriales en 2027, l'élection présidentielle en 2029 ; et les élections législatives en 2029. Il est donc essentiel, souligne-t-il, de mettre en place un cadre de concertation favorisant des échanges ouverts et constructifs sur les réformes institutionnelles.
Réformes majeures en vue
Au titre de ces réformes institutionnelles majeures, le président de la République, lors de l'adresse à la Nation du 3 avril 2024, a relancé le débat sur la nécessité de remplacer la Commission électorale nationale autonome (CENA) par une Commission électorale nationale indépendante (CENI). Mieux, note-t-on, ces concertations seront l'occasion de discuter de l'amélioration du cadre institutionnel du système politique au Sénégal ainsi que de la réforme et l'amélioration du système électoral sénégalais.
Les discussions porteront en effet sur : «le contenu à donner au statut de l'opposition et de son chef; le débat sur l'inscription automatique sur le fichier électoral dès l'établissement de la carte nationale d'identité biométrique CEDEAO et dès l'âge de la majorité ; la révision du système de parrainage ; l'examen du rôle des autorités en charge des élections et des médias; la place de la justice dans le processus électoral; la rationalisation du calendrier républicain; la rationalisation en profondeur des partis politiques; l'encadrement du financement des partis politiques; et la révision du Code électoral.
Il sera aussi question de l'étude sur les spécifications techniques du bulletin unique ; de l'opportunité de procéder à un audit du fichier électoral ; de la numérisation du processus électoral; et du vote des personnes en détention».
Auparavant, Jean Baptiste Tine et ses hommes avaient soutenu que l'architecture institutionnelle gouvernant le système politique et les élections au Sénégal doit régulièrement être repensée à l'aune des mutations politiques, des crises protéiformes et des dysfonctionnements constatés lors des échéances électorales.
Un système, quel qu'il soit, précisent-ils, doit nécessairement questionner en permanence ses fondations afin de s'adapter à la temporalité politique changeante. Et ce constat impose la tenue d'un Dialogue national sur le système, ont-ils fait savoir.